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comme dans l’autre, car ce biais nous semble constituer le problème majeur rencontré dans les travaux antérieurs réalisés dans une optique comparative. 2. Étude historique approfondie des données historiques (textuelles) et

dialectales de chacune des langues concernées préalable à toute com- paraison extérieure

Ce deuxième point implique que l’étude approfondie des données japonaises (ainsi que des données coréennes, turciques, mongoles, toungouses, etc.) doit être préalable à une éventuelle extension « altaïque ».

Nous estimons qu’une telle étude n’a pas été faite dans la perspective d’une éven- tuelle comparaison avec d’autres langues, ni même dans une autre perspective non-comparativiste.

Nous sommes conscients de la difficulté que peut supposer le respect strict de ces principes de base et des limitations qu’il peut entraîner sur le plan de l’étendue des études réalisées dans ce cadre par un chercheur donné. Or, nous estimons justement qu’un tel travail ne peut pas être le fait d’un seul chercheur et qu’une collaboration entre des spécialistes de chacune des langues concernées est indispensable si l’on veut parvenir à des résultats probants et des conclusions scientifiquement valables.

Etant donné que ces principes de base correspondent à notre intime conviction sur la manière d’entreprendre l’étude de la problématique, nous avons décidé de nous intéresser de plus près à la question de /+rV/ en japonais ancien qui constitue notre domaine de spécialisation. L’approche que nous avons adoptée à cette occasion sera présentée dans la section suivante (3.3).

3.3

Approche adoptée

S’appuyant sur les principes méthodologiques de base énoncés dans la section pré- cédente (3.2), nous allons à présent exposer l’approche que nous avons adoptée dans le cadre de notre étude sur /+rV/ en japonais ancien, dans les dialectes japonais ainsi que dans les langues ry¯uky¯u .

Voici les différentes étapes que nous considérons nécessaires dans l’étude de /+rV/ en japonais et l’explication, point par point, de l’application de chacun d’eux (pour une représentation schématique voir Fig.3.1) :

1. Critères retenus pour l’identification de /+rV/

Ce premier point circonscrit le champ de notre étude et sera d’une importance primordiale à l’heure du dépouillement du corpus. En effet, il est indispensable d’avoir défini au préalable les critères selon lesquels on procédera à la recherche dans le corpus.

Notre étude, comme nous l’avons déjà vu (1.3.1), s’intéresse à des suffixes de type /+rV/ qui ont un emploi nominal et qui ont été présentées comme ayant une valeur de locatif et/ou directif.

Comme nous l’avons déjà dit (1.3.1.2) et comme nous le verrons plus bas (point 3), pour des raisons tenant principalement à leur attestation, et dans le cas de /+re/ à l’absence d’hypothèse sur une quelconque valeur de locatif de ce suffixe, seules ont été retenues pour cette étude les occurrences des suffixes /+ra/ et /+ro2/.

Les critères pour la reconnaissance de /+rV/ en tant que suffixe tiennent comptent de l’attestation ou non de la base seule sans le morphème /+rV/, ainsi que de la possibilité d’isoler ou non une base que l’on retrouve attestée dans d’autres lexèmes sans ce morphème. De manière générale, on peut dire que dans le cas d’un lexème qui a plus de deux syllabes et une finale en /rV/, il est fort probable que cette dernière résulte d’une suffixation.

En précisant dès le départ que nous nous intéressons uniquement aux /+rV/ post-nominaux, nous excluons de manière implicite toutes les occurrences de /rV/ dans les paradigmes verbaux. Le fait de prendre ces dernières pour des suffixes de type /+rV/ est très souvent dû à une mauvaise segmentation pro- voquée d’un côté par la structure canonique de la syllabe en japonais ancien de type (C)V et l’ambiguïté de la graphie syllabique du japonais. En réalité, la plupart du temps la séquence /rV/ chevauche une frontière morphémique. 2. Constitution d’un corpus représentatif du japonais ancien

Ceci est le point de départ de toute recherche sérieuse sur le japonais ancien. Afin d’y parvenir, il est tout d’abord essentiel de définir de façon aussi précise que possible les termes de « japonais ancien » et de « corpus représentatif ». La définition adoptée ici de « japonais ancien » est celle de la langue attestée dans les premiers textes suivis dont on dispose (datés du 8e

siècle de notre ère) et qui seront présentés au chapitre4.

Nous considérons comme représentatif tout corpus constitué de l’ensemble de ces textes qui attestent de façon non-ambiguë le japonais ancien, tel que défini précédemment. Sont ainsi exclus ceux qui font appel à des notations ambiguës ou non-explicites (voir chapitre 4).

