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Définitions et caractéristiques des participants

2.4 Formation en ligne ouverte à tous (MOOC)

2.4.2 Définitions et caractéristiques des participants

Dans la littérature scientifique, on retrouve plusieurs définitions pour le MOOC étant donné la pluralité des formes qu’ils peuvent prendre (cMOOC et xMOOC). À cet effet, plusieurs auteurs définissent les MOOCs transmissifs comme étant des environnements d’apprentissage où les apprenants ont l’opportunité d’interagir à propos de leurs expériences et des activités d’apprentissage proposées peu importe leur localisation géographique (Bonafini, 2017). Dans le même sens, Cormier et Siemens (2010) avancent que le MOOC « […] n’est pas seulement un cours en ligne […], c’est un événement où des personnes qui s’intéressent à un sujet se réunissent, travaillent sur le sujet en question et en parlent de manière constructive. Un MOOC est ouvert, participatif […], une manière d’échanger, de développer des compétences, ce qui revient à s’engager dans un processus d’apprentissage ». Or, ceux-ci abordent seulement la dimension interactive de la formation ce qui relève plutôt du MOOC connectiviste. Pour d’autres, le MOOC est une « formation à distance s’adressant à un grand nombre d’apprenants, sans contraintes d’inscription et sans suivi particulier dans laquelle diverses formes de discussions entre pairs permettent la co- construction de savoirs » (Bruillard, 2014; Cohen et Holstein, 2018). Dans le cadre de cette recherche, cette définition n’est toujours pas complète, car elle aborde seulement une portion de l’approche pédagogique des MOOCs et ne traite pas des différentes dimensions de la formation.

Au terme d’une recension des écrits, aucune définition de la littérature scientifique ne permet de bien circonscrire le dispositif de DPC qu’est le MOOC. En effet, très peu d’auteurs définissent de façon précise le concept de MOOC dans leurs articles scientifiques; plusieurs présentent tout simplement les caractéristiques instrumentales du dispositif ou les approches pédagogiques utilisées (Cimermanová, 2018; Gil-Jaurena et al., 2017). Devant ce constat, voici la définition retenue dans le cadre de ce mémoire :

Un MOOC est une plateforme d’apprentissage en ligne (online) pouvant accueillir un nombre illimité d’étudiants (massive) et dont l’accès est gratuit et sans condition d’admission (open). Cette formation est proposée par une organisation qui a ciblé un besoin de formation précis au sein d’une population déterminée (Adamopoulos, 2013; Cavanagh, 2013) et dont les

(De Barba et al., 2016; Karsenti et Bugmann, 2016). Cet environnement d’apprentissage permet aux apprenants d’interagir à propos de leurs expériences et des activités d’apprentissage proposées, peu importe leur localisation géographique. Ils sont alors engagés dans une démarche d’apprentissage collaboratif qui respecte leur rythme, leur besoin d’engagement et qui a pour objectif la mise à jour de leurs connaissances à l’aide d’une variété d’outils : lectures, vidéos, questionnaires, discussions et expérimentations (Bonafini, 2017; Toven-Lindsey et al., 2015).

La diffusion des savoirs sur le web facilite considérablement leur accès dans l’espace et dans le temps et c’est précisément pourquoi, aux yeux de certains chercheurs, ces dispositifs éducatifs doivent permettre aux plus jeunes comme aux plus âgés et peu importe leur localisation géographique, de développer des connaissances sur des domaines variés. Du coup, ces technologies éducatives doivent favoriser la démocratisation des savoirs (Vayre et Lenoir, 2019). Dans une étude exploratoire, Lenoir et Vayre (2019) ont mesuré l’influence des facteurs sociodémographiques sur les usages du MOOC « Manage your

prices » afin d’identifier s’il recouvrent ou non diverses formes d’inégalités. Selon leur

étude, le genre, l’âge, le niveau de scolarité et le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant du pays de résidence des participants seraient liés à plusieurs indicateurs de mesure du parcours de formation.

