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Pistes en termes de politiques publiques

Dans le document Quel accueil pour le jeune enfant (Page 117-120)

Tout d’abord, nous faisons nôtres les pistes proposées par Martin et al. (2017, 147), en termes de pistes d’actions publiques :

« Il conviendrait de tenir compte le mieux possible de l’étendue des variables extrafamiliales dans la fabrique des problèmes sociaux contemporains, pour éviter cette “défausse” des responsabilités publiques sur les responsabilités privées, ce blâme qui pourrait facilement s’organiser dénonçant l’incompétence ou l’irresponsabilité parentales. »

« Il conviendrait de prendre la mesure du réel travail éducatif et de soin autour de l’enfant, et des inégalités sur lesquelles il est construit. Doit-on promouvoir au sein de ces dispositifs l’idée d’égalité des sexes de façon plus appuyée ? Si oui, cela nécessiterait des modules de sensibilisation dans les formations et à destination des professionnel.le.s. »

« La question de la prise en compte de l’interculturalité est délicate pour évi-ter le risque de stigmatisation. Néanmoins, il apparaît que les professionnel.

le.s ne sont pas forcément outillé.e.s pour y répondre. Il conviendrait là aussi d’envisager des actions spécifiques à destination des professionnel.le.s sur ces questions. Se pose alors la question de qui les mènerait et avec quels objectifs précisément. »

Ensuite, il serait nécessaire de se demander qu’est-ce qui détermine, chez les membres des familles vivant dans des situations de pauvreté, à prétendre ou au contraire renoncer à un mode d’accueil. Mais aussi dans quelle mesure cette renonciation ou cette adhésion infléchissent-elles, à terme, la reproduction des inégalités et de la pauvreté ?

• L’analyse suggère qu’une politique publique fondée sur une offre de prestation monétaire à l’accueil de la petite enfance doit s’accompagner – voire reposer sur – une politique publique qui investit directement dans des structures et services pour proposer et mettre à disposition une offre stable et de qualité susceptible de tenir compte des attentes et des craintes des familles en situation de pauvreté.

• Un accueil collectif ET universel : comme souligné dans ce rapport, la combi-naison de ces deux principes renforcerait la mixité sociale, lutterait contre l’ex-clusion des familles en situation de précarité et les réinsérerait dans une position de dignité. Il serait nécessaire de vérifier cela, par exemple, sur cette question de l’accueil collectif, en cherchant à connaître véritablement les pratiques de parti-cipation des familles et ce qu’elles induisent, en résonance, sur leur partiparti-cipation à la vie de la cité. Pour ce qui concerne le contexte national, la littérature scienti-fique apparaît parcellaire et peu développée, alors que de nombreuses initiatives tentant d’endiguer des phénomènes de pauvreté sont mises en place

ponctuelle-ment dans les EAJE sur le territoire national mais ne font pas l’objet d’écrits « à valeur scientifique » et demeurent, de ce fait, méconnues. Il demeure des zones d’ombre, faisant peu l’objet de recherches, alors qu’elles sont essentielles non seulement en termes de politiques publiques mais plus généralement en termes de choix de société.

• En quoi la solidarité publique soutient-elle la solidarité privée ? Autrement dit, il faut faire l’hypothèse qu’une solidarité publique envers les individus particu-liers accueillant des enfants de moins de 3 ans (sous forme de dédommagement, de droit au répit, de possibilité de suppléance temporaire, de conseil…) permet-trait de développer, d’accompagner, voire de contrôler cette forme d’accueil ? Il s’agirait dès lors de ne pas opposer les formes d’accueil, mais de toutes les soutenir et de mieux les articuler, dans l’intérêt de l’enfant accueilli. Ce soutien et cet accompagnement seraient tout particulièrement bénéfiques aux enfants en situation de pauvreté puisque leurs parents ont plus souvent recours à des formes d’accueil privées ou « informelles », souvent auprès des membres de leur parenté, par choix ou par contrainte. Ainsi, des études seraient pertinentes en termes de développement de l’enfant et de lutte contre la pauvreté, sur cette arti-culation des solidarités par un soutien public à la solidarité privée.

• L’investissement à l’égard des très jeunes enfants par l’adoption de mesures susceptibles de renforcer à terme leurs compétences et leurs capacités apparaît, nous l’avons montré ici, comme un des moyens possibles pour prévenir la trans-mission de la pauvreté et de la précarité. Or, cet investissement sur les jeunes enfants semble reposer, sinon exclusivement, du moins essentiellement, sur les mères en tant que contributrices à leur bien-être général et à celui de la société (Jenson, 2011). Il serait donc utile que, dans les politiques en faveur des jeunes enfants, les intérêts des femmes et des mères soient eux aussi considérés.

• Nous ne disposons que peu d’éléments sur les projets éducatifs ou ceux liés au développement des apprentissages dans les structures d’accueil de la petite enfance, les travaux menés apportant peu d’éléments de discussion susceptibles d’éclairer ce point. Or, pour les enfants issus de foyers défavorisés, il semble que ce sont davantage les axes de recherche relatifs aux apprentissages et au langage qui sont développés (notamment dans les travaux anglo-saxons). Quelles sont les autres actions proposées ? Peut-on faire une recension des initiatives locales ? Ainsi se termine cet état des savoirs, sans aucun doute incomplet, mais qui permet de proposer quelques perspectives de recherche et d’ouvrir des pistes en termes de politiques publiques, sur la question complexe de l’accueil dans les structures de la petite enfance des jeunes enfants et de leurs familles en situation de pauvreté dans notre pays.

Dans le document Quel accueil pour le jeune enfant (Page 117-120)