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Le principe de trinité delsartienne – Lumière et énigme

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 91-101)

L’ACTEUR – DE LA MACHINE À L’OBJET D’ART

1.3.3 Le principe de trinité delsartienne – Lumière et énigme

Ainsi, comme dans la vision platonicienne tête-ventre-cœur, Delsarte trouvait dans sa conception tripartite une division métaphorique de l’homme. Le but pédagogique devient donc d’orienter ce dernier et de l’inviter à retrouver son unité pour pouvoir finalement atteindre une expression artistique.

Dans la trinité delsartienne, la tête représente l'esprit, le torse le siège de l’âme233 et les membres (jambes et bras) les délégués de la vie. Et dans une approche plus aristotélicienne, il considère que l’âme et le corps ne sont qu’un. Cette certitude d’unité découle entre autres de ses études de la pensée de Thomas d’Aquin, dont l’« Aquinate

231 Spinoza, Ethique, III, 2, scolie, in Gilles Deleuze, Spinoza, philosophie pratique, op. cot., p. 28.

232 Descartes, Traité des passions, article 1 et 2 cités dans Gilles Deleuze, Spinoza, philosophie pratique, op.

cit., p. 28.

233 Selon Ted Shawn, il y a deux versions de la place de l’âme chez Delsarte, car il ne s’arrêtait pas de chercher et son système était toujours en évolution. Voici donc ce que Ted Shawn dit : « Il est possible que l'une des versions corresponde aux premières années de recherche de Delsarte, et l’autre, au stade final de sa carrière d'enseignant. Les deux versions sont par ailleurs décrites de manière différente par l'abbé Delaumosne, Angélique Arnaud et Steele MacKaye [anciens élèves de Delsarte qui ont publié] ainsi que par d'autres commentateurs de Delsarte. » Ted Shawn, op. cit., p. 72.

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s’inscrivait dans la vision aristotélicienne de l’homme.234 » Delsarte citait souvent ce dernier en rendant claire sa compréhension non dualiste de l’être humain : « L’âme, considérée selon son essence, est la forme du corps.235 »

Franck Waille conclut alors que cette conception présente une « unité complexe du composé humain » qui relie deux concepts opposés : « l’âme cause formelle, et le corps, cause matérielle.236 »

Dans les figures suivantes nous voyons les deux versions de la trinité première delsartienne, c’est-à-dire les divisions de base du corps de l’homme vie-âme-esprit.237

La figure suivante représente la trinité gurdjiévienne dont la division ressemble plutôt à la deuxième version de Delsarte eu égard à la division du tronc. En revanche, contrairement à la division delsartienne, les bras et les jambes ne sont pas mentionnés

234 Franck Waille Éd., op. cit., p. 142.

235 Thomas d’Aquin, Somme théologique, la Q.76, a. 1, sol.4, vol1, p. 665. Cité par Franck Waille, Trois décennies de recherche européenne sur François Delsarte, op. cit., p. 142.

236 Franck Waille, Trois décennies de recherche européenne sur François Delsarte, op. cit., p. 142.

237 Selon Ted Shawn, il y a deux versions de la place de l’âme chez Delsarte, car il ne s’arrêtait pas de chercher et son système était toujours en évolution. Voici donc ce que Ted Shawn dit : « Il est possible que l'une des versions corresponde aux premières années de recherche de Delsarte, [dont la vie se réfère aux bras et jambes] et l’autre, au stade final de sa carrière d'enseignant, [dont la vie se réfère aux bras et aux jambes mais couvre également la partie inférieure du torse et le bassin]. Les deux versions sont par ailleurs décrites de manière différente par l'abbé Delaumosne, Angélique Arnaud et Steele MacKaye [anciens élèves de Delsarte qui ont publié] ainsi que par d'autres commentateurs de Delsarte. » Ted Shawn, op. cit., p. 72.

