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L’examen de conscience

Dans le document La façon d'Émilie, Denis Rouleau, ofs (Page 43-47)

Lorsque les membres du groupe de partage évangélique furent partis, Charles, vu l’heure tardive, s’apprêtait lui aussi à partir.

– C’est si enrichissant spirituellement un partage évangélique. J’en ai encore appris. Toi, as-tu appris quelque chose de nouveau? demanda Émilie.

– Oui, plein de choses nouvelles. Mais même si c’est jeudi soir, je travaille demain ma-tin, je dois partir. Au revoir, mon amour!

– Moi aussi, je travaille demain matin. Au revoir, mon amour! Il l’embrassa et ils se quittèrent.

– Quand nous serons mariés, il n’aura plus besoin de s’en aller comme il l’a fait tantôt, pensa Émilie, nous passerons la soirée ensemble.

Elle se dirigea vers sa chambre à coucher, entra, mit sa jaquette et alla faire sa toi-lette dans la salle de bain. Elle revint, se coucha et dormit du sommeil du juste toute la nuit.

Le lendemain matin, elle se leva tôt, refit sa toilette et alla dans sa cuisine pour déjeuner. Un croissant et un café furent engloutis en un rien de temps. Elle faisait sa les-sive ce matin, raison de son lever tôt. Elle fit trois tas de linge: le blanc, les couleurs et le foncé comme sa mère le lui avait appris. Puis elle lava chaque tas de linge.

Pendant que le linge se lavait dans la laveuse, elle prit sa Bible et commença à lire le Prophète Isaïe; elle voulait découvrir une autre citation qu’elle pourrait amener dans un partage évangélique ultérieur. Elle avait amené son réveille-matin et avait réglé l’alarme pour 8 h 30, car elle devait partir pour le presbytère ayant rendez-vous à 9 h 30 avec le prêtre pour faire un survol de la matière à donner aux enfants en après-midi.

Une pensée, due à une peine d’amour à ses 16 ans, vint la déranger pendant une fraction de seconde. Elle se rappela combien elle en avait eu de la peine, et que sa mère lui avait dit que Dieu effacerait toute peine de son cœur si elle croyait fermement en lui. Aussi, s’était-elle mise à croire en Dieu d’une façon convaincante pour elle et pour le Seigneur. Ainsi elle ne se rappelait plus sa peine d’amour, mais le Seigneur aidant à la guérison intérieure en séchant ses pleurs profonds, écoulement d’un sentiment brimé dans son fondement.

– C’est vrai que le Seigneur efface les peines, en les remplaçant par son amour, se dit-elle en son for intérieur, merci, Seigneur de m’avoir soulagée de ma peine à ce moment-là.

Puis la concentration revenant sur sa lecture, elle lut quelques chapitres d’Isaïe avant que l’alarme de son réveille-matin sonne. Alors elle s’habilla de son manteau d’hiver, chaussa ses bottes feutrées et sortit pour se rendre au presbytère.

– Bonjour, Monsieur l’Abbé!

– Bonjour, Émilie! Es-tu prête pour que l’on révise la matière à donner aux enfants? – Tout à fait.

Ils révisèrent ainsi la matière à donner aux enfants. C’était un nouveau programme basé sur les personnages des Saintes Écritures. Il y avait de nombreux dessins, des cartes géographiques, des questions à répondre sous forme de jeux et des travaux de dessins pour les enfants. L’avant-midi se passa rapidement.

Émilie alla dîner chez elle avec Charles qui préparait le repas du vendredi midi. Ils se parlèrent de leur mariage qui arriverait dans 5 mois pour vérifier les préparatifs; tout allait bien.

– As-tu reçu beaucoup de patients ce matin?

– Quelques-uns, dont un cas de rougeole chez un bambin; c’était triste à voir.

– C’est toujours triste de voir des enfants malades; heureusement, il y a des médecins et des hôpitaux pour veiller à leur rétablissement.

– Tes mots d’encouragement sont bienvenus. J’en ai besoin pour continuer à soigner la misère des gens. Mais j’ai un bon moral, les journées passent très bien et je reste tou-jours en pleine forme, prêt pour le travail de médecin.

