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(Meltzoff et Moore. Extrait de « Science »,1977).

Jean-Pierre Geslin. 97

• Le calcul chez les bébés…

Techniques d’étude de l’activité perceptive des bébés:

Le paradigme d'habituation ou technique d’habituation (ici visuelle mais elle peut aussi être auditive ou tactile) : dans la 1ère phase les enfants sont accoutumés à des collections qui sont toutes de même taille. On considère qu’ils sont "habitués"

quand leur fixation du regard chute de 50 %.

Dans une seconde phase, on leur présente une nouvelle collection (en alternance avec l’ancienne). « Celle-ci peut être soit de même taille que les précédentes soit de taille différente (plus ou moins grande que les collections précédentes)… » : les enfants regardent plus longtemps quelque chose qu’ils considèrent comme nouveau, différent… en l’occurrence ici une collection de taille différente.

Le paradigme d'événement

impossible : cette fois-ci la technique repose sur l'idée que les enfants regardent plus longtemps une scène inattendue (dite "événement impossible") qu'une scène respectant leur connaissance (dite "événement possible").

Résultats (à l’aide de la première technique) :

* Des bébés âgés seulement de 1 à 3 jours8 et des bébés de 5 mois9 pouvaient discriminer des collections de 2 objets d’autres de 3 objets.

* « De très nombreuses études ont répliqué ces résultats quelle que soit la manipulation des

conditions de présentation des objets : des objets de taille, forme et position variables (Strauss & Curtiss, 1981), des objets différents (à 7 mois, Starkey, Spelke & Gelman, 1990), des objets en mouvement ( à 5, 8 et 13 mois, Van Loosbroeck & Smitsman, 1990), des objets présentés séquentiellement (Canfield & Smith, 1996). Cette capacité de discrimination ne se limite pas seulement aux objets physiques. Les bébés sont aussi capables de discriminer le nombre de sauts (2 vs 3 sauts) effectués par une poupée, que celle-ci reste sur place ou soit en mouvement (Wynn, 1996). Ils peuvent aussi discriminer des mots de 2 syllabes vs des mots de 3 syllabes (Bijeljac-Babic, Bertoncini & Mehler, 1991). Ces résultats montrent que les représentations numériques des bébés sont suffisamment abstraites pour être appliqué à différentes situations et différents types d'objets ».

« Cependant, pour des quantités supérieures à 3, les résultats sont beaucoup moins clairs. Par exemple, les bébés de 10-12 mois ne pourraient pas discriminer 4 de 5 (Strauss & Curtiss, 1981). De même, les bébés de 6 mois ne pourraient distinguer une collection de 4 objets par rapport à une collection de 6 objets… (Starkey et Cooper, 1980) ».

« Au contraire, d'autres recherches ont montré que les bébés de 6 mois pouvaient discriminer de grandes collections. En effet, ils font la différence entre 8 et 16, aussi bien en présentation visuelle qu’auditive, et ceci alors que toute variable pouvant affecter leur perception (e. g., contrastes de couleur, densité, rythme) est contrôlée (Xu & Spelke, 2000). Par contre, ces bébés ne peuvent discriminer 8 de 12 dans de telles conditions de contrôle (Xu & Spelke, 2000).

De même, des bébés de 5 et 8 mois peuvent discriminer 3 de 4 alors que les objets sont en mouvement, et même 4 de 5 pour les bébés de 13 mois (Van Loosbroeck & Smitsman, 1990) ».

Textes entre guillemets de Barrouillet Pierre, Blanc Dominique, Camos Valérie,Charnay Roland IUFM de Lyon, Coquin Danièle, Dossat Luce, Fayol Michel, Thévenot Catherine, Verschaffel Lieven. 2002.

8 Antell et Keating (1983).

9 Starkey et Cooper (1980).

Les stimuli sont projeté depuis l’écran vidéo (qui est venu remplacé le projecteur de diapositives des premières expérimentation) sur un miroir incliné. Le regard du bébé est

enregistré par la caméra et transmis à l’ordinateur.

L’ordinateur permet aussi de créer des stimuli et de les envoyer à l’écran vidéo.

Schéma (légèrement modifié) extrait de « La Recherche » n° 236 d’Octobre 1991 : « L’intelligence des bébés par Roger Lécuyer.

Résultats (à l’aide de la deuxième technique) :

Etude de Wynn (1992) parue dans la revue Nature : Addition et soustraction chez l'enfant.

« En effet, à travers la procédure de la transgression des attentes (réaction à l’événement impossible), elle a montré grâce aux temps de fixation visuelle que des bébés de 4-5 mois

sont capables de calculer le résultat d’opérations arithmétiques simples (addition et soustraction).