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comme centre moteur.238

La notion de trinité vie-âme-esprit chez Delsarte a un caractère de consubstantialité239, comme dans la trinité chrétienne où Père, Fils et Saint-Esprit font partie d'une même essence et cependant sont distincts entre eux. Le Père sera toujours dans le Fils et vice-versa, comme le Père et le Saint-Esprit, et le Saint-Esprit et le Fils. Pour Delsarte, les rapports entre vie-âme-esprit s’interpénètrent également entre eux. En d’autres mots, l’esprit contient des éléments de l’âme et de la vie, et à son tour, l’âme a des éléments de l’esprit et de la vie et de même pour la vie vis-à-vis des autres éléments.

En définitif, les trois principes de la trinité delsartienne sont mutuellement engagés et il « faut que chacun des trois termes comprenne les deux autres, qu'il y ait en même temps co-nécessité absolue entre eux »240.

238 Tous les modèles ont été spécialement créés pour cette thèse, sans l’exigence des droites d’auteur, par le dessinateur graphique Caiano Veleda,

239 « La consubstantialité est le caractère de ce qui n'est constitué que d'une seule et unique substance. En théologie chrétienne, la Sainte Trinité (Dieu-le père, Jésus-Christ et le Saint-Esprit) est consubstantielle depuis le concile de Nicée qui condamna l'arianisme, » (Les ariens niaient la consubstantialité du Fils avec le Père). Dictionnaire des religions et des mouvements philosophiques associés, http://atheisme.free.fr/Religion/Definition_ci_cy.htm

240 Angélique Arnaud, François Del Sarte : ses découvertes en esthétique, sa science, sa méthode, op. cit., p.

228. Citée par Annie Suquet, dans les Notes du livre de Ted Shawn, op. cit., p. 228.

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Dans ce dessin, nous pourrions visualiser l’idée de consubstantialité, dans laquelle chaque élément est lié aux deux autres ce qui permettra qu’un rapport de causalité soit toujours présent.

Selon Franck Waille c’est aussi notamment dans la Somme théologique de Thomas d’Aquin que Delsarte trouve les correspondances entre les trois puissances psycho-spirituelles : « au Père il fait correspondre la vie qui est liée à la puissance fécondante, au Fils il fait correspondre l’esprit qui est lié à l’intelligence, au Saint-Esprit il fait correspondre l’âme qui est liée à l’amour et à la volonté.242 »

Voici comment Delsarte nous parle des trois principes d’une façon très vivante, voir passionnée :

« Il est dans l'homme une puissance féconde, essentiellement assimilatrice, qui insubjective en quelque sorte le monde à notre être, qui rapproche les distances, qui actualise le passé, qui donne la permanence à l'instantanéité, et qui, malgré les ravages du temps qui s'opèrent en nous, laisse cependant

241 Dessin de François Delsarte, reproduit également par Alain Porte, François Delsarte, une anthologie, op.

cit., p. 110. Delsarte exprime ainsi sa pensée par rapport à ce dessin : « Dans chaque sphère, nous voyons se constituer, pour ces trois orbes, un monde : le monde vital, le monde intellectif et le monde animique, de sorte qu'ici la vie semble recevoir la puissance sympathique et appétitive de l'âme ; elle reçoit de l'esprit, de la forme intellective, l'instinct. Elle porte à l'âme, en échange des sympathies qu'elle en reçoit, le sentiment qui est la forme vitale de l'âme ; et en échange de l'instinct qu'elle a reçu de la puissance intellective, elle y porte le jugement. « Il y a donc trois expressions qui caractérisent dans ces trois mondes et la vie particulière ... Comment désignerons-nous ces trois termes : la vie est ce qui, dans les phénomènes, constate, l'esprit est ce qui distingue, l'âme est ce qui unit. » Nous avons suivi une indication de Delsarte par rapport aux couleurs de la figure : « Si vous voulez reproduire cette figure chez vous, vous y peindrez le cercle vital en ROUGE, le rouge a, depuis la plus haute antiquité, symbolisé la majesté, la puissance de la vie. C’est la chaleur. Le cercle intellectif sera peint en BLEU. C’est une couleur qui a, de tout temps, symbolisé le Verbe, la Parole ; l’intelligence, c’est la lumière. Le cercle animique sera peint en JAUNE. Il répond, à la flamme de l’amour et toutes les traditions s’accordent à affecter ces couleurs à divers attributs de notre être. »

242 Franck Waille, Corps, arts et spiritualité chez François Delsarte…, op. cit. Ch. 2, p. 192.

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incorruptible et inaltérable en nous le produit de ses perceptions. Cette puissance qui échappe aux conditions du temps et qui est l'être lui-même, cette puissance est la 'Vie' ... là ne s'arrête pas le rôle de la vie.

