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François Delsarte – du chant au geste et vice-versa

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 73-86)

L’ACTEUR – DE LA MACHINE À L’OBJET D’ART

1.3.1 François Delsarte – du chant au geste et vice-versa

François Delsarte est né et a vécu en France entre 1811 et 1871. Ayant un talent particulier pour le chant, et étant reconnu comme un chanteur brillant, il entre au Conservatoire de Paris comme étudiant dans la classe de chant. Cependant, quelques années plus tard, alors qu’il n’a pas encore 18 ans, il perd sa voix, selon lui, à cause d’une méthode de travail inadéquate qui lui a été imposée dans ce même conservatoire. Les examens médicaux qu’il passe alors ne le laissent pas espérer de rétablissement réel.

Malgré cet incident, il termine sa formation mais va ensuite travailler de manière indépendante et contestataire, car il est convaincu que l’enseignement conventionnel qu’il a reçu au conservatoire manque de bases solides contenant des règles qui pourraient être appliquées en vue de l’évolution et d’une future indépendance des élèves et qui ne se bornent pas à la simple imitation des maîtres. Il étudie alors l’anatomie et la physiologie et se lance dans une recherche plus personnelle avec passion et rigueur. Un an et demi plus tard il réussit à se refaire une voix et revient au chant. Il développe une méthodologie d’entraînement basée sur des principes esthétiques et scientifiques qui sera le résultat

« d’un travail acharné, d’une foi inébranlable en ses idées en même temps que l’expression d’un génie indéniable »161. La voix, à l'issue de ses découvertes, ne pourrait plus jamais être dissociée de l’émotion et du geste qui naissent à l’intérieur de l’être.

Pour comprendre son cheminement, on peut noter que la perte de sa voix alors qu’il est en classe de chant au conservatoire cause en lui une sorte de « désintégration artistique

160 Christophe Damour, « L’influence de Delsarte sur le jeu de l’acteur de cinéma aux Etats-Unis », in Franck Waille Éd., Trois décennies de recherche européenne sur François Delsarte, Paris, L’Harmattan, 2011, p.

171.

161 Franck Waille Éd., op. cit., p. 32.

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»162. C’est justement grâce à cette désintégration qu’il va entamer sa quête vers la découverte de l’unification et de la force intérieure, qu’il transmettra ensuite à ses élèves.

Selon Alain Porte163 : « Le soleil avait explosé en d’innombrables fragments d’étoile, et Delsarte se vouait à la tâche de rassembler les morceaux épars pour restaurer son unité perdue.164 »

Delsarte appartient à une époque au cours de laquelle les questionnements entre raison et foi avaient cours et un nouveau christianisme, basé sur la science et les pensées de Saint-Simon (1760-1825)165, s'était fortement propagé en France. Baigné par la vague scientifique, Delsarte désirait créer une « science du geste »166, en élaborant et en transmettant aux générations futures un système d’analyse du mouvement, non seulement comme méthode de travail pour le chant et la déclamation, mais aussi pour le travail du comédien. Toujours soucieux de garder une rigueur scientifique dans son travail, c’est néanmoins son rapport profond avec les questions spirituelles qui va toujours donner les couleurs de son travail. Pour lui, l’art est étroitement lié à Dieu, car selon lui c’est Dieu qui manifeste « la tendance de l’âme déchue vers sa pureté primitive »167.

À mesure que le système de travail de Delsarte prend forme, travail pour lequel il utilise des schémas soigneusement structurés, une certaine notoriété vient à sa rencontre et ses enseignements commencent peu à peu à se propager. De ce fait, ceux qui suivaient son

162 Alain Porte, « François Delsarte & l’instant créateur », in Franck Waille Éd., op. cit., p. 236.

163 Alain Porte est né à Lyon le 28 janvier 1942. Licence et Capes de lettres classiques. Diplômé d’études supérieures en literature française. Il a monté de nombreux spectacles avec la compagnie Présence de l’Inde composée de Mâlavikâ, Nita Klein et Michel Herbault,

164 Alain Porte, « François Delsarte & l’instant créateur », in Franck Waille Éd., op. cit., p. 236.

165 Saint-Simon, philosophe et économiste français, a vécu la fin de l’Ancien Régime et la période post-Révolution, où les reformes dans tous les niveaux notamment politique, administratif et religieux se faisaient urgentes. Dans une France désordonnée, pleine d'inégalités et d’injustices où les vieux systèmes étaient tombés mais où ils n’ont pas encore été remplacés, il reprend les bases du christianisme pour concevoir une doctrine socio-économique et politique fondée sur le principe de l'égalité exemplaire et sur l'association fraternelle entre les hommes.

