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La présence des commerçants chinois en région parisienne et leurs lieux de départ

P ARTIE I W ENZHOU , RENCONTRE D ’ UNE DIASPORA EN F RANCE

2.1 La présence des commerçants chinois en région parisienne et leurs lieux de départ

Avec l’objectif d’éclairer les relations entretenues entre la diaspora Wenzhou et la Chine, nous mettons en lumière les principales caractéristiques des lieux d’installation et de départ des migrants. Nous expliquerons en particulier le contexte historique de ces espaces, puis les raisons de leur choix. Nous compléterons cette description par des données recueillies lors de nos enquêtes de terrain menées dans ces deux lieux.

2.1.1 Lieux d’installation dans la région parisienne

La délimitation des espaces étudiés

Dans la région parisienne, la localisation des commerces chinois se distinguent selon qu’elle est marquée par une « forte concentration » ou une « grande dispersion » (Ma Mung et Simon 1990). La « forte concentration » correspond aux quelques quartiers où se retrouve la majorité des magasins chinois, tels que le quartier « Arts et Métiers- Temple » (entre les 3e et 4e arrondissements), le quartier « Sedaine-Popincourt » dans le

11e arrondissement, les entrepôts d’« Aubervilliers », le quartier « Belleville » (à cheval sur

les 10e ,11e ,19e et 20e ), le quartier « Triangle de Choisy » dans le 13e arrondissement, et la

« Rue Montgallet » dans le 12e arrondissement. Il faut ajouter encore les autres

concentrations de commerces chinois comme le quartier « Place de Torcy » dans le 18e arrondissement, la « Rue de Joinville » dans le 19e arrondissement, le quartier

d’implantation principale de commerces chinois dans les villes de Torcy et de Lognes, dans la nouvelle ville de Marne-la-Valée en Seine et Marne. La « grande dispersion » évoque quant à elle la présence de magasins chinois (souvent la restauration) dans l’ensemble du territoire. Comme Ma Mung et Simon (1990, p87) l’ont expliqué à propos de la situation dans les années 1980 : « […] deux types de localisation se dégagent nettement : concentration très sensible dans le quartier Arts et Métiers-Temple […], diffusion très large dans le reste de l’ensemble parisien avec un niveau élevé de dispersion. Pratiquement tous les quartiers (au sens administratif) enregistrent la présence d’un ou plusieurs commerces asiatiques. […] Si la concentration est parfois très élevée et spectaculaire dans certains quartiers parisiens ce n’est pourtant pas la forme de localisation qui domine […] La dispersion traduit la recherche d’une clientèle extra- communautaire et la forme de commerces pratiquée est le plus souvent la restauration ». De ce fait, il est à souligner que c’est impossible de dénombrer tous les établissements chinois de « grande dispersion ». Il n’y a aucune statistique officielle sur ce point, ni même d’information dans les recherches existantes.

Nous focaliserons notre recherche sur les quartiers de forte concentration en commerces chinois, notamment parce que dans ce cas il est possible de dénombrer les commerces chinois et de délimiter les espaces étudiés. Au travers des éléments visibles (comme l'enseigne commerciale, les produits commercialisés, la clientèle, la décoration intérieure) et invisibles (parcours migratoire et professionnel), nous pouvons identifier les commerces chinois et révéler les stratégies économiques et spatiales suivies. Mais précisons bien que les commerces chinois dans les zones de forte concentration ne

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représentent qu’une partie des commerces chinois, et rappelons que tous les commerçants chinois ne sont pas des commerçants Wenzhou60.

Carte 4 Localisation des principaux quartiers chinois étudiés dans la région parisienne

Notre enquête de terrain a débuté officiellement dans le quartier chinois « Arts et Métiers-Temple » en novembre 2011, à la suite de l’invitation d’un commerçant de Wenzhou rencontré à Poitiers. Parmi les quartiers de forte concentration de commerces chinois dans la région parisienne, nous ne proposons que six quartiers d'étude (voir carte 4) : le quartier Arts et Métier-Temple qui est le plus ancien lieu d’implantation commerciale chinoise se caractérise par la prospérité du commerce traditionnel de grossistes en maroquinerie en tant que centre d’approvisionnement ; le quartier de Sedaine Popincourt et le quartier d’Aubervilliers qui se sont développés depuis la fin années 1990, et représentent le nouveau phénomène de l’expansion du commerce en gros d’importation surtout dans les secteurs du prêt-à-porter ; le quartier Triangle de Choisy 61 qui se caractérise par la présence de commerçants chinois d’Asie du Sud-Est

60 Il existe aussi d’autres commerçants chinois (non Wenzhou), notamment ceux originaires d’Asie du Sud-

Est (ex : Chaozhou), ainsi que d’autres régions de Chine.

