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Tous les participants à notre dernière as- semblée plénière ont formulé le vœu d’une re- conduction de notre PCR pour trois ans au moins [Annexe 2, ce volume]. Les perspectives qu’il faut donc maintenant esquisser sont celles de cet éven- tuel nouveau cycle triennal de 2006 à 2008. Les auteurs de ce rapport l’ont déjà fait par petites tou- ches en glissant de-ci de-là dans leurs bilans quel- ques éléments de prospective. Tous ensemble, au cours de la dernière assemblée de 2005 [ibid.], nous avons cherché comment faire converger ces objec- tifs particuliers et nous avons aussi imaginé quel- ques nouvelles directions qui pourraient mobiliser plusieurs d’entre nous à la fois.

Parmi ces thématiques sur lesquelles nous souhaitons mettre un accent particulier, il y a la fonction des sites dont on a beaucoup discuté au cours de notre récente table-ronde sur les habitats. Pour le moment, malgré leurs orientations cynégé- tiques différentes, les diverses occupations magda- léniennes se distinguent peu les unes des autres par la nature des tâches qu’elles ont accueillies : dé- coupe bouchère, traitement des peaux, travail des matières osseuses constituent les principaux objec- tifs fonctionnels révélés par la tracéologie, et leur importance respective varie peu. De ce point de vue, il existe également assez peu de contrastes entre Magdalénien et Azilien. Il importe donc dé- sormais de vérifier si cette monotonie est réelle ou bien si ce n’est qu’une apparence liée à une échelle d’observation encore trop imprécise, par exemple à une attention portée surtout à la fonction (le do- maine général d’activités) plutôt qu’au fonctionne- ment des outils, et donc à la nature précise des

tâches. Les moyens de cette vérification sont en partie à notre portée : depuis une trentaine d’années, le Tardiglaciaire du Bassin parisien a constitué un terrain d’exercice privilégié pour plusieurs généra- tions de tracéologues dont les résultats ont été pu- bliés sous des formes et en des lieux très divers. Un solide bilan de ces premiers acquis trop dispersés est donc aujourd’hui indispensable, et il pourrait orienter les investigations plus détaillées désormais nécessaires. Cette synthèse est programmée pour l’année prochaine et devrait donner matière à une journée de travail permettant de définir de nou- veaux axes de recherche, dans une perspective à la fois palethnologique – la reconstitution des cycles saisonniers d’activité – et paléohistorique – la trans- formation des outillages d’un moment à l’autre du Tardiglaciaire.

Toujours au chapitre très général de la fonction, celle des occupations belloisiennes autour de 9500 avant J.-C. mérite de nouvelles investiga- tions sérieuses. Après l’Azilien et l’apparent hiatus du Dryas récent, ce Belloisien avec ses possibles ateliers de taille se signale par une structuration économique encore très difficile à modéliser, faute de sites d’habitat explicites, ou bien peut-être faute d’avoir su les reconnaître. Ces difficultés nous engagent à une révision systématique, et peut-être à un changement de paradigme, à propos du statut des occupations belloisiennes, car on pressent qu’il pourrait exister toute une gradation mal comprise depuis des haltes très spécialisées jusqu’à des sé- jours s’étant accompagnés de tâches beaucoup plus diversifiées. D’un point de vue technologique très général, ce Belloisien s’affiche en rupture avec

Habitats et peuplements tardiglaciaires du Bassin parisien Perspectives

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l’Azilien et, si l’on met beaucoup de détails de côté, il présente en outre une ressemblance indiscutable avec le Magdalénien : il importe maintenant de réfléchir sur la signification de cette convergence technique à 2000 ans d’intervalle. Des questions se posent donc sur la place dans l’histoire du Belloi- sien : quelles raisons économiques à cette conver- gence avec le Magdalénien ? quelle filiation avec l’Azilien ? quelle descendance mésolithique ? De même, il faut réfléchir sur sa place dans un phéno- mène apparemment très vaste dont on ressent des échos jusqu’au Portugal, jusqu’en Norvège et jus- qu’en Pologne. Un jour prochain, ces questions méritent sûrement qu’on organise une rencontre au moins nationale, voire internationale, qui permet- trait de mettre les données du Bassin parisien en perspective. Ce projet paraît envisageable à moyenne échéance et pourrait constituer le « point d’orgue » marquant la fin du prochain cycle trien- nal.

D’ici là, plusieurs autres projets lancés ces trois dernières années devraient aboutir. Ceux qui concernent la culture matérielle des Magdaléniens sous divers aspects (industrie osseuse, évolution discrète des méthodes de taille, techniques culinai- res) sont partiellement portés par des Doctorats dont l’achèvement est proche. On compte également beaucoup sur une confrontation serrée en notre Magdalénien et celui d’Allemagne du Nord qu’on a pris coutume d’appeler Hambourgien. Sur l’Azilien aussi, des confrontations à longue distance, et no- tamment avec le domaine alpin, sont attendues. Autant de mises en perspective qui devraient enri- chir les premières modélisations qui mobilisent tous ces faits techniques pour une compréhension plus globale des changements économiques au cours du Tardiglaciaire. À ce titre, la poursuite des investi- gations sur les tactiques de chasse est plus que jamais indispensable. Elle ne se conçoit qu’en rap- port avec une étude approfondie de la recomposi-

tion des milieux, et c’est dans cet esprit que nous comptons relancer les analyses biogéochimiques sur la faune, autrement dit des mesures isotopiques (13C et 15A) sur les gibiers magdaléniens et aziliens : suspendues pour un temps, les analyses sur le Bas- sin parisien viendraient utilement compléter une base de données déjà très complète en d’autres régions. En parallèle, l’étude des milieux devrait évidemment bénéficier de la poursuite des recher- ches sur les séquences à très haute résolution envi- ronnementale.

Parmi elles, celle du Closeau vient donc tout juste de révéler une périodisation inédite qui pourrait à terme permettre de caler très précisément par recoupements des séquences archéologiques à plus faible résolution environnementale comme Pincevent. On entrevoit ici les bénéfices les plus concrets d’une interdisciplinarité que nous comp- tons renforcer encore, en finalisant des projets très bien avancés qui traitent de l’évolution des paysa- ges tardiglaciaires dans deux secteurs de vallée, autour d’Étiolles (Essonne) et de Bazoches (Seine- et-Marne). Dans ce dernier secteur, les premiers résultats mettent en évidence le potentiel tardigla- ciaire d’une micro-région, et à Bazoches ce poten- tiel peut être évalué pour chacune des phases d’une évolution très minutieusement détaillée. Il est sou- haitable que ces reconstitutions puissent servir de modèles pour orienter les surveillances archéologi- ques à venir dans des zones très sensibles. On es- père que notre PCR apportera ainsi sa contribution à une bonne prévention des risques dans l’archéologie du Tardiglaciaire.

LISTE DES ARTICLES EN RAPPORT AVEC LE PCR