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4   RÉSULTATS D’ENQUÊTE 85

4.1  Facteurs constitutifs de l’acceptabilité sociale 86 

4.1.4  Milieu social 131 

4.1.4.1

Caractéristiques du milieu social

D’entrée de jeu, il importe de rapporter les commentaires des répondants (R13-R26), représentants d’un promoteur, qui soulignent que chaque collectivité locale est différente, et partant rend difficile l’application d’un modèle de communication unique. Les enjeux locaux et les modes de communication ne sont pas les mêmes d’une collectivité à l’autre. Plutôt, il faut avoir une attitude ouverte afin de bien comprendre la collectivité et son tissu social. Ces derniers parlent d’un «modèle d’attitude» plutôt que d’un «modèle d’intervention». Un modèle d’attitude axée sur la transparence et l’ouverture.

C'est vraiment dire les choses comme elles le sont, pas les teinter plus d’un côté ou de l’autre, d’être en mesure de l’expliquer et aussi, quand on prend des engagements, de les exécuter. (R26, p. 20-25)

Par ailleurs, les répondants R14, R31 et R32 donnent quelques indices qui renforcent la notion que les projets éoliens n’interviennent pas dans un vacuum social et que les conflits existants ou passés au sein des collectivités locales peuvent influencer de façon assez marquée le déroulement de la controverse entourant la réalisation de ces projets. À cet égard, le répondant R14 a évoqué les divisions laissées au sein des collectivités locales par des controverses passées et qui ont été réactivées par les désaccords portant sur la réalisation du projet de parc éolien. Il y a d’un côté les opposants réunis au sein d’un groupe constitué de personnes ou d’organismes aux motivations diverses, agriculteurs mécontents, amateurs de patrimoine, néoruraux, etc. Du côté des supporteurs du projet, il y a un groupe d’agriculteurs susceptibles de retirer des redevances de l’installation d’éoliennes sur leur territoire, des organismes publics et privés à vocation économique et certains élus.

Il y avait un noyau dur de quelques agriculteurs qui a fait renaître entre autres à NOM DE LA MUNICIPALITÉ toute l’opposition entre agriculteurs et néoruraux qu’on a vu dans l’histoire des porcheries. C’était la même gang qui ont juste redessiné leurs pancartes, les mêmes acteurs. (R14, p. 13-14)

Les divergences de point de vue ont suscité des conflits au sein d’organisations syndicales à l’échelle locale entraînant même la démission des représentants locaux.

Dans un autre cas, le répondant R32 évoque les bouleversements que le territoire d’implantation du parc éolien a connus au cours des dernières décennies, et cela tant sur le plan environnemental que sur le plan social. Compte tenu de l’importance de ces bouleversements et de leurs impacts, d’entrée de jeu les utilisateurs du territoire voient d’un mauvais œil toute intervention qui pourrait perturber l’environnement et les usages du territoire (p. 6-7).

Concernant le même projet, le répondant R31 évoque notamment les crises passées au sein du groupe des usagers du territoire et le risque de détérioration du climat social à cause des bouleversements que pourrait engendrer la réalisation du projet éolien à l’étude (p. 17-19).

Rapport final Développement territorial et filière éolienne

4.1.4.2 Contexte d’implantation

Dans tous les cas à l’étude, les répondants (R5- R10-R16-R20-R26-R27-R29-R33-R36) ont mentionné le contexte économique difficile de certains territoires (régional ou local) comme facteur constitutif de l’acceptation des projets éoliens par les populations.

«On est dans une région qui est dévitalisée et dans une région dévitalisée tout ce qui amène de l’argent est accueilli favorablement ou quasiment.» (R5. p.8)

«… certaines personnes ne croyaient, avaient de la difficulté à croire que le projet allait se mettre en branle, tant au niveau régional, au niveau économique, qu’il y avait certains revers. On a à penser à la fermeture de Murdochville, la fermeture de la Gaspésia, la Stone à New Richmond. Donc, ça a été perçu un peu comme, un nouveau souffle, des nouvelles opportunités pour la région. (R26.1, p. 7)

«C'est clair et certain, dans les petites municipalités où le taux de chômage est assez élevé, très élevé on voit d'un bon oeil l'arrivée d'un parc éolien et de l'investissement majeur à proximité de leur municipalité, ce qui vont en retirer, il peut y avoir des bénéfices». (R29, p. 10-11)

«Je pense qu’au début il y avait des réticences, je n'ai pas dit que c'était particulièrement bien accepté, mais les municipalités […] ont rapidement vu ce que cela pouvait vouloir dire comme investissement pour une municipalité complètement dévitalisée. (R33, p. 11)

Certains répondants (R10-R36) comparent la situation économique des municipalités et des MRC pour expliquer l’acceptation des projets.

C’est sûr qu’il y a des MRC et des villages, qui n’en veulent pas. Mais là maintenant, vous savez quand t’as de l’argent en masse, quand les budgets s’équilibrent, t’as pas de problème. T’en veux pas. Moi je pense que c’est ça qui est arrivé en Gaspésie et dans la grandeur du Québec. Quand tu commences à voir que c'est du développement économique, et que les gens ont besoin d’argent, des fois, tu acceptes plus facilement. (R36, p. 15-16)

Le répondant R16 évoque la possibilité que certaines municipalités en situation de difficulté économique aient accepté des projets qui ne respectent pas nécessairement les règles de l’art. Ce dernier cite les exemples de municipalités qui bénéficient d’un «paysage qui est correct» mais qui, compte tenu des difficultés au niveau de l’agriculture sont prêtes à faire certains compromis.

Également, le répondant R16 explique que la situation économique des agriculteurs dans sa municipalité étant meilleure que celle des agriculteurs de la plupart des municipalités de la MRC, notamment en raison de la qualité des sols, les redevances versées par le promoteur constituaient un revenu d’appoint mais non essentiel à leur survie. Il en est de même de la situation financière de la municipalité NOM DE LA MUNICIPALITÉ qui bénéficie d’une richesse foncière élevée et de coûts de fonctionnement moins élevés, notamment en raison d’un réseau routier moins long que dans les autres municipalités. C’est pourquoi le déplacement du projet vers d’autres municipalités n’a pas suscité de controverse.