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Une personne peut être possédée par le Nkisi a l'issue d'une séance de mil3ko effectuée par un ennemi

Dans le document OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIOUE (Page 128-131)

LES 27 CLANS PRIMORDIAUX DE DIOSSO

B. Une personne peut être possédée par le Nkisi a l'issue d'une séance de mil3ko effectuée par un ennemi

Le ngüga Tchiteka fait ramolir de la niü:ga (résine de l'arbre niÜ:ga niü:ga) en la plaçant dans une enveloppe d'écorce de bananier qu'il maintient au-dessus d'un feu. Les ingrédients végétaux et ani- maux du Nkisi auxquels sont ajoutés des cheveux de la femme ainsi que des fragments ou râclures d'ongles de son pouce et de son gros orteil droits, sont placés dans une cavité creusée à cet effet dans le ventre de la statuette (1) et maintenus par un empâtement de résine qui les recouvre. La nkhosi (statuette) est portée

(1) Il existe une statuette (nkhosi) représentant Tchitoka, constituée par une figurine assise, bras croisés dans le dos, jambes repliées.

F. H A G E N B U C H E R

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S A C R I P A N T 1

GRELOT DE BOIS (tchikunda)

CUlLLERE DE BOIS FIG. 6. - Artisanat Yombe.

par la patiente à l'aide d'une fine bretelle en écorce de baobab. Puis la femme est allongée sur une natte, à proximité d'un endroit retiré, habituellement réservé au dépôt des ordures (1iya:la). Un rameau de bananier pose sur son ventre est coupé en deux parties par le devin qui en jette les deux moitiés de part et d'autre de la malade

...

Pendant cette opération, le ngüga mâchait les ingrédients utilisés pour l'invoca- tion du Nkisi ; il les recrache maintenant sur le ventre et les seins de sa cliente. Puis crochetant de son auriculaire droit celui de la femme, il la relève et la renvoie chez elle.

Ce Nkisi ma:si envoie diverses affections de la peau et des gales virulentes.

Dès l'aube, avant que quiconque ne soit sorti, le ngüga Maniü:gu et son client se rendent près d'un petit ruisseau. Deux piquets de bois terminés par une fourche sont plantés sur chaque berge et reliés par une branche à laquelle sont accrochés des rameaux de palmiers. Le devin dessine sur une natte deux cercles concentriques d'ocre et de kaolin ; puis il mâche des râpures de nkhüdika, ntchilika, nvutu, liv3f0,

LES FONDEMENTS SPIRITUELS DU POUVOIR AU R O Y A U M E DE LOANGO 1 29 nlindji, lusaksaku, et les crache sur la natte qu'il étale ensuite sur le fond d u ruisseau et sur laquelle s'assied le malade. Ce dernier est recouvert de tukula ; le buste est nu, la taille ceinte de vieilles hardes

.

Le ngüga lui rase les cheveux et les laisse em?orter par le courant. Nouant son auriculaire à celui du malade, le devin soulève celui-ci d'une traction. Tous deux s'en retournent sans regarder derrière eux.

4. Nsasi

L'action redoutée de ce Nkisi ma:si s'exerce aussi sous une forme quelque peu atténuée, sous le nom et la personnification de Tchimbuka, « épouse » de Nsasi. Les descriptions de deux formules d'invo- cation agressive et thérapeutique du Nkisi permettent une évalu.ation du. nombre et de l'importance des variations qui différencient les comportemmts des singüga d'un même Nkisi ; afin de souligner la netteté des divergences de pratique, il n'est pas inutile de comparer ici la méthode d'un ngüga Nsasi Yombe de Kakamoèka et celle d'une femme Vili de Diosso.

Les interdits, les obligations qui caractérisent le passage en tchikumbi (nécessaires pour les cas graves) sont sensiblement identiques dans les deux cas et ont fait l'objet d'une synthèse groupant des éléments complémentaires recueillis chez les Bayombe et les Bavili. Cependant, la conception et la méthode Vili d'invocation de Nsasi s'avèrent, telles qu'elles apparaissent aujourd'hui, plus simples, édulcorées et plus variables suivant les pratiques, que le processus observé en pays Yombe.

