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Est-il possible de penser la loi morale sans la participation de la sensibilité ?

Dans le document Bien et bonheur chez Kant (Page 132-135)

Chapitre I : Le problème du dualisme kantien

3. Est-il possible de penser la loi morale sans la participation de la sensibilité ?

Kant introduit une dimension de la sensibilité : le respect.

Kant parle du respect pour la personne humaine. Ce respect (inconditionnel) est une

source d’harmonie et de concorde, il peut être partagé par tous les êtres humains. Il s’agit d’un

respect mutuel, une sorte d’amour réciproque, qui est le contraire d’un rapport de domination.

Le respect d’autrui en tant que « personne » humaine (comme être rationnel) mène à la

« vertu ». Ainsi, grâce à la vertu (le bien suprême), les autres peuvent être envisagés comme

des amis, qui partagent la même « demeure » (la Terre). De cette façon, nous pouvons nous

concevoir comme vivants avec les autres, dans le respect de certaines règles, et envisager

l’avenir sous la forme d’une « harmonie ». Par suite, Kant pense que le devoir est la nécessité

d’accomplir une action, par respect pour la loi « pratique » universelle. Il nous faut donc obéir

à cette « loi », même au préjudice de toutes nos inclinations. Pour cela, nous avons besoin de

notre « volonté » d’être raisonnable et de la rationalité. De sorte que pour se conduire d’après

une « législation » universelle, il faut que la raison nous « arrache » un respect immédiat (plus

fort que les inclinations). Notre raison doit représenter une valeur, de beaucoup « supérieure »

à l’inclination, et ainsi nous mettre dans la nécessité d’agir par pur « respect » pour la loi

« pratique ». Le respect est alors pris dans le sens de « l’honnêteté » (la loi d’honnêteté).

C’est en réalité la « liberté » qui va nous permettre d’agir de façon universelle (valable

pour tous). Ceci par le « respect » que nous inspirent les lois universelles (rationnelles et

intellectuelles). Dans la philosophie pratique, les idées purement intellectuelles ont une

« influence » sur les sentiments, même sur celui du « plaisir » qui est « pathologique ». Ce

sentiment comme les autres peut se transformer en « sentiment moral », ceci grâce à une

« coercition », qui est exercée sur toutes nos inclinations : par notre « raison » (par respect

pour la loi). Cela signifie que la loi de « sainteté » (morale) a une influence sur la volonté de

tous les êtres raisonnables, elle devient alors une loi du « devoir ». De cette façon, l’être

rationnel vit par « devoir », il obtient une « valeur » personnelle (une dignité). En réalité, c’est

la pure loi « morale », qui nous laisse pressentir la sublimité de notre existence

« suprasensible ». Elle nous inspire du « respect » et nous dirige vers notre plus haute

destination. Cela signifie que l’on va agir par pur « respect » pour la « loi », et non pas en

fonction du bonheur ou du malheur, ni en fonction du plaisir ou de la peine. Pour Kant, cela

implique de placer la « moralité » au niveau de l’intention, et non pas au niveau du résultat de

l’action. Les bonnes intentions peuvent apporter une volonté de « concorde » entre les peuples

(notamment celles qui sont pacifiques). Par suite, ces intentions peuvent provoquer un réel

« contentement » intérieur pour nous, dans la mesure où elles sont en rapport avec le respect

pour la « loi » et pour l’éthique.

De cette façon, il est possible à chacun de juger de sa propre destination finale

« intérieure », c’est-à-dire en vertu de la loi « morale ». Il est possible à chacun de savoir s’il a

respecté cette loi, ou non. Ce « respect » se définit en fonction de nos actes, à savoir en

agissant bien ou mal. En réalité dans la philosophie pratique, il est surtout question de faire le

« bien », grâce à la « sainte » loi, qui oriente toutes nos forces vers le bien (moral). Ce progrès

vers le bien est possible, si nous prenons conscience de notre « liberté », c’est-à-dire de la

possibilité que nous avons d’agir uniquement par « devoir ». Par suite, en développant un vrai

« respect » pour le « devoir », nous effectuons aussi un réel progrès vers « l’éthique ». Ce

raisonnement est basé sur le « respect » d’autrui, et sur la possibilité que la liberté de chacun

peut « coexister » avec la liberté de tous les autres. De cette manière, par le respect de ces

« principes », il est possible d’envisager un monde « commun », qui suit les lois de la

rationalité (les lois du monde intelligible). Il est possible de prendre un point de vue

« cosmopolitique » (dans un univers de citoyen), ceci d’une façon « rationnellement » fondée,

c’est-à-dire en tenant compte des droits et des devoirs de chacun.

Chaque personne doit conserver le « respect », qu’elle a pour elle-même. Il s’agit de

prendre la direction du bien, qui nous demande de faire preuve de « respect » envers les autres

hommes, simplement parce qu’ils sont des êtres humains (comme nous-mêmes). Cela nous

conduit à l’amour « universel » du prochain. Par exemple pour Kant, « l’amitié » (considérée

dans sa perfection) est l’union de deux personnes rassemblées par un amour et un respect

« égaux et réciproques ». Dans ce raisonnement, chacun est envisagé comme quelqu’un qui a

une « valeur » égale aux autres. Chaque personne est abordée selon un « respect » réciproque.

Il s’agit de respecter la « dignité » humaine, ainsi que les valeurs universelles qui en

découlent. Par suite, la nécessité d’accomplir une action par pur « respect » pour la loi

universelle s’impose à l’être « libre » et « rationnel » (l’humain).

Le respect n’est pas un sentiment de « plaisir », ni de « peine », mais « d’admiration ».

De ce point de vue, il est un « sentiment moral ». (C2, p. 703). Par conséquent, en tant que

membre d’un « monde moral », les hommes se doivent du respect les uns aux autres. Ils ont le

devoir de respecter leur « prochain ». (MM, p.742). Enfin pour Kant, le respect est

inconditionnel, lorsqu’il concerne le respect pour la « loi » morale. Il s’agit d’un devoir

humain « universel et inconditionné », qui peut être « exigé » de chacun. (MM, p. 765).

4. Comment agir si la séparation entre moralité et bonheur

Dans le document Bien et bonheur chez Kant (Page 132-135)