• Aucun résultat trouvé

4   RÉSULTATS D’ENQUÊTE 85

4.1  Facteurs constitutifs de l’acceptabilité sociale 86 

4.1.2  Caractéristiques des projets 98 

4.1.2.2  Problématiques spécifiques relatives à l’évaluation des

Les répondants ont évoqué certaines problématiques spécifiques relatives à l’évaluation des impacts. Il s’agit de : 1) le lien entre l’envergure du projet et les caractéristiques du site d’implantation, 2) le lien entre les caractéristiques du site d’implantation et l’intensité de l’impact, 3) la concentration de l’impact du développement de la filière éolienne, 4) l’évolution des perceptions de l’impact, 5) la prévisibilité de l’impact, 6) le manque de précision des outils de mesure.

Lien entre envergure du projet, les caractéristiques du site d’implantation et l’acceptabilité sociale

Le répondant R12 fait un lien direct entre l’envergure du projet, les caractéristiques du site d’implantation et l’acceptabilité sociale.

C’est vraiment la quantité, par rapport à l’acceptabilité sociale, c’est la quantité dans un milieu habité et par rapport à nous l’environnement c’est la quantité par rapport à un corridor migratoire important. (R12, p. 3-4)

Les répondants R1 et R3, des élus, évoquent également l’envergure du projet comme un facteur potentiel pouvant avoir une incidence sur l’acceptabilité sociale.

Le répondant R5, un résident, n’est pas certain que la taille du projet soit un facteur parmi d’autres de l’acceptation du projet. Sa localisation loin des zones habitées et les retombées pour la collectivité locale peuvent avoir une influence à cet égard.

Le répondant R26, un promoteur, considère que la clé de l’appropriation d’un projet par les citoyens est le soin apporté à tous les détails à l’étape de sa réalisation, qu’il s’agisse de l’application de mesures de maximisation des retombées économiques ou du suivi de la construction. Il faut respecter les personnes et prendre le temps d’écouter ce qu’ils ont à dire parce qu’ils ont une connaissance du terrain qui peut s’avérer très utile. Le soin apporté au détail et le respect des personnes sont des éléments essentiels nonobstant l’envergure du projet. Le répondant cite le cas de trois projets d’envergure qui se réalisent sans problème parce qu’on a apporté ce genre d’attention à l’étape de leur réalisation (p. 15-16).

Et c’est pour ça qu’on a développé […] des méthodes pour s’assurer d’avoir un contact direct avec le milieu et que le milieu ait un contact direct avec nous autres. (R26, p.15-16)

Plusieurs mesures ont été prises à cet égard dont celle de la mise sur pied d’un comité de suivi à la phase construction et la nomination d’un représentant permanent de l’entreprise à la phase exploitation.

Lien entre caractéristiques du site d’implantation et intensité de l’impact

Le répondant R37 fait le lien entre l’impact sur le paysage et le site d’implantation qui a été façonné par des activités industrielles.

On connaissait les impacts, on était en territoire public, sur le haut des sommets, les impacts au niveau du paysage, ça ne faisait pas à NOM DE LA VILLE. Parce qu’à NOM DE LA VILLE, le paysage est quand même façonné par l’industrie [NOM DE L’INDUSTRIE], quelque part. On trouvait que c’était une valeur ajoutée. Donc au niveau du paysage non. Il y avait le lac NOM DU LAC, qu’on voulait sécuriser en termes de lieu possible de développement de la villégiature. Donc on a une percée sur les éoliennes mais quelque part il n’y a pas d’enjeu. (R37, p. 18-19)

Concentration ou répartition de l’impact du développement de la filière éolienne sur le territoire

D’entrée de jeu, il importe d’évoquer les réflexions du répondant R30 qui se demande s’il est préférable de concentrer l’impact du développement de la filière éolienne dans des zones spécifiques ou de le répartir dans plusieurs zones : «… qu'est-ce qui est mieux, d'en mettre et de contaminer un secteur ou d'en faire un peu partout?» (p. 19) Ce répondant considère que nous avons adopté une stratégie au Québec qui va avoir un effet cumulatif compte tenu de la présence de plusieurs parcs autour de la péninsule gaspésienne et prend partie pour une approche axée sur la concentration de l’impact dans des secteurs inhabités. Ce dernier cite l’exemple des États-Unis où on a réalisé des parcs de grande envergure dans le désert et suggère qu’il serait possible de faire la même chose dans le «Grand Nord».

Évolution des perceptions concernant les impacts d’une intervention

Le répondant R33 note que la perception des impacts des projets peut évoluer dans le temps. Ce dernier cite le cas de l’opposition suscitée par la décision des autorités responsables d’octroyer des droits de coupe sur un territoire fréquenté par des personnes qui y pratiquent des activités de chasse, de pêche et de la villégiature à cause des impacts appréhendés de l’exploitation forestière sur les activités existantes. À termes, les usagers du territoire y ont trouvé des avantages à cause notamment de l’ouverture du territoire par l’aménagement de chemins d’accès et de l’accélération de la régénération de la forêt dans certains secteurs maintenant propices à la création d’habitats pour des espèces valorisés pour la chasse.

