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Chapitre I : Cédit, Microcrédit et microfinance

1.2 Microfinance et institutions de microfinance : Définitions

1.2.1 Définition de la microfinance

Différents auteurs et différents organismes donnent à la microfinance des définitions qui peuvent être différentes. Cependant, toutes ces définitions considèrent la microfinance comme étant une activité qui consiste à fournir à une clientèle pauvre, qui n’a pas accès aux services des banques commerciales, un ensemble de services financiers

35 essentiellement le crédit et l’épargne et dans certains cas d’autres services financiers comme l’assurance, le transfert d’argent et les services de payement.

Ainsi, Boyé, Hajdenberg et Poursat (2006) définissent la microfinance comme l’ensemble des services qui sont proposés à des individus qui n’ont pas accès aux institutions financières classiques. Par extension, le terme de « microfinance » désigne l’ensemble des activités mises en œuvre pour apporter ces services.

Selon Ledgerwood (1999), la microfinance fait référence à la fourniture de services financiers à des clients à faible revenu. Les services financiers sont généralement composés d’opérations de dépôts et de crédits. On trouve aussi dans certains cas des services comme l’assurance et des services de payement. En plus des services financiers, plusieurs institutions de microfinance (IMF) fournissent à leurs clients des services sociaux comme la formation à la gestion, l’encadrement et autres. Ainsi, la définition de la microfinance inclut souvent la fourniture de services financiers ainsi que des services sociaux.

Le Groupe consultatif d’aide aux populations les plus pauvres10

(CGAP) définit la microfinance comme une large gamme de services financiers adaptés qui sont destinés aux pauvres et fournis, en tous lieux, par différents types d’institutions (CGAP, 2006). Ces services financiers sont : le crédit, l’épargne, le transfert d’argent, les services de payement et l’assurance. Ces services permettent aux populations ciblées de faire face aux besoins financiers de leur activité commerciale, d’acquérir des biens, de construire ou d’aménager leur logement, d’augmenter leurs revenus et ainsi de réduire leur vulnérabilité.

Une définition complète est donnée par Brandsma et Burjorjee (2004 p. 18). Selon ces auteurs, la microfinance est la fourniture d’un ensemble de services financiers, incluant le

10Le Groupe consultatif d’aide aux populations les plus pauvres (The Consultative Group to Assist the

Poorest : CGAP) est un partenariat multi donateurs pour la microfinance basé au sein de la Banque mondiale. Il est soutenu par une trentaine de fondations privées et d’agences de développement qui ont pour objectif commun la lutte contre la pauvreté. Le CGAP contribue au progrès de la microfinance en fournissant de l’information commerciale, en favorisant l’harmonisation des normes du secteur, en finançant les innovations et en diffusant les meilleures pratiques. Il fournit également des services de conseil aux pouvoirs publics, aux prestataires de microfinance, aux bailleurs de fonds et aux investisseurs.

36 crédit, l’épargne, le transfert d’argent et l’assurance, aux gens pauvres et à la population à faible revenu. Ces services sont caractérisés par :

 Leur concentration sur des pauvres qui portent des microprojets : fourniture de services aux clients à faible revenu, les femmes et les hommes, qui n’ont pas accès aux autres institutions financières.

 Des crédits adaptés aux clients : accès simple et approprié à un crédit de petit montant, de courte durée et renouvelable. Le remboursement des emprunts est assuré par l’utilisation de garanties alternatives (groupe de caution solidaire, l’épargne obligatoire), par l’évaluation informelle des emprunteurs et des projets et par l’évaluation simple des flux de trésorerie et des projets pour les emprunts à montant élevé et à durée longue.

 La fourniture de service d’épargne volontaire et sécurisé qui facilite le dépôt et permet l’utilisation de petites sommes ainsi que l’accès facile aux fonds.

Soko (2009, p. 21) définit la microfinance comme l’ensemble des services financiers délivrés dans un cadre formel ou informel et destiné aux populations à faibles revenus n'ayant pas accès au système bancaire classique mais exerçant une activité économique ou ayant un projet économique. Cette définition a deux particularités par rapport aux autres. Premièrement, la définition exclut les gens les plus pauvres du champ de la microfinance. Ne sont donc retenues que les populations à faible revenus qui ont une activité économique génératrice de revenus, qui ne sont pas forcément très pauvres. Deuxièmement, la définition ne fait pas de distinction entre les fournisseurs des services de la microfinance. Ainsi, un fournisseur de la microfinance peut être une organisation soumise aux règlements d’un secteur organisé par l’Etat, c.-à-d. le secteur formel, comme il peut être une simple personne travaillant dans le secteur non organisé de l’informel.

Sur la base de ce qui a précédé, nous pouvons définir la microfinance comme étant un ensemble d’activités financières qui consistent à fournir des services financiers viables comme le crédit, l’épargne, le transfert de fonds, la micro-assurance et le micro-leasing, etc. Ces activités ont pour caractéristiques principales :

 La cible visée. La microfinance vise une clientèle composée essentiellement de personnes qui travaillent dans le secteur informel et de personnes qui n’ont pas

37 accès aux systèmes financiers classiques à cause de leurs faibles revenus et de l’absence de garanties.

 L’adaptation des services fournis aux besoins de la cible. La microfinance a innové en adaptant l’ensemble de ses services aux situations et aux besoins de la clientèle visée. Cette adaptation concerne les montants échangés, la périodicité des opérations, les garanties fournies (la pression sociale à la place des garanties matérielles), les moyens utilisés et le lieu des opérations. Les prêts accordés ne se limitent pas uniquement aux activités commerciales, ils peuvent être octroyés pour répondre à d’autres besoins comme la consommation, l’éducation des enfants, la construction ou l’aménagement de logement, etc.

 L’accompagnement par des services sociaux connexes. Afin d’atteindre ses objectifs, la microfinance ne se limite pas à fournir que des services financiers. Ces derniers sont généralement appuyés par des services sociaux comme la formation, l’alphabétisation, etc.

 L’intégration dans des programmes de lutte contre la pauvreté. Dans la plupart des pays, la microfinance est considérée comme une composante dans les programmes nationaux ou internationaux de lutte contre la pauvreté.

Il est important de ne pas confondre la microfinance et le microcrédit. Ce dernier est une activité qui consiste à fournir à des familles pauvres des crédits de faible montant afin de développer des activités génératrices de revenus (micros ou très petites entreprises). Tandis que la microfinance est plus générale, elle inclut, en plus du crédit, une large gamme de services financiers comme l’épargne, l’assurance, le transfert d’argent, etc.