Essentiellement féconde, elle puise dans le trésor de la 'Mémoire', qui est sa faculté propre, les éléments d'un monde idéal. Elle engendre donc en nous un principe lumineux dans lequel résident les raisons spéculatives des choses. Ce principe intellectif qu'on peut appeler la splendeur même de la vie, c'est 'l'Esprit'.

Voilà donc en nous deux créations, deux mondes distincts. Il procède en nous, de ces deux mondes, de ces deux principes, une troisième puissance qui les contemple, qui cependant les régit, les contient dans son unité, qui est pour l'un la chaleur et le mouvement, pour l'autre l'initiateur de l'esprit et sa lumière. Cette puissance merveilleuse, translumineuse, qui est en nous, c'est l’'âme'.

L'homme voit, connaît et croit.243 »

Voilà donc deux pôles qui s’opposent et qui se complètent (corps et esprit) à travers le troisième point (cœur) qui créé l’harmonie entre eux. Pour mieux comprendre la division métaphorique trinitaire de l’homme, proposée par Delsarte, considérant bien entendu son essence indivisible, nous essayerons de présenter un tableau des trois puissances vie-âme-esprit, où il est possible de visualiser la nature correspondante ainsi que l’état essentiel, la faculté et les fonctions primaires de chaque puissance.

Puissance Nature Etat Essentiel Faculté Fonctions delsartienne vie-âme-esprit. Selon Annie Suquet244 il s’agit-là des mélanges de différents

243 François Delsarte, in Alain Porte dans François Delsarte, une anthologie, op. cit., p. 167.

244 Annie Suquet, historienne de la danse, enseignante, conférencière et chercheuse au Centre national de la

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registres, dont certains sont issus des doctrines ésotériques sur lesquelles Delsarte a porté son attention pendant ses recherches245.

La conception delsartienne de l’homme est donc l’unité, dont l’âme est la forme du corps et dans laquelle essence et matière sont unies.

Déjà cette conception avait été pressentie par Spinoza et plus tard, dans un même sillage, par Nietzsche. L’un comme l’autre voyaient en l’homme un être dont l’essence se ramifiait en un corps et un esprit. Mais contrairement aux doctrines prévalant chez leurs contemporains, il n’y avait dans leur conception aucune supériorité 246 de l’esprit sur le corps, ou, inversement, du corps sur l’esprit. Pour Spinoza, le rapport était strictement

« parallèle » entre l’un et l’autre, et pour Nietzsche, l’esprit était une partie du corps, habitait le corps comme un membre à part entière. Dans Ainsi Parlait Zarathoustra, Nietzsche nous révèle Des contempteurs du corps :

« Je suis corps et âme » – ainsi parle l’enfant. Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ?

Mais celui qui est éveillé et conscient dit : Je suis corps tout entier et rien d’autre ; l’âme n’est qu’un mot pour une parcelle du corps.

danse, à l’Université de Paris VIII, à Paris, et à l’École des Beaux-arts, l’Université, l’ADC et Fondation Fluxus, à Genève.

245 Voici ce qu’Annie Suquet donne comme référence par rapport au néoplatonisme à l’origine de l’ésotérisme auquel Delsarte s’est aussi inspiré :

« La référence à Emanuel Swedenborg est ici manifeste (dans l'allusion aux trois sortes de lumières, et aux catégories divines – amour-sagesse-pouvoir – qui correspondent respectivement chez le visionnaire suédois aux qualités du Père, du Fils et du Saint-Esprit). La triade beau-bon-vrai est issue du néoplatonisme, dont les théories ont inspiré de nombreuses formes d'ésotérisme. L'idée, récurrente chez Delsarte, que l'art a pour vocation d'accomplir la ressemblance de l'homme à l'image divine (plus précisément, l'idée que cette ressemblance a été perdue et doit être reconquise) est un postulat central des doctrines néoplatoniciennes de Marsile Ficin et Jean Pic de La Mirandole à la Renaissance.

