Chapitre 4 – Application à un cas d’étude
2. Etape 1 – Analyse des impacts directs
2.2. Etape 1b – Analyse de l’infrastructure réseau
2.2.1. Présentation du scénario de réseau
Nous examinons le déploiement d’un réseau fictif pouvant couvrir les points d’apport
volontaire de déchets de verre de la ville de Grenoble. Le déploiement de ce réseau est
présenté par la figure 18.
Nous partons des postulats suivants concernant le cycle de vie du réseau :
- Déploiement : Le réseau est supposé être installé en une fois. Chacun des 288
points d’apport volontaire de la ville est équipé d’un capteur. 67 d’entre eux
sont des conteneurs enterrés, 221 sont des conteneurs dits aériens, c’est-à-dire
posés au sol. La surface de la ville est couverte par 72 répéteurs disposés selon
une grille à mailles triangulaires de 500m de côté. Au-dessus de chaque capteur
enterré est installé un répéteur intermédiaire. Il permet de palier aux
atténuations auxquelles font face les ondes radio envoyées par les capteurs
enterrés. Un capteur enterré et son répéteur intermédiaire communiquent de
manière exclusive. Enfin, un unique concentrateur est installé au centre de la
ville. La figure 18 présente la disposition géographique des équipements
déployés.
- Opération : L’exploitation du réseau est supposée durer dix ans. Chaque
équipement tombant en panne est instantanément remplacé suivant une
politique de maintenance curative. Il est supposé que tous les équipements
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peuvent fonctionner pendant les dix ans sans risque de panne autre que la
décharge de leur batterie (si pertinent). Nous faisons l’hypothèse que les
équipements défaillants sont remplacés par des équipements identiques. Les
capteurs effectuent 24 mesures par jour qu’ils envoient instantanément à
travers le réseau. L’opération de remplacement est supposée être effectuée
par un opérateur local.
- Démantèlement : A la fin de la durée d’opération, les équipements sont
déposés et font l’objet d’un traitement de fin de vie.
Figure 18 - Déploiement des capteurs et répéteurs dans notre cas d’étude (A gauche : les marqueurs bleus représentent les capteurs enterrés, les marqueurs orange les capteurs aériens. A droite : les
marqueurs noirs représentent les répéteurs, le marqueur jaune le concentrateur).
2.2.2. Méthode et outils
Pour analyser le réseau ainsi décrit, nous avons utilisé l’outil de calcul des impacts d’un
réseau introduit au chapitre 3 (section 3) Le module spécifique permettant de
représenter le protocole Wavenis y a été ajouté. Ce protocole possède les
caractéristiques suivantes :
- Il est adressé. Autrement dit : chaque message est adressé à un destinataire en
particulier.
- Il est constitué de trois types de nœuds : les capteurs, les répéteurs et les
concentrateurs. Chaque type joue un rôle particulier dans le réseau, et adopte
donc un comportement spécifique.
- Il est structuré par niveaux. Les niveaux sont ordonnés de la manière suivante :
1) concentrateurs 2) répéteurs 3) capteurs.
- Il est structuré en arbre. Chaque nœud du réseau ne communique qu’avec un
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- Il est multi-bandes. Les communications peuvent être effectuées sur
différentes bandes de fréquence dont on suppose qu’elles n’interfèrent pas
entre elles.
- Il est non synchronisé, c'est-à-dire que les nœuds ne savent pas quand leurs
voisins sont susceptibles de tenter d’entrer en communication avec eux.
- Il est bidirectionnel, ce qui permet la détection et la répétition des messages
perdus.
Les capteurs et répéteurs sont des équipements mono-tâches. Leur consommation
énergétique a été représentée avec le modèle présenté au chapitre 3 (section 3.2.3).
Le concentrateur est quant à lui un équipement plus complexe. Des mesures ont
montré que sa consommation est une fonction affine du nombre de capteurs qu’il
permet de relayer. C’est donc ainsi qu’a été représentée sa consommation pour cette
étude.
