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L'imprégnation tridentine

Dans un premier temps, il nous semble que ce qui ressort le mieux de l'étude qu'a menée Anne Bonzon sur les prêtres du diocèse de Beauvais est le caractère ambivalent du curé idéal : à la fois proche de ses paroissiens, il doit s'en détacher et donner l'exemple, s'inscrivant ainsi dans cette dialectique de scandale et d'ordre que l'on retrouve dans la répression des délits matrimoniaux. Pour l'auteur, la proximité du prêtre avec ses paroissiens se traduit par une certaine familiarité qui naît de la cohabitation avec ces derniers : la taverne ou le cabaret peut-être le lieu de cette convivialité135. « De même, ajoute Anne Bonzon, les insultes échangées avec le curé témoignent d'une grande proximité, étrangère à toute notion de respect. »136 Plus loin, elle écrit :

Que le curé vive avec une femme n'éveille chez les paroissiens que l'indifférence. Ce n'est à leurs yeux qu'un trait supplémentaire qui rapproche son mode de vie du leur : ici réside le décalage le plus grand avec la politique répressive de l'officialité, qui punit durement, on l'a vu, les manquements au célibat.137

Cette indifférence manifeste des paroissiens vis-à-vis des vices de leur prêtre peut parfois aboutir à des solidarités prononcées lorsque ces curés font face à la justice. Ainsi le cas du curé de Léglantiers, décrit par Anne Bonzon :

Quand l'huissier du Châtelet arrive au village, plusieurs personnes s'avancent vers lui, armées de règles, de couteaux, de compas de maçons et de cailloux, en proférant des menaces de mort. La mère du curé dit que « l'on emmeneroit point son fils pour avoir besongné une putain », tandis que d'autres personnes crient que « l'on menneroit pas leur curé et qu'ils aymoient mieux qu'il besognast toutes leurs femmes, dont ils lui en donnoient pouvoir ». Cette situation extrêmement tendue dégénère rapidement : les villageois sonnent le tocsin, multiplient les menaces à l'encontre de l'officier, mais aussi de l'évêque et son vicaire, disant que s'ils venaient chercher leur curé pour le mettre en prison, « qu'ilz n'en retourneroient point avec leurs couilles et que ilz les leurs coupperoient au devant de la porte dudict curé ».138

Cependant, le curé de paroisse doit savoir se tenir à l'écart de ses paroissiens, en

135 « Le témoignage d'une femme de manouvrier nous éclaire sur cette contradiction apparente : son mari va boire avec le curé et d'autres au presbytère, et quand le lui reproche, il la bat. » Ibid., p. 202.

136 Ibid.

137Ibid. On verra plus loin que la répression des personnes vivant « comme mari et femme » éveille, d'une manière générale, une certaine incompréhension de la part des fidèles jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

138 Ibid., p. 201.

Chapitre I : le prêtre desservant, cheville entre le droit matrimonial et la population.

63 manifestant le caractère sacré qu'il porte en lui : il doit porter la soutane, il ne doit pas chasser, parier, danser et d'une manière générale, il ne peut rechercher son plaisir, un motif que l'on retrouvera souvent dans le discours des femmes qui plaident contre leur mari au bailliage de Beauvais. Plus précisément, les paroissiens attendent de leur curé qu'il les édifie, comme l'écrit Anne Bonzon :

Les fidèles n'attendent pas seulement un curé différent d'eux. Ils souhaitent aussi que celui-ci exerce à leur encontre un rôle de censeur moral : ainsi, un laboureur de Longmesnil déplore qu'« icelluy curé est de fort peu d'edification, ne se souciant du salut des ames de ses paroissiens, ne leur donnant aucune instruction, ce qui faict que toute la devotion est perdue en ladicte parroisse, et quelque insolence que l'on puisse commettre en l'eglise, il ne le reprend aucunement ».139

Ce rôle d'édification qui doit être le propre du « bon prêtre » se retrouve dans un certain nombre de lettres adressées par les prêtres desservants à l'évêque au sujet des comportements déviants de certains de leurs paroissiens. Ainsi, pour Mahieu, curé de Breteuil, la signification à ses paroissiens Charles Chouquet et Françoise Brassoire de leur excommunication est associée à un devoir charitable et sacré, comme il l'écrit :