Les romantiques allemands puiseront à ces sources néoplatoniciennes leur vision d'une Nature vivante et tissée de correspondances, où tout est hiéroglyphe, « signature » du divin à déchiffrer. Certains courants ésotériques du XIX' siècle sont à leur tour une chambre d'écho de cette conception romantique (cf. Antoine Faivre, Accès de l'ésotérisme occidental, t. II, Paris, Gallimard, 1996) ». Annie Suquet, in Ted Shawn, op.

cit., p. 229.

246 En réaction à la Morale traditionnelle qui préconisait la domination des passions par la conscience. Ainsi, Spinoza proposait une thèse connue sous le nom de parallélisme : elle ne consiste pas seulement à nier tout rapport de causalité réelle entre l’esprit et le corps, mais interdit toute éminence de l’un sur l’autre. Si Spinoza refuse toute supériorité de l’âme sur le corps, ce n’est pas pour instaurer une supériorité du corps sur l’âme, qui ne serait pas davantage intelligible. (…) D’après l’Ethique, au contraire, ce qui est action dans l’âme est aussi nécessairement action dans le corps, ce qui est passion dans le corps est aussi nécessairement passion dans l’âme. Nulle éminence d’une série sur l’autre (…) Pour Spinoza, il s’agit de montrer que le corps dépasse la connaissance qu’on en a, et que la pensée ne dépasse moins la conscience qu’on en a. Il n’y a pas moins de choses dans l’esprit qui dépassent notre conscience que de choses dans le corps qui dépassent notre connaissance. C’est donc par un seul et même mouvement que nous arriverons, si c’est possible, à saisir la puissance du corps au-delà des conditions données de notre connaissance, et à saisir la puissance de l’esprit

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Le corps est un grand système de raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un troupeau et un berger.247 »

Dans cette même veine, chez Delsarte, la trinité vie-âme-esprit qui représente l’élan vital ou organique, l’élan spirituel ou émotionnel et le principe intellectuel ou de l’intelligence sont placés dans le corps de l'homme. D’autres subdivisions ou ramifications apparaissent ensuite puisque chaque principe a en soi une partie vitale, une partie émotionnelle et une partie intellectuelle.

Les trois facultés qui sont la mémoire, la volonté et l’entendement vues dans le tableau ci-dessus, ont chacune à leur tour trois manifestations.

Il sera plus facile de comprendre la trinité en la localisant dans le corps de l’homme car chaque principe pur y a un placement spécifique. Et ce corps est considéré comme une source d’expression qui a une qualité énergétique particulière ainsi qu'un critère de mouvement ou une attitude par rapport à son expansion, sa rétraction ou sa neutralité.

Sa vision tout à fait novatrice, même si elle trouvait des ancrages dans un courant philosophique marginal, était totalement en rupture avec les croyances et les pratiques de son temps.

En effet, au fil des siècles la tradition catholique a œuvré à effacer les passions et les désirs, au profit de l’austérité et de la pudeur, voire de l’auto-application de souffrances corporelles disparates comme châtiment. À l’époque de Delsarte la culture chrétienne excluait encore les études plus approfondies sur le corps humain. Même si elle considérait le corps comme le siège de l’âme, ce même corps était en même temps la cause des péchés et, de ce fait, d’une possible perte de l’âme.

C’est cependant le corps humain que Delsarte a pris comme instrument d’observation et d’investigation.

Au début de sa recherche, il a eu l’occasion de visiter l’École de Médecine avec l’un de ses cousins. Lors de l’une de ces visites, il observe des corps inanimés ans l’amphithéâtre de l’école pratique. Après avoir surpassé l’émotion due au fait de se trouver dans un tel lieu, il observe ces corps à la recherche d’un élément qui serait commun à tous.

