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Le jeu des forces et le point d’équilibre

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-126)

L’ACTEUR – DE LA MACHINE À L’OBJET D’ART

1.3.5 Le jeu des forces et le point d’équilibre

264 Ce tableau qui montre l’organisation des principes apparaît dans le livre de Ted Shawn, op. cit., p. 70.

Le Corps qui pense, l’esprit qui danse – l’acteur dans sa quête de l’unité perdue  Leela Alaniz 

phénomènes, et il est consciemment à l’œuvre dans de nombreuses cultures.

D’anciennes cultures, dont certaines sont toujours vivantes aujourd’hui, conçoivent l’être humain comme une créature tripartite, composée d’une partie masculine, d’une partie féminine et d’une troisième qui est l’enfant. Le respect et l’écoute de ces parties se font naturellement.

En Inde, par exemple, dans le Kutiyattam, la forme la plus ancienne de théâtre, l’acteur travaille dans cette optique trinitaire. Celui-ci doit toujours avoir la conscience de ses énergies masculine et féminine, en même temps qu’il se maintient au centre de lui-même. Physiquement il doit avoir une conscience concomitante des côtés gauche et droit du corps et de l’axe central qui les unit.265

En France, l’acteur et metteur-en-scène Jean-Louis Barrault (1910-1994) qui cherchait une forme de Théâtre total, considère que la division ternaire est partout dans la vie. Selon lui l’être humain se constitue de trois courants, le masculin, le féminin et le neutre et l’existence humaine « consiste à donner ; à recevoir ; à être »266. Il déclare ainsi dans son livre Saisir le présent : « Pour que l'être humain devienne vraiment un être-un, il faut pour le moins qu'il soit triple.267 »

Nous présenterons ensuite deux tableaux reproduits par l'abbé Delaumosne dans son livre Pratique de l'art oratoire de Delsarte268, qui figuraient également dans le livre Chaque Petit Mouvement de Ted Shawn. Ces tableaux ont été créés par Delsarte dans le but d’avoir un support visuel lié à la théorisation d’une pratique très détaillée. Cependant, par la suite, ces mêmes tableaux ont été pris et utilisés comme modèle d’expression corporelle ; mais leur utilisation était dépourvue de la compréhension du jeu énergétique qu’ils impliquent et surtout quelle était la cause ou l’impulsion de ces formes.

L’objectif ici est d’illustrer l’accord de neuvième qui figure ci-dessous, et qui a toujours comme base les trinités. Comme dans le précédent schéma, les abréviations des consignes en majuscules représentent les genres, la tendance dominante, et celles en minuscules, les espèces.

265 Gopalan Nair Venu, Entretien, Singapour, Janvier 2011.

266 Jean-Louis Barrault, Saisir le présent, op. cit., p. 176.

267 Idem, p. 175.

268 Abbe Delaumosne, op. cit.

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Il est intéressant de remarquer que les deux attitudes où se trouvent les états purs d’une tendance, c’est-à-dire l’EX-ex et le CON-con le niveau d’énergie en action est très fort. Il est possible d’imaginer que cette deuxième tendance dont l’expression indique la lutte, le conflit pourrait précéder l’expression d’exaspération (EX-ex), et la transition de l’une à l’autre interviendrait de façon brusque ou précipitée. Toutefois, il y a plusieurs possibilités de transitions, par exemple, que l’état normal, détendu se change en autorité, qui se change encore en exaltation, laquelle ensuite passerait à l’état de détestation, pour se changer finalement en prostration. Ces types d’investigations ont très certainement été proposés par Delsarte à ses élèves ; soit en partant d’un travail de tension/relaxation musculaire capables de les entraîner vers des émotions et des pensées correspondant à ces mouvements ; soit à partir d’émotions ou de pensées qui les amèneraient aux actions

269 Reproduction du tableau accord de neuvième des attitudes fondamentales de la main, in Ted Shawn, op.

cit., p. 90. cit.

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concordantes.

