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ploient-ils pas des moyens identiques, c'est-à-dire d'une

* *

Si nous considérons les résultats,

identiques

en somme,

de toutes ces analyses, il ne

serait peut-être

pas

illogi¬

que d'assimiler

les cimetières à de véritables champs d'é¬

puration, analogues

à

ceux

d'Achères et de Gennevilliers,

dont lavaleur hygiénique n'est

plus maintenant contestée

par personne.

Le but des cimetières n'est-ilpas, comme celui des ter¬

rains d'irrigation, de transformer

des matières organi¬

ques, nuisibles à

l'accomplissement des phénomènes vi¬

taux, en des produits généralement

moins complexes et

dépourvus de toxicité ? Pour

arriver à cette fin, n'em¬

ploient-ils pas des moyens

identiques, c'est-à-dire d'une

part le pouvoir de filtration du

sol, de l'autre les

proces¬

sus de nitrification ? Ne restituent-ilspas enfin, par leur

fonctionnement, au monde vivant, végétal ou animal, une grandepartie des éléments de la

matière

morte

?

Dans ces conditions, les eaux, issues d'un

sol d'inhu¬

mation et qui bénéficient d'une épuration

naturelle, équi¬

valente à celle obtenue artificiellement dans les champs d'irrigation des environs de Paris, ne peuvent

être

accu¬

sées de polluer les rivières ou les ruisseaux

voisins et

être considérées parles populations comme une cause pos¬

sibled'épidémie\

1 DansceChapitre, nousn'avonspas tenucompte deplusieursfaitscon¬

cernant des puits, situés àproximité de certainscimetières. Aen jugerpar

lafaçon dontcesfaits ont étérelatés, ils ont être malétudiés par leurs

observateurs et certainement amplifiés par l'imagination des publicistes.

Avant deporter un jugementdéfinitif, on aurait dû tenir compte de l'état

des fosses d'aisances ouà purin du voisinage, dont la mauvaise étanchéité

pouvait êtrelacausede l'infection de ces puits.

CHAPITRE V

La Putréfaction et l'Atmosphère

Le dernier des grands arguments invoqués en faveur

de lanocuité des cimetières consiste en une double conta¬

mination possible de l'atmosphère dans laquelle nous vi¬

vons. Des auteurs prétendent en effet que la destruction

lente des cadavres par la méthode des inhumations serait

de nature à permettre l'arrivée dans l'air de>4gaz nuisibles

à l'accomplissement des phénomènes essentiels de l'héma¬

tose et à répandre dans l'atmosphère un grand nombre

de germes pathogènes, propagateurs de maladies infec¬

tieuses.

Pour réduire à néant le premier de ces reproches, nous devons tout d'abord nous demander quels sont les gaz,

toxiques ou simplement gênants, dont on peut admettre la production réelle et appréciable, dans les conditions nor¬

males des inhumations.

De différentes recherches chimiques, il résulte que nous pouvons considérer comme possible, mais non comme

nécessaire, la naissance, pendantles différentes phases de

la putréfaction, de divers hydrogènes composés, d'ammo¬

niaque, d'acide carbonique et d'oxyde de carbone.

Or, Yacidesulfhydrique, ouhydrogène sulfuré, n'a ja¬

mais été nettement signalé parles chimistes ou les hygié¬

nistes dans

l'atmosphère

des cimetières. Et cependant ce

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gaz possède une odeur très caractéristique et si forte que

des traces évaluées à 1/1000 suffisent à impressionner

très désagréablement les terminaisons du nerf olfactif.

Bien plus, pour ne pas se fier à ce qui ne pourrait être qu'une erreur de perception d'un sens, des papiers im¬

prégnés d'acétate de plomb ont été placés par Robinet

en différents endroits du cimetièreMontparnasse, à Paris,

et par nous au cimetière de la Chartreuse, à Bordeaux :

jamais l'existence de sulfure noir de plomb n'a été cons¬

tatée à la surface de ces papiers réactifs.

Bien mieux, Schutzenberger, qui, avec un aspirateur à

boule terminé par un tube en plomb, puisa de l'air à des profondeurs variées, dans le sol d'un cimetière parisien

et qui le fit barbotter à travers une solution acidulée d'a¬

zotate de plomb, ne put jamais déceler la présence de ce gaz.

