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Chapitre 3: LEXIQUE ET COMMUNICATION

D. Thibaut

D.2. a Les axes du PEI de Nathan sur le lexique actif :

III- ANALYSE DES RESULTATS GLOBAUX :

L’étude au cas par cas nous a permis de constater les différentes progressions en fonction de chaque enfant et d’essayer de comprendre le pourquoi de ces chiffres. Il nous paraît désormais nécessaire de se pencher sur les tendances générales de l’ensemble de notre population ainsi que sur la synthèse des résultats.

Pour cela, nous avons établi des moyennes générales dans tous les domaines et dans les deux temps de passation, tous bilans confondus. Nous les avons ensuite représentées graphiquement.1Puis nous avons repris tous les résultats de tous les enfants, tous bilans confondus afin d’apprécier les différentes vitesses d’évolution.

0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00%

Lexique actif Lexique passif

Evolution moyenne de la population

Temps 1 Temps 2 0 20 40 60 80 100

Nathan Clara Sabine Thibaut

Evolution du lexique passif

Temps 1 0 20 40 60 80

Nathan Clara Sabine Thibaut

Evolution du lexique actif

Temps 1

Sur l’ensemble de la population, on peut constater une évolution positive dans les deux versants du lexique.

Si l’on se base sur nos résultats, on pourrait observer une meilleure progression dans le lexique passif que

celui actif. Cependant, nos chiffres n’ont aucune valeur statistique fiable donc nous ne pouvons pas en parler

de manière sûre.

Une étude sur plus long terme avec une plus grande population aurait été intéressante pour étudier

l’évolution du différentiel qui existe entre les deux versants et voir s’il avait tendance à augmenter, diminuer

A notre niveau et avec nos chiffres, nous pourrions constater que l’écart entre les deux lexiques a une tendance à s’agrandir sur la période impartie. Or, comme nous l’avons vu, aucune épreuve du lexique actif n’était en régression, ou bien très peu, et le plus souvent, cela était dû aux conditions de passation. Nous pourrions donc peut être penser que les enfants ont continué à approfondir un domaine qu’ils maîtrisaient

mieux, soit ici le lexique passif.

Nous retrouverions dans ce constat la dysharmonie autistique des compétences des enfants : plutôt que de s’appuyer sur quelque chose d’acquis pour transférer des compétences à un autre domaine, il y a une hyper focalisation sur ce domaine qui se spécialise de plus en plus.

Néanmoins, nous sommes ici dans le cadre du langage et plus particulièrement dans les deux versants du lexique. Or, les compétences dans ce cas là ne peuvent pas être isolées de manière aussi pure. En effet, on peut comprendre que les capacités d’expression sont bien plus difficiles à acquérir que celles de la

compréhension : elles reposent sur la gestion d’un plus grand nombre de capacités en amont et elles

n’apparaissent que secondairement dans l’acquisition du langage. De plus, nos épreuves ne testaient pas toute la production de l’enfant, mais des compétences bien précises dans le lexique actif ce qui pourrait aussi nuancer ces résultats.

D’autre part, nous avons pu voir que Thibaut manifestait une importante amélioration de son lexique passif qui pourrait aussi avoir un effet sur cette tendance générale. Si l’on considérait les résultats en prenant en compte ce paramètre, on se situerait moins dans l’idée d’une hyper focalisation sur le langage réceptif. En effet, les deux versants, bien qu’à des niveaux différents, évolueraient de la même manière. On serait donc plutôt dans une tendance à un développement homogène sur les deux versants du lexique. Au contraire du constat précédent, cela pourrait impliquer que l’enfant avec autisme pris en charge avec « l’ABA/VB » aurait tendance à rejoindre le développement ordinaire qui se fait de manière plus homogène.

Néanmoins, rappelons que notre échantillon de population est trop faible et le temps imparti trop court pour pouvoir tirer des conclusions certaines, et qu’il ne s’agit là que de suppositions et de propositions.

En revenant à notre étude, nous avons ensuite cherché à nous attarder sur les épreuves réussies préférentiellement par les enfants dans chaque versant.

Dans le lexique actif de l’EVALO, si l’on ne prend pas en compte le type de prise en charge, on pourrait s’attendre à observer une plus grande amélioration dans l’épreuve de dénomination. En effet, il s’agit d’un enrichissement du lexique par les images et on pourrait penser que les enfants l’acquièrent plus facilement d’où une évolution plus rapide.