Pour l’une des conditions, l’addition, son protocole expérimental est le suivant. Elle place devant le bébé un Mickey sur une plate-forme. Un écran en rotation cache le Mickey. Ensuite, devant les yeux de l’enfant, un second Mickey est introduit derrière l’écran. Celui-ci s’abaisse alors, révélant soit un Mickey (événement impossible) soit deux Mickey (événement possible).

Pour la seconde condition, la soustraction, deux Mickeys sont placés sur la plate-forme. On lève l’écran. Puis, un Mickey est ôté (le bébé le voit).

L’écran se baisse et l’enfant découvre soit un Mickey (événement possible), soit deux Mickey (événement impossible).

Les résultats ont montré que le temps de fixation visuelle des bébés est plus long pour l’événement impossible que pour l’événement possible.

L’enfant est surpris devant la situation impossible. Il paraît alors conscient que l’événement ne respecte pas ses connaissances du monde et qu’une propriété du réel a été transgressée ».

« Wynn conclut alors que l’enfant réalise un calcul précis. L’enfant s’attend à ce que le résultat de l’addition d’un Mickey à un autre soit deux Mickey et non un ou trois »… « D’après Wynn, l’enfant possède des capacités numériques vraisemblablement innées qui lui permettent de calculer le résultat exact d’opérations arithmétiques simples ».

A noter qu’on obtient des résultats similaires avec des singes macaques (de l’espèce rhésus) adultes en remplaçant les Mickeys par des… aubergines !!! Seule différence : la fixation du regard en situation impossible est plus accrue

(elle peut doubler).

Et si le bébé ne comptait pas et se contentait d’une perception globale par laquelle 1 + 1 serait égal à plus que 1 (soit 2 ou 3) » ?

Dans une 3ème expérience, Wynn a présenté l’addition 1 + 1 et a montré que l’enfant remarque également la transgression lorsqu’on lui présente l’événement impossible 1 + 1 = 3 et l’événement possible 1 + 1 = 2 : il observe plus longtemps la situation impossible avec 3 objets que la situation possible avec 2 objets. Il se comporte comme s'il « savait » que 1 + 1 ne fait ni 1 ni 3, mais bien exactement 2.

« Houdé (1997) en adaptant au niveau verbal le protocole de Wynn avec des enfants de 2-3 ans (en crèche) et des enfants de 3-4 ans (en 1ère année de maternelle). A la place des Mickey, il a utilisé des Babar et au lieu d’évaluer le temps de fixation visuelle, il a demandé à l’enfant, face à l’événement qui lui est proposé, de répondre "ça va" ou "ça ne va pas".

S’ils sont prompts à admettre que 1 + 1 ne peut pas être égal à 1, ils sont en revanche moins certains que 1 + 1 ne peut être égal à 3 : « Ces résultats montrent un net décalage entre la réussite à la transgression 1+1=1 qui apparaît dans cette expérience dès 2 ans » (et dès 4-5 mois d’après Wynn) « et à la réussite à la transgression 1+1= 3 qui est plus tardive » ( à partir de 3 ans au lieu des 4-5 mois pour Wynn).

« L’émergence de la distinction singulier/pluriel dans le langage oppose

un à tous les autres nombres considérés globalement, est fixé par Boysson-Bardies (1996) vers 20-24 mois. D’après Hodent c’est l’émergence de cette distinction singulier/pluriel dans le langage qui serait à l’origine de cette chute temporaire des performances à 2-3 ans ».

L'enfant regarde en moyenne presque une seconde de plus le résultat de l'addition fausse 1+ 1 =

1 que celui de l'addition juste 1+ 1 = 2. Pour la soustraction, il examine 3 secondes de plus celui

de la situation impossible 2 - 1= 2 que

celui de la situation possible 2 - 1 = 1.

Jean-Pierre Geslin. 99 D’autre part, dans l'expérience de Wynn, ce qui est arithmétiquement incorrect est également

physiquement impossible : un objet caché disparaît mystérieusement.

« Simon, Hespos et Rochat (1995) ont voulu prouver que c’était le non respect de la permanence de l’objet qui créerait la surprise chez le bébé et non, comme le dit Wynn, la violation du résultat de comptage. Ils suggèrent alors que le bébé se base sur des connaissances physiques des objets et non sur une connaissance arithmétique ».

