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Appréhender l’organisation économique de la diaspora Wenzhou 1 Apport des théories des migrations internationales

P ARTIE I W ENZHOU , RENCONTRE D ’ UNE DIASPORA EN F RANCE

1.2 Appréhender l’organisation économique de la diaspora Wenzhou 1 Apport des théories des migrations internationales

Quelles sont les causes des migrations dans le monde ? Pourquoi les migrants chinois ont-ils quitté leur foyer et leur pays natal ? Les chercheurs qui ont soulevé ces interrogations fondamentales ont tenté d’y répondre en élaborant divers modèles théoriques ayant pour but d’expliquer et d’analyser les éléments déterminants des migrations internationales. Ces théories apportent des éclaircissements sur la genèse des flux migratoires. Toutefois, en dépit du point de départ commun à leur questionnement, on repère une diversité de concepts mobilisés, ainsi que des idées contradictoires et des analyses distinctes. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous allons citer certaines des théories des migrations internationales analysées par Étienne Piguet (2013) qui expliquent de quelles manières s’initient les processus migratoires.

La synthèse d’Étienne Piguet (2013) insiste surtout sur la manière dont les individus prennent la décision de migrer, de façon individuelle, pour caractériser les migrations. Dans cette synthèse, la migration est uniquement considérée sous l’angle du déplacement dans l’espace : ce qui a trait à l’intégration et plus largement aux conséquences de la migration n’est volontairement pas abordé. Ainsi, l’auteur interroge dans un premier temps les analyses de l’individu et de la famille telles qu’elles sont faites dans les approches « classiques » des migrations. Dans le courant économique néoclassique, la migration résulte d’un « choix rationnel » des individus qui partent pour des raisons économiques dans l’espoir d’avoir un meilleur salaire ailleurs. La prise de décision individuelle de la migration n’est pas directement liée au salaire attendu : la prise de décision de migrer est un processus qui s’étale sur une certaine durée et implique un certain nombre d’étape. La théorie sur « le cycle de vie » basée sur l’approche néo- classique montre notamment qu’une personne sera plus mobile lors qu’elle est en début de carrière professionnelle et sans charges familiales. Une famille aura également une plus forte propension à migrer avant la scolarisation des enfants. Cette théorie est fortement critiquée en raison de sa restriction aux familles nucléaires, aux mariages stables et aux formes de cohabitation traditionnelles (ibid.).

L’analyse par le parcours de vie des individus est aujourd’hui préférée pour étudier les mobilités en fonction des caractéristiques démographiques individuelles. Par la notion de « capital humain », il s’agit de souligner comment l’individu acquiert un certain revenu par son travail en s’appuyant sur des compétences, des expériences et des savoirs (ibid.). La théorie de « l’information incomplète » rend compte pour sa part des causes spatiales de la « connaissance imparfaite de l’information », particulièrement liée à la distance spatiale qui freine le recueil des informations pour migrer. Un migrant choisit plutôt un endroit où il s’est déjà rendu, ce qui lui permet de bénéficier d’une information de qualité. En outre, l’expérience migratoire représente l’une des composantes du capital humain, à l’égal de la formation professionnelle, et se manifeste par l’acquisition de compétences circulatoires, de « savoir circuler », soulignés dans les recherches de Tarrius (1989), de Ma Mung et al. (1998) et de Berthomières et Hily (2006) (cité par Piguet 2013). Des personnes disposant déjà d’une expérience migratoire sont plus susceptibles de formuler l’intention de migrer à nouveau. À l’inverse, l’immobilité est liée au coût de

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l’information à laquelle le migrant potentiel ne peut pas facilement accéder, selon la théorie de l’ « information incomplète ». Le manque d’information produit souvent des illusions de paradis sur les pays de destination potentiels chez eux qui ont l’intention de partir. Par ailleurs, ces approches qui mobilisent la notion de « capital humain » soulignent que les individus qui ont l’intention de migrer possèdent des aptitudes (niveau de formation, ressources économiques, caractéristiques psychologiques, attitude face à la prise de risques) qui favorisent le projet de migration (Piguet 2013).