Celui-ci, qui ne serait du reste toxique qu'à un degré

assez élevé de diffusion dans l'air, n'a doncpu être scien¬

tifiquement démontré dans l'atmosphère des cimetières ;

son existence n'y serait possible que si des matières or¬

ganiques se trouvaient en contact intime avec une cer¬

taine quantité de sulfate de calcium (gypse ou plâtre) :

ce dernier se transformerait alors par réduction en sul¬

fure de calcium, qui lui-même donnerait lieu à un déga¬

gement d'hydrogène sulfuré. Mais ce sont évidemment

des conditions anormales de production qu'il est assez fa¬

cile d'éviter.

Quant au ghosphure d'hydrogène, qui est doué d'une

odeur alliacée spéciale et d'une toxicité très marquée,

il

peut théoriquement prendre naissance dans les phéno¬

mènes de décomposition putride. Mais ce corps,

auquel

on attribue la production des « feux follets » *,

possède

4 Ceux»ci existentsurtoutdansl'imagination populaire.

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une grande instabilité, et, en admettant qu'il parvienne à

se frayer une route à travers le sol jusqu'à l'atmosphère,

il serait immédiatement transformé par l'oxygène en aci¬

de phosphorique et en vapeur d'eau, produits tout-à-fait

inoffensifs.

Le gaz ammoniaque, au contraire, estproduit en assez

grande abondance au cours de la putréfaction des subs¬

tances azotées ; mais il ne faut pas s'émouvoir du fait de

son dégagement dans l'atmosphère de nos nécropoles.

D'abord, par suite des phénomènes de nitrification, il n'en

arrive qu'une faible partie à la surface du sol, puisque

des papiers de tournesol, placés en des endroitsconvena¬

bles, n'ont nullement bleui en l'espace de vingt-quatre

heures1 ; ensuite les êtres vivants, hommesou plantes, en

produisent des quantités appréciables par suite du fonc¬

tionnement régulier de leurs organes2 ; enfin, il faut se souvenir que ce corps n'est nocif qu'en grande quantité,

et qu'au contact de l'air, il se combine aux acides car¬

bonique et sulfhydrique 3.

Si nous mettons de côté l'oxyde de carbone, dont la présence dans l'air des cimetières paraît être illusoire *,

il nous reste alors à étudier l'action du gaz qui peut être

considéré comme le plus abondamment produit au cours de la putréfaction des cadavres et comme le plus

impor-1Schutzenbergerqui voulut doser ce gaz aumoyen d'une solution titrée d'acide sulfuriquenetrouvaqu'unrésultat négatif.

2 Les poumons d'un homme sain excréteraient 7 gr. 6680 d'AzH3 en 24 heures.

3IIrésulterait des expériences de Fresenius que l'atmosphère, dont le poids aurait été évalué à 5.263.623.000.000.000 de kilogr., contiendrait en moyenne 4.079.042kilogr. d'ammoniaque.

* Schutzenberger lerechercha en vainau moyen d'unesolution de chlo¬

rure cuivreuxet parla combustion eudiométrique.

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tant au point de vue de la viciation de

l'atmosphère.

Nous voulons parler de Yacide carbonique.

Pourjuger, en pleine connaissance decause, de

l'inten¬

sité de son dégagement par les cimetières, Robinet1 s'est appliqué à évaluer aussi consciencieusement que possible

la quantité maxima de ce gaz engendrée par les corps enterrés dans les champs de repos parisiens 2.

Cherchant à déterminer lepoids de matières organiques qui entraient ainsi en décomposition, il trouva pour une moyenne de 44.000 décès accusés par la statistique

de la

Préfecture de la Seine, et en tenant compte de l'âge et des déperditions subies pendant la durée des maladies, un chiffre de 1.389.000 kilogr. de cadavres livrés aux cime¬

tières de Paris chaque année.

Or, dans ce poids total, onpeut, d'après les minutieuses

recherches de Bischoff sur la composition du corps d'un

homme adulte, admettre les quantités de 56 °/0 d'eau,