« Afin de vérifier cette hypothèse, ils ont utilisé la même procédure que Wynn en y ajoutant deux conditions supplémentaires : une condition expérimentale où l’événement est quantitativement possible mais physiquement impossible (avant que l’écran s’abaisse, un Elmo est remplacé par un Ernie, personnages d’une émission télévisée pour enfants : Elmo + Elmo = Ernie + Elmo) et une condition où l’événement est quantitativement et physiquement impossible (Elmo + Elmo = temps de fixation est plus long pour la condition quantitativement et physiquement impossible alors que les bébés ne semblent pas surpris par la condition physiquement impossible où le nombre est respecté.

Alors malgré leur but initial, Simon, Hespos et Rochat ont montré que les bébés de 4-5 mois possèdent bien des capacités arithmétiques plutôt que perceptives ».

Remarque importante : les résultats ne signifient pas que les bébés sont incapables de

distinguer les 2 personnages Elmo et Ernie !!! Lorsqu’on habitue des bébés de 5 mois à Elmo puis qu’on leur présente Ernie (ou l’inverse), le regard est plus long en présence de l'objet nouveau.

Passages entre guillemets extraits de http://www.ressources-psy.com/nombre.htm par Amélie Lubin Lire aussi CONNAISSANCES PROTONUMÉRIQUES CHEZ LE PRIMATE ET LE JEUNE ENFANT par J.

VAUCLAI http://www.up.univ-mrs.fr/wpsycle/documentpdf/documentvauclair/chapSolal%2000.pdf

Que conclure ?

Wynn conclut de ses travaux que le bébé possède une connaissance numérique innée (voir page 142 concept de cardinalité). Mais «…pourquoi ne pas interpréter ces résultats comme un raisonnement perceptif du bébé plutôt qu’un raisonnement cognitif comme le suppose Wynn ? ».

Ainsi Simon (1997, 1998) pense plutôt que le bébé utilise une représentation spatio-temporelle des objets et qu’il ne compte pas : il pratiquerait la correspondance terme à terme entre la représentation mémorisée et la situation finale observée. L’enfant découvre ainsi qu’il y a pas appariement entre sa mémoire et la réalité (un objet mémorisé ne trouve plus son correspondant).L'inégalité serait dès lors constituée.

Dans l’état actuel des recherches, il est impossible de choisir entre ces 2 interprétations.

Dans les conditions reproduisant la situation de l’addition de Wynn, les enfants sont confrontés

à deux personnages : Elmo et Ernie.

* Condition 1, possible :

Elmo + Elmo = 2 Elmos.

* Condition 2, arithmétiquement impossible : Elmo + Elmo = 1 Elmo.

Deux conditions nouvelles sont introduites :

* Condition 3, une condition possible sur le plan arithmétique mais impossible sur le plan de l'apparence physique :

Elmo + Etmo = Elmo + Ernie.

* Condition 4, conditions impossibles sur le plan arithmétique et sur le plan physique :

Elmo + Etmo = Ernie.

Temps de regard : Conditions 1et 3 : 8 secondes.

Conditions 2 : 11 secondes.

Conditions 4 : 10,5 secondes.

Le changement d'identité n'accroît pas le temps de regard (8 secondes) en cas de

non-violation de la règle additive ou soustractive.

Stade préopératoire qui s’étend de 2 à 7 ans (divisé en stade préconceptuel de 2 à 4 ans et stade intuitif de 4 ans à 7 ans) :

STADE PRECONCEPTUEL :

Dans le stade précédent dit "sensori-moteur", tout reposait sur la perception directe, le « ici » et le « maintenant ». Ce stade de 0 à 2 ans se caractérisait par une intelligence sans représentation, sans langage et sans concept. Ce stade était aussi défini par le jeu d’exercice dont le plaisir réside d’abord dans le seul fonctionnement physique (maîtriser ses gestes et ses mouvements) auquel s’ajoute peu à peu « le plaisir être cause de » (Cf. l’enfant qui joue à faire tomber et retomber sa cuillère). Les professionnels distinguent 3 grands types de jouets ( = supports de jeux) dans cette catégorie :

* les jouets d’éveil sensoriel (hochet, tapis sensoriel…) qui cherchent à fixer le regard (avec des couleurs et des formes différentes) et à orienter l'attention auditive (avec des jouets à secouer).

* les jouets de manipulation qui favorisent la préhension et la manipulation (formes adaptées et textures variées) et qui permettant d'acquérir des habilités manuelles, du "savoir-faire" (jouets à encastrer, à emboîter, jouets pour la baignoire…)

* les jouets de motricité permettant d'explorer son corps et d'en décou-vrir les possibilités (trotteurs, ballons, jouets à tirer, à pousser mais aussi cheval à bascule, tricycle et grand camion pour s’asseoir dessus à partir de 2 ans…).

