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mation sur des plans sous-jacents, ils pourraient consti¬

tuer un danger sérieux pour les personnes

qui feraient

usage de ces eaux.

Ils ne doivent pas non plus être situés

dans des dépres¬

sions de terrain, pour éviter, là encore, une

contamina¬

tion d'autant plus dangereuse des eaux

d'infiltration

que

celles-ci tendent évidemment à se rassembler dans les

« cuvettes » du sol, avant d'aller se joindre à

la

nappe

souterraine.

Les nécropoles doivent donc autant que

possible être

1 Rochard,Encyclopédie d'hygièneetdemédecinepublique, 1892.

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établies sur le plan géologique, niveau moyen des lieux

environnants.

Pour 1'orientation prédominante des cimetières, nous

préférons l'orientation « méridienne1 » à l'orientation

«équatoriale2». Avec la première, en effet, la plus grande

dimension des cimetières recevra un ensoleillement direct de plusieurs heures par jour, phénomène qui a une cer¬

taine valeur hygiénique, puisque les rayons solaires

ont une action incontestée sur les microrganismes pou¬

vant exister dans toute atmosphère ou à la surface de n'importe quel sol.

La question de la climatologie semble tout d'abord peu importante, attendu que des différences de climat

sensibles ne se font ordinairement pas sentir aux deux

extrémités d'une ville même importante, c'est-à-dire à des

distances allant par exemple de 15.000 à 20.000 mètres

au plus.

Cependant, dans les grands centres, industriels par exemple, le climat à la suite de certains facteurs météo¬

rologiques3, peut présenter à l'observation scientifique

des variations hygrométriques appréciables suivant les

endroits. Or, un milieu peu humide exerce, par

Tin-fluence de son atmosphère, une action favorable à la marche normale de la décomposition des corps, d'où la préférence qui doit être donnée aux endroits secs lors de la création d'un cimetière \

1 Dunordau sud.

s Del'est à l'ouest.

3Entr'autres, l'action des vibrationssonores surla condensation de la Va¬

peurd'eau, démontréeparC.-M.-A. LeMaout, en1854.

* Danslespays tropicaux règne une chaleur sèche, les phénomènes deputréfactions'accomplissent avec une très grande rapidité.

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D'après le décret du 7 Mars 1808, il est interdit

d'é¬

lever des habitations à moins de 100 mètres des cime¬

tières. A notre avis, une loi de police sanitaire devrait porter cette distance à 250 mètres et

affecter

à des

plan¬

tations nombreuses et variées la portion de terrain inter¬

médiaire1. Toute considération esthétique mise de côté,

l'écran ainsi obtenu aurait un double résultat, sous le rapport de l'hygiène urbaine : d'une part, il isolerait com¬

plètement la nécropole du reste de la ville; de l'autre, il

serait un terrain d'élimination, les eaux provenant du

sol affecté aux inhumations viendraient se débarrasser de nombreux produits organiques, ammoniacaux et autres,

et il constituerait un filtre gigantesque où seraient rete¬

nus, puis détruits les microrganismes que certains savants

veulent voir exister dans ces eaux.

Il reste à examiner maintenant quelle sera la superfi¬

cie nécessaire à un cimetière, afin d'y éviter un entasse¬

ment indécent de cadavres et d'y empêcher une impré¬

gnation exagérée du sol qui mettrait alors obstacle à la

destruction rapide de la matière organique.

L'étendue de cette superficie devra être évidemment proportionnelle au nombre des habitants de la ville et à

la durée de la période fixée par la législation pour une

«rotation de corps ».

Or, dans la première moitié du siècle, Tardieu estimait qu'une superficie de 34,000 mètres carrés devait suffire à

la mortalité d'une population de 100,000 âmes.

En 1892, Rochard et Vallin 2, traitant de l'hygiène

ur-1ABordeaux, il est loin d'en être ainsi, puisque trois des quatrecôtés du cimetièrede la Chartreuse sontentourés derues s'élèvent de nombreuses habitations.Depuis leur construction, on n'y a cependant jamais constaté

aucune épidémie, pouvant être imputée à laproximité du cimetière,

2Encyclopédie d'hygièneetdemédecine publique.

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baine, demandaient pour chaque tombe une superficie de

quatre mètres carrés ; mais ils tombaient, à notre avis,

dans l'exagération en voulant réserver pour les avenues, sentiers et monuments une surface plus considérable que celle attribuée aux sépultures.