Dans la trinité simonienne, Dieu, une idée abstraite selon les philosophes, sera remplacé par la loi universelle de la gravité, c’est-à-dire par les lois des phénomènes naturels. Il comprenait par-là la suppression du pouvoir de l’Église comme représentante de Dieu, afin d’avoir un pouvoir spirituel parfaitement constitué par l’organisation de l’ensemble des savants et des artistes. Son fondement général était dirigé de la société vers le progrès physique, moral et intellectuel de l’homme en ayant en même temps les pouvoirs de la raison et de la foi, car il y aura l’amour du prochain entre les membres de la société.

Il a été l’annonciateur du socialisme tel qu'il apparaîtra finalement plus tard. Sa pensée crée les bases du saint-simonisme.

Source : Nicholas Gustave Hubbard, Saint-Simon, sa vie et ses travaux, 1857. Livre numérique gratuit : http://books.google.fr/books/about/Saint_Simon.html?id=frYWAAAAYAAJ&redir_esc=y

166 Anne-Marie Drouin-Hans, « La sémiologie du geste au service de l’acteur et du danseur : le système de François Delsarte (1811-1871) » in Franck Waille Éd., op. cit., p. 66.

167 Idem, p. 67.

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système, sans en comprendre parfaitement l’essence prenaient le risque de s’éloigner du principe vital qui sous-tend tout son système et pouvaient le considérer comme une structure rigide et formelle. Beaucoup plus tard c’est malheureusement sous une forme rigide et stéréotypée que son système sera perçu, confirmant ainsi sa crainte. Il a laissé ces mots dans un manuscrit :

« La science est si étroitement liée à mes croyances que j’ai bien peur, en vous voyant nier la source qui la féconde, que cette chaude et vivante réalité ne soit plus dans vos mains qu’un cadavre.168 »

Après une première période de recherche, il finit son premier texte Méthode philosophique du chant (1833)169. Dans cette méthode il fait ressortir pour la première fois la possibilité de travailler conjointement le chant et la déclamation et va lui-même devenir acteur/chanteur, deux arts qui étaient jusqu’alors séparés. Sa recherche et son enseignement visaient alors le développement de lois permettant d’arriver à la naturalité de la voix parlée, de la voix chantée aussi bien que du geste.

Des élèves commencèrent à se présenter de plus en plus nombreux à ses cours ; ils étaient le plus souvent chanteurs, acteurs, avocats et orateurs... Même si aucun danseur ne venait prendre de cours chez lui et que lui-même ne cherchait pas à pousser sa réflexion dans la direction de cette forme artistique, c’est pourtant la danse qui, plus tard, va accueillir sa méthode et lui faire connaître une évolution significative. Selon Ted Shawn170, Delsarte ne s’intéressait pas à la danse car, à cette époque, la seule forme de danse à laquelle il a possiblement assisté était le ballet. Or le ballet ou danse classique requiert une technique spécifique et fermée avec un « vocabulaire fossilisé de pas et de positions de bras strictement codifiées. Tout cela était encore aggravé par la rigidité obligée du

168 François Delsarte cité par Alain Porte, « François Delsarte le théâtre et l’esprit de l’auteur », in Franck Waille Éd., op. cit., p. 82. Retiré des manuscrits de Delsarte conservés au Hill Memorial Library de l’Université d’État de Lousiane (L.S.U.) à Baton Rouge.

169 Méthode philosophique du chant : Préliminaires de la Méthode philosophique du chant, 1933, texte reproduit in Alain Porte, François Delsarte, une anthologie, op. cit., p. 149-153 sous le titre de Méthode philosophique du chant. La version imprimée se trouve à la BNF (section musique), ainsi que dans le FSB (carton jaune, section 1, document 2), où est également présente la version manuscrite du document. Source : Franck Waille, thèse Corps, arts et spiritualité chez François Delsarte… op. cit., Première partie. Chapitre 1, p. 127.

