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Chapitre II : Mesure de la performance des IMF

2.3 Déterminants de la performance des IMF

2.3.2 Portée des activités des IMF

2.3.2.1 Définition de la portée

L’objectif des institutions de microfinance en tant qu’organisation de développement est de fournir des services financiers aux populations délaissées ou mal-desservies par les systèmes financiers conventionnels (tels que les femmes, les pauvres, les populations indigènes, les populations rurales, etc.) pour atteindre les objectifs de développement50. Une IMF performante est celle qui est en mesure de mettre sur le marché des produits financiers de qualité accessibles à un grand nombre de clients au sein de la clientèle ciblée,

50 Ces objectifs de développement sont généralement (Ledgerwood, 1999, p. 34) :

 La réduction de la pauvreté ;

 L’émancipation des femmes et des autres groupes de populations défavorisées ;  La création de l'emploi ;

 L’apport d’aide nécessaire aux entreprises existantes pour se développer ou pour diversifier leurs activités ;

117 notamment les clients les plus pauvres. Cet objectif est connu dans le secteur de la microfinance comme la portée des IMF. Ainsi, la portée se définit comme l’offre des services financiers aux groupes de population qui en ont besoin (Christen et al., 1995 ; Ledgerwood, 1999 ; Boyé et al. 2006 ; Yaron et al., 1997 ; etc.)

Pour évaluer la portée de leurs services, les IMF utilisent généralement deux mesures :  L’étendue de la portée : le nombre de clients servis par une IMF avec ses différents

instruments ;

 Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur niveau de pauvreté.

Dans le modèle proposé par Yaron et al. (1997), présenté dans les sections précédentes, la portée est considérée comme une mesure hybride qui évalue la mesure dans laquelle une institution a réussi à atteindre sa clientèle cible et le degré dans lequel elle répond aux besoins de cette clientèle pour les services financiers. Les indicateurs de la portée retenus dans le modèle sont à la fois qualitatifs et quantitatifs et peuvent être utilisés pour mesurer le degré de la portée et son étendue.

La littérature présente un grand nombre de proxys permettant de mesurer ces deux dimensions de la portée. Cependant, il est très important de noter que l’étendue de la portée est souvent évaluée par le nombre total des clients servis par une IMF et que le degré de l’étendue est une mesure plus vague. Cette dernière est généralement mesurée par la taille moyenne des prêts ou la taille moyenne des prêts en pourcentage du PIB par habitant. Ces deux mesures sont très utilisées, mais parfois elles peuvent être des indicateurs non fiables. En effet, les prêts n’ont pas tous le même terme et leur utilisation diffère d’un client à un autre. Ils peuvent donc ne pas refléter le niveau de revenu des clients (Ledgerwood, 1999).

2.3.2.2 Facteurs expliquant la portée des IMF

Dans l’article intitulé "Governance and Performance of Microfinance Institutions in Central and Eastern Europe and the Newly Independent States", Hatarska (2005) analyse comment les mécanismes de la gouvernance affectent la performance des IMF, notamment l’impact de la rémunération des dirigeants, l’indépendance et la diversité du conseil

118 d’administration, les mécanismes externes de contrôle (tels que l’audit, le rating et la réglementation) ainsi que d’autres facteurs en relations avec les caractéristiques de l’IMF et de son pays d’origines. L’échantillon étudié est composé de 34 organisations qui représentent entre le tiers ou le quart des IMF de la région Europe Centrale, Europe de l'Est et les Etats nouvellement indépendants. La variable indépendante, la portée des IMF, est mesurée par l’auteure en utilisant deux indicateurs : le logarithme du nombre des emprunteurs actuels (l’étendue de la portée) et la taille moyenne des prêts en pourcentage du PIB par habitant (le degré de la portée). L’étude montre que la portée des IMF analysées est proportionnelle à la présence d’administrateurs indépendants dans le CA et à l’expérience des dirigeants.

Par ailleurs, dans son article "The impact of capital structure on the performance of microfinance institutions", Kyereboah-Coleman (2007) utilise une autre variable pour mesurer la portée des IMF. L’indicateur utilisé est la variation annuelle du nombre de clients à une date donnée. Cette mesure évalue l’étendue de la portée. L’échantillon analysé par l’auteur est composé de 52 IMF ghanéennes sur une période de 10 ans (1995 – 2004). Les résultats de l’étude montrent que la plupart des IMF étudiées sont très endettées. En outre, plus une IMF est endettée, plus elle arrive à réaliser de bonnes performances en termes de clients desservis. Sur la base de ces résultats, l’auteur recommande la mise en place de politiques appropriées afin de permettre aux IMF d’accéder facilement aux ressources financières sous-forme de dettes à long terme pour développer leurs activités.

Plusieurs autres articles se sont intéressés aux facteurs qui affectent la portée des IMF, entre autres, on trouve Hartarska et Nadolnyak (2007) et Mersland et Strøm (2009). Hartarska et Nadolnyak (2007) trouvent que la réglementation du secteur de la microfinance n’affecte pas directement la portée des IMF. Cependant, les résultats montrent aussi que les IMF qui collectent les dépôts des épargnants arrivent à atteindre plus de clients. Or, pour qu’une IMF puisse collecter l’épargne, il faut qu’elle se soumette à un ensemble de conditions dictées par le législateur, ce résultat peut être considéré comme une preuve indirecte de l’impact de la réglementation des IMF sur leur portée. Les résultats de l’étude montrent aussi que la portée n’est pas affectée par le niveau de capitalisation et par la dette. Ce dernier résultat est en contradiction avec le résultat de

119 Kyereboah-Coleman (2007), vus précédemment, qui trouve une relation positive entre la performance sociale et le niveau d’endettement. Mersland et Strøm (2009), pour leur part, trouvent que la relation entre la portée d’une IMF, d’une part, et l’occupation par la même personne à la fois du poste du directeur général et du poste du président, d’autre part, est une relation positive. Cependant, les résultats de Kyereboah et Osei (2008) montrent une relation négative entre ces deux variables. Mersland et Strøm (2009) trouvent aussi que l’utilisation de la méthodologie du crédit individuel affecte négativement la portée des activités des institutions de microfinance.