Le cultivar Keitt

Compte tenu des résultats précédents (sous chapitre 4.2), le cv. Keitt est un cultivar dont la tache colorée moyenne des fruits au soleil recouvre en 2006 et 2007 plus de 23.3 à 37.5 % de la surface du fruit. Les chromaticités (a* et b*) de la tache et du fond sont élevées en 2006 et moyennes en 2007. En 2006, la variabilité des réponses ne permet pas de statuer si une différence significative existe pour la couleur de fond entre une mangue exposée au soleil et une mangue exposée à l’ombre. En ce qui concerne les caractéristiques de maturité, le cv. Keitt présente à la récolte des niveaux faibles de ESS et de TA. Enfin dans le classement de sensibilité au traitement HWT 55.0°C/ 50 min, le cv. Keitt est moyennement sensible en 2006 et très sensible en 2007 sur la tache colorée, en surface et en intensité. Par contre il présente une sensibilité faible à moyenne sur le fond. Ainsi en reprenant l’indice général de dégâts externes et les dégâts internes, il se classe dans les cultivars à sensibilité moyenne. Par contre, il ne semble pas répondre à un ensoleillement particulier.

Figure 38. Dégâts physiologiques externes (gauche) et internes (droite) sur les mangues,

traitées HWT 55.0 °C/ 50 min, du cv. Keitt, en fonction de l’exposition. Les barres d’erreur montrent l’erreur standard à la moyenne ± 1. N = 24

Tableau 23. Tableau synthétique des corrélation bilatérales de Spearman entre les paramètres

de dégâts dus au traitement HWT 55.0 °C/ 50 min et les paramètres biochimiques à la récolte ainsi que l’exposition et l’année pour le cv. Keitt. Le tableau complet des corrélations est donné en annexe 11.

a) Dégâts externes

Les résultats du chapitre 3 et sous-chapitre 4.2 ont mis en évidence que le traitement HWT 55.0 °C/ 50 min provoque des dégâts physiologiques (surface et en intensité) sur la tache de couleur. Entre 2006 et 2007, c’est 29.5 à 51.4 % de la tache de couleur qui est affectée. Cependant le niveau de sévérité est plus faible en 2006 (indice 1.9) qu’en 2007 (indice 2.3). Mais la variabilité des réponses tant au niveau de l’intensité et de la surface des dégâts est telle que les différences ne sont pas statistiquement significatives d’une année sur l’autre. Entre 2006 et 2007, c’est 30.3 à 36.3 % environ de la surface de fond qui est affectée par les dégâts physiologiques dus au traitement HWT 55.0 °C/ 50 min. Les données ne permettent pas de mettre en évidence une différence significative entre les années pour la surface des dégâts sur le fond mais seulement pour l’intensité de dégâts. De même que pour la tache de couleur, les dégâts observés sur le fond ont un niveau de sévérité plus élevé en 2006 (indice 2.8) par rapport à 2007 (indice 2.3). Par contre, il n’y a pas de différence significative en surface et en intensité de dégâts sur le fond sur une mangue du cv. Keitt exposée au soleil ou à l’ombre. La figure 38 représentant l’indice général des dégâts externes confirme la sensibilité modérée de la mangue cv. Keitt au traitement HWT 55.0 °C/ 50 min sans différenciation de l’année ou de l’exposition. En effet, l’indice de sévérité des dégâts sur le fond plus faible en 2007, ne permet pas de distinguer une différence de réponse physiologique nette entre 2006 et 2007 sur l’indice général de dégâts externes.

b) Dégâts internes

Au niveau des dégâts internes, la figure 38 ne met en évidence aucune différence significative entre la réponse des mangues du cv. Keitt en fonction de l’exposition. Mais elle montre une différence significative entre les mangues récoltées en 2006 et 2007. Les dégâts internes consécutifs au traitement HWT 55.0 °C/ 50 min sont beaucoup plus sévères en 2007 qu’en 2006.

c) Recherche de facteurs explicatifs (tableau 23 et annexe 11)