En convoquant les notions de « place utility » et de « residential stress », Etienne Piguet insiste sur les approches qui permettent de comprendre les caractéristiques des lieux de départ et d’arrivée appréhendés par les individus. Ces approches qui interrogent les comportements des individus découlent du modèle push- pull et de la théorie des opportunités intermédiaires. Le concept de « place utility » souligne de quelles manières les perceptions du contexte sont variables parmi les individus et jouent un rôle clé dans les processus de décision migratoire. De plus, la notion ne prend pas seulement pour unité d’analyse le ménage dans le processus de décision, mais les différents membres de la famille qui influent sur les procédés de négociation et d’arbitrage débouchant sur la volonté de migrer (ibid.).

Selon la synthèse d’Étienne Piguet, l’approche de la Nouvelle économie des Migrations (NEM) a élargi de manière significative les concepts hérités de l’économie néo-classique. Cette approche est passée de l’échelle de l’individu à celle du ménage comme acteur de référence et unité de prise de décision pour comprendre les migrations. Plutôt que de parler de maximisation du profit, cette nouvelle théorie préfère évoquer la minimisation du risque dans la décision de migrer, rendant compte de l’acte de migrer comme d’une stratégie de gestion des risques. En présentant les théories centrées sur les individus, l’auteur cherche également à mieux comprendre les interrelations qui existent entre le migrant et son environnement, c’est à dire les réseaux et les représentations collectives.

Nous nous inspirons de certaines de ces théories des migrations internationales présentées par Étienne Piguet pour développer notre approche des migrations Wenzhou en particulier, laquelle tente de comprendre la migration et la décision de migrer à partir de l’échelle individuelle, tout en considérant la complexité des phénomènes migratoires. Comme le dit Etienne Piguet (2013, p153), « Au fil des travaux évoqués, un consensus se dégage pour mettre en avant le caractère multidimensionnel du phénomène migratoire. Il est rare en effet qu’un individu s’engage dans la migration en raison d’un facteur unique tel que le différentiel de salaire ou de chômage (comme le suppose la théorie néo- classique), en raison de traits de personnalités spécifiques (comme l’ont postulé les premières théories psychologiques) ou encore de différences dans l’utilité escomptée (« place utility ») entre lieu de départ et d’arrivée (comme l’envisageaient les approches comportementales des années1960). Il est reconnu désormais que des considérations familiales et politiques, des réseaux sociaux, voire des stéréotypes ou un imaginaire géographique interagissent de manière complexe dans un processus de choix qui s’effectue toujours sous contrainte (Lu 1999 : 486) et aboutit à la migration ou à la non migration. »

La synthèse des migrations internationales proposée par Étienne Piguet montre l’importance de la prise de décision au niveau individuel. La conscience individuelle a

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joué et joue un rôle clé pour motiver une décision de migrer. Par exemple, le rêve d’« être patron » s’est reproduit dans le groupe des migrants de Wenzhou. Nous nous inspirerons de cette autre explication qui est issue de la psychologie sociale proposée par Étienne Piguet (2013). Selon l’auteur, l’approche psychologique est rarement considérée (même dans l’article de référence de Douglas S. Massey et al. de 1993, cité par Piguet 2013) par les théories classiques sur les migrations internationales. Ainsi, les théories de la motivation (la migration est un acte volontaire et rationnel), les théories des attentes et des valeurs (l’objectif d’identifier des traits psychologiques favorisant la migration) se penchent sur le processus de décision dans un contexte social donné tandis que celles spécifiquement développées par les psychologues dans un contexte plus large de théorisation de la prise de décisions appréhendent les liens entre croyances et comportements (Irving L.Janis et Leon Mann, 1968 ; Fishbein 1967, cité par Piguet 2013). En s’appuyant sur ces éléments, on peut mieux comprendre les raisons de la migration de Wenzhou :

Par exemple, selon Étienne Piguet (2013), dans les théories de la motivation, Eugene Tartakovsky et Shalom H.Schwartz (2001) ont montré qu’il y a trois types de motivations pour émigrer : la préservation (recherche de sécurité), le développement personnel et le matérialisme (amélioration financière). Ces motivations varient et s'articulent avec les valeurs et la personnalité de chaque individu dans un contexte socio- historique donné.

De fait, il nous semble que les motivations du groupe migrant de Wenzhou sont liées à ces trois types de motivations. Si les Wenzhou ont quitté leur territoire, c’est parce qu’ils veulent mieux vivre et pouvoir mieux nourrir leur famille (la « préservation » apprécie la recherche de sécurité). C'est, d’autre part, - motivations de développement personnel et relevant du matérialisme - parce que les émigrants anciens ont remporté des succès économiques que les Wenzhou ont également quitté leur territoire.

