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Le présent travail de recherche s’articule en deux parties qui se répondent et constituent une progression visant à la compréhension par le lecteur de la démarche que nous avons suivie, présentant tout d’abord ses fondements, appuyés sur un diagnostic et une méthodologie (partie 1), puis les résultats qui en sont issus en sorte de comprendre le « projet capacitant » (partie 2).

La première partie est structurée autour de trois lignes directrices : les éléments théoriques, les éléments empiriques, puis les éléments méthodologiques qui ont guidé notre recherche. Nous avons fait le choix de cette progression pour traduire notre travail de recherche, bien que celui-ci ne soit absolument pas compartimentalisé de façon aussi marquée. Dans les limites de l’exercice rédactionnel, il convenait effectivement de faire un choix pour donner du sens au projet de compréhension de la recherche pour le lecteur. Ainsi, rien ne garantit selon nous qu’un cadrage théorique choisi a priori sera pertinent pour faire sens d’une situation empirique et que la situation empirique permettra, par son analyse et le protocole méthodologique mis en œuvre, d’enrichir le cadre choisi. Ce sont les allers et retours répétés « méthodologie-théorie-empirie » qui limitent le risque et permettent la meilleure « émulsion ». La dynamique de la progression que nous avons retenue dans les développements des deux chapitres et de la conclusion qui constituent cette première partie entend traduire ces allers et retours continus entre les objets.

Dans cet esprit, nous avons souhaité mettre l’accent sur trois objets qui constituent l’axe argumentatif de cette première partie.

D’une part, nous proposerons une analyse de la littérature en contrôle capacitant qui précisera le modèle conceptuel support de cette recherche en montrant comment les différents chercheurs qui l’ont mobilisé s’en sont emparés. Cela nous permettra de montrer les forces et les limites du modèle capacitant qui souffre d’imprécisions conceptuelles. Il s’agira également d’explorer trois voies de compréhension du principal

modèle théorique mobilisé, dont l’une est justement le levier méthodologique, en sorte que le lecteur saisisse la raison de nos choix en la matière. L’étude de la littérature offre à comprendre la pertinence du recours au modèle capacitant par rapport à l’objet de la recherche et à la question principale associée à laquelle les éléments de réponse seront apportés en seconde partie.

D’autre part, nous aborderons le réseau de coopération et d’action culturelle français à l’étranger au moyen d’une description dite « épaisse » ou « dense » (thick

description, au sens de Geertz, 1973, chapitre I ; 1980 ; 1998), d’une présentation de ses fondements historiques et d’une analyse de son fonctionnement permettant de formuler un diagnostic organisationnel quant à la place du contrôle de gestion. Nous estimons que ces regards croisés sur différentes facettes qui expliquent la formalisation du travail puis amènent à saisir les raisons de la mise en place progressive d’un système de contrôle de gestion - que nous dénommons « système de maîtrise de gestion » (SMG) ainsi que nous l’expliquons dans le premier chapitre - sont à même de donner à comprendre notre terrain d’étude au lecteur. À ce propos, il s’agit d’une organisation qui a fait l’objet d’un nombre restreint de travaux scientifiques publiés, sans doute en raison de sa culture de la confidentialité, et nous n’en avons recensé aucun en sciences de gestion. Pourtant, lors d’une audition à l’Assemblée nationale en séance du 17 octobre 2013, Didier Migaud, l’un des deux « pères » de la LOLF, avec le sénateur Alain Lambert, et Premier président de la Cour des comptes, s’exprimait ainsi :

« L’enjeu du réseau culturel français à l’étranger, dont le budget représente près de 200 millions d’euros pour l’État, peut sembler modeste au regard de celui des finances publiques. Il est pourtant significatif par le rôle du réseau dans la politique d’influence extérieure qu’appellent de leurs vœux les pouvoirs publics, et qui est considéré comme une priorité par les ambassades elles-mêmes. […] Le réseau culturel français, qui compte, au sens large, plus de 1 500 implantations dans presque tous les pays de la planète, est sans conteste le premier réseau culturel au monde. Près de la moitié de ces implantations bénéficient d’un soutien direct ou indirect de l’État. En l’absence de définition explicite de l’action culturelle extérieure, ce réseau exerce une multitude d’activités, conséquence d’un héritage exceptionnel et d’une tradition d’intervention de l’État dans ce domaine depuis plus d’un siècle. […] Au terme de notre analyse, il n’y a nul doute que le réseau culturel représente un actif majeur pour la diplomatie et, plus généralement, pour l’influence française. Cet actif doit être adapté aux

modalités d’action nouvelles du réseau, mais aussi aux ambitions exprimées par les autorités »30.

Enfin, la phase conclusive de cette première partie vise à mettre en évidence la dynamique de la rencontre des trois éléments. À cet égard, notre projet de connaissance est nécessairement qualitatif puisqu’il entend donner à voir et à comprendre des acteurs (inter)agissant avec des systèmes de maîtrise de gestion. Nous expliquerons les raisons qui nous amènent à préciser notre questionnement épistémologique, à savoir une posture interprétativiste, et la raison de nos choix méthodologiques qui nous placent en méthodologie mixte à dominante qualitative.

La compréhension de cette organisation, des objectifs qui lui sont impartis, de ses acteurs, de son système de maîtrise de gestion et de ses singularités nous amènera à bien cerner la pertinence de la question de recherche qui fonde ce travail doctoral, et cela afin de positionner la seconde partie consacrée aux résultats issus de la recherche et à leur discussion.

Chapitre I

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