Le tableau suivant désigne les tripartitions du corps entier. Il présente les mêmes règles de subdivision que celles utilisées dans le tableau des mains. Il présente par conséquent neuf attitudes qui représentent les différentes qualités énergétiques d’expression qui comprennent les états purs (par exemple Excentrique-excentrique) et par les jeux d’oppositions (par exemple Excentrique-concentrique).

Tableau accord de neuvième – les attitudes du corps :

270

A la suite, nous allons étudier le tableau inspiré par un tableau préalablement inspiré par Giraudet, et qui résume ce que nous avons exposé. Les états d’être conformes

270 Reproduction du tableau accord de neuvième du livre des attitudes du corps, Ted Shawn, op. cit., p. 92.

Ces tableaus sont également reproduits dans les œuvres de l’Abbé Delaumosne, et d’Alfred Giraudet, op. cit.

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aux tableaux antérieurs y ont été ajoutés pour rendre possibles des comparaisons. Nous avons ajouté également les chiffres pour indiquer l'ordre dans lequel le tableau doit être lu.

Si la lecture de ce tableau est faite de gauche à droite et du bas vers le haut, elle commencera ainsi:

• espèce vitale du genre vital, ayant une tendance excentra-excentrique et comme manifestations l’exaspération dans les mains et l’état de véhémence, attaque dans le corps tout entier ;

• ensuite, espèce animique du genre vital, ayant une tendance normo-excentrique, comme manifestations l’exaltation dans les mains, également exaltation et expansion dans le corps tout entier ;

• puis l’espèce intellective du genre vital, ayant une tendance concentro-excentrique et comme manifestations la détestation dans les mains et l’état incolore dans le expressions similaires, mais aussi bien distinctes, par exemple l’espèce normo-concentrique (NOR-con) exprime l’autorité par les mains et la réflexion par le corps entier.

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Cette triple trinité représentant les nouvelles combinaisons d’énergies, à savoir d’expansion, de neutralité et de concentration, ont été étudiées par Delsarte dans différentes parties du corps, ce qui lui a montré la possibilité d’une infinité dynamique d’attitudes et de gestes dans la mesure où de nouvelles combinaisons peuvent être faites.

Dans les archives de ses anciens élèves français271 se trouvent d’autres tableaux représentant l’accord de neuvième des attitudes des mains, de la tête, des jambes, et du corps tout entier, entre autres.

Delsarte utilisait les schémas pour synthétiser et faciliter son organisation et postérieurement pour parvenir à la transmission de sa théorie qu’il tournait vers la pratique.

Il va parvenir à créer un tableau plus complexe qu’il a surnommé « Compendium », un schéma dans lequel la loi de la trinité ainsi que l’accord de neuvième sont primordiaux, c’est-à-dire les subdivisions successives des trinités et les nouvelles trinités subséquentes ont une importance capitale. Une division entre la partie supérieure et la partie inférieure représente respectivement les mondes spirituel et matériel ou physique ; ou bien le macrocosme et le microcosme, ce dernier étant le reflet du premier.

Selon Delsarte, les trois principes de base de notre être engendrent en nous trois états complètement distincts. Il parlait de l’importance d’observer et de constater ces différences, et de pouvoir discerner leur origine car, selon lui, l'art est finalement le résultat de ces triples rapports et de leurs manifestations dans l’homme. Nous verrons par la suite chaque principe et ses rapports avec les deux autres.

La Vie est essentiellement sensitive. En rapport avec l'esprit, la vie aura un caractère industrieux, puisqu’elle recevra de celui-ci l’énergie intellectuelle et donc une façon plus logique de fonctionner. En rapport avec l’âme, la vie aura un caractère affectif, vu que l’âme est le siège des émotions. Cet état sensible de la vie, s’exprime en mouvement, alors à travers trois manifestations physiques : excentrique, concentrique et normale.

La mémoire est la faculté de la vie et permet de retenir et de conserver les choses. Son mode de manifestation sera aussi trinitaire, elle répond d’abord par la sensation, son facteur premier, puis par l’instinct et finalement par la sympathie.