61 Nous reprenons ici la formulation du titre de Michelle Guillon et Isabelle Taboada-Léonetti (1986), Le

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issus d’une vague d’arrivée de réfugiés indochinois dans les années 1970 ; Belleville qui est un vieux quartier d'immigration marqué aujourd’hui par la présence non seulement de commerces chinois mais aussi maghrébins, juifs et musulmans ; enfin la « Rue Montgallet » qui est caractérisée par une quasi exclusivité de la commercialisation des produits informatiques essentiellement exercée par des commerçants chinois. Le choix des quartiers étudiés a été également influencé, d’une part, par les informations qui nous ont été données par les migrants originaires de Wenzhou ; d’autre part, par les résultats des recherches existantes sur la répartition des migrants originaires de Wenzhou en France (Béja et Wang C. 1999; Wang C. 2000; Poissons 2004; Gao et Poisson 2005; Pribetich 2005; Auguin 2009). Il a ainsi été possible de cerner deux quartiers traditionnels d’installation des migrants originaires de Wenzhou (Arts et Métiers-Temple, Belleville) et un quartier reposant principalement sur le commerce des Chinois du Sud-Est asiatique, le « Triangle de Choisy » dans le 13e. Nous avons également pu identifier deux nouveaux

quartiers (Sedaine-Popincourt dans le 11e et Aubervilliers) où se sont installés principalement des grossistes chinois, majoritairement originaires de Wenzhou, spécialisés dans certains secteurs de commerce d’importation (confection, maroquinerie, bijouterie de fantaisie, etc.), et un autre nouveau quartier « Rue Montgallet » dans le 12e arrondissement spécialisé dans le secteur des produits informatiques.

Nous avons introduit dans l'étude le quartier « Triangle de Choisy », malgré le fait qu’on n’y trouve pas une majorité des commerçants chinois originaires de Wenzhou. D’une part, ce quartier joue toujours un rôle important dans le contexte économique de l’immigration de personnes d’origine chinoise. Son étude permet ainsi de contextualiser l’histoire de l’immigration chinoise en France et de montrer l'existence de différents groupes de migrants chinois. L'examen, même succinct, du quartier « Triangle de Choisy » permet, autrement dit, d'avoir une vue d’ensemble sur l’implantation du commerce chinois dans la région parisienne. D’autre part, d’autres motifs expliquent pourquoi nous avons choisi d’introduire la présentation du quartier « Triangle de Choisy », mais pas celle d’autres zones de concentration de commerces chinois comme la rue de Torcy ou la rue de Joinville ou encore les villes de Marne-la-Vallée, Torcy ou Lognes. En premier lieu, Ma Mung et Simon (1990) ont déjà montré l’importance de l’implantation du commerce chinois dans ce quartier dans les années 1980 et il était ainsi possible de retracer l'évolution du commerce chinois entre les années 1980 et 2010. En effet, si nous traçons l’évolution des commerces chinois entre 1980 et 2010, cela permet d’acquérir une vision générale du développement rapide des commerces chinois, ainsi que les lieux où ont émergé les nouveaux quartiers de concentration des commerces chinois au cours de ces dernières années dans la région parisienne. Ensuite, il est important de souligner qu’il est impossible d’isoler les différents groupes migrants composant la diaspora chinoise. Cette dernière est caractérisée par une entité économique et sociale dans la dispersion. Afin d’étudier les activités économiques des migrants Wenzhou sur le plan spatial, nous devons dans un premier temps nous pencher sur les quartiers d’implantation principale des commerces chinois pour obtenir une vue d’ensemble. Par la suite, nous pouvons identifier les quartiers où sont concentrés des commerçants chinois de Wenzhou, et d’ailleurs. C’est pour ces raisons que les quartiers « Triangle de Choisy » et la « Rue Mongtallet » apparaissent dans notre étude. Par ailleurs, comme mentionné précédemment (cf.1.1.1), la diaspora chinoise comprend plusieurs

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diasporas pour former ce que l’on appelle une inter-diaspora, en référence aux réseaux intra-groupes (entre groupes de migrants chinois) que l’on analyse à partir d’une approche de « deuxième niveau ». Quand nous étudions la diaspora chinoise issue de Wenzhou, il est nécessaire d’abord de saisir les activités économiques de la diaspora chinoise dans son ensemble. Notre terrain prend donc aussi en considération les lieux de commerçants des Chinois d’Asie du Sud-Est ou d’ailleurs.

