Chapitre 2 Cadre méthodologique
2.3. Présentation des outils : le guide d’entretien
Pour recueillir des données complètes et des informations pertinentes, capables d’éclairer notre
champ de recherche, des entretiens semi-directifs ont donc été planifiés avec les trois
enseignants spécialisés de l’unité d’enseignement de l’IME de A., ainsi qu’avec trois éducateurs
spécialisés engagés à divers titres dans une démarche partenariale autour d’un temps de classe
partagé. Afin d’instaurer un véritable échange permettant à chaque interlocuteur d’exprimer ses
perceptions, son point de vue autour des thèmes de l’identité professionnelle et d’une éventuelle
interculturalité entre acteurs, un instrument a été élaboré sous la forme de guide d‘entretien,
recensant une liste de questions en lien avec notre thème d’enquête.
Avant de débuter les entretiens, une phase initiale d’annonce du cadre contractuel est planifiée.
Il s’agit alors de rappeler brièvement le thème central de notre objet d’étude, ainsi que de
stipuler à chaque interlocuteur que l’anonymat sera, au-delà de cet entretien, garanti, autant lors
de la retranscription de l’entretien que dans la phase d’analyse du corps du mémoire.
Rappel du cadre contractuel
• Thème : entretien sur les temps de classes-atelier gérés entre enseignant et éducateur spécialisés
• Anonymat garanti
Cet outil a été conçu en pensant la question initiale comme une amorce à l’échange,
suffisamment ouverte pour que le professionnel présent se sente à l’aise et directement concerné
par cette question introductive. Ainsi, le choix a été fait de créer une dynamique de conversation
et une invitation à une entrée directe dans le témoignage, en abordant au début de l’échange, le
sujet du parcours professionnel et de la formation suivie pour exercer cette profession :
Question d’amorce – parcours professionnel
• Pouvez-vous me tracer en quelques phrases votre parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui ? • Quelle(s) formation(s) avez-vous suivie(s) pour exercer votre profession ?
Par la suite, les questions constituant le corps du guide d’entretien ont été formulées de façon
ouverte, pour permettre une marge de liberté et une interprétation large à la personne interrogée.
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Interculturation enseignants et éducateurs spécialisés à l’IME
Par ailleurs, nous avons construit une trame d’entretien donnant diverses directions thématiques
qui, selon toute vraisemblance, devaient permettre aux acteurs entretenus d’exprimer leur point
de vue selon les différents axes abordés, constituant ainsi les matériaux nécessaires à l’analyse
dans le cadre de notre recherche.
Ainsi, la première thématique du guide d’entretien porte sur l’identité professionnelle, en
invitant l’interlocuteur à définir lui-même sa profession. Une question globale est ainsi posée
et des questions de relance sont listées, prévues au cas où l’interviewé saisit mal la question ou
s’il restreint sa réponse. Pour rester dans le cadre d’un entretien semi-directif, les questions sont
ainsi posées en fonction de la réponse plus ou moins étayée, fournie par le professionnel.
Choix et valeurs du métier
Comment définiriez-vous votre métier ?
Questions de relance :
Qu’est ce qui a motivé le choix de votre métier ? Qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui pour exercer votre métier ?
Quelles qualités faut-il avoir pour exercer votre métier ?
Quelles valeurs pensez-vous défendre au travers de votre métier ? Quelle relation pensez-vous instaurer avec les jeunes ?
Selon vous, quel regard la société porte sur votre métier ?
La seconde partie du guide d’entretien a été pensée autour de la thématique des situations
partenariales que constituent classes-atelier, classes à projets et classe-groupe. Il s’agit tout
d’abord de faire émerger l’historique de ces différents dispositifs, d’interroger l’interlocuteur
sur son engagement, volontaire ou non, dans ces temps de classe partagés, et de sonder la façon
dont il pense ces plages scolaires en terme d’organisation (rôle de chacun, contenu
pédagogique, gestion de l’autorité, gestion de l’espace-temps…) Là encore, une question
globale peut être étayée de questions de relance si nécessaires. Par la suite, une appréciation du
dispositif est collectée, pour que chaque acteur estime les avantages et/ou inconvénients qu’il
attribue à ces co-interventions auprès des élèves.
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Interculturation enseignants et éducateurs spécialisés à l’IME
Autour du temps de classe partagé
Savez-vous comment est née cette co-intervention en classe-atelier ? Qu’est-ce qui a motivé votre participation à cette classe-atelier ?
Dans cette classe-atelier, comment est décidé et organisé le contenu des séances ?
Selon vous, quels sont les points forts de cette classe-atelier ? Y’a-t-il des points faibles, source de frustrations ou de fragilité ?
Une troisième partie consiste à revenir à la notion d’identité professionnelle, mais attribuée
cette fois à l’Autre, au co-acteur : comment est-ce que je conçois le métier du professionnel
avec qui je suis en situation partenariale ? Comment est perçue à l’extérieur son activité
professionnelle ? Comment se répartissent les actions que nous menons autour des concepts
« éducation et instruction » ?
Cette approche, ce questionnement concernant le partenaire peut, dans l’échange, faire émerger
ce qui fait sens en commun, ce qui relie les deux professionnels, tout autant que cela peut faire
exprimer les différences de conceptions, les « frottements » entre deux cultures professionnelles
distinctes.
Conceptions sur le métier de l’Autre
Avec cette action commune, qu’avez-vous découvert du métier de l’autre ? Comment définiriez-vous son métier ?
Quelles valeurs et quelles qualités pensez-vous qu’il faut avoir pour bien exercer le métier de l’Autre ? Quel rapport à l’enfant cet autre métier entretient-il ?
Eduquer / instruire : qui se charge de quoi ?
Selon vous, quel regard la société porte sur le métier de l’Autre ?
Enfin, la dernière partie de ce guide d’entretien invite l’interlocuteur à se positionner par rapport
à l’idée de culture en commun entre enseignants et éducateurs spécialisés. Une question
générale est posée pour investiguer sur le champ de l’interculturalité de chaque partenaire. Ces
propos, qui suivent la partie sur la conception du métier de l’Autre, peuvent permettre d’aller
plus loin dans la réflexion, de mettre en lumière, plus en détails et en exemples, ce que culture
en commun peut signifier chez chacun des protagonistes. Là aussi, des questions de relance ont
été préparées, si toutefois l’interlocuteur fournit une réponse jugée trop brève ou en périphérie
de notre sujet d’étude.
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Interculturation enseignants et éducateurs spécialisés à l’IME
De l’identité professionnelle et de l’interculturation
Est-ce que cette collaboration multi-professionnelle vient interroger votre culture et identité professionnelle ? De quelle façon ?
Pour conclure l’échange, cette trame d’entretien cherchait à permettre à la personne interrogée
de revenir sur un domaine, sur une question dont il souhaitait étayer la réponse. La question
finale proposait en effet un spectre suffisamment large pour que le professionnel questionné
reprenne, de sa propre initiative, un point d’analyse ou de réflexion qui lui paraissait
important à clarifier, ou à présenter.
Conclusion
Un dernier point à développer, une dernière réflexion à aborder…