271 Tels que l’Abbé Delaumosne, Alfred Giraudet et Angelique Arnaud.

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Selon Delsarte, une impression ne sera vraiment enregistrée dans la mémoire, que si elle a touché la sympathie et les instincts ; le contraire ne serait qu'une simple impression éphémère qui ne resterait pas dans la mémoire et qui ne pourrait pas être appelée une sensation. Delsarte s’exprime ainsi à propos de l’interdépendance de ces facteurs, qui sont fondamentaux pour la mémoire :

« Chacune de ces expressions n'est telle qu'en vue de ses congénères ; ainsi il n'y a pas sensation là où il n'y a pas instinct, [et] sympathie ... Là où il n'y a pas instinct [et] sympathie, il n'y a pas sensation.272 »

L’Esprit a un caractère essentiellement spéculatif, s’il est en rapport avec la vie il aura un caractère rationnel, parce que celle-ci va lui apporter sa qualité plus matérielle ; s’il est en rapport avec l'âme, son caractère sera réfléchi, la réflexion sera donc encore plus profonde avec l’émotion. Les relations que l’esprit aura avec les deux autres principes se manifesteront à travers trois types de rapports : d'identité, d'opposition et de coexistence.

La faculté de l’esprit est l’entendement. Il se manifeste à travers des rapports et non à travers des actions, c’est-à-dire qu’il compte, examine, compare, choisit, c’est alors le jugement. À partir du jugement, l’intelligence « induit des conséquences de ces rapports, voilà l’‘induction’, puis elle en pèse la valeur, et voilà la ‘conscience’ »273.

L'Âme dans sa pureté a un caractère essentiel mystique, en relation avec la vie elle aura un caractère aspiratif, ou le désir d’accomplir et de l’autre côté, en relation avec l’esprit, l’âme aura un caractère inspiratif. La façon dont l’âme s’exprime s'accomplit à travers trois actes : répulsif, attractif et expansif.

La volonté se présente comme la faculté essentielle de l’âme laquelle se manifeste par trois actes. D’abord le sentiment lié à la vie ; ensuite l’intuition dans la relation avec l’esprit et finalement la contemplation « acte par lequel l'âme s'élève au-dessus d'elle-même »274.

Dans la 4ème conférence du cycle d'esthétique appliquée de 1859, Delsarte définit encore plus clairement sa notion de trinité dans laquelle ces trois principes sont à la fois

272 François Delsarte, in Alain Porte, François Delsarte, une anthologie, op. cit., p. 98.

273 Idem.

274 Ibid.

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liés entre eux et interdépendants :

« [Les trois principes] co-nécessaires entre eux, sont consubstantiellement unis: ils n'ont qu'une essence indivise. Ainsi, dire la vie et l’âme, c'est dire l’esprit. Ainsi on peut dire que la vie et l’âme sont un seul et même esprit.

On peut dire de l’âme et de l'esprit que c'est une seule et même vie. Ces trois bases de notre être se pénètrent en se réverbérant mutuellement. Sans cela, il n'y aurait pas d'unité, et l’unité résulte précisément de ce que chacun d'eux emprunte à ses congénères.275 »

C’est toujours de l’unité dont traite Delsarte, une unité trinitaire dont les parties sont toujours en rapport d’interdépendance. Ce sont alors les mêmes principes qui se trouvent dans les recherches de Gurdjieff, dont les centres sont aussi interdépendants et pourtant gardent leurs spécificités. Et, c’est vers la connaissance du fonctionnement et vers la quête de l’harmonie entre ces centres que l’acteur doit se lancer pour arriver à l’état créatif.

Delsarte est arrivé à la définition de ces trois qualités dynamiques du geste : excentrique, normal et concentrique, à partir de l’observation de la réaction physique immédiate de l’homme par rapport à un événement. Il a remarqué que tout ce que l’homme reçoit par sa perception sensorielle est envoyé au centre du corps, voire dans le haut du torse, provocant d’abord un recul, plus ou moins fort, de cette partie. Ensuite il y aura une action d’extériorisation par d’autres parties du corps. Il appellera ce phénomène : rétroaction.