A. En pays Vili, après avoir perçu le mbodo, le ngüga Nsasi écoute les doléances de son client.

Curieusement, c'est ce dernier qui formule a haute voix les conditions de l'agression, l'intensité des maux qui affecteront les membres du clan adverse, ainsi que l'ordre chronologique dans lequel les victimes tomberont malades, et éventuellement succomberont. Avant de parler, le client s'est dénudé, s'est ceint les reins du tchibati (ce pagne court, habituellement porté par les guerriers, manifeste l'agressivité de son état) et a tracé au kaolin ( m p h ~ s o ) u.n ruban de couleur blanche sur ses bras, ses épaules, la poitrine, le sternum, le ventre et encerclant le nombril, de même qu'il a entouré chaque genou d'un cercle blanc et l'a relié au coup de pied par une ligne descendant le long du tibia.

Assis sur sa natte, la tête penchée dans une attitude de profonde réflexion le ngüga écoute le visiteur en secouant la nsügu (calebasse munie d'un manche et remplie de graines, particulièrement utilisée par les aides du ngüga liboka pour rythmer la danse et les entrechats de ce dernier...).

Le Nkisi agira au terme d'une période plus ou moins longue.

La victime de Nsasi présente les symptômes de la trypanosomiase ou un ensemble de troubles variés qu'il est impossible d'intégrer dans une direction clinique ou un syndrome précis : maux de tête, tachycardies, désordres mentaux, infections des gencives, enflures des pieds, crachats de sang.

La description suivante résulte d'observations des manipulations et du comportement d'une habi- tante de Diosso nommée Tchitula, également appelée par son surnom initiatique : Fun:zi.

Le malade en cours de traitement est couché sur deux nattes : une Iwü_ndu (faite en papyrus), une nkwalla (en fibres de sarcophrynium) ; son visage est couvert de kaolin sur une bande frontale de deux à trois centimètres de largeur reliant les deux tempes.Avant d'ouvrir le tchikalu, TchituIa emplit sa bouche de vin de palme qu'elle recrache, vaporisant le liquide en plusieurs fois sur le paquet. Le malade, o u l'un des siens, jette de l'argent sur le tchikalu. Cette monnaie est appelée pour la circonstance bidun :du. Deux cercles de kaolin sont dessinés sur un tissu rouge enfermant chacun une circonférence tracée à l'ocre à l'intérieur de laquelle sera déposée une quantité infinitésimale de chaque ingrédient participant aux manipulations nécessaires à la libération du Nkisi si :

130 F. HACENBUCHE R - S A C RIPA NT1

lit6 :di tukula

liatchi Iifun :zi (œuf de pintade) liseji

nzelele nkhüdika

nthupu (Ntumbu n s ~ g i ) nlodo

nkh2ko tchibimba (vieille pipe) nuutu

likala likumbi (« charbon de bateau », czr la caractéristique de ce minerai est dite « de faire marcher les bateaux »).

nkhüdi nkhulu (fruit du lit6:bi) ngogo

nduma

mwü:ba ( f i 0 :ta - uben :ga)

tchisakasaka tchingumba (que~ie d 'atherure) solila

sosobo bisimigi sisüba mugi

tchikogo (manioc séché) liu2fo

lilü :da

Pendant que s'effectue ce travail, Tchitula et ses aides, assises face à face, entonnent inlassablement un refrain très court dont le sens n'a pu être défini : « n k h ~ k o tchitimba iyamwe Ba:lu eeyaeeya » « La vieille pipe du seigneur Ba:lu

...

» (selon LAMAN, tout Kongo rêvant qu'il fume la pipe est sûr d'avoir des enfants prochainement ; la chaleur du fourneau de la pipe procure plaisir et fécondité). Oscillant avec ensemble de droite à gauche, les chanteuses battent des mains et les retournent de temps à autre,paumes vers le ciel, dans un geste signifiant à la fois dénégation, impuissance, ignorance, et feint détachement.

Ce sont des femmes d'âge plus que mûr, aux silhouettes sculptées par les travaux de culture. Leurs traits sont impassibles, les expressions lointaines. Toutes ont été ou sont encore possédées par le Nkisi Nsasi.

Les particules végétales, animales et minérales utilisées sont attachées dans un morceau de tissu rouge et reçoivent du ngüga une seconde vaporisation buccale d'alcool avant d'être enfouies dans le sol sous le liyembi (hangar en tous points comparable au mwü:za, spécialement construit pour les bikumbi, et sous lequel officient parfois les devins).

Enfin le ngüga frotte le malade avec de la sève de nkwisa.

B. A Kakamoèka, le ngüga Nsasi sollicité par un individu pour dresser le Nkisi contre l'auteur

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