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Chapitre 3: LEXIQUE ET COMMUNICATION

B. La pragmatique du langage :

Il parait désormais intéressant de s’attarder sur la pragmatique du langage. En effet, c’est par elle que les finalités du langage et de la communication vont pouvoir s’accomplir. Sans pragmatique, on ne peut pas parler d’un langage fonctionnel.

Le mot pragmatique provient du grec pragmatikos « qui concerne l’action ». Le courant pragmatique émergea au XIXe siècle avec la théorie sémiotique de Peirce qui proposait une définition triadique du signe (representamen, objet, interprétant1) et non plus seulement dyadique (signifiant, signifié).

1 Le representamen est l’image sonore ou visuelle du signe (par exemple « grenade »).L’interprétant est le signe équivalent ou plus développé qui est crée chez celui à qui s’adresse le représentamen(arme, fruit, ville).L’objet est ce qui correspond au signe (par exemple la ville de Grenade)

Morris définissait la pragmatique comme l’analyse de la relation entre les signes et les interprètes : c’est en utilisant la langue que l’interprète indique le lien existant entre un signe et un objet. (47). Par cette analyse, parler, c’est agir, viser une transformation chez l’autre et non plus seulement signifier. Beaudichon parlera de la pragmatique comme une communication persuasive et non plus référentielle.

Pour Grice, la communication verbale n’est plus seulement une affaire de code, mais également une affaire d’inférence régie par un principe de communication (le principe de coopération). Il part du principe que les interlocuteurs coopèrent dans l’échange verbal. C’est un principe qui se définit par quatre maximes conversationnelles : celle de la quantité de langage (le locuteur doit pouvoir en dire juste assez), celle de la qualité de langage (les informations données doivent entrer dans le principe de sincérité), celle de la relation (le locuteur doit parler à propos) et celle de la modalité (la formulation doit être claire en évitant les obscurités, les ambiguïtés, et en ordonnant les propos).

Plus tard, Spelber et Wilson (42) évoquent la théorie de la pertinence. Celui-ci implique que le locuteur produise l’énoncé le plus pertinent aux circonstances d’énonciation. Ce principe explique pourquoi l’interlocuteur accepte de prêter attention et de traiter l’acte de communication qui lui est destiné. Toutefois, comme nous l’avons expliqué précédemment, la réussite de la communication n’est jamais garantie, et le principe de pertinence ne garantit pas non plus, à lui seul, la réussite de la communication. Le critère qui lui permet d’atteindre une interprétation est ce que Sperber et Wilson ont appelé le critère de cohérence qui se lie au principe de pertinence. C’est là qu’intervient la place du contexte. En effet, l’interprétation d’un énoncé est fonction d’un contexte particulier.

Finalement les différents courants pragmatiques estiment que pour atteindre le but de communication, il faut que l’énoncé entre dans un principe de coopération entre les deux individus, mais il faut également qu’il soit pertinent, c'est-à-dire qu’il suscite l’attention de l’interlocuteur, et cohérent, c'est-à- dire en lien avec le contexte1.

II- LE LEXIQUE

1. Vers une définition du lexique :

« Connaitre une langue, c’est en partie connaitre son vocabulaire» Miller (21)

Le langage est aujourd’hui perçu comme la fonction grâce à laquelle la pensée s’exprime à l’aide de signes. Le lexique constitue l’ensemble de ces signes, de ces unités formant la langue d’une communauté ou d’un locuteur.

En linguistique, le lexique est dérivé de la lexicologie que le Littré définit par « la partie de la grammaire qui s’occupe spécialement des mots considérés par rapport à leur valeur, à leur étymologie, à tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour composer un lexique »

Il est alors perçu comme « synonyme de dictionnaire » soit comme un ensemble, un répertoire, un recueil de tous les « mots » que possède un individu.

Toutefois, une définition claire et définie de celui-ci est encore difficile car ses frontières et ses caractéristiques peuvent changer selon les approches. Les linguistes vont par exemple distinguer les « unités » constituant le lexique. En effet, certains ne considèrent pas comme éléments du lexique tous les morphèmes ou unités minimales signifiants (« monèmes »). Pour eux, le « mot » se caractérise par « toute

forme libre signifiante qui ne peut-être décomposée en d’autres formes libres signifiantes plus petites et dont l’unité se manifeste par une cohésion interne » (Rey Debove (21)). D’autres vont parler des morphèmes

libres, des unités composées de plusieurs morphèmes, des lexies et des expressions.

Par ailleurs, ce qui complexifie cette notion est qu’elle est divisible. En effet, tout locuteur possède une double compétence lexicale : une en expression et une en réception. Classiquement, le lexique actif définit celui utilisé par le locuteur (soit le lexique en usage), et le lexique passif comme celui compris mais jamais utilisé (5). De manière plus générale, la tendance vient à élargir le terme de lexique passif à l’ensemble du lexique en compréhension, et le lexique actif à l’ensemble des unités lexicales utilisées par le locuteur. Nous ne faisons donc plus la différence entre les termes compris et utilisés d’un côté, et les termes seulement compris de l’autre.1

2. Différence entre lexique et vocabulaire

Dans cette idée, il nous faut préciser que l’approche linguistique tend à distinguer le lexique et le vocabulaire. En effet, les unités du lexique que sont les lexèmes appartiennent à la langue, alors que les unités du vocabulaire que sont les vocables ou les mots relèvent du discours (linguistique énonciative) : « Il est préférable de parler de lexique lorsqu’il s’agit de la langue et de la communauté qui l’emploie, et de

vocabulaire quand il s’agit des formes observées en discours, par exemple dans un texte, ou encore d’une partie de lexique actualisée dans un groupe particulier »(26)

Rey (26) précise cette analyse différentielle en ajoutant que l’on peut aussi trouver l’idée selon laquelle le lexique est défini comme l’ensemble des formes connues activement et passivement par le sujet tandis que le vocabulaire ne recoupe que les mots actifs.

Par ailleurs, il ajoute que la plupart des spécialistes emploie le terme de lexique pour designer des unités signifiantes « non grammaticales » ayant des significations analysables.

D’ailleurs, pour Wagner, le vocabulaire désigne un domaine particulier du lexique : c’est la partie se prêtant à un inventaire et à une description. Dans ce dernier cas, il parle « d’un ensemble concret, délimité et

analysable »

3. Le développement normal du lexique