2.2.3. Résultats
Le tableau 8 présente les résultats de la simulation du réseau. Celle-ci a permis de
calculer la consommation d’électricité des équipements sur secteur et le nombre de
remplacements d’équipements survenant sur les dix ans d’opération du réseau. Ces
informations correspondent respectivement au terme E(T)
nde l’équation 19 et au
terme N
nde l’équation 16. Ces termes permettent respectivement de calculer les
termes CON
net REM
nde l’équation 9, derniers termes nécessaires au calcul de
l’impact environnemental du réseau.
Type d’équipement Nombre initial Remplacements Durée de vie
moyenne (a) Consommation d’électricité Capteur Aérien 221 212 7.8 0 Capteur Enterré 67 0 12.2 0 Répéteur intermédiaire 67 0 12.6 0 Répéteur 72 156 4.3 0 Concentrateur 1 0 - 777kWh Total 428 368 - 777kWh
Tableau 8 - Résultat de la simulation de la consommation énergétique dans réseau.
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Les impacts du réseau calculés grâce à l’équation 9 sont présentés par la figure 19. Y
sont détaillées les contributions relatives des trois phases du cycle de vie du réseau. La
phase de déploiement, correspondant à l’installation des 428 équipements, est la plus
forte contributrice. Elle contribue à plus de la moitié de 8 des 11 impacts, et à plus du
tiers de 9 des 11 impacts. Suit la phase d’opération, dont les impacts sont générés par
les 368 remplacements et la consommation de 777kWh d’électricité du secteur. Cette
phase représente plus du tiers de 10 des 11 impacts. La phase de démantèlement ne
contribue que marginalement à 8 des 11 impacts et significativement qu’à un seul
impact (WT). Les impacts de ces trois phases sont détaillés ci-après.
2.2.3.1. Phase de déploiement
La figure 20 présente les contributions relatives des différents types d’équipements
aux impacts de la phase de déploiement. La distribution des impacts est comparable à
celle des 428 nœuds du réseau. Les capteurs représentent 67% du nombre des
équipements initialement déployés, et entre 54 et 79% des impacts. Les répéteurs,
légèrement plus petits et moins impactants que les capteurs, représentent 32% du
nombre des équipements déployés, et entre 18 et 46% des impacts. Le concentrateur,
unitairement plus impactant que les capteurs et répéteurs, ne représente qu’une part
marginale des impacts.
Figure 20 - Contribution relative des différents types d'équipements aux impacts de la phase de déploiement.
2.2.3.2. Phase d’opération
La figure 21 présente les contributions relatives des différents types d’équipements
aux impacts de la phase d’opération. Les capteurs aériens totalisent entre 47 et 75%
des impacts de cette phase, suivis par les répéteurs dont les impacts en représentent
entre 25 et 52%, puis, de manière plus marginale, du concentrateur qui représente au
maximum 24% des impacts (sur l’indicateur Energy Depletion) et en moyenne 6%.
Enfin, les capteurs enterrés et les répéteurs intermédiaires ne présentent aucun
impact sur cette phase car ne nécessitent pas de remplacement ni ne consomment
d’énergie du secteur. Le détail des impacts de chaque type d’équipement est présenté
ci-après.
104
Figure 21 - Contribution relative des différents types d'équipements aux impacts de la phase d'opération.
2.2.3.2.1. Capteurs
Les impacts des capteurs dans la phase d’opération sont dus à leur remplacement pour
cause de batterie épuisée, conséquence d’une consommation énergétique ne leur
permettant pas de fonctionner les dix ans que dure l’opération du réseau. Bien que de
même facture et effectuant les mêmes tâches, les capteurs enterrés et aériens ne
présentent pas les mêmes durées de vie. Alors que les premiers durent plus longtemps
que la durée d’opération du réseau, et ne génèrent ainsi aucun impact dans cette
phase, les seconds, avec une durée de vie moyenne de moins de 8 ans, doivent
quasiment tous être remplacés une fois.