Ce ne m'est point peine, comme vous mettez en la lettre, mais honneurs bien grands, de rendre service à mon supérieur dans une action si agréable à Dieu. Je respecterai toujours vos commandements en les exécutant le mieux qu'il me sera possible.140

Dans une autre lettre, le même Mahieu évoque sa préoccupation pour le salut de ses paroissiens déviants : « Le sergent m'a rapporté que ledit Chouquet lui avait dit que sa servante ne demeure plus avec lui. Je m'informerai si cette séparation sera sans hantise comme ils devraient faire pour leur salut.141 ». Le vocabulaire de l'édification religieuse se lit dans une autre affaire, celle de Charles et Anne Vingttrois, dans laquelle se trouve également une lettre d'un prêtre desservant. Ce dernier écrit qu'il a plusieurs fois « exhorté » le couple incestueux « à se séparer », et que « si on ne les pousse à bout cela donnera sujet à la jeunesse de se licencier (…).142 ». Cette dernière phrase nous montre la préoccupation pastorale du curé de paroisse : il lui faut dénoncer, réprimer pour que le pêché ne se transmette pas au reste du troupeau. Comme dans le cas des prêtres dont la discipline devait être impeccable, il est question d'exemple : si les curés donnent un bon exemple en étant irréprochables, à l'inverse

139 Ibid., p. 211.

140 AD 60, G 3594. cf annexe n° 19, document n°8, t. II, p. 119.

141 Ibid., p. 123.

142 AD 60, G 3599. cf annexe n° 25, document n°1, t. II, p. 155.

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64 les couples concubinaires donnent un mauvais exemple au reste de la paroisse en étant dans la déviance. L'image du bon prêtre donnée par la réforme se construit donc en opposition à celle du couple non marié.

L'importance du facteur économique dans la surveillance des comportements matrimoniaux

L'ambivalence de la proximité et de la distance du curé avec ses paroissiens rapportée par Anne Bonzon se retrouve également dans ce qu'écrit Pierre Goubert sur les curés de campagne. Pour l'historien du Beauvaisis, la proximité du curé avec sa paroisse se traduit par ses origines peu lointaine de son lieu d'exercice, tandis que la distance est matérialisée par son aisance matérielle qui le porte au-dessus de ses ouailles. Ainsi peut-on lire sous la plume de Pierre Goubert :

À la campagne comme à la ville, les prêtres du diocèse de Beauvais provenaient des couches supérieures, et surtout des couches moyennes de la société. L'exode des plus aisés vers les canonicats étant évident, on peut avancer que les curés de campagne sortaient de la boutique, de l'écritoire et de la charrue. Assez proche du peuple, urbain ou rural, ils n'en faisaient pas vraiment parti ; mais ils le connaissaient bien, pour avoir été élevés à son contact. On les verra fréquemment revenir au pays natal, tout près de leur famille temporelle, pour s'y fixer et prendre en charge les destins spirituels de leur paroisse d'origine143.

Dans la gestion de son patrimoine, le curé se rapproche d'un laboureur aisé employant un certain nombre de manouvriers, ce qui conforte son autorité sur le reste de son village :

Il convient d'y insister : à bien des égards, le curé fut aussi un paysan. Autour de son presbytère, on pouvait le voir cultiver son jardin, quelquefois avec amour. Sous forme de fermages ou de portions de dîmes, il recevait des gerbes, du grain, un mouton, des paniers de pommes, quelques ports de vin, des toisons, des bottes de chanvre et de foin. Il employait des journaliers, des batteurs en grange, des remueurs de blé. Le jour de la fenaison, de la moisson, de la vendange, il pouvait jouer au chef d'exploitation. (…) Le curé connaissait toutes les familles du village où il avait baptisé, porté les sacrements, distribué semonces et encouragements, enseigné les rudiments du catéchisme.

