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mènes de putréfaction qui se produisent chez les cada¬

vres inhumés; puis, nous arrêtant aux

produits

tant

inter¬

médiaires qu'ultimes ayant pris naissance au cours

de

ces phénomènes, nous

examinerons s'ils possèdent à l'égard

du sol, de l'eau et de l'atmosphère, le rôle nocif

qu'on

leur a attribué.

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CHAPITRE II

La Putréfaction cadavérique

Quand la vie cesse chez un être, les oxydations multi¬

ples et énergiques, qui étaient le principe essentiel des phénomènes vitaux, ne [cessent pas d'une façon brusque

et complète ; elles font place à une combustion organi¬

que particulière, plus lente, et donnent alors naissance à

un «mouvement moléculaire » particulier, qui entraîne la désagrégation de la matière organisée et la production,

aux dépens de celle-ci, d'un certain nombre de corps, à

formule plus ou moins bien établie.

Cette série de décompositions partielles et de dédouble¬

ments chimico-biologiques constitue ce qu'on appelle les 'phénomènes de la putréfaction.

Ils commencent quelques heures après la mort de l'in¬

dividu, mais ne s'accomplissent pas spontanément ; ils se trouvent en effet sous la dépendance de deux genres d'or¬

ganismes : les uns inférieurs, auxquels les microbiolo¬

gistes d'aujourd'hui s'accordent à reconnaître l'aspect et les propriétés de bactéries ou de vibrions ; les autres, plus élevés dans l'échelle des êtres, appartenant à la

classe des Insectes et qui ont été très bien étudiés par

Mégnin dans son livre sur la Faune des cadavres.

Les premiers forment des espèces variées, rangées par lesunsdans le règne animal etclassées parles autres dans

les Champignons ; leurs générations, qui se livrent à un travail chimico-biologiquedont les différentes phases nous sont encore

peu connues, se succèdent jusqu'à la

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tion, ou pour mieux dire jusqu'à la digestion à peu près complète de la matière organique.1

Quant aux seconds, ils ne jouent qu'un rôle secondaire,

mais ayant cependant son importance, dans la destruc¬

tion des cadavres: « ces travailleurs de la mort », comme on les a pittoresquement appelés, ont une action en quel¬

que sorte macroscopique, purement mécanique,

c'est-à-dire n'entraînant avec elle aucun processus chimique.

Leur présence dans les sépultures est dû à ce fait que les

cadavres sont toujours exposés à l'air avant leur inhu¬

mation ; des mouches viennent alors déposer leurs œufs à

leur surface,, etceux-ci, à leur éclosion, donnent naissance

à des larves qui grandissent et se fécondent à leur tour.

Des générations vont alors se multipliant presque à l'in¬

fini etparticipent à l'anéantissement des corps sur lesquels

ils vivent en parasites.2

Mais, pour que cette destruction des matières organi¬

ques puisse, avec l'aide des agents précédents, s'opérer normalement, il est absolument indispensable que certai¬

nes conditions de milieux3, relevant de la nature du ter¬

rain, soient réunies, et surtout que l'air aitun accès rela¬

tivement facile sur les cadavres : car, envisagée au point

1 Parmi ces microbes,d'observationdifficile, Ehrenberg aurait reconnu la présence de:

Plus tard, différents microbiologistes mirent en relief l'action du Coli

bacilluscommùnis, du Bacillus subtilis et du Protococcus.

2 Parmi lesinsectes trouvés dans les fosses des cimetières, les entomolo¬

gistes ontsignalé les différentsgenressuivants: Muscasimplex,

vomitoria,

domestica,

carnaria,

fuscata;

Necroforus;Plenusfur; Taquinus; Scarites.

3 Nous les étudieronsplus loin.

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de vue chimique, la putréfaction n'est qu'une combustion

lente, ettoute combustion exige de l'oxygène.

Quand toutes ces causes entrent en jeu, mais alors seu¬

lement, les phénomènes de décomposition des corps pren¬

nent une allure normale et s'effectuent avec une vitesse variable, tenant à des considérations de sexe, d'âge, de constitution, de maladie, de climat, etc.

Il importe de remarquer maintenant que la putréfac¬

tion, considérée dans sa nature et dans ses résultats, est identique aux phénomènes désignés sous le nom de fer¬

mentations.

Comme pour celle-ci, les facteurs prépondérants de la décomposition des corps sont des microorganismes, les

uns anaérobies, c'est-à-dire se développant dans l'inté¬

rieur de la substanceputrescible, les autresaérobies,

c'est-à-dire croissant et semultipliant à la surface de cettemême

substance.

Suivant la plus grande énergie des uns ou des autres,

la matière organique subit des modifications différentes: lesaérobies, grâce à leurconsommation d'oxygène, brûlent

le plus complètement possible les substances albuminoïdes

servant à l'entretien de leur existence et donnent finale¬

ment naissance à des corps relativement simples, tels que l'eau, l'acide carbonique, l'ammoniaque, etc.

Les anaérobies, au contraire, forcés de s'acclimater à

unmilieunutritif moinsfavorable,nepeuventfaire subir de

modifications profondes aux substances ambiantes: les ré¬

sidusde leur fonctionnement vitalont alors une complexité chimique plus accusée, comme le prouvent soit les am¬

moniaques composées et les mercaptans, soit les acides

gras volatilsà odeur repoussante, soit enfin les produits fécaloïdes, indol et scatol, qu'ils engendrent constam¬

ment.

En outre, dans cette série de métamorphoses, que

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bissent les atomes de la vie animale sous l'influence de l'activité microbienne, des produits fixes prennent aussi naissance, comme le prouve l'existence dans les liquides

sanieux de la putréfaction de corps, tels que la leucine,

la tyrosine, le glycocolle, et les diverses ptomames.

Mais, que tous les corps précédents soient les termes ultimes de réactions biologiques ou qu'ils constituent seu¬

lement des produits intermédiaires de la décomposition

des matières putrides, ils ont toujours une destinée diffé¬

rente suivant l'état physique final qu'ils affectent. Les uns restenten effet à l'endroit même où ils ont pris naissance;

les autres se dissolvent dans les eaux de la nappe

sous-jacente; d'autres enfin vont se diffuser dans l'atmosphère.

Aussi l'hygiéniste ne doit-il pas rester indifférent aux transformations successives de ces corps d'origine appa¬

remment suspecte, et à leur migration dans des milieux

en rapport continuel avec des existences humaines.

Nous étudierons donc séparément les effets de la pré¬

sence de ces produits dans chacun de ces milieux; nous suivrons les dernières transformations qu'ils subissentpar le fait de leurrencontre avecd'autres composés chimiques;

nous examinerons enfin si, en dernière analyse, ils revê¬

tent un caractère de nocuité aussi marqué que l'ont pré¬

tendu les adversaires des cimetières.

CHAPITRE III

La Putréfaction et le Sol

D'après ce qui précède,

il

semblerait,

de prime abord,