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En particulier, nous ne sommes pas enclin à accepter les rescrits impériaux et les liturgies comme représentant de la prose, à la différence de ce que font notamment

Bentley [2001a] et Vovin [2005]. Nous admettons qu’il ne s’agit pas de langue poé- tique, mais nous estimons en même temps que la variété de langue utilisée appartient à un registre très particulier et hautement codifié. Quoi qu’il en soit, à part quelques mots épars dans le texte il n’y a guère que les suffixes nominaux et verbaux qui y sont notés à l’aide de phonogrammes.

4.6

Problèmes du corpus

Dans cette section, nous parlerons brièvement des problèmes généraux du corpus disponible pour le chercheur qui travaille sur le japonais ancien. Ces problèmes sont l’absence d’originaux (4.6.1), les variantes selon les copies (4.6.2) et les graphies am- biguës (4.6.3).

4.6.1

Absence d’originaux

Tout d’abord, nous sommes confronté au problème de l’absence d’originaux des sources présentées plus haut. Ce problème n’est pas unique au cas japonais, mais il est important de souligner que les copies dont on dispose, et surtout celles qui sont complètes, sont d’origine beaucoup plus récente (souvent de plusieurs siècles) que le 8e

siècle. Ce premier point, couplé au fait que pendant longtemps les sources en question n’ont pas joui d’un intérêt important de la part des chercheurs japonais, explique aussi en partie pourquoi à la différence de ce qui a pu se passer dans le cas des Védas indiens, par exemple, il n’y a pas eu de transmission orale ininterrompue des lectures de ces textes.

4.6.2

Variantes selon les copies

L’absence d’originaux suppose l’existence de nombreuses copies présentant chacune des différences textuelles plus ou moins importantes. La probabilité qu’en comparant les différents manuscrits nous ne puissions restituer que la correction la plus ancienne, et non l’original du texte, nous semble bien réelle.

4.6.3

Graphies ambiguës

Le problème des graphies non-explicites a déjà été évoqué à plusieurs reprises, mais il est important de noter que même lorsque nous avons réussi à contourner le problème des sémantogrammes, dont on ne peut pas être sûr de la lecture, il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas d’espaces entre les phonogrammes ce qui pose un problème pour la segmentation des mots. Le rythme canonique des chants peut souvent nous aider à désambiguïser certaines séquences, or dans certains cas, et surtout lorsque nous ne connaissons pas le(s) mot(s) en question, il n’est pas facile de trancher entre plusieurs interprétations divergentes.

4.7

Conclusion

Nous allons tout d’abord résumer l’essentiel de ce que nous avons vu dans ce chapitre, et ensuite nous en présenterons les principales conclusions.

Ce chapitre était consacré à une présentation du corpus que nous avons utilisé pour notre étude de /+rV/ en japonais ancien (voir chapitre 5). Or, avant d’entreprendre cette présentation, nous avons voulu faire le point sur la notation du japonais ancien, ainsi que de la transcription que nous avons adoptée dans notre travail (4.2). Nous estimons que cette brève introduction était nécessaire afin de mieux apprécier les difficultés auxquelles est confronté tout chercheur travaillant sur le japonais ancien.

Nous avons ensuite présenté en détail les textes qui composent notre corpus (4.3) avant de justifier les raisons de notre choix (4.4). Nous avons vu que celui-ci s’explique aussi bien par la langue reflétée (4.4.1), que par l’accessibilité des données (4.4.2). Ensuite, nous avons parlé des limites du corpus (4.5), dues à la graphie (4.5.1) et à la langue reflétée (4.5.2. Enfin, nous avons évoqué les problèmes qu’il pose (4.6), tels que l’absence d’originaux (4.6.1), l’existence de variantes selon les copies (4.6.2) et les nombreuses graphies ambiguës (4.6.3).

Malgré ses limites et les problèmes qu’il soulève, nous estimons que le corpus que nous venons de décrire est représentatif du japonais ancien tel que nous le connaissons à ce jour. Le fait que nous ne prenons en compte que les attestations en phonogrammes de /+rV/ restreint l’étendue de notre corpus, mais le rend plus fiable. Nous sommes certain ainsi de ne pas nous livrer à une exégèse qui ne peut nous amener qu’à faire des jugements dont la base factuelle serait très mince, pour ne pas dire inexistante.

Pour conclure ce chapitre nous pouvons dire que le travail sur le japonais ancien n’est pas une entreprise facile, mais que c’est justement une raison de plus de ne pas mélanger ce qui peut être réellement glané des textes, fussent-ils des copies tardives, de ce qui est une projection a posteriori de la langue classique ou moderne.

Etude des occurrences de /+ra/ et

/+ro

2

/ dans le corpus

5.1

Introduction

Dans ce chapitre, nous procéderons à une étude détaillée des morphèmes postno- minaux /+ra/ et /+ro2/ à la recherche de leurs éventuels emplois locatifs en nous

basant sur l’ensemble du corpus du japonais ancien, dont la présentation a fait l’objet du chapitre précédent (chapitre 4).

Ce chapitre se compose de quatre grandes sections : la première est consacrée à l’étude des occurrences de /+ra/ (5.3), la deuxième à celles de /+ro2/ (5.4), la

troisième à celles de quelques possibles cas d’allomorphes et/ou d’allophones de /+ra/ (5.5), et enfin la quatrième dressera un bilan basé sur l’analyse des exemples étudiés dans les sections précédentes (5.6). Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous parlerons brièvement de la présentation des exemples (5.2).

Dans chacune des trois premières sections, il y a autant de sous-sections que d’œuvres étudiées, présentées dans un ordre qui se veut aussi fidèle que possible à la chronologie. A l’intérieur de chacune de ces sous-sections, les occurrences de chacun des suffixes étudiés seront présentées, sous forme de sous-sous-sections, tout d’abord en fonction de la nature de l’élément qu’ils suivent : un nominal, une base servant à former des adjectifs, une base idéophonique, etc. A la suite de cette première grande di- vision par catégorie, une deuxième est proposée, sous forme de sous-sous-sous-section, où l’on trouvera la liste des éléments suivis, respectivement, de /+ra/ ou de /+ro2/

classés par ordre alphabétique.

Par ailleurs, à la fin de chaque sous-section consacrée à une œuvre du corpus seront réunis les cas où il est difficile de trancher soit sur la présence ou non d’un suffixe /+ra/ ou bien /+ro2/, soit sur sa fonction, ainsi que souvent sur le sens exact du mot dans

lequel il apparaît.

Ensuite, nous nous tournerons vers une étude des occurrences des suffixes nominaux /+na/, /+Npa/ et /+Nta/, mal étudiés et dont les éventuels rapports d’allomor- phie et/ou allophonie avec /+rV/ ne peuvent a priori être exclus.