Cette découverte s’est présentée spontanément à Delsarte lors d’une rencontre avec son cousin. La surprise ressentie par ce premier à cette occasion lui provoque un discernement immédiat de sa réaction corporelle, liée à l’émotion provoquée par la vue de ce dernier. Au moment de l’arrivée de son cousin, ce qui était pour lui une surprise agréable, Delsarte remarque qu’au lieu de se diriger vers lui (à bras ouverts), le haut de son torse s’incline en arrière, et sa tête et ses bras ne réagissent pas non plus de manière conforme à ce que les professeurs du conservatoire lui avaient donné comme forme évoquant la réaction à une vision joyeuse.

« Or, voici ce qui s'était produit sous l'action naturelle de ma surprise : mes mains ne s'étaient point avancées vers l'objet de ma surprise, pas le

275 Ibid., p. 97.

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moins du monde ! Elles s'étaient, par une extension antérieure des bras, élevées jusqu'au-dessus de ma tête, laquelle, loin de s'élever avec l'exaltation que j'avais affectée jusque-là, s'était abaissée jusqu'à ma poitrine ; et mon corps, chose plus étrange encore, au lieu de se porter vers cet objet attractif, avait rétrogradé en se portant en arrière.276 »

Cette heureuse rencontre a révélé un fait auquel Delsarte fera souvent référence, il s'agit de la nécessité physique d’une réaction de rétroaction quand l’homme expérimente un état émotionnel qui met en rapport l’émotion, l’action et l’entendement de façon simultanée. Cela a été fondamental pour la recherche et la structuration de son système de travail277.

À partir de cette notion de rétroaction, dont le triple état mentionné est susceptible de donner lieu à de multiples subdivisions, Delsarte développera la théorie des correspondances universelles, présente dans les anciennes traditions. Il placera également cette théorie dans le corps pour rechercher les relations entre corps/voix, intellect/parole et émotion/geste.

Le principe de la trinité est inséparable de celui de la notion des correspondances universelles278, elle-même issue de plusieurs influences théologiques279, elle découle notamment du principe d’harmonie universelle trouvé dans le texte connu de la littérature alchimique et hermétique la Table d’Émeraude : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.280 »

276 Ibid., p. 58.

277 François Delsarte, registre dans Cours d’Esthétique appliquée, cité par Alain Porte, « François Delsarte (1811-1871) Le Théâtre et l’Esprit de l’auteur », in Franck Waille Éd., op. cit., p. 93.

278 Nous utilisons le terme théorie des correspondances universelles, conforme le registre dans la thèse de Franck Waille, Corps, arts et spiritualité chez François Delsarte…, op. cit., p. 190. Selon lui « la plupart des delsartistes (du moins dans les premières décennies) ont bien compris l’importance fondamentale dans le système expressif de Delsarte de ces deux éléments, qu’ils ont systématiquement formulé en termes de lois, parlant de la « loi de la Trinité » comme nous l’avons vu, et de la « loi de la correspondance » (« Law of Correspondence »), au singulier. Cette dernière expression est absente des écrits de Delsarte, où nous n’avons trouvé que deux occurrences du mot 'correspondance' (une fois au singulier et une fois au pluriel, et jamais pour parler d’une loi quelconque). Delsarte utilisait en revanche de manière récurrente le verbe « correspondre » (à la troisième personne du singulier ou du pluriel, ou encore au participe présent), indication de la prégnance de l’idée de correspondances universelles dans sa pensée. »

279 Franck Waille, Corps, arts et spiritualité chez François Delsarte…, première partie, chapitre 2 op. cit., p.

187,

280 La Table d'Émeraude est un texte très court anciennement attribué à Hermès Trismégiste et exposant un condensé des opérations alchimiques du Grand Œuvre. On sait aujourd'hui que la « Tabula Smaragdina », fait partie d'un traité nommé « Le livre du secret de la création et technique de la Nature» (Balînus, Kitab Sirr al-Khaliqa wa San 'at al-Tabi'a), rédigé sous le règne du Khalife Ma'Mûn en 833. Dennis William HAUCK, The

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La notion des correspondances universelles sera aussi transposée au corps pour y trouver des résonances synchroniques entre les principes vie, âme et esprit. En d’autres termes, une émotion va déclencher une pensée et une action. Une pensée va avoir comme résonance une action et une émotion. De même qu’une action aboutira à une émotion et à une pensée. Pour lui, l'homme « est un univers miniature, composé comme l'univers infini, d'un corps, d'une âme, d'un esprit »281. Ces éléments sont bien entendu reliés entre eux et en constant échange. Delsarte conclut par ces mots :

« Ainsi, toute action de l'âme se manifeste-t-elle par une action de l'esprit.

