Chapitre 2 Cadre méthodologique
2.2. Conditions du recueil des données
Pour accéder à un recueil de données auprès des enseignants et éducateurs spécialisés de l’IME
de A., nous avons procédé selon deux manières :
Dans un premier temps, de novembre 2017 à février 2018, la méthode d’enquête retenue
a été celle d’observations ciblées. En effet, par la présence sur le terrain, dans les trois
classes de l’unité d’enseignement de l’IME de A., au moment spécifique des temps de
co-intervention entre enseignants et éducateurs spécialisés, il nous a été offert
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l’observation directe des phénomènes sociaux que nous cherchons à étudier. Ainsi,
chaque binôme constitué d’un enseignant et d’un éducateur a été le sujet d’une
observation directe, plus ou moins participante selon les plages horaires. Les formes
d’interaction verbale, non verbale, les outils et les dispositifs proposés aux élèves ont
été pris en considération. Notre statut d’observateur a donc varié, d’une simple présence
en classe, à faible participation, en retrait de l’activité entre professionnels et élèves, à
une participation active, comme notamment lors d’une journée de visite à la ferme pour
les enfants de la section SEES.
Ces temps réguliers en immersion dans l’établissement ont permis en premier lieu la
découverte d’un milieu éducatif méconnu, mais également un nouveau type de
fonctionnement partenarial et un profil d’élèves spécifiques à l’IME. Cette phase en
immersion nous a semblé primordiale pour pourvoir apprécier, en tant que chercheur,
les contraintes de la situation, les interactions qu’elle a favorisées et pour pouvoir
organiser, ultérieurement, la seconde phase de cette méthode de recherche qualitative.
Dans un deuxième temps, la technique d’enquête sur le terrain a été prolongée des
entretiens auprès des professionnels concernés par ces dispositifs interactoriels. Pour
pouvoir permettre des échanges de qualité où chaque interlocuteur s’autorise à exprimer
librement sa pensée, des entretiens semi-directifs ont été menés. En effet, un entretien
consiste, comme le rappellent Blanchet et Gotman, à « établir un rapport suffisamment
égalitaire entre l’enquêteur et l’enquêté pour que ce dernier ne se sente pas, comme
dans un interrogatoire, contraint de donner des informations » (Blanchet et Gotman,
2007, p.7),
Aussi, des entretiens semi-structurés ont été retenus car il nous a semblé qu’ils
constituaient le juste dosage, le bon niveau de directivité entre l’entretien non-directif
au contenu totalement laissé à l’appréciation et à la pensée de l’interviewé d’une part,
et un entretien de type directif d’autre part, organisé selon des questions précises dans
une grille standardisée. L’avantage qui a justifié le choix de ce type de format
d’entretiens se trouve dans la souplesse qu’offre ce processus : préparé en amont avec
un guide listant une série de questions ouvertes aux diverses thématiques, ce type
d’entretien permet d’adapter l’ordre des questions à la pensée qui se construit chez
l’interlocuteur, de récolter des témoignages complets et variés, tout en respectant le fil
de la réflexion en pleine élaboration pour chaque personne entretenue.
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La démarche entreprise auprès de l’unité d’enseignement de l’IME de A. nous a donc permis
d’accéder à des données de deux ordres : celles recueillies durant les phases d’observation en
classes, puis celles obtenues grâce aux entretiens semi-directifs. Si les données du premier mode
d’accès sont diverses et riches, nous avons fait le choix, toutefois, de n’exploiter dans ce travail
de recherche que les données issues des entretiens semi-structurés. Désormais, la suite de cette
étude fera uniquement référence au matériel verbal recueilli pendant les entretiens avec les
enseignants et éducateurs spécialisés de cet établissement.
2.2.2. Phase opératoire de la recherche
Pour concevoir et organiser les entretiens semi-directifs auprès des acteurs de la collaboration
en temps de classe partagés, plusieurs points ont retenu notre attention : la définition de la
population visée, la sélection du corpus retenu, le mode d’accès aux acteurs interviewés, et
enfin l’organisation matérielle et spatiale des recueils de données.