Entre 2 à 5 ans l’enfant devient capable de trier des objets à partir de critères simples : les couleurs, les formes, les dimensions, les textures. Il peut associer 2 images semblables ou 2 éléments qui ont un lien logique : habitats et animaux, contraires, sportifs et accessoires, métiers et outils…

MAIS SURTOUT… Il y a, au stade préconceptuel, entre 2 et 4 ans :

1. Tout début vers 3 ans du développement des relations interpersonnelles, des échanges entre les sujets sous la forme d’un dialogue moteur (imitation immédiate) sans dialogue verbal et d’une opposition à l’autre. Voir pages 124 et 125.

2. Développement de la fonction symbolique ou sémiotique qui consiste à représenter « un signifié » (un objet, un événement) par un « signifiant » (un mot, une image mentale) ne servant qu’à cette représentation. Cela revient à pouvoir évoquer en pensée des personnes ou des objets non-présents et dont intérioriser des actions.

On distingue 4 conduites d’apparition à peu près simultanée qui peuvent être rapportées à la fonction symbolique :

L’imitation différée... c’est à dire l’imitation qui débute en l’absence du modèle : l’enfant mime un comportement observé antérieurement. Apparaît vers 18 mois. Il faut

distinguer l’imitation de l’identification qui correspond, elle, à une intériorisation des modèles qu’offre l’entourage : l’identification est l'assimilation d'autrui à soi-même.

Le jeu symbolique(faire comme et faire comme si)… de 3 à 6 ans. L'enfant (ou les enfants à partir de 4 ans), joue(nt) un personnage, une situation, une histoire qu'il(s) invente(nt) en jouant : la poupée devient « le bébé » que l’enfant fait dormir, habille pour qu’il n’attrape pas froid, nourrit, gronde et à qui il donne des fessées… L’enfant reproduit ainsi des situations déjà vécues mais il peut aussi inventer ses propres scénarios (et combattre des dragons ou voyager dans l’espace

sans quitter sa chambre). A 4 ans, parfois avant, il s’invente des amis imaginaires qui font souvent des choses que l’enfant n’a pas le droit de faire.

La fonction symbolique = fonction sémiotique utilise 2

sortes d’instruments : Les symboles qui présentent quelques ressem-blances avec les signifiés.

Les signes qui sont con-ventionnels ou arbitraires.

Jean-Pierre Geslin. 101

Les professionnels réunissent dans cette catégorie du jeu symbolique les jouets de mise en scène (figurines), les jouets de rôle (objets pour jouer au docteur, balance + fruits et légumes pour jouer à la marchande…) et les jouets de représentation.

Tous les accessoires pour faire semblant sont très populaires à cet âge: poupées avec leurs vêtements et matériel, marionnettes avec leur théâtre, trousses de médecin ou de maquillage, animaux en peluche pour jouer au vétérinaire, ensemble d'outils, déguisements et panoplies divers, nécessaires de cuisine et ensemble à pâtisserie, matériel ménager, outils de jardinage, téléphone... autant d’idées pour votre classe… allez, c’est dit… vous installez un coin déguisement dans votre classe de moyenne section de maternelle…

Entre 18 mois et 2 ans, PIAGET décrit une phase intermédiaire entre le jeu d’exercice et le jeu symbolique proprement dit. Dans cette phase intermédiaire : « L’enfant se borne à faire semblant d’exercer l’une de ses actions habituelles », il fait par ex semblant de manger, de boire, de se laver, de dormir. Ensuite, il exécutera successivement dans une séquence une combinaison de 2 schèmes d’action : par exemple le schème de boire puis celui de se mettre au lit.

2 à 4 ans : les véritables jeux symboliques…

Dans le jeu symbolique l’enfant utilise un objet, dont il connaît l’utilisation première, comme si c’était autre chose (les cubes se transforment en maisons ou en voitures, la canne devient fusil et la pierre un oreiller)… ce sont les jeux de type IIA possibles dès 22 mois. Vers 30 mois, le bambin peut prêter des sentiments à la poupée, une poupée qui a elle-même sa capacité d’agir.

Puis l’enfant assimile son corps propre à des objets ou à autrui (= il joue à être quelque chose ou quelqu’un : il jouera au papa et à la maman, à la maîtresse d'école, au docteur…)… ce sont les jeux de type IIB.

Par la suite l’enfant exécute fictivement des actes défendus (composition symbolique compensatrice… ce sont les jeux de type IIIA), transpose symboliquement dans le jeu ce qu’il a vécu de façon pénible (combinaisons symboliques liquidatrices de tensions… ce sont les jeux de type IIIB). L’enfant va pouvoir dans son jeu inventer les conséquences d’une situation particulière (combinaisons symboliques anticipatrices… ce sont les jeux de type IIIC).