L'action de l’esprit s'exprime par l’organisme physique : par une expression du visage, un geste du bras, une attitude du corps, ou plus parfaitement encore, par un mélange harmonieux de ces trois expressions.282 »

Cela était lié toujours à la notion de trinité, ou lois de trois, dont les trois forces

« d'action, de réaction et d’équilibre, ou des trois principes actif, passif et neutre283 étaient également présents dans les événements des plus simples aux plus complexes. Bien que la Table d'Emeraude soit issue des doctrines de l'occultisme et des alchimistes, Gurdjieff laissait comprendre qu'il n'est pas obligatoire d’approfondir ces doctrines « pour s'approcher de la connaissance de la vérité. La vérité parle pour elle-même sous quelque forme qu'elle se manifeste »284.

Gurdjieff et Delsarte faisaient des analogies entre le macrocosme et le microcosme.

Si Gurdjieff prenait des exemples concrets et accessibles pour que ses élèves puissent arriver à la compréhension et au contrôle de leurs propres vies ; Delsarte était plus concerné par la façon d’aborder l’expressivité artistique, mais aussi comme un ensemble, un jeu d’aller-retour entre la vie et l’art en parfaite correspondance. À cet effet nous remarquons l'originalité de ses démarches, car cette approche approfondie n’existait pas dans le milieu artistique avant lui. Il établissait d’une part que l’homme est le véhicule qui peut révéler au monde matériel les principes et qualités invisibles et spirituels du monde divin ; d’autre part, c’est dans le travail concret sur le corps qu’il croyait à la

Emerald Tablett (Penguin 1999).

281 François Delsarte, cité par Genevieve Stebbins, in Ted Shawn, op. cit., p. 225.

282 Idem, p. 226.

283 Rédigé vers 1915 par un des membres du groupe de Moscou, « Lueurs de vérité », in G. I. Gurdjieff, Gurdjieff parle à ses élèves, p. 29.

284 G. I. Gurdjieff, Gurdjieff parle à ses élèves, op. cit., p. 28.

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réappropriation des bases physiques de la métaphysique, sans lesquelles celle-ci « n’est qu’une ombre vaine »285.

Cela nous renvoie à la pensée d’Étienne Decroux qui disait être un « spiritualiste matérialiste » : « C'est-à-dire que le spirituel s'impose à moi quand il donne forme au matériel.286 »

Delsarte a développé un diagramme comme outil pédagogique qu’il a nommé d’abord « tableau synoptique ». Il l’appellera ensuite « Système de François Delsarte – Compendium »287, à travers lequel il pouvait enseigner la notion des correspondances universelles à l’intérieur de l’homme. Ce schéma est divisé en deux parties: celle du haut symbolise les propriétés divines et l’intellect, tout ce qui correspond à la pensée; celle du bas représente le monde matériel, le corps physique de l’homme. Chaque élément est subdivisé en trois autres comme nous l'avons vu auparavant à propos des trinités et des subdivisions successives ou accords de neuvième.

Delsarte a développé un diagramme comme outil pédagogique qu’il a nommé d’abord « tableau synoptique ». Il l’appellera ensuite « Système de François Delsarte – Compendium »287, à travers lequel il pouvait enseigner la notion des correspondances universelles à l’intérieur de l’homme. Ce schéma est divisé en deux parties: celle du haut symbolise les propriétés divines et l’intellect, tout ce qui correspond à la pensée; celle du bas représente le monde matériel, le corps physique de l’homme. Chaque élément est subdivisé en trois autres comme nous l'avons vu auparavant à propos des trinités et des subdivisions successives ou accords de neuvième.

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