D’abord, leurs résultats indiquent que la persévérance des femmes dans la formation est moins forte que celle des hommes en termes de durée, d’actions de consultation et de pourcentage de réalisation des activités de formation. À cet effet, les auteurs émettent l’hypothèse que cette plus faible persévérance des femmes provient des difficultés que celles- ci rencontrent pour concilier leurs rôles sociaux et familiaux. Ensuite, les résultats montrent que les apprenants les plus jeunes (moins de 26 ans) effectuent des parcours de formation plus courts que ceux de leurs homologues âgés de 36 à 45 ans et de plus de 55 ans. D’un autre côté, le niveau de scolarité ne semble pas lié au niveau d’achèvement des activités de formation. Cependant, il s’agit du facteur sociodémographique qui influence le plus le mode d’interaction avec les autres apprenants et le niveau d’engagement et la réussite aux évaluations. Pour finir, les chercheurs ont identifié que plus le PIB par habitant du pays de résidence des apprenants est élevé, plus ceux-ci tendent à persévérer dans la formation. Lenoir et Vayre (2019) émettent donc l’hypothèse que les apprenants issus des pays les plus

pauvres vivent dans des conditions qui ne favorisent pas le bon suivi d’un MOOC. À la lumière de ces résultats, malgré la prémisse que les MOOCs semblent tendre vers une démocratisation des savoirs, certains obstacles demeurent difficiles à surmonter. Or, il convient de noter que les auteurs concluent que la réussite aux évaluations du cours n’est pas déterminée par le genre, le statut professionnel, ou encore, le niveau de richesse du pays de résidence.

D’autres recherches se sont plutôt intéressées à dresser un portait des caractéristiques de la population des MOOCs. Selon la recherche descriptive de Christensen et ses collègues (2013), qui avait pour objectif de créer un portrait des caractéristiques des personnes qui s’inscrivent aux MOOCs, plus de 40% des apprenants ont moins de 30 ans et moins de 10% ont plus de 60 ans. Ainsi, la majorité des participants (45%) est âgée entre 30 et 45 ans. La recherche de Gil-Jaurena et ses collaborateurs (2017) va dans le même sens en précisant que la moyenne d’âge des participants à 15 différents MOOCs est de 37,89 ans. De plus, ces deux études démontrent que le nombre d'hommes participants est nettement supérieur (plus de 70%) au nombre de femmes, mais que les femmes sont plus nombreuses à percevoir un apprentissage significatif au terme de la formation. Li (2019) ajoute que la majorité des individus qui profitent de ces cours ont déjà un emploi et sont titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires. Ainsi, ils ne sont généralement pas motivés par l’objectif d’acquérir une formation initiale ou une reconnaissance officielle (Julien et Gosselin, 2016). Cette dernière caractéristique n’est pas sans lien avec le faible taux d’apprenants qui complètent l’ensemble d’un MOOC, taux évalué à 10 % par Jordan (2014) d’après un échantillon de 39 MOOCs. La typologie de Hill (2013) sur les catégories d’inscrits à des MOOC illustre cette déperdition:

- Ceux qui s’inscrivent sans plus (no-shows) – 10%

- Ceux qui s’inscrivent, mais qui ne font qu’observer ou essayer quelques activités (observers) – 15%

- Ceux qui sont en partie ou totalement actifs pour certaines portions du cours, mais qui ne le suivent pas en entier (drop-ins) – 30%

- Ceux qui voient le cours comme un contenu à consommer et qui ne sont pas enclins à participer aux activités ni aux discussions (passive participants); - 35%

- Enfin, ceux qui prennent connaissance du contenu des cours, font les quiz, les examens et les exercices, et participent aux évaluations par les pairs, aux discussions sur des forums, aux blogues et autres formes d’activités de médias sociaux (active participants) – 10%

Quant à la provenance des participants, plusieurs études montrent une grande diversité ethnique dont les principaux pays d’origine sont le Canada, l’Allemagne, l’Australie, l’Afrique du Sud, les États-Unis, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (Christensen et al., 2013; Williams et al., 2018).

Dans leur recherche, Gil-Jaurena et ses collaborateurs (2017) ont questionné les participants de 39 différents MOOCs traitant de sujets relevant des sciences humaines afin d’identifier leurs motivations et leurs intentions d’apprentissages à suivre la formation. Les personnes interrogées ont identifié en moyenne 2,5 raisons pour lesquelles elles s'engageaient dans les MOOCs analysés. Les plus courantes étant l'intérêt pour le contenu et le sujet des formations et l'utilité attendue pour le développement professionnel. La première de ces raisons est donnée par près de 72% des participants à l’enquête initiale; tandis que le second est donné par 60,6%. Il convient de noter qu'un tiers (33,8%) mentionnent ces deux raisons. Au-delà du sujet de chaque cours spécifique, 30% des participants au questionnaire ont identifié le fait que la « méthodologie » du cours leur convenait comme motif de participer à cette expérience. On peut alors en retirer que l’approche pédagogique du MOOC a quelque chose de spécifique qui attire un nombre assez important de personnes qui s’inscrivent puisqu’elles ont, en majorité, un intérêt pour le contenu et que celui-ci répond à un besoin de développement professionnel.