Le quarter « Triangle de Choisy » se caractérise par la forte concentration de commerces chinois d’Asie du Sud-Est depuis les années 1980, par l’importance de leur volume d’affaire et par leur rôle dans le développement du quartier (Guillon et Taboada- Leonetti 1986). Comme nous l’avons vu, la diaspora chinoise en France est constituée de deux groupes principaux qui ont une histoire migratoire différente. Le choix de ce quartier nous permet aussi de mesurer la répartition de concentration des établissements commerciaux chinois de Wenzhou dans la région parisienne, par rapport à la répartition d’implantions principale des commerçants chinoise en provenance d’Asie du Sud-Est. Nous allons évoquer d’une part les anciens quartiers d’installation de la diaspora chinoise, et d’autre part les quartiers récents d’installation.

Quartiers anciens d’installation de la diaspora chinoise

Arts et Métiers-Temple : le berceau de la diaspora issue de Wenzhou installée en France

Anciennement point d’ancrage d’une population constituée de migrants internes (normands, auvergnats, bretons…) et migrants internationaux (population juive d’Europe centrale et orientale, Italiens, Maghrébins), le quartier Arts et Métiers-Temple était, dans la première moitié du 20e siècle, un quartier d’artisans et de commerçants

grossistes. Ce quartier avait une tradition ancienne colporteurs ou de commerçants sédentaires. Ces commerçants chinois sont originaires de la région de Wenzhou (Wenzhou et Qingtian). Ils ont une longue tradition migratoire et commerçante (Ma Mung et Simon 1990). Les premiers établissements asiatiques ont vu le jour dans ce quartier dans les années 1920-1930 (Live 1992). La majorité des commerçants était originaire de Qingtian et de Wenzhou. Au cours des années 1950 -1960, les commerçants de Wenzhou se sont installés d’abord dans la rue au Maire, la rue des Gravilliers et la rue Chapon, dans les sections comprises entre la rue Beaubourg et la rue du Temple. Ils se sont ensuite étendus dans la rue du Temple en direction de l’Hôtel de Ville et dans le haut de la rue Beaubourg. Un noyau central a été formé autour des rues Turbigo, Temple, Montmorency et Saint-Martin, et l’on retrouve désormais dans la rue du Temple une forte densité de commerces asiatiques (voir carte 5). Le quartier Arts et Métiers-Temple a été délimité en utilisant comme principal critère la densité des commerces tenus par les Chinois62. Ce que nous avons déterminé en pratique grâce aux enseignes commerciales,

au contenu des vitrines, aux personnes présentes dans les locaux commerciaux et aux

62 Nous avons repris la méthode de Michelle Guillon et Isabelle Taboada-Leonetti (1986, p17-18) qu’elles

ont utilisée pour délimiter le Triangle de Choisy : : « Il a été délimité en utilisant comme principale critère la densité des commerces tenus par des Asiatiques. C'est dans ce périmètre que la présence asiatique est le plus lisible dans le paysage urbain : enseignes des commerces, affiches, mais aussi appropriation de l'espace piétonnier par des groupes d'asiatique qui s'y promènent, s'y arrêtent pour bavarder... ».

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relevés de commerces que nous avons effectué. Nous avons également utilisé cette méthode pour délimiter les autres quartiers étudiés.

