Chapitre 3 – Méthode d’analyse environnementale et d’éco-conception
2. Analyse environnementale de services d’optimisation basés sur des réseaux
2.1. Impacts directs
2.1.2. Formalisation des impacts environnementaux de réseaux de capteurs72
capteurs
Partant de la modélisation du cycle de vie du réseau, nous pouvons donner une
formulation mathématique à ses impacts. Les impacts du réseau correspondent à la
somme des impacts de ses constituants, c'est-à-dire les nœuds, et sont formulés dans
un détail croissant au travers des équations 7 à 9 :
(7)
Où :
- IE est l’impact environnemental total du réseau ;
- Ω est l’ensemble des nœuds du réseau ;
- i
nest l’impact environnemental du nœud n.
(8)
Où :
- DEP
nest l’impact du nœud n pendant la phase de déploiement, qui correspond
aux phases d’extraction des matières premières, de fabrication et d’installation
du premier équipement matérialisant le nœud n ;
- OM
nest l’impact du nœud n pendant la phase d’opération, qui est détaillée
dans l’équation 9 ;
- DEM
nest l’impact du nœud n pendant la phase de démantèlement, qui
correspond à la dépose et à la fin de vie du dernier équipement matérialisant le
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(9)
Où :
- REM
nest l’impact des remplacements successifs des équipements matérialisant
le nœud n pendant la phase d’exploitation ;
- CON
nest l’impact de l’énergie consommée par l’ensemble des équipements
matérialisant le nœud n pendant la phase d’exploitation ;
- MAI
nest l’impact des opérations de maintenance (hors remplacements)
effectuées sur l’ensemble des équipements matérialisant le nœud n pendant la
phase d’exploitation.
En fonction des applications, les réseaux de capteurs peuvent être déployés sur des
terrains offrant des conditions variées d’approvisionnement en énergie. Par exemple,
la surveillance d’un phénomène loin de toute infrastructure n’autorisera pas une
alimentation par le réseau électrique, et exigera des équipements qu’ils soient
autonomes en énergie, voire autarciques si aucune source d’énergie n’est disponible.
Si le phénomène et son environnement autorisent un placement des équipements
dans des conditions d’ensoleillement suffisantes, ces derniers pourront être équipés
de panneaux solaires et pourront compter au moins partiellement sur une source
d’énergie leur étant extérieure. Si au contraire aucune source alternative d’énergie
n’est disponible, les équipements devront être totalement autonomes en énergie et
compter sur une quantité limitée d’énergie délivrée par leurs batteries.
Les équipements de réseau sans fil peuvent donc être alimentés en énergie de trois
manières différentes, ceci ayant des répercussions sur leurs impacts
environnemen-taux. Les équipements sur accumulateurs sont les plus autonomes, car l’énergie dont
ils disposent n’est pas limitée en quantité totale mais en flux. Ils tirent leur énergie
d’un accumulateur rechargé à partir de leur environnement, les panneaux solaires
étant à cette fin la technologie la plus avancée (Yick et al., 2008). Pendant la phase
d’exploitation, l’énergie qu’ils collectent de leur environnement est exempte d’impact
environnemental
56, et le terme CON
nde l’équation 9 est nul. Les équipements sur
batterie sont quant à eux dotés d’une énergie limitée à leur fabrication, et sont conçus
pour fonctionner sans aucun apport d’énergie extérieur. Le terme CON
nest également
pour eux nul. Cependant, du fait de la limitation de la quantité d’énergie leur étant
disponible, une utilisation intense conduit inévitablement à une durée de vie plus
courte, nécessitant alors soit un remplacement soit une maintenance. Les termes
REM
n(si l’équipement entier est remplacé en cas de panne de batterie) ou MAI
n(si
seulement la batterie est remplacée) de l’équation 9 sont donc dans ce cas dépendants
de l’intensité de l’utilisation de l’équipement. Enfin, les équipements sur secteur
dépendent directement d’une source d’énergie provenant d’un autre système
anthropique. L’impact environnemental de leur consommation correspond à celui de
56
Selon Georgescu-Roegen (1979), l’énergie solaire n’a pas d’effet différent dans le cas où elle est utilisée et dans le cas où elle ne l’est pas. Dans ces deux cas, le devenir de cette énergie est de se transformer en chaleur ambiante.
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la production, du transport et de la distribution de l’énergie qu’ils consomment. Ces
particularités sont résumées pour chaque type d’équipement par l’encadré ci-après.
Equipements sur accumulateurs Equipements sur batterie Equipements sur secteur
Encadré 1 - Particularités des impacts des équipements de réseau en fonction de leur type d’alimentation.
Où :
- T est la durée d’exploitation du réseau ;
- E(T)
nest l’énergie dépensée par le nœud n sur l’intervalle de temps T, exprimée
en kWh ;
- C
0est la charge initiale de la batterie ;
- I
kWhest l’impact environnemental de la provision d’un kWh.
