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Le premier deuxième de l’humanité

Dans le document La façon d'Émilie, Denis Rouleau, ofs (Page 90-94)

Les mois passèrent. Charles et Émilie se rapprochaient de la date de leur mariage. Avec ce samedi, il ne restait que cinq samedis avant leur mariage.

Charles se décida à édifier un groupe de partage de l’Évangile en faisant une pu-blicité dans la salle d’attente aux patients qui fréquentaient la clinique où il travaillait. Il demanda aux autres médecins s’ils s’objectaient à ce qu’il mit une page de publicité sur un mur de la clinique pour le partage sur l’Évangile. Aucun ne s’opposa à cette publici-té. Il y eut même un médecin de cette clinique qui souhaitait participer au partage évan-gélique organisé par Charles.

Charles s’approchait du Seigneur et le Seigneur s’approchait de Charles. (Jc 4, 8) Ce dernier recevait de nombreuses grâces de la part du Seigneur Jésus. C’est que Charles les lui demandait souvent dans ses prières; il les demandait non seulement pour lui-même, mais aussi pour Émilie.

Charles était conscient maintenant qu’il avait une âme et il en prenait grand soin. C’était Émilie qui lui avait parlé de son âme et des soins qu’elle réclamait. Chaque pre-mier dimanche du mois, il recevait le sacrement de Pénitence et de Réconciliation et il lisait l’Évangile et il essayait de mettre en pratique les commandements donnés par Jé-sus. Il demandait souvent pardon au Seigneur d’avoir tant attendu avant de se convertir à la foi chrétienne et d’avoir perdu son temps.

Émilie filait le parfait bonheur avec son Seigneur Dieu et avec Charles. Ce dernier lui avait déjà demandé s’il passait avant le Seigneur et Émilie lui avait répondu qu’il ve-nait en seconde place; alors il approuva la sagesse d’Émilie; il teve-nait depuis ce temps à faire passer Émilie en second, après le Seigneur Jésus qui avait la première place dans son cœur. De cette façon, ils évoluaient au même diapason, ils vivaient la même harmo-nie dans le couple. Il n’y avait jamais de dispute, de chicane ou autres mésententes entre elle et lui, car ils confiaient au Seigneur leurs différends; souvent, le temps venait à bout de ces différends, d’autres fois, c’était leur compréhension du Seigneur Dieu qui les amenuisait et les faisait disparaître en les adoucissant.

Quant à Émilie, le Seigneur Jésus et son Père avaient élu domicile (Jn 14, 23) dans son cœur, ni plus ni moins. Elle irradiait la grâce de Dieu.

Il serait plus juste de dire qu’ils mettaient tous les deux le Seigneur Jésus avant l’autre, de sorte que leur cœur recevait tout l’amour qu’il peut manquer parfois dans le quotidien d’un couple. Le Seigneur Jésus les comblait de grâces et de bénédictions de toutes sortes, car ils faisaient toujours sa volonté. Et sa volonté, ils la savaient par l’étude des commandements de Jésus, issus de l’Évangile. Le Verbe de Dieu les inondait de bonheur.

– Émilie, est-ce que j’ai la première place dans ton cœur? demanda Charles.

– C’est le Seigneur Jésus qui possède la première place de mon cœur, toi, tu viens à la deuxième place, lui répondit-elle en riant.

– Charles, mon amour, est-ce que j’ai la première place dans ton cœur? demanda Émilie pour avoir la réplique de Charles.

– Tu as la deuxième place, mon amour, parce que le Seigneur Jésus possède la première place, répondit-il en riant lui aussi. Puis il ajouta:

– Mais tu es la première deuxième dans mon cœur et surtout la seule deuxième. – Pour moi aussi, mon amour, tu es le premier deuxième et surtout le seul deuxième.

Et ils éclatèrent de rire tous les deux, d’un seul cœur, ensemble, simultanément. Ils avaient des larmes aux yeux, tellement ils riaient. Tout en riant, elle le regardait droit dans les yeux et lui aussi la regardait droit dans les yeux tout en riant.

– Je crois que je suis le premier « premier deuxième » de l’histoire de l’humanité, dit-il quand il cessa son fou rire.

– De même que moi, je suis la première « première deuxième » de l’histoire de l’humanité, répéta-t-elle en souriant et en le regardant avec des yeux charmants.

Leur fou rire s’apaisa en décroissant lentement pour disparaître tout à fait et lais-ser la place aux choses sérieuses, comme les préparatifs de leur mariage.

– Où es-tu rendue dans les préparatifs de notre mariage?

– Chaque faire-part a été envoyé il y a un mois, et nous avons reçu la plupart des ré-ponses. Ils viennent presque tous, sauf quelques-uns qui ont des empêchements majeurs, dit Émilie.

– Et l’église? Est-ce que tu as rencontré le prêtre qui nous donnera le sacrement et la bé-nédiction du mariage? demanda Charles.

– Oui! Mon chou, tout a été vérifié de ce côté-là. Tout va bien, je m’en suis assuré moi-même après que ma mère m’a dit que tout était presque fait, que seuls les mariés man-quaient.

– As-tu aimé les blagues sur le premier? demanda Charles.

– Ah! Oui, elles étaient vraiment bonnes! J’ai rarement ri autant, répondit Émilie. – Moi aussi, j’ai rarement ri autant, dit Charles.

– Je me demande ce que l’on pourrait faire pour rire autant tous les jours? demanda Émi-lie.

– Je ne sais pas, mais rire comme ça tous les jours serait épuisant à la longue; je n’aimerais pas rire tout le temps comme on l’a fait tout à l’heure. Je préfère ton côté sé-rieux, même si j’aime ton côté rieur. Bref, j’aime tout de toi! répondit Charles.

– C’est comme moi, j’aime tout de toi! Même ton côté sérieux, lui dit-elle. – Même mon côté sérieux! répéta-t-il.

– Même ton côté sérieux, dit-elle en riant encore.

Émilie se sentait le cœur à rire encore, mais elle s’en abstint par amour pour Charles qui, elle le ressentait, n’avait plus le cœur à rire. Ce dernier se concentrait sur le bienfait que son âme a retiré de la séance de rire avec Émilie, développant un léger pro-blème de tout vouloir analyser afin de mieux contrôler. Il aura de la difficulté dans l’avenir à corriger ce problème. Émilie s’opposera à ce problème en l’identifiant correc-tement et en agissant par amour envers Charles: elle lui expliquera tout son comporte-ment qui le faisait souffrir lui-même à vouloir tout contrôler.

Elle risqua une plaisanterie pour le faire rire: – Qui est le premier « premier »?

– C’est Adam. Si Adam avait été premier « deuxième », Ève n’aurait pas désobéi à Dieu.

– Qui est la première « première »? demanda Charles? – Ève!

Et Émilie éclata de rire. – Je t’aime, dit-elle.

« Et toi-même [Vierge Marie], une épée te transpercera l'âme! – Afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs." » Lc 2, 35

Dans le document La façon d'Émilie, Denis Rouleau, ofs (Page 90-94)