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Chapitre 1 : Recension des écrits scientifiques

1.4 Influence de la polyvictimisation sur le comportement à l’enfance et à

1.4.2 Problèmes de comportement à l’adolescence

Par ailleurs, des travaux scientifiques ont démontré que la victimisation aurait une influence importante sur l’adaptation comportementale à l’adolescence, y compris un risque

accru de problèmes d’extériorisation et de comportements de délinquance (Ogloff, Cutajar, Mann, & Mullen, 2012 ; Hurren, Stewart, & Dennison, 2017 ; Thornberry, Henry, Ireland, & Smith, 2010). À titre d’exemple, Crea, Easton, Florio et Barth (2018) ont porté un intérêt particulier aux effets à long terme de l’abus sexuel et des autres types de maltraitances sur les comportements des jeunes. Plus précisément, ils se sont intéressés aux problèmes de comportement extériorisés chez des jeunes adoptés. Pour les fins de cette étude, un échantillon de jeunes (n = 522) a été sélectionné. Les données ont été recueillies jusqu’à 14 ans après l’adoption, à l’aide d’un questionnaire d’auto-évaluation complété par les parents adoptifs. Deux groupes d’enfants ont été formés, soit un premier groupe (n = 40) composé d’enfants abusés sexuellement et un deuxième groupe (n = 482) constitué d’enfants n’ayant pas vécu d’abus sexuel. Ces chercheurs ont voulu vérifier dans quelle mesure les antécédents d’abus sexuel se produisent en cooccurrence avec d’autres types de maltraitance, tels que l’abus physique et la négligence. Également, ils ont voulu connaître l’impact à long terme de l’abus sexuel et des autres formes de maltraitance sur les comportements d’extériorisation des adolescents. Tout d’abord, les résultats ont démontré que 24,3 % de l’échantillon total avait subi au moins une forme de victimisation avant l’adoption et que parmi ces enfants, près de la moitié, à savoir 46,5 % ont subi plus d’une forme de victimisation avant l’adoption. Ces formes de maltraitance en cooccurrence étaient la négligence, l’abus sexuel et l’abus physique. En outre, 92,5 % du groupe de jeunes abusés sexuellement étaient également victimes d’une autre forme de maltraitance. Ce résultat suggère que l’abus sexuel se produit rarement en l’absence des autres formes de victimisation. Les résultats de cette étude indiquent aussi que ce sont les jeunes abusés sexuellement et vivant de la négligence qui ont davantage de problèmes de comportement extériorisés à l’adolescence comparativement à ceux ne vivant pas cette polyvictimisation.

D’autre part, Ford, Elhai, Connor et Frueh (2010) ont voulu identifier des profils traumatiques chez les adolescents polyvictimisés dans le but de vérifier si ces profils sont associés à des troubles psychiatriques et des problèmes de comportement. Pour ce faire, ces chercheurs ont utilisé les données de la National Survey of Adolescents réalisés aux États- Unis en 1995. De manière plus précise, les adolescents de l’échantillon (n = 4023) sont tous âgés entre 12 et 17 ans. Ainsi, dans leur étude, les chercheurs ont obtenu six profils de

victimisation et de polyvictimisation différents, à savoir (1) Sexual Abuse/Assault Polyvictimization ; (2) Physical Abuse/Assault Polyvictimization ; (3) Assault Witness ; (4) Accident/Disaster Victim ; (5) Community Violence Polyvictimization et (6) Assault Polyvictimization. Notamment, le premier profil comprend ceux qui ont vécu l’agression sexuelle et qui vivent également de la polyvictimisation, alors que le second profil comprend ceux qui ont été agressés physiquement en plus de vivre de la polyvictimisation. Les résultats révèlent que les adolescents polyvictimes ont signalé plus d’actes de délinquance que les jeunes étant exposés à un seul traumatisme. Également, chaque sous-groupe de polyvictimisation est plus susceptible de présenter un trouble de stress post-traumatique, un trouble de dépression majeure et un trouble d’abus de substance en comorbidité comparativement aux sous-groupes n’ayant pas vécu de polyvictimisation, à savoir les groupes Assault witness et Accident/Disaster Victim.

Jusqu’à présent, il est possible de constater que peu d’études ont exploré le lien entre les problèmes de comportement, la victimisation et la polyvictimisation parmi des adolescents québécois. Effectivement, les avancées scientifiques sont moins importantes concernant la victimisation des enfants et des adolescents au Québec et au Canada, et encore moins concernant la polyvictimisation. Néanmoins, une étude québécoise de Cyr et coll. (2017) a été réalisé dans le but de vérifier l’hypothèse selon laquelle la polyvictimisation peut prédire des symptômes de santé mentale, comme des problèmes de colère ou d’agressivité, au-delà des types individuels de victimisation et s’il y a des différences entre les sexes. Aux fins de cette étude, des entrevues téléphoniques ont été effectuées auprès d’un échantillon (n = 1400) d’adolescents québécois, tous âgés entre 12 et 17 ans, afin de recueillir les données. Les résultats obtenus ont permis d’observer des différences significatives entre les filles et les garçons. Par exemple, les résultats de cette étude ont démontré que la victimisation sexuelle est principalement vécue chez les filles (18 %) et est également un prédicteur significatif des symptômes de colère ou de comportements d’agression chez celles-ci. Toutefois, ce type de victimisation ne s’est pas avéré être un prédicteur significatif pour les garçons (8 %) en ce qui concerne la présence de comportements agressifs. Par après, une proportion importante de garçons (60 %) ont déclaré avoir subi plus souvent des agressions physiques comparativement aux filles (39 %). D’un autre côté, les filles de l’échantillon ont

déclaré avoir été plus souvent victimes de violence psychologique de la part d’un parent comparativement aux garçons. De plus, les résultats obtenus indiquent qu’une grande proportion des adolescents (67 %) ont vécu plus d’une forme de victimisation au cours de leur vie, c’est-à-dire avoir vécu au moins deux types de victimisation au cours de leur vie. Enfin, cette polyvictimisation est associée de manière significative à des symptômes de santé mentale, comme de la colère ou la manifestation de comportements agressifs chez les adolescents.