– Oui, en effet, ça doit être difficile de toujours voir la misère des gens sans être capable de la soulager. Je la vois un peu moi-même; des parents qui éprouvent de la misère quand un des conjoints perd son emploi, tombe malade ou se sépare de l’autre. Elle se répercute alors sur les enfants, et l’on ne peut rien y faire, sinon aimer plus tendrement l’enfant ainsi touché.

Puis après un moment de réflexion, sans doute pour changer le cours de la conver-sation, elle dit:

– Que fais-tu ce soir? J’aimerais aller au cinéma, il y a une éternité que je n’y suis pas allé. Il y a un bon film qui joue, nous pourrions aller le voir.

– C’est une très bonne idée, nous y irions en amoureux. Cela me changera les idées de la médecine. Oui! Allons au cinéma.

L’heure du dîner était terminée et ils devaient retourner à leur occupation respec-tive: lui, à la médecine, elle, à la pastorale.

L’après-midi se passa assez rapidement pour Émilie qui en avait plein les bras avec les enfants qui étaient plus turbulents qu’habituellement. Mais elle vint à bout de leur caractère trop enjoué avec l’histoire de Joseph vendu par ses frères (Gn chapitres 37-50), dans sa version abrégée pour enfant. Elle captiva tellement leur attention qu’ils devinrent sages et obéissants. C’est qu’elle croyait à son histoire et la racontait avec des mimiques que les enfants aimaient bien, les faisant penser tantôt à Joseph, tantôt à Ja-cob, tantôt à Pharaon, et aux autres personnages qu’elle choisissait d’imiter. Elle savait d’ailleurs qu’elle les détournait toujours de leur caractère turbulent et dissipé par une histoire racontée avec beaucoup d’animation et surtout plein de mimiques.

Pour Charles, l’après-midi passa plutôt lentement, à soigner des cas de grippes, une jambe fracturée, un homme qui se plaignait de douleurs au bras droit, etc.

À la fin de l’après-midi, ils s’étaient entendus pour se rejoindre à l’appartement d’Émilie. Ils parlèrent de tout et de rien, juste pour le plaisir d’être ensemble et de sa-vourer le bonheur de l’autre. Ils appliquaient la consigne d’Émilie, consigne tirée de l’Évangile.

Cette consigne consistait à renoncer à soi-même pour aimer l’autre. Et se renoncer n’était pas chose facile. Il fallait mettre de côté son égoïsme et son égocentrisme afin d’être complètement libre d’aimer l’autre. Et pour ce faire, il fallait avoir dompté son orgueil, chose première dans la façon d’Émilie d’aimer.

La façon d’Émilie était simple. Elle visait premièrement, à se débarrasser de l’orgueil, en se revêtant de l’humilité; deuxièmement à renoncer à soi-même pour aimer l’autre. L’échec de la première partie de sa façon entraînait automatiquement l’échec de la deuxième partie.

Émilie avait un allié de taille: le Seigneur Dieu. C’est pour cela qu’elle n’envisageait pas de relation avec un homme incroyant. C’est pour cela qu’elle avait tant peiné à donner à Charles tout ce dont il avait besoin pour devenir croyant. Car la relation

devenait alors possible avec la foi en Dieu et l’enseignement de l’Église sur l’orgueil et le renoncement de soi, pour faire plus de place à Jésus. La foi en Dieu conduisait à cela, si on le désirait. La devise d’Émilie pouvait se réduire à: « mourir à soi pour faire vivre l’autre ». Pour que cette devise fonctionne, il fallait que l’homme et la femme la mettent en pratique quotidiennement, et ce, tous les deux. Sinon, elle créait un déséquilibre dans l’harmonie du couple qui lui était néfaste; il fallait donc s’assurer de la sincérité de l’autre et de sa fidélité à suivre cette devise.

Émilie s’était aperçue qu’en aidant Charles à faire son examen de conscience en lui posant des questions solidifiait le couple en enlevant ce qui lui était néfaste comme la peste. Elle avait convaincu Charles de l’aider à faire son propre examen de conscience, toujours en posant des questions provenant des dix commandements de Dieu, des sept commandements de l’Église et des sept péchés capitaux.

« Je mettrai ma confiance en Dieu. » He 2, 13

Dans le document La façon d'Émilie, Denis Rouleau, ofs (Page 43-47)