Si on l'aimait bien, on l'invitait aux festins traditionnels, au cours desquels il était l'objet d'attentions spéciales, quelquefois malicieuses.144

Dès lors, la capacité du prêtre à surveiller et à punir les comportements déviants de ses paroissiens dépend intrinsèquement de son ancrage dans la vie sociale de sa paroisse ainsi que de son aisance économique. Ce parallèle entre la situation économique d'un prêtre et les déviances matrimoniales est suggéré dans certains documents faisant état de certificats de mariage, de publication des bans, ou encore de certificats de décès obtenus par des couples

143 GOUBERT P., op. cit., p. 198-206.

144 Ibid.

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65 concubinaires contre argent : c'est alors le verbe « pratiquer », signifiant « corrompre »145, que l'on retrouve parfois dans les documents d'officialité. Le témoignage du prêtre-chanoine de Creil à propos de Matthieu Ringa et Anne Hue se montre à cet égard éloquent puisqu'il y est dit que « ledit Ringa aurait emmené ladite Hue à Chauny son lieu natal où il aurait pratiqué un aumônier d'armée passant audit Chauny pour les marier, ce qu'il aurait fait sans autre solennité (…).146 ». On peut se demander quelle peut être la situation économique d'un aumônier d'armée : en tous les cas, il ne dispose pas des revenus réguliers d'une cure fixe, ce qui pourrait l'encourager à rechercher d'autres sources de revenus tels que les deniers d'un couple cherchant à se marier clandestinement. L'image du « bon prêtre », discipliné et disciplinant, est fortement liée à son aisance économique, et c'est là tout l'objet de la thèse d'Anne Bonzon : la faiblesse des revenus d'un curé peut encourager ce dernier à cumuler les charges, favorisant ainsi son absentéisme, ce qui concourt à faire baisser la vigilance de ce dernier sur le comportement matrimonial de ses ouailles147.

On l'a vu, le « bon prêtre » se caractérise par sa capacité à surveiller sa paroisse : pour Anne Bonzon, « la surveillance du diocèse repose en grande partie sur les archidiacres et les doyens ruraux »148. Or, ces doyens ruraux, toujours selon l'auteur, sont « ces bons curés, souvent avancés en âge, [qui] appartiennent au même monde que ceux qu'ils doivent surveiller (...) »149. Leur capacité à surveiller leur doyenné dépend de leur stabilité, puisque :

Ce ne sont pas tant leurs titres universitaires qui les distinguent aux yeux de l'évêque – sur 25 doyens, on ne trouve que deux gradués – que l'expérience qu'ils ont acquise sur le terrain. Au moment où ils sont nommés par Augustin Potier, les doyens exercent dans leur paroisse depuis 12 ans en moyenne, et dans une cure du diocèse de Beauvais depuis 13 ans. Ainsi, leur titre de doyen ne saurait être plus approprié.150

Ces doyens, qui sont l'incarnation même du bon curé, sont les premiers relais de l'évêque dans l'administration de son diocèse.

145 « Pratiquer, v. a. (…) Pratiquer, signifie aussi solliciter, tâcher d'attirer et de gagner à son parti, suborner (…). » Dictionnaires de l'Académie Française [17e-20e s.], 1694, Classiques Garnier Numériques, consulté le 14/08/2012 sur http://www.classiques-garnier.com.mercure.enc.sorbonne.fr.

146 AD 60, G 3595, cf annexe n°18, document n°4, t. II, p. 104.

147 « Le clergé paroissial du Beauvaisis, nombreux, instable et souvent peu qualifié, jusqu'au début du XVIIe siècle, connaît un profond renouvellement à l'époque d'Augustin Potier. Le cumul et l'absentéisme des curés titulaires au XVIe siècle empêchaient tout suivi dans l'encadrement des fidèles. Ce lien distendu entre le curé et sa paroisse, la réforme catholique s'efforce, avec un relatif succès, de le resserrer. » BONZON A., op. cit., p. 130.

148 Ibid. p. 59.

149 Ibid.

150 Ibid.

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66 I. 2 Le prêtre desservant, informateur et relais de l'information

Les doyens ruraux, maillon administratif

Le doyen rural est un bon prêtre, mais aussi un administrateur : il est notamment chargé de vérifier les comptes des fabriques et d'instruire les procès des prêtres négligents. Sur les quelques 239 dossiers de dispenses présents dans les sources de l'officialité de Noyon, 171 contiennent des documents diligentés par les doyens ruraux : ces documents sont des informations destinées à instruire les enquêtes induites par les procédures pour obtenir dispense de consanguinité. S'ils détiennent donc bien un rôle administratif qui les rend prépondérants dans les procédures de dispense, ils ne sont en revanche pas plus impliqués que les autres curés dans la répression des délits matrimoniaux : ils ne sont à l'origine que d'environ 5% des documents produits par l'officialité de Beauvais. Cette faible participation des doyens à la répression des déviances matrimoniales peut paraître surprenante, étant donné les attributions de ces doyens : dans sa thèse intitulée Les visites pastorales dans le diocèse de Chartres pendant la première moitié du XVIIe siècle (…)151, Robert Sauzet écrit :

