3. L’oralité comme constitutive de l’engagement
3.1 Le portrait sonore du présent : dire l’indicible, nommer l’innommable
Sans doute le poète se fait-il alors temporairement terroriste dans la langue, s’il faut en
croire la définition rapportée par Lesego Rampolokeng : « offsetting the order of things,
throwing things into a complete chaos ». Mais il faut bien ici s’interroger sur cet « ordre des
choses », un ordre qui de fait masque un véritable chaos humain. Mode de représentation,
certes, la poésie sud-africaine est aussi, nous l’avons dit, par ses racines et son histoire, une
modalité d’action spécifique en ce qu’elle est d’abord une négociation du locuteur avec le
monde, le medium qui permet à celui qui prend la parole de poser et d’organiser sa relation
personnelle à son environnement ou à son ressenti. Parce que la poésie sud-africaine est
inséparable des chants et de la performance, toute production poétique est elle aussi
inséparable de cette dimension publique de la prise de parole, aussi intimes les textes
soient-ils ; cette dimension publique d’une conscience qui se donne dans la voix est aussi le résultat
apparemment paradoxal d’une situation d’oppression qui fait de toute prise de parole un acte
politique, le passage de la sphère intime à la sphère collective, la remise en cause radicale et
immédiate du silence comme ordre des choses. Enfin, c’est bien la voix, caractère intime et
fondateur d’identité, qui vient incarner cette irruption de l’individuel dans la collectivité
comme force de conscientisation et de construction.
Pour passer de la schizophonie à une langue et un discours communs, la poésie de la
Black Consciousness s’appuie donc à la fois sur ce fond de littératures orales, mais aussi sur
la construction active d’un texte commun ; et dans le champ sud-africain, il nous semble que
cette élaboration n’est pas un préalable à l’action, mais déjà action en soi, tant tout concourt à
imposer le silence comme règle, ordre et norme. Les rapports de forces et la dialectique entre
le silence et la voix semblent présider aux choix poétiques et politiques dès les années 1960,
où s’entremêlent l’impossibilité de garder le silence, la prise de risque inhérente à la prise de
parole, la nécessité de se taire face à l’enquêteur, la responsabilité du porte-parole,
l’opposition d’une parole libre à la loi, le dialogue ou les luttes de texte à texte. C’est un
Afrikaner, P.P. Louw, qui décrit ainsi les années 1960 en analysant le mouvement des
Sestigers, jeunes écrivains qui mettent en question l’apartheid, l’Eglise et sa morale, et font
état du déchirement d’une partie de la jeunesse afrikaner qui s’interroge sur son attachement à
un pays dont elle ne peut cautionner les structures et pratiques d’oppression
91:
The sixties was a period of brutal repression, of imprisonment without trial, of death in
detention. It was a time of grim-lipped silence; but it was also a time of rumours,
persistent rumours, dark rumours of torture, persecution and victimisation. It was a
time of political trials. Young and old, politicals and innocents, doctors, lawyers and
architects highly regarded in their professions, labourers unknown and unsung,
brilliant university graduates, peasants whose only learning was the alphabet of toil,
fathers and sons, hard-headed working men with heads full of sense, young students
with heads full of dreams, all stood trial, all over this land. The sixties was a time of
cowardice, treachery and betrayal, a time of desolation; but also, through it all, a time
of heroism.
92Silence forcé, silence chargé de violence, mais aussi ambiguïtés de la parole, parole
d’émancipation et de combat, procès manipulés ou inexistants, parole dévoyée, parole de
trahison aussi, monde où la rumeur, dans ce qu’elle a de terrifiant, ne fait rien d’autre que de
transmettre une vérité indicible. Le silence lui-même prend un caractère physique, corporel,
comme les corps marqués par la torture, la brutalité et l’humiliation. L’apartheid dénature les
mots, le langage et la parole même ; cette conscience vive de la perte du sens conduit la
poésie à produire un discours où les mots pourront à nouveau représenter le monde et les
choses, y compris dans ce que ce monde peut avoir d’innommable.
L’engagement premier des poètes sud-africains consistera donc à rendre compte du
réel, non pas sur un mode naturaliste ni même réaliste, car la question ne se pose pas en ces
termes ; elle est immédiatement celle du rapport au langage. La confiance qui a pu présider à
l’organisation du récit d’une société orale peut être restaurée par la réappropriation première
des mots, des sons, des rythmes à même de montrer le monde et de servir à nouveau
d’instruments de médiation. A travers la poésie se dessine alors un réseau de voix, et si la
lecture de ces textes laisse le sentiment prégnant d’une écoute bien plus que d’une lecture,
c’est parce que l’écriture de la Black Consciousness élabore un portrait sonore du monde,
aussi bien dans les instantanés du réel qu’elle propose que dans les voix multiples qu’elles fait
entendre – monologues, dialogues rapportés, conversations imaginaires, usage de la citation
directe ou indirecte, références musicales et musique du texte, slogans, fragments de
chansons. De la même manière, la peinture de l’environnement se fait fréquemment à travers
91 Dans le mouvement des Sestigers se trouvent notamment Breyten Breytenbach, André Brink, Ingrid Jonker.
92 Jacques Alvarez-Péreyre, Les guetteurs de l’aube, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1979, p. 132. Nous soulignons.