Figure 22 – Consommations et durées de vie des capteurs aériens (à gauche de la séparation) et enterrés (à droite de la séparation), classés par consommation totale décroissante et durée de vie
croissante.
La figure 22 montre que cette différence est uniquement due au phénomène de
sur-écoute. Celui-ci demande aux capteurs aériens une consommation importante
pouvant avoisiner 50% de leur consommation totale. Cette consommation est en
revanche négligeable pour les capteurs enterrés. Cette différence s’explique par
l’atténuation du signal dont bénéficient les capteurs enterrés : les ondes
105
électromagnétiques peinant à les atteindre, ces capteurs ne peuvent recevoir de
communications que d’équipements très proches, et sont donc moins affectés par les
sur-écoutes.
2.2.3.2.2. Répéteurs
Les impacts des répéteurs en phase d’opération sont, comme ceux des capteurs,
consécutifs aux remplacements pour cause de batterie épuisée. Pour ces équipements,
on retrouve la même dichotomie entre les répéteurs intermédiaires qui n’ont pas
besoin d’être remplacés, et les autres répéteurs qui nécessitent plusieurs
remplacements pendant la phase d’opération. Avec une durée de vie moyenne de 4,5
ans, certains d’entre eux requièrent jusqu’à quatre remplacements. Les répéteurs sont
clairement sous-dimensionnés, l’énergie qu’ils embarquent ne leur permettant pas de
supporter pendant toute la phase d’opération l’intensité des communications dont ils
ont la charge. La différence entre répéteurs et répéteurs intermédiaires s’explique par
l’examen de la figure 23. Leurs consommations relatives à la communication et à la
sur-écoute révèlent des différences importantes. La première est liée au nombre de
capteurs que les répéteurs relaient : les répéteurs intermédiaires ne relaient qu’un
seul capteur, à la différence des autres répéteurs qui en relaient entre 1 et 8. Or, plus
un répéteur relaie de capteurs, plus il consomme (ce qui explique l’apparition d’une
forme en escaliers sur cette figure). La seconde est liée à la différence de hauteur
d’installation des répéteurs : les répéteurs intermédiaires sont installés plus près du
sol, pour bénéficier d’une bonne qualité de communication avec les capteurs enterrés
qu’ils relaient. Les autres répéteurs sont quant à eux installés plus haut pour couvrir un
espace géographique plus large. Or, plus un équipement est placé haut, moins les
ondes électromagnétiques qui lui parviennent sont brouillées par l’espace urbain
environnant, et plus il est sujet aux sur-écoutes.
Figure 23 - Consommations et durées de vie des répéteurs (à gauche de la séparation) et répéteurs intermédiaires (à droite de la séparation), classés par consommation totale décroissante et durée de vie
croissante.
2.2.3.2.3. Concentrateur
Bien que la contribution du concentrateur aux impacts de cette phase soit marginale,
elle reste relativement importante pour un équipement isolé parmi plusieurs
centaines. Cette surreprésentation est due à une consommation énergétique sans
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commune mesure avec celle des capteurs et des répéteurs, la première se comptant
en watts, les secondes en milliwatts. Certes, les performances attendues de ces
équipements sont également très différentes. Il n’en reste pas moins que cette
différence de consommation est révélatrice de la différence d’attention généralement
portée à l’énergie dans la conception des équipements fixes et mobiles (Domingo et
al., 2011).
2.2.3.3. Phase de démantèlement
La figure 24 présente les contributions relatives des différents types d’équipements
aux impacts de la phase de démantèlement. Comme pour la phase de déploiement, la
distribution des impacts suit la distribution des 428 nœuds du réseau. Les capteurs
représentent entre 69 et 86% des impacts, les répéteurs entre 14 et 31% ; le
concentrateur n’en représente qu’une part marginale.
Figure 24 - Contribution relative des différents types d'équipements aux impacts de la phase de démantèlement.