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1.2.2 Expression de la langue chinoise et romanisation

Si notre thèse est en français, certains mots chinois ont été conservés en raison de la difficulté d’en trouver une traduction fidèle. Nous utilisons la forme romanisée de la langue chinoise pour écrire ces termes et pour faire référence aux lieux étudiés en Chine. Le chinois sous sa forme romanisée est fondé sur la prononciation phonétique du mandarin. Le système Pinyin de romanisation a été officiellement adopté par la Chine continentale. Les expressions chinoises sont donc écrites en pinyin. Toutefois, lorsqu’on l’a jugé utile pour le lecteur, la forme chinoise suit l’écriture en pinyin.

Huaqiao

En Chine, le vocable Hua 华 est un caractère utilisé depuis longtemps qui apparaît dans des mots composés comme Huaren 华人 (peuple chinois ou ethnique chinois ou Chinois d’outre-mer naturalisés ou Chinese overseas), Huayi 华裔 (descendants de Huaren ou personnes de descendants des Chinois d’outre-mer). Le vocable Qiao 侨 auquel il est combiné signifie « rester temporairement quelque part loin de chez soi » (émigrés temporaires). Ce « quelque part » peut se trouver à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur de Chine. Mais le terme Huaqiao华侨 (résidants chinois ou Chinois d’outre- mer conservant la nationalité chinoise) implique toujours un séjour hors de Chine.

Cela vaut aussi pour trois autres mots composés qui méritent d’être notés :

Qiaoxiang 侨乡, « village natal d’un résident » ou « communautés d’émigrants ou

foyers d’émigration » plus largement, la patrie d’un émigré ;

Qiaohui 侨汇, « remises migratoires » ou « remises familiales », le lieu d’origine

auquel un résident à l’étranger adresse des versements ;

Qiaozi 侨资, « investissements issus de la diaspora » ou « capitaux étrangers grâce

aux émigrés » pour leur lieu d’origine.

Nous trouvons aussi Qiao associé à Gui (retour ou revenir) et Juan 眷 (dépendant ou proches) pour signifier « ancien Chinois d’outre-mer » ou « Chinois d’outre-mer de retour » (guiqiao 侨) et « dépendants de Chinois d’outre-mer » ou « proches familiaux de Chinois d’outre-mer » (qiaojua 侨眷). Les Chinois d’outre-mer de retour (guiqiao) et les proches familiaux de Chinois d’outre-mer (qiaojuan) sont les désignations officielles des personnes qui vivent en Chine mais dont l’identification en tant que catégorie destinée à l’élaboration des politiques est liée à une résidence à l’étranger.

Dans la nomenclature officielle et les politiques administratives correspondantes, le Huaqiao est distingué du Tongbao 同胞 (consanguin). Ce terme Tongbao est souvent traduit par « compatriote » et couramment précédé par « Taïwan » ou « Gang Ao » (Hong Kong-Macao).

De ce fait, plusieurs catégories de Chinois d’outre-mer peuvent être identifiées : les compatriotes de Taïwan (Taïwan tongbao 台湾同胞), ceux de Hong Kong et ceux de Macao (Gang - Ao tongbao 港澳同胞) ; les Chinois d’outre-mer de l’intérieur, groupe qui se divise lui-même en anciens Chinois émigrés de retour en Chine (guiqiao) et familles

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d’émigrés vivant en Chine (qiaojuan) ; les Chinois d’outre-mer qui constituent la diaspora et comprennent les Huaqiao (ressortissants chinois à l’étranger) et Huaren-Huayi (les ressortissants étrangers d’origine chinoise) (Pina-Guerassimoff 2012, p10).

Guiqiao évoque les Chinois d’outre-mer revenus en Chine. Selon l’article 2 de la

loi du 7 septembre de 1990 sur la protection des droits et intérêts des Guiqiao et Qiaojuan,

Qiaojuan désigne pour sa part les membres de la famille d’individus émigrés vivant en

Chine39. Concrètement, Qiaojuan comprend les conjoints des Chinois d’outre-mer (huaqiao) et des Chinois d’outre-mer de retour (guiqiao), ainsi que les parents, les enfants, les frères et sœurs, les grands-parents, les petits-enfants et les autres membres de la famille qui maintiennent le lien de parenté de l’enfant avec les Chinois d’outre-mer (huaqiao) et les Chinois d’outre-mer de retour (guiqiao). Ces deux termes de Guiqiao et Qiaojuan sont apparus dans le recensement sur la situation des Chinois d’outre-mer en Chine continentale.