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Parmi les activités commerciales qui se sont développées dans ce quartier, nous trouvons le commerce de gros, lié généralement aux activités artisanales et aux petites industries essentiellement métallurgiques et mécaniques, l’artisanat horloger et la fabrication de produits de maroquinerie jusque dans les années 1980 (Ma Mung et Simon 1990). Les activités artisanales se sont organisées autour de plusieurs pôles (bimbeloterie, articles de Paris, joaillerie, orfèvrerie, horlogerie, bijouterie semi-précieuse et de fantaisie ; confection ; maroquinerie) et se sont appuyées sur un réseau très dense « d’ateliers en étage », expression signifiant la présence des ateliers de fabrication des produits dans le même lieu que le point de vente. Dans les années 1970-1980, les petites industries ont disparu ainsi que de nombreux ateliers artisanaux. Divers secteurs d’activités se sont par la suite développés de façon sélective. Ainsi, il existe aujourd’hui trois principaux domaines d’activités : la bijouterie de fantaisie et semi-précieuse, la maroquinerie et, dans une moindre mesure, la confection. Il est à souligner que dans le secteur de la maroquinerie, ce sont les commerçants juifs qui dominaient dans ce domaine jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les commerçants de Wenzhou se sont progressivement appropriés ce secteur, en proposant à la clientèle des produits bas de gamme ou de milieu de gamme. Bien que le commerce de gros dans la maroquinerie tenu par les commerçants de Wenzhou ait connu une forte concurrence avec d’autres distributeurs, les Chinois de Wenzhou ont tout de même eu le quasi-monopole de ce secteur au cours des années 1980-1990 (ibid.).

Belleville : un second Wenzhou

Belleville, que l’on appelle en chinois « Meilicheng, 美 城 »

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signifiant littéralement une « belle ville » comme la deuxième « rue de Wenzhou » à Paris, est un quartier « hybride », qui a progressivement laissé place aux Chinois de Wenzhou. Du point de vue de la diaspora Wenzhou, l’on fait même référence à ce quartier comme la seconde ville des Wenzhou par rapport à leur région d’origine. Ce quartier mixte, regroupant des Chinois, des Maghrébins, des Africains et des Français, est devenu un terrain d’étude à la suite des conseils des migrants de Wenzhou rencontrés dans le quartier « Arts et Métiers-Temple ».

63 Meilicheng

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Carte 6 Localisation des commerces chinois de Belleville

Autrefois marqué par une forte présence commerciale maghrébine 64 ,

majoritairement juive mais aussi musulmane, les commerces asiatiques se sont implantés dans le quartier de Belleville à partir des années 1980. Il s’agit de Chinois réfugiés de

64 Selon Nelly Robin (1994, p149), à Paris, les maghrébins sont les plus concentrés et sont ceux dont ka

répartition coïncide le mieux avec leur condition professionnelle et sociale. Ainsi, ils représentent plus de 7% de la population dans les quatre arrondissements de l’est et du nord-est : 18e arrondissement où ils sont

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l’Asie du Sud-Est et principalement originaires du Cambodge. Dans les années 1990, les Chinois de Wenzhou rachètent des magasins à des Chinois d’Asie du Sud-Est ou à d’autres commerçants et deviennent majoritaires dans certaines parties du quartier. Parallèlement à leur installation commerciale dans ce quartier, nous observons également leur installation résidentielle. Belleville connaît un rayonnement important sur le plan de l’achalandage qui va bien au-delà du quartier. Il attire également une clientèle non- asiatique à la recherche d’aliments exotiques. Belleville est devenue dans les années 2000 un important centre de rencontre et de déambulation. Ce quartier est particulièrement animé le samedi et le dimanche.

Le quartier étudié (voir carte 6) de Belleville étudié est formé principalement du bas de la rue de Belleville, de la rue Rampal, de la rue de Rébéval et du boulevard de la Villette. Il se prolonge vers le sud par la rue Civial et adjacente au boulevard de la Villette, la rue de la Présentation et la rue Louis-Bonnet.

Le « Triangle de Choisy » : le « Chinatown » de Paris

Pour tous les Chinois de France ainsi qu’en Chine, le 13e arrondissement de Paris

reflète une image du quartier « chinois » à Paris. Le quartier « Triangle de Choisy », avec ses grandes tours, évoque dans les esprits, un « Chinatown ». Il se compose de deux artères principales, l’avenue d’Ivry et l’avenue de Choisy, auxquelles s’ajoutent d’autres petites rues (la Pointe d’Ivry, Simone Weil, Baudricourt, etc.). Pour notre travail au sein du quartier « Triangle de Choisy », nous nous sommes concentré sur la rue d’Ivry et la rue de Choisy, ainsi que sur les avenues entre la rue de Tolbiac et le Boulevard Masséna (voir carte 7).