Oui, la NOM DE L’ORGANISME nous dit toujours que c'est un projet industriel au milieu d'un territoire sauvage entre guillemets, parce que tout de même des coupes de bois c’est un projet industriel. Au début des années 70 les gens étaient extrêmement opposés aux coupes à bois et les pratiques se

Rapport final Développement territorial et filière éolienne

sont beaucoup améliorées. Aujourd’hui, il y a personne même dans NOM DE L’ORGANISME qui serait contre. Ils voient les avantages, ils ont des beaux chemins, ça leur fait de la pâture pour les orignaux… Je pense que de part et d'autre, l'industrie forestière et les utilisateurs du territoire ont réussi à arriver à une entente. Je pense qu'il peut se faire exactement la même chose avec le promoteur éolien. Je veux dire qu'il y a place à créer quelque chose d'intéressant en utilisant un territoire pour l'ensemble de ses ressources. Les ressources naturelles c’est large, il y a les ressources fauniques mais il y a aussi les ressources énergétiques. (R33, p. 11)

Prévisibilité de l’impact

Dans un cas à l’étude où le parc est en opération, le répondant R9.1 soulève la problématique de la prévisibilité de l’impact à la phase construction et à la phase opération du projet. Ce dernier a été surpris de l’ampleur des travaux réalisés pour la construction du parc éolien et des impacts sur les infrastructures routières locales.

C'est quelque chose, c'est profond. C’est des longues distances de creusage le long des chemins et sur les terrains privés. Ça a un impact. Nous n'en avons pas parlé avant ... On disait que le transport des éoliennes, ça prenait un long camion... Les longueurs de camion on les connaissait mais nous n'avons pas su cet impact-là. Le nombre de camions de béton qui se promenaient sur les chemins ça a quand même un impact à long terme. [Ça n'a pas été trop discuté à l'audience publique ?] On nous avait dit 30 camions par éoliennes… Et on ne dit pas l'équivalent de tant de voitures. Parce que ce que nous avons vécu là, a un impact sur nos chemins assez impressionnant. (R31, p. 10-11)

Par ailleurs, en ce qui concerne la phase opération, en ce qui concerne le bruit généré par les éoliennes, le répondant conclut que s’il avait connu la réalité du voisinage avec un parc éolien, il y aurait pensé deux fois.

C'est ce que l'on nous dit également... […] Mais ce n'est pas parce que nous endurons la route X qu’il faut endurer plus. […] Nous on l’entend la route X, on est sur le dessus de la côte mais on l'entend. En plus de la route X nous avons cela. [Mais est-ce que vous vous habituez ?] Oui, oui. Je dis juste que par rapport à d'autres projets qui vont se construire, ils devraient faire attention à cette information parce que ce n'est pas vrai… C'est là notre déception à nous, on nous a dit qu'on entendrait juste un petit souffle. Et cela est faux. Quand je fais du ski de fond régulièrement, je m'en rends compte, et je ne suis pas sûr qu'on les aurait acceptées si proche des maisons. Ils ne nous ont pas dit non plus qu'il y aurait une limite de sécurité de 200 m. Moi je suis quelqu'un qui vais me promener en ski de fond justement à côté des éoliennes et on nous dit de pas aller là cause de la glace qui peut se détacher des pales. C'est sûr que s’ils nous avaient dit toutes ces affaires, on y aurait peut-être pensé deux fois. C'est embêtant ça n'a l'air de rien mais quand même… (R 9.1, p. 7-8)

La même problématique concernant le bruit a été évoquée par le répondant R18 qui rapporte le propos d’un résident qui affirme, qu’à l’usage, le bruit généré par les éoliennes

l’empêchait de dormir et que les redevances versées ne pouvaient pas compenser pour l’inconvénient subit (p. 10-11).

Manque de précision des outils pour mesurer les impacts : le cas de l’impact sur le paysage

L’élaboration de méthodes d’évaluation a constitué un défi pour les promoteurs, notamment en ce qui concerne l’évaluation de l’impact des projets sur le paysage. Les répondants R9.1-R9.2-R9.3 ont exprimé leur insatisfaction en ce qui concerne les simulations visuelles d’intégration des éoliennes produites par le promoteur. Ils considèrent que certaines photographies n’étaient «pas nettes» et que les prises de vue n’étaient pas représentatives de l’impact réel. Également, le répondant R9.3 note qu’une image ne rend pas compte de la réalité dans la mesure où la composante la plus importante de l’éolienne, la pale, est en mouvement.

Une image, ce qui arrive, c'est que ça ne bouge pas. L'impact est toujours moindre. Quand l'éolienne tourne par contre, l'impact n'est pas le même. Quatre ou cinq éoliennes quand elles tournent toutes... Quand elles ne tournent pas ce n'est pas pire… Mais quand elles tournent ça amplifie l'effet visuel. (R9.3, p. 6-7)

Dans un autre cas à l’étude, le répondant R14 est très critique à l’égard du traitement de la question du paysage dans l’étude d’impact du promoteur.

Non, non dans l’étude d’impact. Allez la voir, c’est hallucinant. Les seules considérations paysagères […] le paysagiste a appliqué la grille d’HQ pour les pylônes où il prenait une photo d’un paysage, puis il a mis des simulations visuelles là-dessus, puis il a dit, oui il y a un impact fort. La seule chose qu’il pouvait constater, c’est qu’il y a avait un impact fort, et la seule mesure de mitigation possible, c’était de planter des arbres. Il n’y avait pas de réflexion sur le plan d’implantation, sur la manière de faire le projet pour l’intégrer au paysage. Ce n’est pas là du tout. (R14, p.12)