Sur le plan historique, le terme Huaqiao 侨désigne d’une manière générale les « Chinois d'outre-mer » selon le dossier officiel chinois depuis la fin du 19e siècle (Guerassimoff 2006; Wang G. 2013). Huaqiao (littéralement, overseas Chinese, Chinois en outre-mer) dispose de différents sens politiques selon les différents périodes (voir infra). Avant la pratique de l’accord sur le problème de double nationalité des Chinois en Indonésie de 1955, Huaqiao désignait d’une manière générale tous les individus ou groupes chinois en outre-mer qui sont de sang chinois et ont une culture chinoise, ce qui ne correspond pas à la condition de la nationalité chinoise. Après 1955, la Chine a abandonné la politique de double nationalité, Huaqiao signifie seulement des Chinois qui ont la nationalité chinoise à l’étranger (Zhuang 2011). Dans notre recherche, à partir d’une approche du sens étroit, Huaqiao désigne les Chinois résidant à l’étranger qui ont conservé la nationalité chinoise. Si, à partir d’une approche au sens large, historiquement

Huaqiao désigne tous les Chinois d’outre-mer (y compris ceux appelés Huaren : Chinese overseas ou Chinois d’outre-mer naturalisés), nous disons souvent simplement les Chinois

de la diaspora (huaqiao huaren).

Huaqiao est un terme datant entre fin du 19e et début du 20e siècle. Guerassimoff (2006) a démontré l’émergence de la notion de Huaqiao à travers l’étude des relations sino-américaines (1850-1890) à propos des migrations durant la seconde moitié du 19e

siècle. Il a montré que l’émigration outre-mer, une nécessité économique bénéfique à la fois au peuple et à la nation, devint de plus en plus populaire au cours des années 1890. Ainsi, les Chinois d’outre-mer (huaqiao) sont définis par la figure moderne de l’émigré, c’est-à-dire celui qui réside temporairement mais parfois longtemps à l’étranger, en maintenant un lien affectif, économique et politique avec le pays d’origine (ibid.). À travers ce travail, la naissance de la notion de Huaqiao est liée essentiellement à l’histoire de la protection des coolies chinois dans les relations sino-américaines à la fin du 19e

39 (« Zhonghuarenmin gongheguo Guiqiao Qiaojuan quanyi baohufa 中 人民 和国归侨侨眷 益保 法 [Loi de la République populaire de Chine sur la protection des droits et intérêts des Chinois d'outre- mer de retour et les proches des Chinois d'outre-mer] » 2000), Guowuyuan qiaowu bangongshi 国 院侨 办 室 [Overseas Chinese Affairs Office Of The State Council], disponible sur : http://www.gqb.gov.cn (consulté le 17 janvier 2016).

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siècle, une protection basée sur une série d’événements historiques jusqu’à l’application des lois antichinoises par les États-Unis en 1882.

Selon Pan (2000), le terme Huaqiao est utilisé en Chine à partir des années 1910 pour désigner tous les Chinois d’outre-mer jusqu’à ce que son sens soit officiellement restreint en 195740. À cette époque, l’expression inclut tous les Chinois faisant partie de la

nation chinoise, qui restent Chinois et qui conservent une relation particulière avec la Chine, même en tant que Chinois d’outre-mer. Depuis lors, selon les définitions officialisées par la Chine en 1957 et 1984, Huaqiao désigne tout citoyen de la Chine continentale résidant à l’étranger. En revanche, le gouvernement de Taïwan continue de voir une relation spéciale entre lui et les Chinois de la diaspora (ibid.).

Dans les travaux de recherche, Huaqiao a été l’objet de définitions différentes reposant sur deux approches distinctes : une approche historique et une approche juridique depuis l’année 1980. Des chercheurs chinois, tels Zhuang Guotu, Li Minghuan par exemple, préfèrent définir la catégorie des Chinois d’outre-mer selon les registres juridiques de la Chine continentale. En revanche, Wang Gungwu (2006) a souvent mobilisé cette catégorie au travers de sa dimension historique, en soulignant les différents sens du terme Huaqiao durant les différentes périodes de l’Histoire chinoise41

.