La définition de la population visée revient à se poser la question de savoir qui interroger.
Pour notre objet d’étude, le contexte de recherche correspondant à trois classes de l’unité
d’enseignement de l’IME de A., il nous a semblé nécessaire de chercher à recueillir de données
auprès des binômes enseignants-éducateurs spécialisés correspondant aux trois classes. Ainsi,
les enseignants spécialisés ont tous été l’objet d’un entretien semi-directif individuel.
En revanche, il ne nous a pas été possible de mettre en place des entretiens auprès de tous les
éducateurs spécialisés concernés dans l’IME de A. par ces ateliers en co-animation. Aussi, une
collecte d’information a été réalisée auprès de trois éducatrices spécialisées, mais leurs
interventions correspondent à deux classes uniquement. La classe 2 n’a pas pu être représentée
dans son binôme complet.
Le tableau suivant présente par classe tous les binômes existants à l’IME de A. En grisé, figurent
ceux qui correspondent effectivement à notre travail d’enquête :
Educ. Techn. spécialisé Méca vélo Educ. Techn. spécialisée Cuisine Educ. Techn. spécialisé Espaces verts Educ. Spé. 3 Classe à projets blog Educ. Spé. 3 Prépa. du conseil jeunes Educ. Spé 1 Educ. Spé 2 Classe-groupe Enseignante Classe 1
X
X
Enseignante Classe 2X
Enseignant Classe 3X
X
X
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La sélection du corpus retenu correspond à la taille du corpus ou à la détermination du nombre
d’entretiens exploité. Pour ce qui concerne notre objet d’étude, les trois entretiens d’enseignants
ainsi que les trois entretiens d’éducateurs spécialisés seront pris en considération. Si la totalité
des acteurs de l’enseignement spécialisé est représentée, un échantillon plus restreint du
personnel des éducateurs spécialisés a été retenu. Nous ne prétendons donc pas refléter, avec
ce travail, la totalité représentative des identités et des pratiques professionnelles du champ
éducatif de l’IME de A., mais tout au mieux un échantillon caractéristique de cette population.
Dans la sélection des composantes du corpus, sans doute faut-il déplorer l’absence d’un
représentant des éducateurs techniques spécialisés qui auraient peut-être eu un point de vue,
une perception du travail partenarial différente de celle des éducateurs spécialisés.
Quant au mode d’accès aux interviewés, il s’est déroulé de façon directe. En effet, à l’occasion
des observations d’une activité hebdomadaire conjointe, il nous a été possible de solliciter d’une
part les enseignants spécialisés, puis un peu plus tard, quelques éducateurs spécialisés qui
vivaient cette collaboration multi professionnelle. Il n’a donc pas été nécessaire, pour convenir
d’un rendez-vous, de passer par l’entremise d’un tiers médiateur.
Pour conclure cette partie sur la phase opératoire et sur les conditions du recueil des données,
il nous reste à détailler les paramètres de la situation d’entretien, d’un point de vue temporel
et spatial.
Pour tous les entretiens, nous avons bénéficié de conditions facilitatrices puisque chaque
rencontre avec un acteur a eu lieu :
Selon une unité de temps favorable : les entretiens, pour 5 sur 6, ont eu lieu après la
journée de travail. Les acteurs étaient donc, pour leur grande majorité, libérés de toute
contrainte horaire et donc plus disponibles à un échange approfondi.
Selon une unité de lieu : pour chaque entretien, une salle de l’IME vide, au calme a pu
être occupée. Pour les enseignants spécialisés, la salle de classe a été retenue comme
lieu d’échanges. Pour les éducatrices spécialisées, la salle d’accueil du groupe éducatif,
ou en fin de journée, la salle de classe dans laquelle l’action conjointe a lieu, a été
choisie. Dans tous les cas, le lieu retenu a été apprécié par le fait qu’il a isolé les
partenaires de l’entretien de toute agitation, de tout bruit provenant des usagers ou des
collègues.
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