Or dans notre étude, même si l’on constate une amélioration de cette épreuve (avec étayage phonologique), elle est beaucoup moins significative que celle du lexique induit. En effet, à part Nathan, tous les enfants ont progressé dans cette épreuve qui est normalement l’une des plus difficiles à maitriser.

Rappelons que l’ABA/VB cherche à favoriser le développement de la communication fonctionnelle en

s’adaptant aux compétences de chaque enfant. La plupart d’entre eux avait pour objectif une amélioration de

leur langage expressif souvent déficitaire. D’autre part, cet objectif n’implique pas automatiquement un enrichissement du vocabulaire mais bien l’acquisition d’une souplesse dans le langage et des capacités pour

l’utiliser, de le maitriser. Or dans le lexique induit, on demande une maîtrise des éléments du lexique les

abordant sous différents angles de leur concept (par les contraires, les mots catégoriels, les définitions …). On peut donc penser que l’objectif fixé d’une meilleure appropriation de la langue parait atteint.

D’autre part, nous avons pu voir que le VB reprenait les étapes de développement ordinaire de l’enfant. Or, la demande est l’un des premiers marqueurs de langage de l’enfant. Schématiquement, l’enfant commence par la demande, puis il dénomme et entre ensuite en conversation.

Cette évolution peut nous paraître visible dans nos résultats. En effet, en reprenant les items de l’ABLLS, on pourrait retrouver cette hiérarchie entre demande, dénomination et intra verbal. Si l’on reprend domaine par domaine, on constate que c’est la demande qui évolue le plus (avec une progression plus forte pour Clara et Thibaut). On peut donc voir ici que le cheminement pris par la prise en charge semble être retrouvé dans les

évolutions des enfants.

Comme nous l’avons déjà remarqué dans les analyses cas par cas, les items d’intraverbal étaient le plus souvent ceux qui ne s’amélioraient pas car ce sont d’une part les plus difficiles à acquérir, et d’autre part les derniers à apparaitre dans le développement du langage.

Si l‘on s’attarde désormais au lexique passif, ce qui est étonnant est de constater que pour quasiment tous les enfants, la désignation est meilleure lorsque l’on passe par les éléments du concept du mot et non

plus par le seul signifiant. En effet, cette approche est, comme nous l’avons vu, assez atypique car on

enrichit plus facilement le concept d’un mot après en connaître sa forme.

On aurait pu penser que les indices fournis dans cette épreuve de désignation concernaient des éléments descriptifs de l’image cible (ex : « montre-moi ce qui est rond »). Dans ce cas là, avec notre population, cela aurait pu être facilitateur car on aurait été dans une description plus littérale de l’image. Or, on aborde dans cette épreuve des fonctions, des caractéristiques et pas seulement une description.

Cette réussite aux items pourrait peut être s’expliquer par les exercices proposés à l’IME. Comme nous l’avons vu dans la partie théorique, un mot est considéré comme acquis s’il est présent dans tous les opérants

verbaux (dénomination, répétition, demande…). De ce fait, il est travaillé par une approche dans tous ces

opérants. On peut donc peut être comprendre que cette épreuve soit mieux réussie puisque l’apprentissage de

nouveaux mots ne se fait pas simplement sur simple dénomination mais sur l’établissement de tout le concept du mot.

On peut enfin remarquer la réussite, entre les deux temps de passation, de l’épreuve sur les qualificatifs. Alors qu’il leur est souvent difficile de produire des qualificatifs dans l’épreuve de lexique induit, les enfants sont plus aptes à les recevoir et désigner le bon objet, même avec juxtaposition des qualificatifs. Par ailleurs, on remarque que la négation, dans la littérature si problématique pour l’enfant avec autisme, semble assez bien maitrisée par ces enfants au deuxième temps de passation. Or ce processus de pensée demande de nouveau une certaine souplesse dans le langage (« le jeton pas rond » donc, c’est le « jeton carré ») surtout lorsque l’on y ajoute des qualificatifs supplémentaires. On peut donc peut-être de nouveau supposer que les

objectifs de la prise en charge de type « ABA/VB » ont contribué à de tels résultats.