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1. La mangue dans le Monde et en Nouvelle Calédonie

1.1. Présentation générale du manguier (Mangifera indica L.)

1.1.1 Description botanique

Au plan systématique (photo 1), le manguier (Mangifera indica L.) appartient au genre

Mangifera, ordre des Sapindales, famille des Anacardiaceae. C’est un arbre à feuilles

persistantes, érigé ou à port plus ou moins étalé pouvant atteindre jusqu’à 30 m de haut et pouvant vivre plus de cent ans. Ses feuilles sont produites par une succession de pousses végétatives entre des périodes de dormance. En général, trois à quatre pousses végétatives par an sont observées sur un arbre adulte. Le nombre de pousses est sous la dépendance du climat (Mukherjee, 1997 ; De Laroussilhe, 1980). La floraison apicale marque la fin de la croissance des rameaux, ce qui aboutit à une ramification sympodiale. La panicule florale est composée d’un axe principal subdivisé en ramifications secondaires et éventuellement tertiaires sur lesquelles apparaissent les boutons floraux. La panicule florale peut porter une centaine de petites fleurs de 5 à 10 mm de diamètre qui peuvent être des fleurs hermaphrodites ou des fleurs mâles (De Laroussilhe, 1980).

La mangue qui est le fruit du manguier est une drupe (figure 1), plus ou moins aplatie, de forme, de taille, de couleur et de saveur différentes, pouvant présenter en son apex un bec selon les cultivars (cv.). La figure 2 montre ses descripteurs morpho-taxonomiques tels qu’ils ont été définis par l’International Board for Plant Genetic Resources (IBPGR) en 1989. De l’extérieur vers l’intérieur, le fruit est constitué successivement de trois parties : une fine couche qui est la peau ou épicarpe, une partie de chair consommable ou mésocarpe puis une partie dure l’endocarpe, qui entoure la graine (De Laroussilhe, 1980). L’épicarpe est vert puis jaune à jaune-verdâtre pour certaines variétés, ou rouge violacé. La totalité du fruit peut être

Figure 2. Descripteurs de la mangue (IPBGR, 1989)

colorée ou alors uniquement des plages limitées sur le fond souvent jaune ou orange pour d’autres. L’épicarpe présente également des lenticelles plus ou moins apparentes. Pour certaines variétés, il est couvert d’une couche de pruine plus ou moins abondante. La pulpe est de couleur jaune-orangé. Le noyau du fruit est un endocarpe ligneux. Il contient la semence qui est entourée de deux téguments, un externe appelé le testa et un interne, le tégument qui enveloppe l’amande. Cette dernière comprend deux cotylédons ou plusieurs dans le cas des amandes polyembryonnées (De Laroussilhe, 1980).

1.1.2 Origine botanique, dispersion du manguier et cultivars

Le manguier est originaire de la partie Nord-Est de la région indo-birmane (Mukherjee, 1997 ; Nakasone et Paull, 1998). D’après Mukherjee (1997) ce sont à la fois les commerçants indiens, les navigateurs et les prêtres bouddhistes qui auraient assuré la diffusion du manguier. Cette diffusion géographique aurait concerné successivement la Malaisie puis le

reste du sud est asiatique au IVème ou Vème siècle avant J.C. pour finir par les Philippines, la

Thaïlande vers 1400-1450 et enfin l’Afrique de l’Ouest au Xème siècle (figure 3). Cette

première diffusion a été suivie d’une seconde concernant les différents cultivars obtenus dans les différents centres de domestication. Les trois phases de dispersion qui peuvent être distinguées sont :

1) le déplacement des variétés indiennes (monoembryonnées) à partir du XVIème siècle par les

portugais, premiers européens à établir des routes commerciales avec l’Inde, dans l’est de l’Afrique et jusqu’au Brésil. Elles auraient été introduites au Moyen Orient vers la fin du

XVIIIème siècle au Yemen.

2) la dispersion des variétés du sud est asiatique (polyembryonnées) à travers l’océan pacifique jusqu’en Amérique centrale et en Amérique du sud par les commerçants espagnols. Ces derniers ont introduit le manguier depuis les Philippines, sur la côte orientale du Mexique

au XVIIIème siècle où les anglais le découvrent et l’introduisent aux Iles Hawaï dans les

années 1800. Ce n’est que vers les années 1870 que l’Australie l’importe dans le Queensland. 3) La création d’un centre secondaire contemporain de diversité en Floride où de nombreux cultivars monoembryonnés ont été sélectionnés et distribués à travers le monde à partir

1. Description de quelques cultivars pr ésents dans la collection de la SRA de Pocquereux (De Laroussilhe, 1980 ; Mukherjee, 1997

d’introductions de variétés indiennes et du sud-est asiatique à partir de la fin du XIXème et du

début du XXème. Selon Mukherjee (1997) la majorité des mangues floridiennes sont en

général issues du cv. Haden, sélection de Mulgoba. Ce sont les cv. Eldon, Lippens, Smith, Tommy Atkins et Zill.

