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des pointes de projectile en matières osseuses dans le Magdalénien du Bassin parisien

Jean-Marc Pétillon, UMR 7041 – ArScAn

À partir du début de l’année 2006, nous entamerons un programme d’étude centré sur les aspects fonctionnels des pointes osseuses des sites magdaléniens du Bassin parisien. Ce programme fait partie d’un projet de recherche soutenu par l’attribution, à l’auteur de ces lignes, d’une alloca- tion post-doctorale de la Région Ile-de-France. Il sera mené en parallèle avec l’analyse des techni- ques de transformation des matières osseuses (A. Averbouh).

Cette étude a été motivée par le fait que les pointes de projectile, malgré un effectif relative- ment réduit (une trentaine de pièces, provenant presque exclusivement de Pincevent et Verberie), représentent de très loin le type d’objet le plus abondant dans l’industrie en bois de Cervidé des gisements magdaléniens de la région. C’était donc probablement la seule catégorie d’objets finis pour laquelle on pouvait envisager une perspective d’étude dépassant la simple description typologique de pièces isolées.

Par ailleurs et surtout, la reconstitution des comportements cynégétiques des Magdaléniens du Bassin parisien fait aujourd’hui l’objet de nombreu- ses recherches – la table ronde organisée sur ce thème en octobre 2004 par A. Bridault et B. Valentin étant l’illustration la plus récente de ce dynamisme (Valentin et al., 2004, p. 69-97). Or, de par leur nature même, les pointes osseuses occupent une position charnière dans le système paléolithique d’exploitation du monde animal : fabriquées à partir de matériaux d’origine animale, elles vont ensuite être utilisées, à la chasse, pour capturer de nouvel- les proies. Nous espérons donc que leur étude per-

mettra d’apporter de nouveaux éléments de ré- flexion venant compléter tant l’analyse des arme- ments lithiques que celle des restes de la faune chassée.

La méthode d’étude que nous envisageons pour l’instant s’inspire très largement de l’expérience acquise lors de notre travail de docto- rat, portant sur les armatures osseuses du Magdalé- nien supérieur d’Isturitz (Pétillon, 2004). Telle que nous la concevons, l’interprétation fonctionnelle des pointes de projectile s’appuie sur trois types de données :

Tracéologiques : étude des traces d’impact

balistique – que ces traces soient macroscopi- ques (fractures, écrasements) ou microscopiques (stries, polis) – en s’appuyant sur un référentiel expérimental ad hoc. D’après le premier exa- men rapide que nous avons effectué sur une partie du matériel (Verberie), il n’est pas du tout certain que l’état de surface et le degré de frag- mentation de la série permette de développer ce type d’approche ; une observation plus appro- fondie s’impose néanmoins avant de trancher.

Morphométriques : dans une optique fonc-

tionnelle, la forme et les dimensions des pièces – en particulier de leur base – fournissent des renseignements précieux sur le calibre minimal des hampes utilisées et la morphologie probable des emmanchements. De ce dernier point de vue (et en nous appuyant là encore sur nos premiè- res observations), il semble par exemple que derrière une apparente uniformité typologique,

Habitats et peuplements tardiglaciaires du Bassin parisien Fonction et fonctionnement des pointes de projectile en matières osseuses dans laMagdalénien du Bassin parisien

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marquée par la large prédominance des pointes à biseau double, les pièces du Bassin parisien montrent une diversité assez inattendue, sensi- ble dans les formes, dimensions et aménage- ments desdits biseaux.

« Technologiques » au sens étroit (i.e. concer-

nant le choix de la matière première et les tech- niques de production) : dans le cadre d’une col- laboration avec A. Averbouh, nous souhaitons réfléchir aux éventuelles implications fonction- nelles de certains aspects du schéma opératoire de production des pointes de projectile. Ainsi, l’identification de pointes fabriquées sur support en volume est une donnée relativement atypique pour le Magdalénien ; son explication pourrait se trouver quelque part au croisement entre les exigences fonctionnelles des projectiles et les contraintes de la matière première disponible...

À plus long terme, si ces particularités ty- po-technologiques se confirment, il pourrait être intéressant de rechercher d’éventuelles similarités dans les séries de pointes de projectile issues de gisements voisins. À notre connaissance – et en faisant pour l’instant abstraction du problème de la position chronologique relative des différents sites – les sites magdaléniens les plus proches ayant livré de l’industrie osseuse sont les grottes de Farincourt (Haute-Marne), à 200 km au sud-est de Pincevent, et l’ensemble des sites du Namur belge (Chaleux, Bois Laiterie, Trou du Frontal, Trou des Nutons...), à 200 km au nord-est de Verberie. En élargissant encore la zone de recherche, jusqu’à 300 km autour de nos deux sites, on englobe au sud-ouest les sites de l’Indre et de la Vienne (La Garenne, Bois-Ragot, Angles-sur-l’Anglin...), au sud les sites de l’Allier et du Puy-de-Dôme (Les Petits Guinards, Pont-de- Longues...), et on atteint au sud-est les sites de l’Ain (La Colombière, l’Abri Gay, La Croze-sur-

Suran, etc.). Ce ne sont bien sûr là que quelques indications concernant les directions privilégiées dans lesquelles pourrait se développer une éven- tuelle approche comparative...

Bibliographie

PÉTILLON J.M.

2004 : Des Magdaléniens en armes. Technologie des

armatures de projectiles en bois de Cervidé du Magdalé- nien supérieur de la grotte d'Isturitz (Pyrénées- Atlantiques). Thèse de doctorat, université Paris I, 431 p.

VALENTIN B., BODU P., JULIEN M.

2004 : Habitats et peuplements tardiglaciaires du Bassin

parisien. Projet collectif de recherche 2003-2005, pro- grammes P7 et P8, rapport d’activité pour 2004. Rapport

RÉSUMÉS

DE QUELQUES TRAVAUX DE SYNTHÈSE