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Chapitre II : Mesure de la performance des IMF

2.1 La notion de performance

2.1.1 Efficience et efficacité

L’efficience (efficiency, en anglais) et l’efficacité (effectiveness, en anglais) sont des termes très utilisés pour mesurer et évaluer la performance des organisations (Mouzas 2006). Le premier terme, le concept d’efficience fait référence à la minimisation des coûts

80 par unité produite ou à la délivrance d'un niveau de production ou de service donné en réduisant l’utilisation des ressources. L’efficience se réfère au ratio output / input. Output représente les produits de l’entreprise, alors que l’input représente les ressources utilisées. Quant au second terme, le concept d’efficacité, il est défini comme la capacité à atteindre des objectifs. Il fait référence au degré de réalisation des objectifs fixés par les membres de l’organisation. L’efficacité met l’accent surtout sur les résultats réalisés par l’organisation et leur adéquation par rapport aux objectifs fixés plus que sur les moyens qui sont mis en œuvre pour les atteindre (de La Villarmois 2001).

Selon Naoum (2001), l’efficience a pour signification : faire les choses correctement "doing things right". L’efficacité, pour sa part, a pour signification : faire les bonnes choses "doing the right things".

de Briey (2003) mentionne que les partisans de l’évaluation de la performance organisationnelle en termes d’efficacité jugent que la seule minimisation des coûts est insuffisante (utilisation de l’efficience). En effet, d’une part, une organisation peut avoir une bonne performance en termes d’économie des coûts mais peut ne pas faire attention aux résultats produits et à la qualité de ses services. D’autre part, ce raisonnement a tendance à favoriser la performance financière de l’entreprise (utilisation d’indicateurs de productivité) ce qui n’est pas compatible avec une entreprise qui poursuit d’autres objectifs qui peuvent être, par exemple, à caractère social. Par ailleurs, les partisans de l’analyse de la performance en termes d’efficience reprochent aux autres de ne pas donner trop d’importance à l’utilisation optimale des ressources et au risque de gaspillage.

En s’intéressant aux réseaux d’affaires des entreprises, notamment le cas de la grande distribution avec les producteurs, Mouzas (2006) note que le défi auquel les gestionnaires font face aujourd'hui est de trouver des opportunités d'affaires qui leur permettraient d’augmenter la valeur de marché de leurs entreprises. Ainsi, les entreprises doivent chercher et saisir toutes les opportunités qui peuvent générer des taux de rentabilité interne qui dépassent le coût du capital nécessaire pour financer ces projets. L’auteur considère que le succès d'une entreprise à relever ce défi est caractérisé par le terme efficience plutôt que par le terme efficacité. L'efficience n'est pas une mesure de succès sur les marchés, mais c’est une mesure de l'excellence opérationnelle ou de la productivité. L’efficience est donc reliée à la minimisation des coûts et à l'amélioration des marges d’exploitation. Ainsi,

81 l’efficience est considérée comme une condition nécessaire à toute entreprise. Elle peut être exprimée et mesurée par un ratio qui a le profit (p) comme numérateur et les ventes (r) au dénominateur (E1 = p / r). Les méthodes contemporaines de la comptabilité analytique telles que la méthode des coûts cibles et la méthode ABC "activity-based costing" ou les méthodes d’analyse financière comme l’analyse par les ratios sont des outils utilisés pour améliorer l’efficience.

Selon Mouzas (2006), l'efficacité est liée à la stratégie propre de l'entreprise qui permet de générer une croissance durable dans son réseau d’affaire. L’efficacité n’est pas une caractéristique des produits de l’entreprise, mais un processus continu reliant l’entreprise à ses partenaires, en plus l’efficacité est négociée plutôt que produite. L'efficacité est exprimable en utilisant la valeur actualisée de tous les gains futurs. Une organisation efficace est celle qui est capable de créer des accords pour elle-même et pour ses activités que les partenaires concernés jugent acceptables. Comme exemple de ces accords, l’auteur donne l’exemple de la grande distribution, où les détaillants financent leur croissance en utilisant les producteurs comme des créanciers qui leur fournissent le fond de roulement nécessaire pour leurs magasins.

Dans le cas du secteur public31, l’efficience et l’efficacité des politiques et des services des secteurs publics peuvent être mesurées en se référant au cadre conceptuel présenté à la figure II-1. Les inputs sont tous les coûts monétaires et non monétaires qui entrent dans la production d'un output et, par la suite, dans l'atteinte des résultats. Le output est le produit final des processus et des activités de l’organisme (exemple, le nombre de patients traités dans un service d’un hôpital publique). L’efficience peut être définie comme le ratio output/input. Plus l’output relatif à un input donné est élevé ou plus l’input pour un output donné est faible plus l’activité est dite efficiente. L’efficience peut être améliorée de deux façons :

 En maintenant le niveau de l’output tout en réduisant l’input nécessaire (Input- efficience) ;

31 L’efficience et l’efficacité dans le cas du secteur public sont traitées sur la base des articles suivants :

- Mandl U., DierxA et Ilzkovitz F., (2008), «The effectiveness and efficiency of public spending ». [en ligne]. Economic papers, European Economy, N° 301, 34 p.

- Codagnone C. et Undheim T. A., (2008), « Benchmarking eGovernment: tools, theory, and practice ». European Journal of ePractice, N° 4, pp. 4 – 18.

82  En maintenant le niveau de l’input tout en réduisant l’output produit (Output-

efficience).

Figure II-1 : Cadre conceptuel de l’efficience et de l’efficacité

Source : Mandl U., Dierx A et Ilzkovitz F. 2008. The effectiveness and efficiency of public spending. p. 3.

L’efficacité relie l’input ou l’output aux objectifs finaux à réaliser (c.-à-d. le résultat). Les résultats sont souvent liés au bien-être ou aux objectifs de croissance et peuvent donc être influencés par de multiples facteurs (comme les outputs et les facteurs exogènes de l’environnement). Ces facteurs peuvent être ou ne pas être sous le contrôle des décideurs. La distinction entre l’output et le résultat est souvent floue et les deux termes sont utilisés de façons interchangeables. Par exemple, dans un système éducatif, alors que les outputs sont souvent mesurés en termes de taux de rendement ou de niveau des élèves d'un certain âge, le résultat final pourrait être le niveau d'instruction de la population en âge de travailler. L'efficacité montre le succès des ressources utilisées dans la réalisation des objectifs fixés.