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Les données du sous-sol dont nous avons disposé proviennent d’observations principalement effec- tuées par nos soins dans le cadre d’interventions archéologiques ou lors de suivis de travaux d’aménagement. Faute de précisions suffisantes, fort peu de sondages géotechniques ont pu être utilisés. Cet état de fait a entraîné une distribution

très contrastée des points d’informations avec des secteurs finement explorés et, à l’opposé, des zones sans aucune observation stratigraphique (fig. 8). Malgré cette carence, la restitution, à l’aide du SIG, des paléotopographies des différentes formations distinguées fournit des réponses sur la taphonomie des occupations tardiglaciaires. Ce traitement des données nous informe tant sur le degré de conser- vation des industries rencontrées que sur les poten- tialités de découvertes dans les parcelles non per- turbées et non documentées.

Rappelons que les vestiges archéologiques recon- nus dans ce secteur concernent le Magdalénien supérieur, le Mésolithique de manière plus incer- taine, ainsi que des périodes plus récentes, Néoli- thique et Âge du Bronze. Les niveaux les plus an- ciens ont été rencontrés en stratigraphie, dans les sables et limons lités pour le Magdalénien tandis que les plus récents (néolithiques, protohistoriques) sont apparus dans des contextes d’érosion et de discordance et le plus souvent dans le sol actuel. Les sables et limons lités et le limon supérieur of- frent le plus fort potentiel de découverte, notam- ment pour les industries tardiglaciaires dans le premier ensemble. Ces deux paléoformations sont caractéristiques d’un processus génétique précis - le système fluviatile - et elles sont associées à des paléoformes, également précises, constituées de dépôts d’alluvions fines accumulées dans les lits des cours d’eau et sur les rives inondables. L’analyse des modèles numériques montre que ces deux formations limoneuses constituent un long bandeau au pied du versant qui correspond à la couverture d’alluvions récentes (Fz) sur la carte géologique (Carte géologique de la France, feuille de Corbeil-Essonne, BRGM) (fig. 11 et 12). Elle

Habitats et peuplements tardiglaciaires du Bassin parisien Taphonomie des sites tardiglaciaires dans la vallée de la Seine en aval de Corbeil-Essonnes

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indique que cette couverture a été limitée par les lits modernes de la Seine et du ruisseau qui s’y sont inscrits et l’ont érodée.

Le potentiel archéologique est lié au jeu de l’érosion qui se manifeste d’une part, par les formes d’aplanissement, liées aux ruissellements de sur- face, dans le cadre de l’encaissement des cours d’eau au Postglaciaire, et de l’autre, par un proces- sus linéaire et brutal de ravinement et de modifica- tion des lits des cours d’eau. Des niveaux magdalé- niens ont donc pu être érodés, et les sols d’occupation reconnus sur le site d’Étiolles écrêtés dans leur partie haute, si on considère ces phéno- mènes d’érosion et l’élargissement postglaciaire du lit du ru des Hauldres qui apparaît dans la topogra- phie du toit des limons beiges homogènes (fig. 12). D’après l’analyse des modèles numériques, le po- tentiel encore existant pour les industries tardigla- ciaires se situerait principalement en aval, entre le gisement principal d’Étiolles et la parcelle des Coudray (LCA) où les sables et limons lités sont les plus développés, en bordure du tracé de l’ancien lit de la Seine (fig. 14). Ce secteur n’a pas fait l’objet d’investigations archéologiques. Le pied du versant en amont du ru des Hauldres présente aussi un potentiel archéologique mais plus incertain.

C

ONCLUSION

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VERS UNE ARCHEOLOGIE PREDICTIVE

Ainsi, l’étude croisée de toutes les sources docu- mentaires disponibles autour du gisement d’Étiolles, par le biais d’un SIG, a permis de déga- ger les grandes lignes de l’évolution morphologique de cette partie de la vallée de la Seine. Elle apporte aussi des informations sur la taphonomie des ni- veaux tardiglaciaires dans l’espace étudié. Dans la zone où des niveaux magdaléniens ont été recon- nus, cette analyse révèle que l’évolution des cours

d’eau a pu éroder la partie supérieure des sols d’occupations, tandis que pour les terrains non bouleversés et non sondés, elle suggère la présence d’un potentiel archéologique principalement à l’ouest du site classique d’Étiolles.

Toutefois, malgré la petite échelle de l’aire d’étude, quelques kilomètres de rive entre les deux ponts, cette analyse ne peut fournir une interprétation précise en raison de la carence des informations dans certains secteurs et du caractère réducteur du nombre d’ensembles stratigraphiques retenus (cinq). La connaissance de l’étendue réelle du po- tentiel tardiglaciaire de cette portion de vallée né- cessiterait des observations directes, lors d’une campagne de sondages légers à la tarière par exem- ple. La démarche suivie s’est donc avérée apte à répondre, partiellement au moins, à notre problé- matique taphonomique mais elle n’affranchit pas d’une étude de terrain ou d’analyses spécifiques qui manquent encore dans l’aire considérée. La résolu- tion précise de la question posée sur l’habitat mag- dalénien passe clairement par l’intégration de tous les moyens d’investigation.

De l’étude réalisée, il peut être tirée une stratégie de recherches archéologiques concernant les gisements du Paléolithique supérieur et final dans les vallées de la Seine et de ses grands affluents au centre du Bassin parisien. En effet, de nombreux sites ont été trouvés dans des limons alluviaux. L’analyse des espaces et de leur sous-sol, à l’aide d’un système d’information géographique, permet de délimiter les espaces potentiels que sont les fonds de vallées et dans lesquels sont conservées des sections d’anciens lits mis en relief par l’encaissement des lits actuels. Ce modèle pourrait être validé par des recherches de terrain supplémentaires dans la zone étudiée ou par l’application de cette démarche à une

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