2.1.3. Complexité d’analyse de la phase d’opération
Dans le modèle présenté par l’équation 9, les termes REM
n, MAI
net CON
npeuvent
dépendre de la consommation énergétique des équipements en phase d’opération du
réseau. Or cette consommation est le résultat de comportements synergétiques et ne
peut être déterminée en focalisant l’analyse uniquement sur les équipements pris
isolément.
2.1.3.1. Hétéronomie des activités
Les nœuds de réseau sont des objets communicants, et les activités qu’ils effectuent
dépendent de facteurs leur étant extérieurs, à savoir l’activité de leurs voisins et celle
des phénomènes qu’ils surveillent. Parmi les tâches effectuées par les nœuds de
réseau sans fil, nous pouvons distinguer trois catégories, en fonction de l’évènement
qui les provoque :
- Type I : tâches provoquées par le nœud lui-même, suite à un évènement
préprogrammé. Ces tâches sont prédéterminées par les programmeurs du
logiciel embarqué par les équipements ; leur fréquence est connue. Par
exemple, un équipement peut, à intervalles réguliers, effectuer une mesure ou
scruter la bande radio pour capter un éventuel message qui lui serait envoyé.
- Type II : tâches provoquées par le phénomène surveillé, suite à l’observation
d’un fait remarquable. Ces tâches sont par définition probabilistes, car un
phénomène dont le comportement est déterministe ne nécessite pas de
surveillance. Un exemple de tâche provoquée par le phénomène surveillé est
l’envoi d’une alarme par un capteur lorsque les limites acceptables de contrôle
du phénomène sont outrepassées et demandent intervention.
- Type III : tâches provoquées par les nœuds voisins, suite à la réception d’un
message appelant réponse. Ces tâches qui sont le résultat de l’activité réseau
générée par les deux types de tâches précédentes, et sont donc partiellement
déterministes et probabilistes. Un exemple de tâche provoquée par un nœud
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voisin est la répétition d’un message dans sa course d’un point à un autre du
réseau.
Ainsi, un nœud, en fonction du contexte dans lequel il est placé, de l’instabilité du
phénomène à surveiller, du nombre et de l’intensité de l’activité de communication de
ses voisins, sera soumis à une intensité variable d’évènements prévus ou probabilistes.
Certaines de ses activités et les impacts qui en découlent sont hétéronomes,
c'est-à-dire qu’elles ne dépendent pas uniquement des propriétés internes des nœuds, cas
dans lequel elles seraient autonomes. Alors que les impacts autonomes peuvent
directement faire l’objet d’une analyse environnementale au niveau des nœuds, les
impacts hétéronomes requièrent une analyse au niveau de l’infrastructure dans son
ensemble.
2.1.3.2. Effets synergétiques
D’autres phénomènes interviennent et complexifient l’analyse des communications
entre nœuds du réseau. La capacité des équipements à communiquer dépend de la
possibilité pour un receveur de décoder un signal émis, possibilité conditionnée par la
distorsion subie par le signal entre l’émission et la réception. Les ondes
électromagnétiques, surtout dans les environnements inhospitaliers, sont soumises à
des atténuations et des fluctuations qui détériorent la qualité du signal et rendent
contingents les transferts de données. Les réseaux urbains évoluent par exemple dans
des milieux fortement occupés, d’un point de vue physique (immeubles, végétation),
et électromagnétique (autres équipements communiquant sur les même bandes de
fréquence), et rencontrent donc de nombreux obstacles. Les réseaux faisant intervenir
des équipements souterrains doivent également faire face à de fortes atténuations.
Même dans les meilleures conditions de propagation d’ondes, c'est-à-dire dans un
espace libre, les chances de succès d’une transmission entre deux équipements décroit
avec leur distance respective.
A part dans les réseaux très peu denses, il n’est pas possible pour un équipement
d’émettre un signal qui ne soit capté que par un unique receveur. Les ondes
électromagnétiques émises par un équipement ne sont généralement pas dirigées,
c'est-à-dire qu’elles sont envoyées dans toutes les directions de l’espace. Ainsi, un
équipement écoutant la bande radio peut entendre un signal qui ne lui est pas
adressé. Ce phénomène, appelé sur-écoute (overhearing en anglais), peut être très
fréquent dans les réseaux denses, et peut être responsable d’une part non négligeable
des consommations. Enfin, deux signaux émis concomitamment par deux équipements
peuvent entrer en interférence et devenir inaudibles, occasionnant la perte d’un ou
des deux messages qu’ils portent. Ce phénomène est appelé collision. Dans le cas où
les protocoles de communication prévoient leur gestion, les collisions sont
génératrices de communications supplémentaires dans le réseau. Dans le cas
contraire, ces évènements dégradent le service.
Dans le document
Analyse environnementale et éco-conception de services informationnels
(Page 85-88)