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4.4 P ERCEPTION DU NUMÉRIQUE , POTENTIEL D ’ UTILISATION , ET PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DANS

4.4.2 Potentiel d’utilisation

4.4 Perception du numérique, potentiel d’utilisation, et perspectives de développement dans le secteur agricole au Québec

4.4.1 Perception du numérique

Le virage numérique est plutôt très bien perçu au Québec, que ce soit de la part des acteurs que nous avons rencontrés ou de la part des producteurs à qui nous avons soumis le questionnaire en ligne. Le sentiment majoritairement positif est fondé sur les bénéfices en termes de productivité et de qualité de vie que ces technologies apporteraient. Synonyme d’avancées pour le secteur et de gain (ou de maintien) de compétitivité, elles sont perçues comme une évolution naturelle. Les enjeux relatifs à la donnée ou les enjeux éthiques n’entachent pas du tout, ou très peu, cette perception.

4.4.2 Potentiel d’utilisation

Selon les acteurs rencontrés, certaines productions auraient un plus fort potentiel d’utilisation du numérique que d’autres. Soit parce qu’elles présentent des problématiques auxquelles les technologies peuvent répondre (main d’œuvre notamment), soit parce qu’elles présentent un terrain fertile à la création et à l’exploitation des données. Ainsi au Québec, la production laitière, la production biologique, la production maraîchère, les grandes cultures, la production de la pomme de terre, la production avicole et la canneberge auraient des possibilités très intéressantes. Au niveau des productions animales, l’utilisation d’outils numériques permet d’optimiser les performances comme la santé des animaux et la détection des maladies à des stades précoces pour éviter la propagation. L’obtention de données en temps réel et à grande échelle n’est pas encore possible, mais certains répondants ont mentionné que cela ne devrait

pas tarder dans certaines productions. Les acteurs ont mentionné que ce sont surtout des barrières techniques et organisationnelles qui ralentissent l’atteinte de ce type de fonctionnalité.

Les productions à forte valeur ajoutée (cultures en serre, maraîchers, productions animales intensives, secteur laitier) auraient avantage à utiliser le numérique, car les enjeux de main d’œuvre y sont plus prononcés et les facultés de l’agriculture de précision s’y déclinent pleinement. Un répondant a aussi souligné que l’agriculture biologique à forte valeur ajoutée, importante utilisatrice de main d’œuvre, pouvait également être un terreau fertile à l’utilisation du numérique et des robots.

Les graphiques suivants font état du niveau d’adoption des technologies numériques des répondants des trois secteurs agricoles enquêtés (soit les producteurs laitiers, les producteurs en serre et les producteurs de grains), de leur perception face à ces technologies et de leur perception de l’importance que prendront ces technologies en agriculture dans le futur.

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À l’instar d’autres régions du monde, l’industrie laitière québécoise n’échappe pas à la révolution numérique, où la quantité et la qualité du lait produit par une vache peuvent être analysées par des machines qui vont ensuite optimiser les menus de l’animal et l’organisation des prochaines traites. Les exploitants ont déjà l’habitude d’utiliser des technologies et évoluent dans un environnement innovant, mais aussi très exigeant et compétitif.

Adoption des nouvelles technologies

Perception des nouvelles technologies numériques

Source : Enquête CIRANO (2019)

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75 % des producteurs laitiers sondés utilisent les nouvelles technologies numériques, que cela soit sur l’ensemble de leur ferme (23 %) ou sur une portion seulement de leur ferme (52 %).

Producteurs de lait du Québec (n = 121)

Les technologies numériques sont en très grande majorité perçues positivement par les producteurs de lait. Ce secteur bénéficie depuis de nombreuses années d’outils pour suivre la qualité et la quantité de lait produite pour chaque animal, pour suivre son régime alimentaire et son état de santé.

De l’avis des producteurs eux-mêmes, à l’avenir ces technologies seront toujours plus essentielles au bon fonctionnement d’une exploitation laitière.

Adoption des nouvelles technologies

Perception des nouvelles technologies numériques

Source : Enquête CIRANO (2019)

Importance des nouvelles technologies dans le futur

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Producteurs en serre du Québec (n = 47)

Près de 90% des répondants sont en accord avec le fait que les nouvelles technologies joueront un rôle important dans le futur.

Seuls 2% sont en désaccord, le reste n’a pas d’opinion précise sur cette question.

Dans une très large majorité, les producteurs en serre sondés ont une opinion favorable des nouvelles technologies numériques. Ils sont 87% à donner une réponse positive pour cette question.

On peut considérer que 10% des participants affichent une opinion indifférente en ce qui concerne les nouvelles technologies numériques.

Dans cet échantillon, 13% des répondants déclarent utiliser les nouvelles technologies sur l’ensemble de leur ferme.

43% les ont adoptés sur une portion de leur ferme, et une proportion similaire déclare ne pas en utiliser du tout actuellement.

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Adoption des nouvelles technologies

Perception des nouvelles technologies numériques

Source : Enquête CIRANO (2019)

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Producteurs de grains du Québec (n = 46)

Les producteurs de grains sondés ont dans une grande majorité adopté les nouvelles technologies numériques.

Environ 76% des producteurs sondés déclarent une utilisation totale (39%) ou partielle (37%) de ces technologies sur leur exploitation.

Ils sont environ 22% à n’y avoir jamais eu recours.

De manière quasi unanime, les producteurs de grains sondés ont une perception positive des nouvelles technologies numériques. Ils sont plus de 90% à donner une réponse favorable à cette question.

Seuls 2% d’entre eux en ont une perception négative.

87% des producteurs de grains sont d’accord avec le fait que les nouvelles technologies seront essentielles pour leur exploitation dans le futur.

