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que où la population et l'industrie étaient d'un tiers1

moins considérables qu'aujourd'hui, indiquent, pour la proportion d'acide

carbonique produit

par

la population, les

animaux etles différentes combustions, le chiffre de 3 mil¬

lions de mètres cubes par24 heures, soit en poids, environ

6 millions de kilogrammes. Par conséquentles 1.257.000 kgr. d'acide carbonique produitspar44.000 cadavres dans

une année mettraient cinq ans à se dégager entièrement;

pendant le même laps de temps les causes indiquées au¬

raient produit 10.950.000 de kilogrammes dumême gaz. » On voit donc qu'en évaluant d'une quantité exagérée

à coup sûr du double, et peut-être même du triple, com¬

bien ce dégagement d'acide carbonique parles cimetières

esten réalité faible, surtout si on le compare aux masses du même gaz, produites dans d'autres circonstances.

D'autre part, Schutzenberger, voulant étudier la com¬

position de l'air du sol des cimetières, recueillit une

certaine quantité de celui-ci à deux endroits différents : dans un lieu les cadavres accumulés en masse n'a¬

vaient pu disparaître par combustion lente, et au-dessus

de certaines fosses renfermant des corps inhumés depuis peu2. Ilconstata queles différents échantillons d'air étaient identiques à ceux baignantles terres cultivées : ils renfer¬

maient de l'azote, de l'oxygène et de l'acide carbonique

dans des proportions telles que la somme des volumes d'oxygène et d'acide carbonique était égale à environ

20 °/0 d'air, le volume d'azote étant 803.

1 Onpourrait sansexagérationdire la moitiéaujourd'hui.

2Cesprisesd'aireurent lieuaucimetière deMontparnasse, à Paris.

3« Lair atmosphérique contient en moyenne 2.942 d'acide carbonique

^ en vo^;ime»• J. Reiset, Journal de Pharmacie etde Chimie,

lo79.

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Ce dernier résultat, démontrant que l'acide carbonique

des cimetières est produit par une combustion lente aux

dépens de l'oxygène et de la matière organique et non par fermentation, constitue déjà une garantie de l'inno¬

cuité de l'air des cimetières \ Et, si l'on tient compte de

la quantité relativement minime de ce corps produite par les seuls phénomènes de la putréfaction, il est inadmis¬

sible d'attribuer à l'atmosphère où ce gaz est dilué dans

une si faible proportion des propriétés réellement toxi¬

ques, la rendant incompatible avec l'existence humaine.

* *

Envisageant alors la question sous une autre de ses

faces, les adversaires des cimetières prétendirent qu'il

existait dans leur enveloppe aérienne une quantité plus

considérable qu'ailleurs de microrganismes.

Pour réfuter cette objection, il importe d'étudier enles comparant deux atmosphères, l'une en relation directe

avec un sol riche en substances en voie de décomposi¬

tion, l'autre en rapport avec des endroits qu'une longue expérience a reconnus comme très salubres.

C'est ce que fit du reste Miquel, alors météorologiste-adjoint à l'Observatoire de Montsouris2.

Au moyen d'un aêroscope3, instrument qu'il fit spécia¬

lement construire pour la circonstance, il procéda à l'a¬

nalyse microscopique de deuxéchantillons d'air recueillis

1 II assimile en effet l'acide carbonique engendré par la putréfactionà

celuiproduit par toutes les combustions qui ont lieu à lasurface duglobe.

2 Aujourd'hui directeurdu même observatoire.

3 Yoici quelétait le principe de cet appareil, qui a été depuis modifié: l'air, aspiréparunmoyen quelconque et dirigéde bas en haut par undia¬

phragmeconique, venaitfrapperunelamelle enduitedeglycérine,ydéposer

sesgermes, etserendait de là dansuncompteur quienmesuraitexactement

le volume.

simultanément au parc de Montsouris \ et au cimetière

de Montparnasse.