un vaste champ lexical de sons, qui produit une représentation extrêmement nette. Titres de
recueils et de poèmes font fréquemment appel à l’univers sonore : No Baby Must Weep,
Yakhal’inKomo, Cry rage !, Sounds of a Cowhide Drum, Black Voices Shout !, The Unbroken
Song, The Blues Is You in me, « A Voice from the dead », “African worker’s lullaby”, “Ode to
the musical guerrilla”, “Anthem for a new day”, “A song of hope”, “The watchman’s blues”,
“Bluesing in”… Surtout, c’est la puissance des annotations sonores des poèmes qui fait passer
ce qui est audible au premier plan, bien avant ce qui relève de la vue. Pourtant, la poésie de la
Black Consciousness s’articule en grande partie sur un questionnement permanent : qu’est-ce
qui est apte à rendre compte de ce que vit l’Afrique du Sud ; quelles correspondances, quels
conflits et quels échanges entre le visible, l’audible, et le représentable ou le communicable ?
Le défi est donc multiple pour ceux qui s’engagent d’abord en écriture : élaborer un langage
capable de dire, de faire entendre, de donner à voir ce monde commun, un langage qui du
même coup lance une dynamique de conscientisation ; ceci en s’affranchissant des normes
littéraires reconnues, et en préservant des écritures singulières. Les textes poétiques
s’inscrivent alors de manières diverses dans la lutte, et les professions de foi des poètes quant
à leur engagement sont extrêmement claires. A la fin des années 1960, Oswald Mtshali, avec
le recueil Sounds of a Cowhide Drum, met en place une écriture et des stratégies qui rendent
compte d’une Afrique du Sud coupée en deux, et c’est surtout son ironie qui peint le plus
clairement son environnement et inspire le plus fortement la révolte. Sa poésie est aussi un
appel aux origines rurales de beaucoup des ouvriers noirs qui travaillent désormais dans les
grandes villes sud-africaines et qui constituent aussi sa propre histoire ; mais bien plus qu’une
imagerie pittoresque ou nostalgique, c’est le sens social du poète qui prévaut lorsqu’il offre
au lecteur des instantanés de la vie sud-africaine, scènes vues et vécues par tous mais révélées
par la lumière crue de son sens de l’ironie. Nadine Gordimer, préfaçant le recueil, commence
par s’interroger sur les filiations possibles de Mtshali :
Is he an African poet because he is black ? Is he an English poet because he writes in
English? Does he belong along with Léopold Sédar Senghor of Senegal, Tchicaya U
Tam’si of the Congo, Wole Soyinka and Christopher Okigbo of Nigeria, Jean-Joseph
Rabearivelo of Madagascar, Mazisi Kunene, K.A. Nortje and Dennis Brutus of South
Africa? Or do his songs of innocence and experience place him somewhere along with
Blake, and his gifts of colloquial irony with the tradition of Auden, and his almost
surgical imagery along with Sylvia Plath?
9393 Oswald Mtshali, Sounds of a Cowhide Drum, Foreword by Nadine Gordimer, London, Oxford University Press, 1972 (first published 1971), p. ix.