170 Ted Shawn, danseur, chorégraphe et pédagogue américain né à Kansas City, l’état de Kansas le 21 octobre 1891 et mort à Orlando l’état de Floride le 9 janvier 1972. Auteur de Every Little Movement: A Book About Delsarte en 1954, traduit au français en 2005 par Annie Suquet Chaque Petit Mouvement, op. cit.

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torse »171.

Bien qu’il ait travaillé en France durant presque 40 ans, y atteignant bientôt une certaine reconnaissance, Delsarte sera peu à peu oublié après sa mort. Seule la publication de trois de ses anciens élèves français, à savoir l’Abbé Delaumosne (?-1897)172, Angelique Arnaud (1799–1884)173 et Alfred-Auguste Giraudet (1845-1911)174, fournissent une source écrite à son travail. En effet, Delsarte, lui-même n’a laissé aucun document écrit officiellement de son système de travail, qu’il transmettait exclusivement oralement.

Curieusement c’est aux États-Unis que son nom et sa méthode seront connus après sa disparition en 1871.

Deux ans avant sa mort, en octobre 1869, Delsarte accueille chez lui James Steele MacKaye comme élève. Cet acteur américain qui est venu à Paris pour étudier l'art dramatique avec Régnier, fini par rencontrer Delsarte et c’est lui qui va redonner à son Maître la joie et l’espoir de voir son travail compris, assimilé et transmis. MacKaye devient son disciple puis son assistant. Après la mort de Delsarte, MacKaye enseigne le système de son Maître aux États-Unis, qu’il va nommer « gymnastique esthétique (ou harmonique) »175. Son travail va se répandre fructueusement aux générations suivantes dans les domaines du théâtre et de l’éducation physique.

Cette forte influence sera surtout visible dans le travail pratique et théorique de Geneviève Stebbins, qui a elle-même, travaillé avec MacKaye ainsi qu’avec l'Abbé Delaumosne, ancien élève de Delsarte en France à la fin des années 1950.176 Stebbins développe une interprétation personnelle du travail de Delsarte, et influencera Mary Dora Gray Duncan,177 qui à son tour transmettra cet héritage à sa fille Isadora Duncan178, (nous

171 Ted Shawn, op. cit., p. 114.

172 Abbé Delaumosne, op. cit. « L'abbe Delaumosne (mort en 1897) a reçu l'enseignement direct de Delsarte à la fin des années 1850 » Cité par Annie Suquet, dans les notes de Ted Shawn, op. cit., p. 229.

173 Angélique Arnaud, op. cit. Arnaud était une romancière féministe et écrivaine française, impliquée dans les cercles féministes autour d’Henri de Saint-Simon. Ainsi que ses romans, elle a écrit des articles et des brochures polémiques. Elle a étudié avec François Delsarte, et écrivit une étude critique à son propos.

174 Alfred Giraudet, op. cit. Alfred Giraudet étudie avec Delsarte de 1861 à 1866. Cité par Annie Suquet, dans les notes de Shawn, op. cit., p. 253.

175 Nancy Lee Ruyter, « Préface », in Ted Shawn, op. cit., p. 14.

176 Notes de la traductrice Annie Suquet in Ted Shawn, op.cit., p. 229.

177 Franck Waille, Corps, arts et spiritualité Chez François Delsarte, op. cit., Ch. 1, p. 33. Waille écrit dans sa thèse à propos de la filiation Delsarte-Duncan : « John Martin indique qu’‘Isadora Duncan fréquentait régulièrement l’une de ses tantes, qui était delsartiste (John Martin, La danse moderne, Actes Sud, Arles, 1991, p. 39)’. Waille cite Ted Shawn, qui a également écrit : ‘Je tiens de Mary Fanton Roberts, historienne qui fait autorité à propos d’Isadora Duncan (elle fut l’une de ses plus proches amies et connaît très bien sa vie

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reviendrons sur le thème de cette filiation ultérieurement)’. »

Ruth Saint-Denis179, une autre élève de Stebbins, a également reçu cet enseignement et le transmettra avec son mari et collaborateur Ted Shawn180 au sein de leur école Denishawn School of Dance. C’est à travers cette école que Marta Graham181, Doris Humphrey182 et Charles Weidman183 recevront les influences des recherches de Delsarte, toujours par le biais de la compréhension et de la pratique de Genevieve Stebbins184.