3. Dépouillement méticuleux du corpus à la recherche de /+rV/

L’étape suivante consiste en un dépouillement méticuleux du corpus à la re- cherche des suffixes de type /+rV/ selon les critères présentés au point 1. Cette étape n’est réalisable que si l’on dispose d’une version électronique du corpus et que celui-ci est intégré dans une base de données interrogeable. C’est la façon dont nous avons procédé pour le dépouillement du corpus, or il nous est impossible d’affirmer qu’aucune occurrence de /+rV/ nominale ne nous a échappé, malgré toute notre vigilance.

En raison des résultats préliminaires obtenus lors du dépouillement, nous avons décidé de cibler notre étude uniquement sur les attestations en phonogrammes (voir4.2) de /+ra/ et /+ro2/, qui sont les seuls suffixes de type /+rV/ attestés

3.3 Approche adoptée

En effet, l’autre suffixe censé avoir un emploi directif figé, /+ri/, n’est attesté que dans quelques exemples où il ne suit pas directement un nominal (voir 1.3.1.2). Quant à /+re/ et à /+ru/, aucune hypothèse sur une quelconque valeur de locatif et/ou de directif n’a été émise à leur égard, et par ailleurs nous n’en avons décelé aucune dans notre corpus (voir aussi 1.3.1.2).

4. Constitution d’un sous-corpus des occurrences de /+rV/

Ce sous-corpus constitue la base de l’étude que nous présenterons au chapitre5. Il comprend toutes les occurrences de /+ra/ et /+ro2/ post-nominaux en ja-

ponais ancien que nous avons trouvées lors du dépouillement du corpus. A toutes fins utiles, nous avons ajouté ce sous-corpus en annexe (voir Annexe A).

5. Analyse des occurrences attestées et essai de définition des valeurs de /+rV/ en japonais ancien

Une fois le sous-corpus des occurrences de /+rV/ nominal en japonais ancien constitué, nous pouvons passer à l’analyse de celles-ci. Cette analyse est présentée au chapitre 5.

Après l’analyse de tous les exemples relevés, nous devons nous interroger sur les valeurs que l’on peut reconnaître aux suffixes /+ra/ et /+ro2/ en japonais

ancien et vérifier, à cette occasion, si l’existence d’une valeur de locatif et/ou de directif pour /+rV/ est corroborée par le corpus pour la période du japonais ancien.

6. Constitution d’un corpus d’occurrences attestées de /+rV/ dans les dialectes et les langues ry¯uky¯u

La constitution de ce corpus pose divers problèmes (voir chapitre 6) et n’a pas pu être menée à bien pour l’instant. Le « corpus » que nous avons utilisé a été celui des dictionnaires et des descriptions de dialectes , excepté dans le cas du ry¯uky¯u (okinawaïen) classique (voir chapitre6 et chapitre 7).

7. Confrontation des données ainsi récoltées et tentative de systématisa- tion de celles-ci

Peut-on ou non dégager des valeurs communes à toutes les occurrences de /+rV/ ? Dans le cas d’une réponse négative, il faudra se demander s’il s’agit, sur le plan de la diachronie, d’un ou de plusieurs suffixes.

8. Origine des formes en /+rV/ en japonais

Quelle(s) hypothèse(s) peut-on formuler sur l’origine des suffixes en /+rV/ ? Et sur ceux parmi eux censés avoir une valeur de locatif et/ou de directif ? S’agit-il d’un seul suffixe ou de plusieurs suffixes différents ? Peut-on leur trouver une origine interne au japonais ?

Tant que les réponses à ces questions restent inconnues, il nous paraît difficile de recourir à des explications de l’histoire des suffixes en /+rV/ qui invoquent des langues étrangères.

Présentation du corpus

4.1

Introduction

Ce chapitre est consacré au corpus sur lequel nous avons basé notre étude de /+rV/ en japonais ancien (voir chapitre 5).

Nous y présenterons notamment les textes de notre corpus (4.3), ainsi que les rai- sons de leur choix (4.4). Nous parlerons également de ses limites (4.5) et des problèmes qu’il soulève (4.6).

Or, il nous semble nécessaire, avant d’aborder cette présentation, de faire un bref exposé des différentes manières dont était noté le japonais ancien (4.2)1. A cette occa-

sion, nous exposerons également les principes de transcription que nous avons adoptés dans notre étude. Cette « digression » est en réalité indispensable à la compréhension des problèmes de choix au niveau du corpus, de ses limites, ainsi qu’à la lecture du chapitre 5.