Des variantes s’observent chez les chercheurs dans l’usage des trois catégories de migrants chinois (huaqiao, huaren et huayi). Ces variantes résultent de la complexité des relations de la Chine avec ses ressortissants à l’étranger ainsi que de l’évolution historique de celles-ci.

Ainsi, Wang Gungwu (2002c) discute ces trois catégories de migrants chinois d’un point de vue politique. Les Huaqiao ont pour traits de « s’identifier à la Chine » et de « participer à la politique de Chine »42. Les Huaren ont pour caractéristiques d’être « fidèles à la politique du pays d’accueil, mais de faire tous leurs efforts pour défendre les intérêts de la société des Chinois d’outre-mer ». Les Huayi sont reconnus pour « se jeter dans la politique du pays d’installation, d’aimer le territoire, la société et la culture du pays d’’accueil »43

.

Par ailleurs, à partir d’une approche juridique, un usage globalement commun de ces trois expressions parmi les chercheurs peut être recensé : Huaqiao, désigne les migrants qui conservent leur nationalité chinoise et résident temporairement à l’étranger44

.

Huaren évoque les migrants qui ont abandonné leur nationalité chinoise, ayant été

naturalisés dans le pays d’installation. Huayi est utilisé à propos des descendants de migrants chinois nés dans le pays d’installation (Li M. 2002).

40 En 1957, le gouvernement chinois a délimité les catégories des Chinois d’outre-mer en leur donnant un

cadre juridique pour protéger leurs intérêts.

41 Wang Gungwu définit quatre modèles : le « huashang » (merchant pattern), le « huagong » (coolie pattern),

le « huaqiao » (sejourner pattern) et le « huayi » ou « re-migrant pattern ». Ces différents modèles apparaissent historiquement dans l’ordre de présentation ci-dessus et ont pu coexister.

42 Le terme huaqiao se veut générique et désigne l’ensemble des Chinois d’outre-mer, il concerne

notamment ceux qui ont conservé leur nationalité d’origine et qui sont supposés être temporairement à l’étranger dans l’attente de revenir dans une Chine libérée des influences étrangères, et qui gardent une fidélité sans failles à celle-ci et œuvrent à son développement et à son émancipation.

43 Le huayi concerne les descendants des Chinois d’outre-mer et se caractérise par des migrations entre les

différents pays d’installation ou vers de nouvelles destinations à partir d’un pays.

44 Précisément, durant 5 ans consécutifs dans le pays d’installation. Leur séjour ne doit pas durer moins de

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Selon la notification de juin 1984 publiée par le Bureau du Conseil des Affaires d’État pour les affaires des Chinois d’outre-mer sur la « délimitation de Huaqiao, Guiqiao, élève de Huaqiao45, élève de Guiqiao46, Qiaojuan et Waiji huaren », les citoyens chinois à l’étranger (souvent huaqiao) qui ont acquis la nationalité du pays de résidence (naturalisation dans le pays d’installation) sont considérés comme des Huaren (Chinois d’outre-mer)47. Huayi désigne pour sa part « les ressortissants étrangers d’origine

chinoise », à savoir les individus qui sont nés hors de Chine mais qui ont du « sang chinois ». Le terme est généralement employé dans les textes juridiques pour désigner la descendance des Chinois d’outre-mer (huaqiao ou huaren) (Zhou Nanjing 2002, cité par Xu W. 2010, p12).

Si l’on se fonde sur l’article 2 de la loi du 7 septembre de 1990 votée par le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale, intitulée « Loi de la République populaire de Chine sur la protection des droits et intérêts des Guiqiao48 et Qiaojuan49 », le

terme Huaqiao désigne « les ressortissants chinois qui résident à l’étranger ». Le Bureau du Conseil des Affaires d’État pour les affaires des Chinois d’outre-mer publie à ce propos une notification sur « l’interprétation juridique (règlement provisoire) du terme résider dans la définition de Huaqiao » (Dong 2005). Dans ce document, « résider » renvoie à deux situations. « Résider » signifie soit que les ressortissants chinois ont obtenu un droit de séjour permanent ou à long terme dans leur pays de résidence50 ; soit

que les ressortissants chinois n’ont pas obtenu le droit de séjour permanent ou à long terme, mais ont reçu un titre de séjour d’un minimum de cinq ans consécutifs dans le pays d’installation. Ne sont ainsi pas considérés comme « résidents » les étudiants partis à l’étranger pour leurs études et le personnel expatrié pour affaires publiques.