Cependant, au cours des 30 dernières années, l’authenticité du travail de Delsarte tel qu’ils l’observent aux Etats-Unis est mise en question par des chercheurs, surtout par des chercheurs français185. Ils considèrent comme importantes les déviations de ce que MacKaye a transmis et développé de l'œuvre de son Maître aux États-Unis. Néanmoins, il est clair pour Alain Porte que MacKaye aussi bien que Ted Shawn ont gardé l’élément essentiel du travail de Delsarte, à savoir que « la richesse du travail de Delsarte était la perception vitale du mouvement intérieur de la vie, source de toute authenticité »186, et non la façon de suivre à la lettre la théorie d’un système. Surtout MacKaye, qui avait eu un contact direct avec son Maître, connaissait l’importance d’un travail direct entre un maître et son élève, pour qu’une vraie transmission puisse se réaliser. Il était également conscient de l’importance d’une transmission des connaissances à vif, particulièrement pour un sujet

et sa carrière) que la mère d’Isadora aurait, à un moment donné, étudié la méthode de Delsarte." (Ted Shawn, op. cit., p. 141). »

178 Isadora Duncan (1877-1927), danseuse américaine qui révolutionna la pratique de la danse en se rebellant au ballet classique et ses contraintes imposées au corps. Elle est devenue célèbre par sa grande liberté d'expression où la spontanéité était très présente. Isadora établie ainsi les premiers fondements de la danse moderne.

179 Ruth St Denis (1978-1968) de son vrai nom Ruth Dennis, danseuse et pédagogue américaine, codirectrice avec Ted Shawn de l’école Denishawn (1915-1931), école de danse, dans laquelle il va naître une nouvelle génération de danseurs et de chorégraphes qui seront les pionniers de la danse moderne, comme Martha Graham, Doris Humphrey, Louis Horst et Charles Weidman.

180 Ted Shawn (1891-1972), danseur, chorégraphe et pédagogue américain, codirecteur avec Ruth St Denis de l’école Denishawn.

181 Marta Graham (1894-1991), États-Unis, danseuse et chorégraphe américaine. Elle est considérée comme l'une des plus grandes innovatrices de la danse moderne à l’origine de la danse contemporaine.

182 Doris Batcheller Humphrey (1895-1958) danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Connue par la création de la technique du tomber et rattraper. Codirectrice avec Charles Weidman d’une compagnie artistique et d’une école de formation en danse moderne.

183 Charles Weidman (1901-1975) danseur, chorégraphe et pédagogue américain, codirecteur avec Doris Humphrey d’une compagnie artistique et une d’école de formation en danse moderne.

184 Les héritiers indirects de Delsarte, Genevieve Stebbins en 1882 et Ted Shawn en 1954 publient ce qui l’essentiel du corpus écrit à propos des méthodes de Delsarte:

Le Delsarte System of Expression de Genevieve Stebbins, sera l'une des principales sources du delsartisme, où se trouve l’interprétation personnelle de Stebbins et sa catégorisation par rapport à l’expression de Delsarte. Ted Shawn publie en 1954 Every Little Movement…, op. cit.

185 Frank Waille Éd., op. cit.

186 Idem, p. 48.

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dont l’ambition est de faire, en quelques sortes, transparaître la vie.

Voici ce que Delsarte écrit à MacKaye dans une lettre datée du 9 octobre 1870, en réponse à une demande de matériel requis par ce dernier :

« Vous me demandez, pour ce que vous comptez faire actuellement, des avis pratiques ! - Ce que vous me demandez là, mon cher ami, est bien difficile à réaliser sur le papier ! De tels avis, privés de l'action sur laquelle ils reposent, dénudés de la passion qui les fait naître et les justifie incessamment sous l'œil du maître et de l'élève, sont ainsi fatalement condamnés à l'impuissance. Toujours est-il que, séparés de la vie qui les féconde, de tels avis ne sauraient répondre au but qu'on se propose. Et cela résulte de la loi même que je vous ai enseignée relativement au rôle de la parole dont l’infériorité et l’insuffisance en matière de sentiments n’est plus pour vous un mystère.

