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2.1 Le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité

2.1.3 Problèmes associés

« Un problème ne vient jamais seul » : cette expression populaire s’applique au TDAH si l’on considère que 67% à 80% des individus ayant un TDAH présentent au moins un autre trouble (Barkley et al., 2008). Plus récemment, l’étude épidémiologique européenne de Takeda et ses collègues (2012) a révélé que 50% à 90% des individus présentant un TDAH ont au moins un trouble concomitant et qu’environ la moitié de tous les enfants atteints de TDAH ont au moins deux comorbidités. Selon les recherches réalisées dans le cadre de ce mémoire, aucune étude québécoise récente ne permet de documenter cette réalité au Québec. Selon les recherches effectuées ailleurs, les principales problématiques associées au TDAH et qui peuvent avoir un effet considérable sur la réussite scolaire et le comportement des élèves en classe sont les difficultés sociales, les difficultés d’apprentissage, le trouble oppositionnel avec provocation et le trouble des conduites, les troubles anxieux et la toxicomanie. Les prochaines lignes aborderont brièvement chacun de ces problèmes fréquemment associés au TDAH. Il convient de noter que les taux de comorbidité varient aussi considérablement d’une étude à l’autre, et ce, en fonction, encore une fois, de la

La littérature scientifique recensée montre que plusieurs élèves présentant un TDAH vivent des difficultés sociales (Mikami et al., 2013; Pfiffner et al., 2000). En fait, on estime que 50 % à 80 % d’entre eux vivent du rejet de la part de leurs pairs (Hoza et al., 2005) et que dans plus de 60 % des cas, ils sont perçus comme des partenaires de jeu moins désirés (Pelham et Bender, 1982). De plus, ces derniers sont moins nommés dans les dyades qui s’identifient comme des amis respectifs particulièrement si le jeune présente plusieurs problèmes de comportements extériorisés (Normand et al., 2011). Les effets des problèmes sociaux s’ajouteraient à ceux découlant des manifestations principales du TDAH et conduiraient à des difficultés supplémentaires pour les élèves ayant les deux conditions (Mikami et Hinshaw, 2006). De plus, les problèmes sociaux pourraient exacerber les effets à long terme, notamment les problèmes de régulation émotionnelle et de comportements, ainsi que la réussite scolaire (Mikami et Normand, 2015).

Les jeunes présentant un TDAH obtiennent généralement des résultats scolaires plus faibles que leurs pairs qui se développent normalement (CADDRA, 2020). À cet égard, les enseignants et les parents de ces jeunes expriment souvent des préoccupations quant à leur degré de productivité et les qualifient parfois de « paresseux » ou de « non motivés ». Plusieurs hypothèses peuvent expliquer un échec scolaire. Parmi celles-ci, une des possibilités est que le jeune ayant un TDAH présente également des difficultés d’apprentissage. Selon l’étude de Mayes et Calhoun (2006) réalisée auprès d’une population clinique, 33% des élèves ayant un TDAH éprouvent des difficultés en lecture, 25% en orthographe, 63% en expression écrite et 26% en mathématiques. Wu et Gau (2013) expliquent que ces difficultés seraient intimement liées aux symptômes d’inattention. En fait, les symptômes d’inattention seraient ce qui prédit le plus le niveau d’éducation atteint chez cette population (Pingault et al., 2011). Donc, selon les résultats de l’étude de Pingault et ses collègues (2011), plus un jeune présente des manifestations d’inattention, moins il est susceptible d’atteindre un niveau de scolarité élevé.

Les problèmes de comportement figurent parmi les troubles comorbides les plus fréquents chez les enfants atteints de TDAH (Pliszka, 2018). L’importance de la concomitance du trouble oppositionnel avec provocation (TOP) avec le TDAH a été démontrée dans de

nombreuses études dont celle de Wilens et ses collègues (2002) où les auteurs ont identifié qu’entre 45% et 85% des jeunes ayant un TDAH présentaient aussi un TOP. Quant au trouble des conduites, sa concomitance avec le TDAH varie entre 15% et 55% (Pliszka, 2018). À cet égard, selon Wu et Gau (2013), ces problèmes seraient davantage prédits par la présence d’impulsivité et d’hyperactivité que par la présence d’inattention. Force est de constater que la concomitance prédominante de ces deux troubles apporte un défi supplémentaire lors de l’intervention auprès des jeunes TDAH. Les jeunes ayant un TDAH sont également plus à risque de présenter des symptômes d’anxiété (12 %) et d’avoir des problèmes de sommeil (23 %) (Reale et al., 2017). Les jeunes ayant des manifestations d’inattention ont une plus forte propension à l'anxiété, car ils ont généralement des tempéraments intériorisés. En conséquence, la comorbidité d’anxiété et d'inattention dont souffrent certains jeunes serait susceptible d’entrainer des dommages significatifs à leur estime de soi et une sous- performance scolaire (Reale et al., 2017).

Le TDAH est aussi associé à la toxicomanie : « la toxicomanie est nettement plus élevée chez les personnes ayant un TDAH que chez la population générale » (Zulauf et al., 2014). Ces auteurs suggèrent que les comportements d’inattention et d’impulsivité qui caractérisent le TDAH pourraient contribuer à la toxicomanie. En effet, chez certaines personnes atteintes de TDAH, la nécessité d’une rétroaction immédiate, le désir de récompenses et la recherche de risques peuvent les rendre vulnérables aux dépendances. Plusieurs travaux suggèrent que les jeunes ayant un TDAH ont un risque deux fois plus élevé d'utiliser des substances illicites (en particulier la nicotine, la cocaïne et le cannabis) et ce, à un âge plus précoce que la population générale (Faraone et Wilens, 2007; Lee et al., 2011; Wilens, 2008).

Cette section a défini les principales difficultés qui relèvent du TDAH et a fait un survol des problèmes qui y sont fréquemment associés. La présence d’un trouble concomitant peut avoir un effet considérable sur les interventions que devra mettre en place l’enseignant. À ce sujet, la présence d’un autre trouble est considérée comme un facteur de risque pouvant assombrir le portrait d’un jeune présentant TDAH et donc influencer l’intensité des symptômes. La prochaine section fera état des facteurs de risque et de protection associés au TDAH.