A travers cette préface, parue en 1971 avec le recueil, on ne peut certes sous-estimer
l’importance du regard et des commentaires de Nadine Gordimer, qui salue la naissance d’un
poète. La reconnaissance par Nadine Gordimer est indéniablement une étape clé, un
engagement de part et d’autre ; et Nadine Gordimer identifie l’œuvre de Mtshali comme un
tournant, une écriture nouvelle qui parvient à effectuer la synthèse entre l’expérience des
Noirs d’Afrique du Sud et l’expérience poétique. Mais Nadine Gordimer, dans son propre
texte, cherche aussi à assigner une identité à ce nouveau poète, une identité qui ne peut passer
que par l’établissement d’une filiation. Certes, elle s’interroge directement sur cette filiation
possible, montrant par là la difficulté à inscrire Mtshali dans une catégorie pré-établie, la
diversité des identités mêlées qui peuvent précisément produire une poésie riche et nouvelle,
et reconnaît, plus loin dans sa préface, la magie verbale de Mtshali qu’elle lie à la littérature
orale. Mais l’avalanche de noms prestigieux, reconnus et, pour un certain nombre d’entre eux,
légitimes dans le champ littéraire international, demeure : si Gordimer veut montrer qu’il est
difficile de catégoriser Mtshali, son questionnement révèle surtout qu’il est bien difficile en
littérature de se passer d’une famille, et surtout d’une filiation dont la reconnaissance établie
dans le champ littéraire vient comme attester de la qualité littéraire de la production nouvelle
en cours d’évaluation. La poésie de la Black Consciousness échappe pourtant délibérément à
la filiation par ce type de reconnaissance, qu’elle met en cause dans sa théorisation comme
dans son langage. « En matière de révolte », déclare André Breton, « aucun de nous ne doit
avoir besoin d’ancêtres. »
94S’il y a ici une filiation à chercher, c’est bien plutôt dans les échos
et dialogues entre textes que dans un rattachement à d’illustres prédécesseurs, sécurité
dérisoire et de bien peu de sens face à ce que représente l’engagement littéraire en Afrique du
Sud. Ici encore, le rattachement se fait insidieusement au monde de l’imprimé, même si telle
n’est pas l’intention première de Nadine Gordimer : les références sont celles d’un monde
littéraire déjà constitué, comme si les littératures orales n’avaient de sens et de valeur que
dans leur juxtaposition à des formes écrites et considérées comme légitimes. Pourtant, Nadine
Gordimer identifie clairement la spécificité de l’écriture de Mtshali, qu’elle rattache à la
littérature orale et à la magie du verbe :
In an introduction to their collection of Modern Poetry from Africa, Ulli Beier and
Gerald Moore remark that it is dangerous to try and establish a literary orthodoxy. But
they point out that the process of poetry is ‘essentially one of verbal magic: the
poet-magus makes by naming. It (the process) undoubtedly lies at the root of all poetry, but
it is probably closer to the surface of the poet’s mind in Africa than elsewhere because
of the recent arrival of literacy in the area, and because he inhabits a society where a
vast body of traditional ritual, dance, song, poetry (spoken) and story is still alive.’
Mtshali has this verbal magic; for the reader he makes-by-naming areas of experience
that, for fellow blacks, will provide a shock of recognition, and for whites, a revelation
of a world they live in and never know. Only a fine poet could write so well; only an
African could convey this experience: I don’t think the synthesis has happened in quite
this way before, in South Africa.
95Si Nadine Gordimer souligne l’aspect incontestablement novateur de Mtshali, la ligne
demeure ténue, nous semble-t-il, entre la reconnaissance de la naissance d’un nouveau poète
et une vision teintée d’essentialisme : la juxtaposition des termes « fellow blacks » et
« whites » produit curieusement le sentiment que Noirs et Blancs se trouveraient soudain en
contact par la grâce de la poésie de Mtshali, se découvrant mutuellement dans et par ces textes
qui peignent en effet un monde coupé en deux où les rôles sont très clairement établis par le
pouvoir blanc, incarné en particulier par la figure du baas. L’exploration des filiations coupe
court à la question de l’autonomie du texte, à la possibilité de la cassure pour une construction
nouvelle, à l’éventualité d’une remise en cause radicale du langage, et pas seulement du
langage poétique.
L’évaluation et l’analyse de la poésie de la Black Consciousness se heurtent donc à
des critères admis qui, d’une part, peinent à reconnaître l’entrée d’une voix en littérature et à
pouvoir l’envisager fondamentalement comme engagement, et tendent d’autre part à
distinguer la littérature de l’engagement en voyant en celui-ci une posture politique qui relève
de la propagande et non du fait littéraire ; posture qui traduit également l’impossibilité
d’admettre que le public puisse être le lieu susceptible d’identifier et d’authentifier
l’engagement littéraire.
96C’est en ce sens que Jacques Rancière avertit :
Le culte de la littérature transforme celle-ci en une entreprise de destruction de la
parole vivante, celle qui signifie, témoigne et engage.
97Si Nadine Gordimer établit un lien entre oralité et écriture dans l’histoire sud-africaine et dans
leur relation dynamique, l’impact politique est à peine effleuré, et l’action comme dimension
essentielle de l’engagement poétique n’est pas mentionné. Il est vrai que la poésie de Mtshali
95 Oswald Mtshali, Sounds of a Cowhide Drum, op. cit., p.ix.
96 Voir Benoît Denis, « Engagement et contre-engagement. Des politiques de la littérature », in Jean Kaempfer, Sonya Florey et Jérôme Meizoz (sous la direction de), Formes de l’engagement littéraire, Lausanne, Antipodes, 2006, p. 112.
est de facture relativement classique, et ne possède ni la violence de James Matthews ou de
Kgositsile, ni le souffle épique des textes de Wally Serote. Mtshali, pourtant, est l’un des
premiers à tenter de formuler l’indicible, et annonce en cela une poésie qui sera aux prises
avec le langage pour donner sens au chaos. Cette articulation passe par un portrait sonore du
présent dont seule la formulation permet de s’extraire ; pour dépasser le non-dit et l’indicible,
la distance de l’ironie rend possible la représentation du spectacle sud-africain quotidien :
Always a suspect
[ .. .]