La mise en application des prescriptions du Concile de Trente est l'objet essentiel des visites que nous avons étudiées. (…) Il arrive même que nos visiteurs mentionnent explicitement le Concile de Trente : ainsi, en 1644, le doyen du Perche, Nicolas Lormeau demande si les ecclésiastiques de Masle vivaient « selon leur ordre, sans scandale ny chose derogeante a leur office selon le saint Concile de Trente ». À Saint-Hilaire de Nogent-le-Rotrou, en 1653, il s'enquiert du curé s'il n'y a pas en sa paroisse aucuns mariages clandestins, concubinaires notoires et autres choses contrevenant au Concile de Trente »152.

Cependant, sur les dix documents produits par des doyens à l'officialité de Beauvais, un seul est un extrait de procès-verbal de visite paroissial153 : ce document contraste d'ailleurs par son formalisme avec les correspondances écrites par les autres prêtres desservants. Alors que les lettres citées plus haut témoignaient d'un contact direct de certains prêtres avec leurs paroissiens déviants, ces derniers s'adressant à eux, se rendant parfois à leur domicile154, le procès-verbal du doyen se montre beaucoup plus sec. En effet, le contact est indirect puisque

151 SAUZET (Robert), Les visites pastorales dans le diocèse de Chartres pendant la première moitié du XVIIe siècle, essai de sociologie religieuse, Rome : Edizioni di storia e letteratura istituto per le recerche di storia sociale e di storia religiosa, Biblioteca di Storia Sociale, 4, 1975.

152 Ibid., p. 79.

153 AD 60, G 3360.

154 C'est le cas du curé de Breteuil qui écrit dans une de ses lettres : « (…) ayant été dimanche dernier pour (…) trouver [Charles Chouquet] chez lui il n'y était point. J'y rencontrais sa servante [Françoise Brassoire] qui m'avisa qu'il y avait deux jours qu'elle y demeurait. » AD 60, G 3594. cf annexe n°19, document n°11, t. II, p.

121.

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67 le doyen emploie dans sa dénonciation une tournure passive : « il nous a été fait plainte de ce que le nommé Louis Lange (…) depuis quatre ans ou environ retient chez lui une fille pour servante avec scandale public (…). »155 Du reste, il s'agit moins dans ce document d'informer l'évêque d'un comportement déviant que d'instruire un procès contre un couple de concubins, ce qui explique peut-être ce formalisme impersonnel. Un autre facteur explicatif est apporté par Robert Sauzet, qui affirme que « les procès-verbaux de visites sont une source insuffisante156 » :

Nous avons vu que les visites ne pouvaient guère durer plus d'une heure et qu'elles comportaient toute une partie liturgique. Par suite, l'enquête proprement dite devait rester assez superficielle et sa trace écrite fort sommaire, le greffier pressé notant trop succinctement ou omettant d'inscrire ce que le visiteur a relevé.157

La faible présence des doyens dans les procédures de l'officialité de Beauvais semble montrer une justice peut-être plus immédiate, où l'évêque délèguerait moins son pouvoir de justice par le biais de commissions158. Le rapport direct des curés avec l'évêque ou le greffier de l'official de Beauvais grâce aux correspondances permettrait aussi une justice plus rapide, en lien avec son caractère volontaire, tandis que les enquêtes de dispense, faites à la requête des justiciables, s'accommoderaient de la médiation d'un doyen et permettraient de décharger le tribunal de l'official de ces causes qui deviennent les plus nombreuses au XVIIIe siècle.