247 Friedrich Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, Paris, Payot et Rivages, 2002, p. 22.

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C’est dans les mains plus spécifiquement dans l’adduction248 des pouces qu’il va trouver le trait marquant qui différencie le corps ensommeillé du corps mort, car tous les cadavres qu’il observe ont les pouces très rapprochés du centre des mains. Plus tard il observe aussi des mourants à l’hôpital et c’est encore le mouvement d’adduction249 qui le frappe dans la mesure où il voit la lutte de la personne contre la mort dans des mouvements d’alternance entre l’écartement et l’adduction des pouces250.

Ensuite il va enquêter sur le phénomène des pouces en observant les gens qui se promènent au Jardin de Tuileries, là où se trouvait habituellement l’aristocratie parisienne.

Mais il abandonne rapidement ses investigations dans ce lieu car à son avis, ce milieu de

« courtisans, poseurs et désœuvrés »251 n’a rien à lui proposer comme véritable matériel d’étude. À ce propos, Delsarte exprime ainsi sa pensée :

« Ce milieu, me dis-je, est évidemment faux des pieds à la tête, il ne vit que d'une vie factice et guindée, je n'y vois qu'artifice, or l'art, je le sens, se déshonore en tout ce qui emprunte à l'artifice.252 »

À la suite de cette constatation il se dirige vers le lieu où il peut observer des enfants et leurs nourrices. Dans ce nouveau milieu il constate que les pouces des mains des nourrices qui soutiennent les enfants s’écartent proportionnellement à l’affection qu’elles leurs portent. Dans le cas d’une mère qui embrasse ou soulève son enfant, les pouces s’écartent davantage.

Delsarte va alors appeler les pouces le thermomètre de la vie et de la mort. Voici ce qu’il a exprimé à ce propos dans les Épisodes révélateurs :

« Ainsi, je ne tardai pas à reconnaître que l'abduction ou l'écartement du pouce, est proportionnel à l'exaltation affective de la vie. Nul doute, me dis-je, le pouce est, dans la progression abductive, le thermomètre de la vie comme il l'est de la mort dans sa progression inverse. Plus de deux cents exemples vinrent confirmer cette remarque, et séance tenante, je pus, à la

248 Mouvement qui rapproche un membre de l'axe du corps. (Dictionnaire Petit Robert). Dans le cas cité, c’est le mouvement du pouce vers le centre de la main.

249 Mouvement qui écarte un membre ou une partie quelconque du plan médian du corps. (Dictionnaire Petit Robert). Dans le cas cité, c’est le mouvement d’écartement du pouce du centre de la main.

250 François Delsarte, « Les Épisodes révélateurs », in Alain Porte, in François Delsarte, une anthologie, op.

cit., p. 66.

251 Idem, p. 70.

252 Ibid.

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seule inspection des mains, caractériser chez toutes les femmes qui me passaient successivement sous les yeux le degré d'affection qu'elles ressentaient pour l'enfant confié à leur garde.253 »

Les investigations de Delsarte sur le corps ne s’arrêteront jamais ; il cherchera toujours à partir de la trinité de base vie-âme-esprit le flux des énergies vivantes qui se déplacent à l’intérieur du corps et créent les différentes formes d’expression. Dans l’exemple ci-dessus, les rapports des femmes avec les enfants laissaient déjà entrevoir la relation du geste avec l’émotion.

À partir de toutes ses expériences, il va définir que la voix est reliée à la vie ; le geste est relié à l’âme et le langage est relié à l’esprit. Et bien sûr, toutes ses observations avaient pour but de trouver les formes d’expression dirigées vers l’art qui, selon lui, « n'est

À partir de toutes ses expériences, il va définir que la voix est reliée à la vie ; le geste est relié à l’âme et le langage est relié à l’esprit. Et bien sûr, toutes ses observations avaient pour but de trouver les formes d’expression dirigées vers l’art qui, selon lui, « n'est

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