L’existence de ces trois grands groupes de dispersion des variétés à partir de leur zone d’origine a été confirmée par des études de diversité génétique utilisant la technique des marqueurs moléculaires par microsatellites (Duval et al., 2005 ; 2006).

Les variétés d’origine américaine, appelées également ‘mangues rouges’, ont été introduites depuis les îles Hawaï, en Guinée en 1950 puis étendues à l’Afrique occidentale et centrale (De Laroussilhe, 1980 ; Nakasone et Paull, 1998). Concernant la Nouvelle-Calédonie, une sélection d’origine martiniquaise, a été importée en provenance de Tahiti par le Gouverneur Saisset en 1859 (Mackee, 1985), ce qui correspond à la première introduction répertoriée du manguier dans l’archipel. D’autres introductions ont suivi en 1862 à partir de manguiers de la Réunion (Brou, 1982). Les différents programmes de recherche-développement qui se sont succédés ont également permis l’introduction de nombreux cultivars de Tahiti dans les années 1980, puis principalement des mangues floridiennes entre 1990 et 1994 et plus récemment, en 1998 des mangues d’Afrique de l’ouest (cf. Cahier d’introductions de la Station de Recherche Agronomique– SRA de Pocquereux-, Institut Agronomique néo Calédonien –IAC- de 1979 à 2008). Les variétés les plus exportées dans le monde sont les variétés floridiennes car elles sont très colorées et très attractives. Cependant des cultivars jaunes tels que le cv. Nam Doc Mai sont très prisés sur les marchés asiatiques. Le tableau 1 présente un descriptif des cultivars en collection à la SRA de Pocquereux-IAC qui représentent un potentiel commercial à l’export.

1.1.3 Conditions écologiques et zones de culture du manguier

Considéré comme le fruit le plus populaire d’orient (Hulme, 1971), la mangue est aujourd’hui de plus en plus prisée dans le monde. C’est pourquoi le manguier est maintenant largement cultivé en dehors de sa zone de production d’origine (figure 4). Il est présent dans toutes les zones intertropicales mais également subtropicales, dans des zones écologiquement très différentes de sa région d’origine, ce qui témoigne de sa large capacité d’adaptation (Nakasone et Paull, 1998).

Le manguier est un arbre pour lequel la croissance optimale se produit à une température moyenne comprise entre 24 et 30 °C. Il peut supporter des températures de l’air jusqu’à 48 °C pendant le développement du fruit si l’irrigation est adéquate pour limiter les risques de brûlures sur la peau dues au soleil (De Laroussilhe, 1980). Il tolère également de basses températures jusqu’à 4 °C pendant de courtes périodes mais le zéro végétatif est atteint pour une température médiane journalière de 15 °C. En général, les cultivars monoembryonnés sont plus tolérants au froid (températures inférieures à 12 °C) en climat subtropical pendant la floraison (Whiley et Schaffer, 1997). Par ailleurs, l’induction florale pourrait être régulée par des températures de nuit inférieures à 18 °C. Une période sèche et fraîche la favorise et est donc déterminante pour l’obtention de bons rendements. Par contre, un climat trop humide est néfaste pour la production, les fleurs et les fruits étant très sensibles à l’anthracnose due à

Colletotrichum gloeosporioïdes (Davenport et Nunez-Elisea, 1997 ; Nakasone et Paull, 1998).

C’est en fait la répartition de la pluviométrie, qui est un facteur important pour la floraison et la mise à fruit. Elle est ainsi prépondérante pour la production.

Les travaux de recherche menés par la SRA de Pocquereux -IAC- depuis plus de quinze ans ont permis d’introduire et de sélectionner d’une part, des cultivars de mangues bien adaptés au climat calédonien, et répondant d’autre part, aux exigences des différents marchés locaux ou d’exportation. Les itinéraires techniques ainsi que des zonages de prédilection (côte ouest de la Nouvelle-Calédonie) ont été établis tenant compte des contraintes biotiques et abiotiques de la culture afin d’améliorer les rendements mais également la qualité des fruits.