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2.4 Formation en ligne ouverte à tous (MOOC)

2.4.6 Évaluer les effets d’un MOOC

2.4.6.1 État des lieux

Dans la littérature scientifique, un bon nombre de recherches ont analysé la qualité des MOOCs (p. ex. Roy et al., 2016). Pour y arriver, les recherches recensées ont mesuré la satisfaction des participants au moyen d’un questionnaire en ligne directement sur la plateforme d’apprentissage. À cet effet, le caractère virtuel, massif et ouvert des MOOCs rend son évaluation plus complexe et moins accessible (Gil-Jaurena et al., 2017). Dans sa méta-analyse, Shelton (2011) met en lumière les approches utilisées dans l’évaluation de la qualité des MOOCs. La majorité des recherches évaluent la qualité de la formation sur deux plans : 1) les modalités de présentation du contenu théorique, des activités d’apprentissage offertes, des évaluations, des discussions, etc. et 2) l’accompagnement et l’encadrement des apprenants par l’équipe pédagogique par la rétroaction aux évaluations et les interventions

sur le forum de discussion. Les questions sont alors formulées afin de recueillir la satisfaction des participants dans un but d’amélioration. D’autres chercheurs s’intéressent plus particulièrement aux effets des différentes modalités sur l’engagement (Cormier et Siemens, 2010; Ma et al., 2015), la motivation (Barak et al., 2016; Huang et al., 2019) et le taux de réussite (Cimermanová, 2018) des participants. Bref, les recherches sur la qualité des MOOCs sont menées dans le but de trouver des réponses et des solutions au problème d’engagement et au faible taux de réussite des participants.

Les MOOCs étant une technologie relativement nouvelle, il existe peu de recherches sur certains de leurs aspects, comme les apprentissages des participants (Alraimi et al., 2015). La plupart des études recensées utilisent principalement des méthodes quantitatives ou mixtes, telles que l'analyse des statistiques de participation aux activités sur la plateforme de la formation (pourcentage du contenu visionné, taux d’abandon, de progression, de rétention et d’achèvement), les réponses des participants aux questionnaires et l’évaluation de la réussite de la formation (obtention ou non d’une certification) afin de documenter les apprentissages des participants (Breslow et al., 2013; Littlejohn et al., 2016; Rai et Chunrao, 2016). Or, la diversité potentielle des apprenants, chacun ayant des expériences antérieures et des compétences différentes, ainsi que des attentes, des besoins et des motivations variées (Littlejohn et al., 2016), amène à redéfinir le sens de l’apprentissage qui peut ne pas être seulement centré sur l'achèvement et la réussite des activités du MOOC (Breslow et al., 2013). À cet effet, il faut plutôt « demander aux participants d’identifier leurs intentions, besoins et motivations de départ pour ensuite les questionner à savoir si le MOOC a su y répondre » (Traduction libre de Henderikx et al., 2017, p.355). De cette façon, la perception de l’apprenant est au cœur des résultats. Comme le notent, Yang et ses collaborateurs (2017), le point de vue de l’apprenant n’est pas suffisamment étudié; nous en savons très peu sur leur perception de l’effet du MOOC sur leur carrière, leur éducation ou leur vie en général. À cet effet, Sablina et ses collaborateurs (2018) ont mené une recherche sur l’effet des MOOCs sur la vie professionnelle et personnelle (en fonction des besoins initiaux) des participants. Par le biais d’entrevues semi-dirigées via la plateforme Skype, les chercheurs en sont venus à la conclusion que les MOOCs semblent avoir un effet positif chez les participants qui

participants à 17 différents MOOCs à l’aide d’un questionnaire en ligne. En croisant ses données, le chercheur a exploré les prédicteurs de l’apprentissage et de la satisfaction tels le genre et le niveau d’éducation du participant. L’analyse des résultats montre que le sexe, le dernier diplôme obtenu et le nombre de cours en ligne suivi par les participants permettent de prédire de manière significative l’apprentissage, l’utilisation de la plateforme de formation et la satisfaction des apprenants. En fait, il semblerait que les hommes perçoivent un apprentissage plus significatif que les femmes, que plus un participant a suivi de formation en ligne, moins il est satisfait du MOOC et que le niveau d’éducation influence positivement le degré de satisfaction des participants.

Ainsi, force est de constater que plusieurs études documentent la satisfaction des participants au regard de la formation et de ses modalités. Néanmoins, très peu ont analysé les apprentissages réalisés, la capacité de transfert et les retombées de la formation reçue sur le public cible (p. ex. : pour les enseignants : retombées sur l’apprentissage et la réussite des élèves en classe). Dans le contexte plus général de l’apprentissage en ligne, l’étude québécoise de Richard et Bissonnette (2013) a évalué l’impact d’un cours en ligne portant sur la gestion de classe sur les pratiques professionnelles des enseignants. Afin d’atteindre leur objectif, les chercheurs ont procédé à la passation d’un questionnaire mesurant, à l’aide d’une échelle de Likert, l’appréciation générale de la formation, l’utilité du contenu pour leur travail, l’appréciation des mesures d’accompagnement et dans quelle mesure les stratégies présentées dans le cadre du cours les aidaient à gérer leur classe de façon plus efficace et donc à modifier leurs pratiques. Les résultats obtenus montrent que la formation en ligne est très appréciée par les participants et que le recours à une stratégie de déploiement reposant sur des rencontres d’accompagnement semble favoriser l’intégration des interventions ciblées par le cours.

À la lumière de la recension des écrits réalisée dans le cadre de ce mémoire, à notre connaissance, aucune recherche visant à mesurer les effets d’un MOOC sur les pratiques et le SEP des enseignants n’a été réalisée.

Malgré que le MOOC soit un dispositif de DPC de plus en plus utilisé en éducation, il semble qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur le plan méthodologique. En effet, l’évaluation des MOOCs repose encore largement sur l’utilisation de questionnaires en ligne analysant simplement la satisfaction des participants quant à la qualité de la formation. Dans ce contexte, il serait pertinent et novateur d’utiliser un cadre d’évaluation de la formation continue permettant d’explorer les effets perçus d’un MOOC sur le SEP des enseignants et leurs pratiques envers les élèves TDAH afin de déterminer si le MOOC est un dispositif de DPC qui permet de répondre aux besoins des enseignants.