Plus récemment, Langlois \ n'admettant la reprise du

sol des inhumations qu'au bout de sept années et assi¬

gnant trois mètres carrés de terrain à chaque cadavre,

allées comprises, en proposait alors 60.000 pour un chif¬

fre de 100,000 habitants.

Quant à nous, nous nous basons sur les nombreuses

exhumations auxquelles nous avons assisté à Bordeaux et ailleurs2, pour demander des modifications notables aux

prescriptions du décret du 23 Prairial an XII3.

D'une part, nous proposons qu'un espace superficiel de

six mètres carrés soitattribué à chaque sépulture4, afin de constituer, autour des cadavresinhumés, un cube de terre plus que suffisant pour la décomposition continue de la

matière organique et pour l'épuration naturelle des pro¬

duits de la putréfaction.

1Précisd'hygiène 'publiqueetprivée, 1896.

2 Souvent, quand lesconditions géologiques du terrain étaient médiocres,

nous avons constaté que des corps, aubout de sept ou de huit années d'in¬

humation, n'étaientpas complètement détruits: quelques-uns même, dont

les muscles de l'abdomen etdes membres inférieurs principalement étaient convertisenadipocire, ontpuêtrerelevés tout d'une pièce; les articulations, voirecelle du maxillaireinférieur, n'étaient pas luxées, les ligaments arti¬

culairesayant gardé toute leur intégrité. Par contre, nous avons observé que, même dans des fosses argileuseset humides, les cadavres tuberculeux étaient réduits entrèspeu detemps.

3 Titre I. Art. 4.Chaque inhumation aura lieu dansunefosseséparée; chaque fossequiseraouverteaurade 1 mètre 5 décimètres à 2 mètres de profondeursur8 décimètres de largeur...

Art. 5. Lesfosses seront distantes les unesdes autres de 3 ou 4 déci¬

mètressurlescôtés, et de 3 à 5 décimètres à la tête etauxpieds.

* Nous faisons entrer dans cechiffre l'évaluation des espacespratiquement inutilisables pour les inhumations, c'est-à-dire ceux réservés aux allées, concessionsperpétuelles, etc.

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D'autre part, nous émettrons le vœu que la durée du

« temps de circulation » soit portée en France1 à dix

ans, afin d'obtenir, même dans les terrains de valeur cré¬

matoire médiocre, une destruction parfaite de toutes les parties molles de l'organisme humain, etpour assurer, en outre, aux morts un plus long et plus respectueux repos que celui que leur accorde la législation actuelle.

Donc, en admettant une mortalité de 23 °/00, proportion

autour de laquelle oscille annuellement le nombre des dé¬

cès en France, et en tenant compte des desiderata précé¬

dents, nous voyons que, pour une ville de 100,000 âmes,

ilfaudrait, lors de la création d'un cimetière, une étendue de terrain d'environ 138,000 mètres carrés, soit 1 m-q-,38

par habitant.

De plus, la plupart des grandes villes subissant par

siècle une augmentation à peu près égale en moyenne au

1/3 de leur population, nous pourrons, en faisant inter¬

venir ce nouveau facteur, établir une formule mathéma¬

tique, très simple, donnant de suite l'étendue, conforme

aux principes hygiéniques, que doit avoir le cimetière d'une ville2.

1Les règlements sanitaires assignent à ce temps de circulation des pé¬

riodes très variables suivant les pays :

30ans enPrusse et enHesse-Darmstadt,

20 » àFrancfort-sur-Mein,

18 » en "Wurtemberg,

15 » à Leipzig,

10 » àS.tuttgard, 9 » à Munich.

8 Si, d'après les données précédentes, nous cherchons à établir la valeur

hygiénique des cimetières deBordeaux, qui forment àpeu près uneéten¬

duede300,000 mètres carrés pour unepopulation de 260.000 habitants et

une moyenne annuelle de 5.843 décès, nous voyons que ces cimetières, celui desCatholiques notamment, sont dès maintenant insuffisants. D'après notre formuleet en tenantcompte de l'augmentation séculaire de la population

bordelaise,ils devraientposséderune superficietotale d'environ 470.000 mè¬

tres carrés.

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La formule, que nous proposons, a

la constitution sui¬

vante:

/ N\

2 = 1 38

(N+yV