L'examen des résultats des quinze expériences qui fu¬

rent alors effectuées nous montre que l'atmosphère du premier de ces endroits contenait une moyenne

de 18,6

microbes par litre d'air, tandis que celledu seconden ren¬

fermait 21,5 par litre.

Il résulte donc un excès de trois germes par litre à la charge de l'air du cimetière; mais, mêmeen admettant que cette différence ne soit pas due à l'action de la pluie, qui

amène une variationtrès rapide du nombre des microbes aériens, il faut convenir que l'atmosphère de Montpar¬

nasse n'était guère plus chargée en spores que celle de

Montsouris.

Ces expériences, menées du reste avec des idées nulle¬

ment préconçues et qui, par leur méthode et leur préci¬

sion, ont gardé aujourd'hui encore toute leur valeur dé¬

monstrative, établissent nettement que le sol des cime¬

tières n'est pas une source permanente de semences nom¬

breuses, capables d'enrichir la flore de l'atmosphère.

Mais, même en adoptant l'hypothèse, défavorable pour l'airbaignantles cimetières, d'une grande richesse en mi¬

crogermes, il resterait à démontrer que ces espèces exer¬

cent une action malfaisante sur l'économie animale.

Aussi importe-t-il de savoir si les « graines de micro¬

bes » rencontrées dans l'atmosphère des grandes nécro¬

poles diffèrent essentiellement, au point de vue pathologi¬

que, de celles observées dans les autres lieux fréquentés

par les foules.

Des recherches ont été effectuées dans ce sens ; et

Miquel, qui s'est spécialisé comme on le voit dans la mi¬

crobiologie aérienne, put, en employant la méthode des

1Voisindesfortificationsde Paris etgarnide nombreuses pelouses, ceparc est possesseurd'uneatmosphère relativement trèspure.

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ensemencements, introduire séparément dans des liquides altérables, mais au préalable bien stérilisés, un volume

déterminé des échantillons d'air recueillis aux stations de

Montparnasse etde Montsouris.

Or, parmi les « infiniment petits » auxquels les pous¬

sières contenues dans cesdeuxprises donnèrent naissance,

dansles trente ensemencements, il-fut impossible d'établir

unedifférence notableetde distinguer la prédominance de

telle ou telle espèce dans les spécimens micrographiques

des deux échantillons d'air h

D'après ces travaux minutieux, et enfin par suite du

manque complet de documents scientifiques récents, ten¬

dant à démontrer l'existence, dans l'atmosphère de nos

nécropoles, de microbes infectieux bien définis, réellement

issus du sol affecté aux inhumations, il nous est permis

de tenir pour nullement fondée la théorie d'un contage quelconque, plus facile par l'air des cimetières que par celui des autres parties d'une ville2 ; etnous expliquerons

facilementl'innocuité relative de cet airen nous inspirant

de ce que nous avons écrit auChapitre précédent,

c'est-à-dire enposanten principe qu'une couche de terresuffisam¬

ment épaisse, surtout quand elle est imprégnée d'humi¬

dité 3 comme celle que l'on rencontre jusqu'à 10 ou 12

centimètres de la surface du sol, constitue un filtre aussi puissant que la bourre d'amiante, employée en bactério¬

logie pour arrêter les poussières aériennes.

1Parmices semencescryptogamiques, Miquel reconnut des aspergillus,

peniciliums,

mucors,

selenosporiums, leptothrix.

2 Aujourd'hui du reste, exceptionfaitepourle bacille de latuberculose,on tend àconsidérercommetrès rarelaprésence de bactéries pathogènesdans l'atmosphère extérieure. Quoique n'innocentant pas complètement l'air, la

trinkwasser théorie estgénéralementacceptée.

3La vapeurd'eau s'exhalant des substances organiquesenvoie de décom¬

position est d'une pureté absolue, sicessubstances sont dansun état d'hu¬

midité suffisant.(Miquel,)

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