Ne soyez donc pas surpris de mon hésitation quand il s’agit de vous écrire des théories qui appellent à leur appui une justification que l’écriture ne saurait leur prêter.187 »

Même si James Steele MacKaye a été l’héritier direct des enseignements de Delsarte, au point d’être considéré comme un fils par ce dernier, « un fils d'adoption, plus cher à mon cœur que mes propres enfants »188, c'est son fils Gustave Delsarte (1836-1879), qui a enseigné le système delsartien à Paris, et ce jusqu’à sa propre mort, c’est-à-dire seulement huit ans après la disparition de son père. Une autre transmission importante a été assurée par Alfred-Auguste Giraudet (1845-1911), ancien élève de Delsarte, qui a enseigné le chant au Conservatoire de Paris en 1888, aussi bien qu'au sein de sa propre école à partir de 1892189.

L’intuition et les bases de l’enseignement de Delsarte

Delsarte émet et développe l’hypothèse, selon laquelle l’homme est le moyen au travers duquel tous les principes et qualités invisibles et spirituels se manifestent dans le

187 François Delsarte, Lettre de F. Delsarte au père de MacKaye, après le départ de ce dernier pour les États-Unis, datée du le 14 octobre 1870, in Alain Porte, François Delsarte, une anthologie, op. cit., p. 6-7.

188 Idem.

189 Cette école, proposant une formation en “art lyrique et dramatique”, attira de nombreux étudiants américains, grâce aux annonces publicitaires que Giraudet fit paraître dans le Werner’s Voice Magazine, qui est alors le principal support éditorial de la diffusion des enseignements de Delsarte aux États-Unis. Cité par Franck Waille, Corps, arts et spiritualité Chez François Delsarte, op. cit., Ch. 1, p. 21. Cité également dans Ted Shawn, op. cit., p. 253, note 21 de la traductrice Annie Suquet.

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monde matériel. Pour ce faire, il a recours à des méthodes expérimentales pour prouver l’unité du spirituel et du matériel à travers l’unité du corps, de l’émotion et de l’intellect de l’homme.

Delsarte fonde donc son système sur deux axes principaux :

D’une part, il avance une idée tripartite de l’homme, c’est-à-dire qu’il pressent que l’homme est constitué d’une triade d’appareils (corps, cœur, intellect) qui s’expriment respectivement à travers leurs fonctions (sentir/agir, aimer/vouloir, penser/comprendre) et trois formes de langage spécifiques (voix, geste, parole).

D’autre part, il met en lumière la relation réciproque de causalités entre le monde des idées et le monde matériel.

Il surnomme sa recherche « l’Homme OBJET de l’Art »190, il s’agit d’une approche anthropologique inédite où l’homme est pris comme objet d’étude scientifique dans un contexte artistique.

Les héritiers de Delsarte et son influence

Aux États-Unis, les liens de filiation avec Delsarte sont clairs grâce à la transmission effectuée par MacKaye, à laquelle s’associent plusieurs noms importants. Il est en revanche plus difficile de définir l'influence de François Delsarte sur d'autres artistes en dehors des États-Unis et ce même en recherchant quels étaient les élèves de Gustave Delsarte et d’Alfred Giraudet, seuls à avoir transmis l’enseignement de Delsarte en France.

En effet, leurs enseignements sont les seules sources sur le travail de Delsarte qui soient restées disponibles après sa mort, et il n’existe aucun document provenant des écoles ou des enseignants de son système en France.

Cependant en Europe Émile Jaques-Dalcroze et Rudolf Laban, deux figures importantes du monde du mouvement corporel lié à la musique et du monde de la danse

Cependant en Europe Émile Jaques-Dalcroze et Rudolf Laban, deux figures importantes du monde du mouvement corporel lié à la musique et du monde de la danse

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