Michelle Guillon et Isabelle Taboada (1986) ont évoqué dans leurs travaux la constitution du quartier du Triangle de Choisy. Les commerces que l’on y trouve sont majoritairement tenus par des Chinois provenant d’Asie du Sud-Est, bien qu’aujourd’hui nous y retrouvions quelques Chinois de Wenzhou. Le quartier est devenu le symbole de la présence chinoise à Paris, rôle largement relayé par les médias. Sur le plan de la cohabitation, nous avons essayé de vérifier s’il s’y était produit d’importants changements par rapport à la situation que décrivaient les deux auteures dans les années 1980.

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Carte 7 Localisation des commerces chinois de Triangle de Choisy

Nos relevés de commerces effectués dans le quartier « Triangle de Choisy » confirment qu’il existe toujours une concentration importante de commerces asiatiques, majoritairement chinois du sud-est asiatique, autour de l’avenue de Choisy et d’Ivry. Partant de ce constat, nous avons ensuite sélectionné trois pôles afin de distribuer nos questionnaires pour les usagers : au carrefour de l’avenue de Choisy, d’Ivry et de la rue de Tolbiac, devant le restaurant Mac Donald’s et devant le supermarché Paris Store.

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Les nouveaux quartiers chinois

Quartier « Sedaine-Popincourt » : grossistes chinois dans le secteur de la confection

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Le quartier « Sedaine-Popincourt » se trouve dans le 11e arrondissement et est formé principalement des rues Sedaine, Chemin-vert, Popincourt, et du boulevard Voltaire, ainsi que d’autres petites avenues. Comme Justine Pribetich (2005, p84) nous l'indique « Seuls des grossistes chinois, spécialisés dans le textile, occupent les pas-de- porte afin d’y effectuer leur activité professionnelle ».

Le quartier Sedaine-Popincourt (voir carte 8)65 est, en effet, devenu, depuis une

vingtaine d’années, un des principaux lieux d’implantation à Paris des commerçants chinois majoritairement originaires de Wenzhou. Le début de l’installation des commerces chinois dans le quartier Sedaine Popincourt remonte au début des années 1990. Historiquement, ce quartier connaît une dynamique marchande déterminée par divers courants migratoires. Il connut ainsi, entre les deux guerres, l'installation de 3 000 juifs d’Istanbul chassés de Turquie et qui développèrent le commerce du blanc et du linge de table. Dans les années 1960, ces migrants sont devenus grossistes en textile en association avec des juifs pieds noirs arrivés à l’issue de la guerre d’Algérie (Benveniste 1989 cité par Pribetich 2005). « L’implantation de cette activité commerciale au sein de ce quartier est donc bien antérieure à la mono-activité du début du XXIe siècle, dont les

Wenzhou sont les principaux acteurs. Le rachat successif des boutiques par ces migrants, animés par une volonté d’ascension sociale, a progressivement supplanté le tissu commercial existant à l’époque » (Pribetich 2005, p86).

Aujourd’hui, pendant nos recherches de terrain, nous avons pu observer que ce quartier se développe toujours rapidement, surtout dans le domaine des grossistes dans le secteur de la confection. On y dénombre 388 commerces de gros (habillement et chaussures) tenus par des Chinois (principalement des commerçants de Wenzhou) (Relevés des commerces, 2012).

65 Justine Pribetich n’a pas précisé la localisation du quartier « Sedaine Popincourt », mais nous délimitons

le quartier étudié par l’observation de relevés de commerces comme nous l’avons fait pour le quartier Arts et Métiers- Temple.

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« Rue Montgallet » : matériel informatique

Carte 9 Localisation des commerces chinois de la « Rue Mongallet »

La « rue Montgallet » (voir carte 9) située dans le 12e arrondissement, est

caractérisée par une forte densité des magasins informatiques tenus quasi-exclusivement par des Chinois. Cette rue représente un centre de la vente du matériel informatique de Paris. Selon notre relevé des commerces effectué dans ce quartier en avril 2012, 37 des 40 magasins de ce type sont tenus par des Chinois (principalement originaires d’Asie du Sud-Est, peu de Wenzhou) (Relevés des commerces, 2012).

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Aubervilliers : la « cité » des grossistes chinois