I walk into the street
To be met by a man
Who tells me to ‘produce’.
I show him
The document of my existence
To be scrutinized and given the nod.
[…]
I trudge the city pavements
Side by side with ‘madam’
Who shifts her handbag
From my side to the other,
And looks at me with eyes that say
‘Ha! Ha! I know who you are;
Beneath those fine clothes
Ticks the heart of a thief’.
98Déshumanisation, mécanisation de l’individu, assignation d’une identité exclusivement par le
regard de l’autre, impossibilité pour le sujet de se construire en tant que tel et hors du texte
imposé par l’autre : Mtshali annonce, même de manière ténue, le mouvement de
réappropriation radicale par la Black Consciousness des éléments de construction de soi.
L’absurdité de l’identité assignée est constante chez Mtshali, qui procède fréquemment par
citation directe ou indirecte, dialogues, reproduction ironique de textes emblématiques : le
vers « blessed are the meek for they shall inherit the earth » à la fin du poème « An Old man
in Church », la parodie de textes de lois dans « Pigeons at the Oppenheimer Park », le
détournement du discours religieux dans « A Voice From the Dead », « At Heaven’s door »
ou « The Master of the House ». La dialogie est alors pleinement à l’œuvre, puisque Mtshali a
constamment recours à la citation du texte religieux dans ce qu’il a à la fois de plus connu et
de plus emblématique ; le détournement du discours, la juxtaposition brutale de l’imagerie
religieuse et du réel tel que représenté par le poète produisent un choc qui est l’écho violent
du choc visuel et sonore que portent les textes. Mtshali dit aussi l’insoutenable (« The Face of
Hunger », « An Abandoned Bundle ») et la peur (« White City Jabavu ») ; mais c’est bien
dans le chant que s’élèvent la protestation et l’émergence de la capacité à lutter :
Riding on the rainbow
(with the Jazz Giants at my first poetry reading 22 :5 :68)
Boom! Boom ! Boom !
the bass rumbles, trumpet screams,
cymbals hiss, sax moans, the piano clanks.
And off I go
streaking across the sky like David’s slingshot
hitting ‘The Giants’
into the rainbow’s face.
Up and up
on a wild horse of jazz
we galloped on a network
of blue notes
delivering the message:
Men, Brothers, Giants!
99Incursion soudaine dans le travail du poète comme action, mouvement, dynamique, ce poème
frappe par sa tonalité très différente du reste du recueil de Mtshali : mouvement de libération,
il peut s’élever précisément parce que Mtshali a aussi formulé les rapports de forces du monde
dans lequel il s’inscrit. La conscience aiguë de son environnement et des conditions qui le
produisent, le justifient et le font perdurer (exploitation économique, justification religieuse)
permet finalement à la voix de se poser comme force de combat en élaborant son propre
langage, son propre système d’échos, sa propre résonance.
Précurseur modéré, Mtshali est suivi par des entreprises poétiques qui, plus radicales,
explorent les modalités du rapport du langage à un monde qui semble passer voire outrepasser
les possibilités du dire. Les années 1980, notamment, verront l’apparition d’une poésie plus
ouvertement de combat et non plus seulement de protestation, une poésie plus violente et plus
radicale. La publication en 1992 de Guava Juice, de Sandile Dikeni, recueil de poèmes écrits
à partir de 1986, donne lieu à une introduction par Jakes Gerwel qui, observant avec recul les
années 1980, affirme d’emblée l’interaction essentielle entre poésie et politique, dans un texte
que l’on peut lire en regard de celui de Nadine Gordimer :
Dikeni is a poet. His is a poetry of anger, of exhortation ; celebration of that which is
heroic especially among the downtrodden and despised, and fiery condemnation of
cruelty and injustice ; his poetry has moments of quiet, approaching a vulnerable
tenderness ; it reaches moments of near elegy when remembering on a personal as
well as national level. Here we have not so much culture as a weapon of struggle, but
the delicate recording of struggle as culture. If people’s power is to be realized in a
democratic South Africa it shall have to be through a nation remaining mindful that
the people’s right to « power » seeks expressions beyond formal political
arrangements. The opening poem of this collection (« Leaders ») speaks in most
telling style and words of the emptiness of hackneyed politics while the people – the
powerless, the poor, the helpless – are not heard and do not hear.
100Sous la rhétorique politique qui fait écho à celle de Wally Serote dans On the Horizon ou dans
son intervention « Politics of Culture »
101, il faut aussi entendre la préoccupation constante
Dans le document
De la Black Consciousness à la Nouvelle Afrique du Sud : enjeux d'une poésie engagée
(Page 88-97)