Le rôle prépondérant des correspondances

La correspondance, qui permet un contact direct entre les prêtres desservant et l'officialité, se trouve en nombre important dans les documents de l'officialité de Beauvais : sa part est de 18,4%159 sur la totalité des sources de cette officialité. Beaucoup d'entre elles sont adressées à Gontier, le greffier de l'officialité, et quelques unes sont directement adressées à l'évêque Nicolas Choart de Buzenval. Ces lettres adressées à l'officialité contiennent pour la

155 AD 60, G 3360.

156 SAUZET R., op. cit., p. 97.

157 Ibid.

158 Le caractère de justice déléguée des commissions est souligné par Ferrière dans son Dictionnaire : « (…) Commission, se dit aussi de la subdélégation ou du pouvoir qu'on donne à un juge particulier de faire quelque instruction d'un procès, quelque visite ou descente sur les lieux, quelque exécution d'arrêt. (…). » FERRIERE (Claude-Joseph de), Dictionnaire de droit et de pratique... par M. Claude-Joseph de Ferrière, Paris : chez la veuve Brunet 1771, t. I, p. 314. Il est frappant de constater que ces commissions sont omniprésentes dans les documents produits par l'officialité de Noyon, tandis qu'elle ne sont qu'au nombre de deux dans ceux produits par l'officialité de Beauvais.

159 Cf annexe n° 26, document n° 1, t. II, p. 159.

Chapitre I : le prêtre desservant, cheville entre le droit matrimonial et la population.

68 plupart les observations des prêtres sur leurs paroissiens : il s'agit bien souvent de décrire l'état d'un couple, à savoir si les concubinaires vivent toujours ensemble sous le même toit ou s'ils se sont séparés sous l'effet des pressions du curé et de l'officialité160. Ces descriptions peuvent parfois intervenir au milieu d'autres considérations sur la paroisse que dessert le prêtre auteur de la lettre, comme c'est le cas dans une lettre du prêtre-curé de Rémy161 ou encore dans une lettre du curé Mahieu datée du 19 mars 1655 : le concubinage de Chouquet n'est évoqué que dans un post scriptum, l'objet principal de la lettre étant une procuration pour obtenir une rupture de promesses de mariage entre deux paroissiens162. Une dernière lettre datée du 28 février 1656 fait état d'une séparation effective entre Chouquet et sa concubine, puis explique qu'une autre information, concernant un cas différent, ne pourra pas être conduite à cause de la mort récente du bailli de la seigneurie de Vendeuil où se déroule l'affaire, avant de demander au greffier d'assister le porteur de la lettre dans une affaire encore différente des deux premières163.

Comme on peut le voir dans cette série de lettres, les affaires matrimoniales sont rapportée en même temps que d'autres cas relevant de la justice ecclésiastique : il peut s'agir de censures ecclésiastiques, de ruptures de promesses de mariage ou encore d'une quelconque information dont on ne sait guère l'objet. Le style de ces lettres est concis, l'auteur ne rentre que rarement dans les détails de l'affaire : on ne sait que peu de choses, par exemple, de la situation économique du couple mentionné, pourtant si importante dans les affaires matrimoniales, puisque un couple pauvre a supposément moins de facilité à se séparer qu'un couple aisé164. En outre, la parole des paroissiens est rapportée dans un style indirect qui n'apporte guère de précision, tenant souvent en une seule phrase. Lorsque par exemple, Mahieu écrit à propos de Charles Chouquet : « quelques uns de ses amis m'ont promis de lui parler et de lui persuader de quitter sa concubine, je doute pourtant fort qu'il le veuille faire165 », le lecteur n'en sait pas plus sur les arguments qui peuvent être évoqués par les amis

Comme on peut le voir dans cette série de lettres, les affaires matrimoniales sont rapportée en même temps que d'autres cas relevant de la justice ecclésiastique : il peut s'agir de censures ecclésiastiques, de ruptures de promesses de mariage ou encore d'une quelconque information dont on ne sait guère l'objet. Le style de ces lettres est concis, l'auteur ne rentre que rarement dans les détails de l'affaire : on ne sait que peu de choses, par exemple, de la situation économique du couple mentionné, pourtant si importante dans les affaires matrimoniales, puisque un couple pauvre a supposément moins de facilité à se séparer qu'un couple aisé164. En outre, la parole des paroissiens est rapportée dans un style indirect qui n'apporte guère de précision, tenant souvent en une seule phrase. Lorsque par exemple, Mahieu écrit à propos de Charles Chouquet : « quelques uns de ses amis m'ont promis de lui parler et de lui persuader de quitter sa concubine, je doute pourtant fort qu'il le veuille faire165 », le lecteur n'en sait pas plus sur les arguments qui peuvent être évoqués par les amis