Les résultats des trois enquêtes permettent de faire ressortir des différences dans le recours aux technologies numériques en fonction de certaines données socioéconomiques propres à la ferme. Bien que les différences ne soient pas toutes statistiquement significatives, nous en relevons ci-dessous quelques-unes :

- Différences en fonction de la région d’implantation de l’entreprise agricole : les producteurs de grains des régions urbaines11 semblent moins avoir recours aux technologies numériques (28 % contre 60 % des producteurs dans les régions centrales, et 60 % dans les régions éloignées)

- Différences en fonction de la superficie : Que cela soit pour les producteurs de grains, les producteurs en serre ou les producteurs laitiers, plus la superficie de l’exploitation augmente (pour les producteurs laitiers, nous considérons plutôt le nombre de vaches), plus les producteurs ont recours de façon significative aux technologies numériques.

- Différences en fonction de la présence de relève ou non : Les producteurs en serre qui ont une relève sont plus nombreux à avoir recours aux technologies numériques (66 % contre 33 % de ceux qui n’ont pas de relève, p=0,04).

- Différences en fonction du type de production : les résultats de notre enquête auprès des producteurs en serre confirment certaines affirmations reçues lors des entrevues à l’effet que les producteurs bio ont davantage recours au numérique. Ainsi, 88 % des producteurs en serre produisant en régie biologique utilisent le numérique contre 48 % de ceux en régie conventionnelle (p=0,087).

- Différences en fonction de l’âge des répondants : Que cela soit pour les producteurs de grains ou les producteurs laitiers, plus l’âge augmente, moins ils ont recours aux technologies numériques.

Les figures suivantes montrent le taux d’utilisation de certaines technologies numériques et de certains paramètres mesurés sur les fermes dans les trois secteurs sondés. Il est important de préciser qu’une liste des technologies les plus répandues dans chacun des secteurs agricoles était proposée aux répondants. Pour chaque proposition, il était simplement demandé aux répondants de cocher si oui ou non ils utilisaient cette technologie. Une catégorie « Autre » était proposée et les répondants pouvaient alors ajouter une technologie. Seuls les répondants qui avaient déclaré avoir recours aux technologies numériques (c’est-à-dire ayant répondu « oui, sur l’ensemble de ma ferme » ou « oui, mais juste sur une portion de ma ferme » à la question

« Votre ferme a-t-elle recourt à des outils ou des services utilisant des technologies numériques de précision, de la machinerie automatique ou de la robotique ? » présente en début de questionnaire) pouvaient répondre à cette question. Cela explique que le nombre total de répondants (indiqué entre parenthèse au-dessus de chaque graphique) diffère du nombre de répondants total aux enquêtes (soit 91 répondants pour les producteurs de lait, 26 pour les

11 Les régions du Québec ont été classées en trois grandes catégories : les régions urbaines (Capitale Nationale, Laval, Lanaudière), les régions centrales (Mauricie, Estrie, Outaouais, Chaudières Appalaches, Laurentides, Montérégie et Centre du Québec), et les régions éloignées (Bas-Saint-Laurent, Saguenay-Lac-St-Jean, Abitibi-Témiscamingue, Côte-Nord, Nord du Québec, Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine).

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producteurs en serre et 35 pour les producteurs de grains). Pour ce qui est des résultats, et tel que mentionné précédemment, il faut conserver à l’esprit qu’il existe dans l’échantillon un certain biais de représentativité. Les données présentées font tout de même état du niveau d’utilisation de plusieurs technologies auprès des producteurs plus enclins à les utiliser.

Figure 5 : Technologies utilisées par les producteurs laitiers (n=91)

Figure 6 : Paramètres mesurés par les producteurs en serre (n=26)

Figure 7 : Paramètres mesurés par les producteurs de grains (n=35) 0% Capteurs données sur température, humidité, courants d’air, Capteur de rumina6on

États de culture, dépistage de ravageurs, etc.

Qualité de produits à la récolte Applica6on de produits phytosanitaires Applica6on d'engrais et d'amendement, à taux variables, etc.

Autre

États de culture, dépistage de ravageurs, etc.

Autre Labour, sarclage, etc.

Condi6ons météorologiques Qualité de grains à la récolte Topographie du sol Applica6on d'engrais et d'amendement, à taux variables, etc.

Applica6on de produits phytosanitaires

Tenant compte des différences de réalité suivant le type de production en ce qui concerne les opérations réalisées sur les exploitations, cette question est contextualisée à chacune des catégories de producteurs.

Chez les producteurs laitiers, le premier type de technologies utilisé concerne les applications mobiles ou sur tablette, cette réponse étant citée par trois quart des répondants. Viennent ensuite les capteurs de mouvements des vaches, le GPS et les caméras pour surveiller, cités par respectivement 53 % et 47 % des producteurs sondés. On observe à l’opposé que les détecteurs de vêlage et les capteurs de températures des animaux sont relativement peu utilisés.

Parmi les producteurs en serre utilisant des technologies, la totalité des répondants déclare surveiller la température dans leurs serres. La surveillance de l’humidité représente également un paramètre important pour eux, puisqu’ils sont 81 % à le mesurer en utilisant des outils numériques. Les conditions météorologiques se situent en troisième position dans le classement, cité par 65 % des répondants.

Parmi les producteurs de grains qui utilisent des technologies numériques, ils les emploient surtout pour l’application de produits phytosanitaires (69 % d’entre eux), puis pour l’application d’engrais (60 %) et la topographie du sol (60 %). Dans la catégorie « Autre », les producteurs de grains ont surtout mentionné des technologies relatives aux semis.