Au niveau de la tache colorée

Il n’y a pas de différence significative entre les réponses de la tache colorée au traitement entre 2006 et 2007, ni en fonction de l’exposition. Pourtant, le tableau 23 permet de mettre en évidence une surface et une chromaticité a* de la tache colorée plus importantes en 2007 mais

ces variations ne sont pas assez importantes pour influer sur la surface et l’intensité de dégâts. Cette dernière n’est reliée à aucun paramètre de couleur ou de maturité. Par contre la surface de dégâts sur la tache est corrélée de façon négative avec la coloration du fond. Ceci indique que la surface de dégâts sera d’autant plus importante que la couleur du fond est foncée. Elle est par ailleurs corrélée positivement avec l’indice de dégâts internes. Aucune corrélation n’est observée avec les paramètres de maturité.

Au niveau du fond

L’intensité de dégâts sur le fond est plus intense en 2006 qu’en 2007. Elle le sera d’autant plus si la mangue du cv. Keitt a un fond avec une chromaticité a* et une pulpe peu teintée de jaune avec un b* faible, un TA et un ESS faibles, suggérant ainsi un stade de maturité vert mature peu avancé. Par contre, la surface de dégâts n’est reliée à aucun paramètre de maturité et de couleur. Les différences de chromaticité de fond entre une mangue au soleil ou à l’ombre ne permettent cependant pas de mettre en avant une réponse physiologique des mangues de ce cultivar différente selon les expositions.

Au niveau de la pulpe

La figure 38 ne met pas en évidence une différence significative de dégâts internes entre 2006 et 2007 mais il semble qu’une tendance existe. En 2007, le niveau de dégâts internes est plus important. Quelle que soit l’année, l’indice de dégâts internes est d’autant plus important que la tache colorée est rouge que le fond est vert foncé avec des valeurs a* et b* faibles et que la pulpe est colorée de jaune avec un b* plus élevé. Il est également corrélé avec les paramètres de maturité et évoluera positivement avec l’ESS et de façon négative avec le TA. Ainsi ces résultats suggèrent que les mangues du cv. Keitt à un stade de maturité plus avancé seront plus sensibles aux dégâts internes.

Influence des paramètres de maturité

En 2007, les mangues ont un ESS plus élevé et un TA plus faible. Ces données caractérisent un stade de maturité plus avancé comparativement à 2006. En 2007, les mangues du cv. Keitt exposées au soleil seront sensiblement moins acides et auront une teneur en ESS légèrement supérieure à 2006. Mais ces différences n’influent pas de façon significative sur la réponse physiologique des mangues du cv. Keitt au traitement HWT 55.0 °C/ 50 min.

Figure 39. Surface et indice d’intensité des dégâts physiologiques sur la tache colorée des

mangues, du cv. Palmer, traitées HWT 55.0 °C/ 50 min en 2006 et 2007. Les barres d’erreur représentent l’erreur standard à la moyenne ±1. N = 24

Photo 14. Illustration de la réponse physiologique des mangues exposées au soleil du cv.

Palmer consécutivement au traitement HWT 55.0 °C/ 50 min. A gauche la tache est épargnée, à droite, elle présente des dégâts sévères en périphérie de la coloration rouge.

Les paramètres de maturité, la surface et la coloration rouge de la tache et la coloration jaune de la pulpe suggèrent un stade de maturité plus avancé en 2007. Ainsi il semble que la sensibilité des mangues du cv. Keitt résulte d’un équilibre subtil entre tous ces paramètres qui n’évoluent pas forcément dans le même sens et de façon concomitante. Mais ces différences n’influent pas sur le comportement même si des tendances semblent exister. Les résultats nous permettent de considérer que le cv. Keitt a une réponse physiologique controversée au traitement à la chaleur, en fonction de son stade de maturité, qui n’avait pas été observée pour le cv. Reynal. Il semble qu’à un certain seuil de maturité peu avancé et surtout par l’absence de la coloration jaune du fond, la surface des dégâts sur la tache et l’intensité des dégâts sur le fond soient favorisées. A l’inverse, la sévérité des dégâts internes est plus importante que la pulpe se colore. Cependant la surface des dégâts sur le fond, un élément majeur dans la réponse du fruit au traitement, n’est reliée à aucun paramètre mesuré.