Il est important de comprendre qu’un enfant de 3 ans jouera à des jeux symboliques mais continuera également à pratiquer des jeux moteurs (balançoire, trottinette, brouette...) et sensoriels (demain pensez à installer une corbeille de vrais fruits dans le coin cuisine de votre classe de petite section de maternelle).

A partir de 4 ans émergent les jeux collectifs (qu’il s’agisse de

jeux symboliques ou de jeux de construction) qui se développent à 5-6 ans. Il faut peut-être alors partager, jouer chacun son tour ou négocier… qui sera le shérif et qui sera le shérif adjoint ?! Ceci n’empêche pas l’enfant de continuer à pratiquer des jeux d’exercice (corde à sauter à partir de 5 ans, patins à roulettes vers 6 ans) et des jeux de fiction en isolé (dînette par exemple).

Les jeux collectifs seront suivis plus tard par les jeux de règles pratiqués dès 5-6 ans mais qui prennent toute leur importance de 7 ans à 12 ans (cartes, familles, dominos, jeu de l'oie, petits chevaux, mikado…).

L’évocation verbale d’événements inactuels et l’image mentale.

La mémoire d’évocation (différente de la mémoire de recognition qui consiste à reconnaître un objet déjà rencontré, le sein par exemple) apparaît avec l’image mentale. Elle consiste à évoquer un objet ou un sujet en son absence.

Le dessin qui correspond à une image mentale et apparaît entre 2 ans et 2,5 ans.

Il est d’abord un simple gribouillage avec signification découverte en cours de route ( c’est le « réalisme fortuit de Luquet » ) puis correspond ensuite au « réalisme manqué »

(bonhommes-têtards) ... à rapprocher des collages manqués (oreilles du lapin collées largement au dessus de la tête).

Viendra ensuite le « réalisme intellectuel » (par exemple visage de profil 10 mais avec 2 yeux, dessin de la racine d’une plante dans la terre ...) puis le « réalisme visuel » vers 8 - 9 ans (les parties cachées ne sont plus dessinées et les objets sont plus petits s’ils sont plus éloignés).

En ce qui concerne l’enfant de 2 à 4 ans qui nous intéresse ici on constate :

Qu’à 3 ans (voire 3,5 ans), c’est le stade du bonhomme têtard (ainsi désigné initialement par James Sully) vu de face : rond (représentant à la fois la tête et le tronc) contenant toujours 2 yeux et porteur de rayons : souvent 2 traits (jambes) ou 4 traits (bras + jambes) et parfois de cheveux…

d’où un aspect « solaire orienté ».

La bouche apparaît très vite : Ricci dit que « le bonhomme

voit, mange et se déplace ».

On parle tout de même de bonhomme- têtard

en l’absence de membres si des cheveux réalisent l’aspect rayonnant.

Le cercle central ne correspond pas ici au nombril mais au cœur.

La ligne horizontale apparaît entre 18 et 24

mois.

Jean-Pierre Geslin. 103

Ce type de dessins se rencontre aussi bien chez un enfant asiatique, qu’un européen, un africain ou un américain.

La maladresse de la représentation peut paraître surprenante puisqu’à trois ans l'enfant sait en effet désigner du doigt différentes parties de son corps et en particulier ses membres, sa tête et plus spécifiquement ses yeux, ses oreilles, sa bouche et ses cheveux11.

Il existe donc là un décalage marqué entre les acquisitions concrètes et leur représentation graphique.

à 4 ans (parfois avant) : le bonhomme têtard persiste et s’agrémente de détails (outre les yeux et la bouche, un nez, des oreilles, un nombril…). Le sexe et les cheveux peuvent être présents. La nudité et des organes sexuels se rencontrent surtout dans les productions d'enfants jeunes puis disparaît ensuite.

Les dessins d’enfants apportent des informations sur leur affectivité et ses perturbations éventuelles, sur leur caractère et bien évidemment sur leurs aptitudes graphiques.

Attention aux interprétations hâtives réalisées par des personnes non compétentes.

Le tronc, sous la forme d’un 2ème rond, n’apparaît en général qu’à 5 ans (mais certains enfants le représentent dès 4 ans).

11 Ces désignations corporelles sont d’ailleurs demandes dans le questionnaire de niveau mental de Binet.

Ici, effectués le même jour par le même enfant, un dessin avec un seul cercle et l’autre avec 2… A noter dans le 2ème dessin les « mains-soleil » en général plus tardives et dont le nombre

de rayons ne correspond pas le plus souvent au nombre de doigts. Signalons également que l’enfant ne dessine pas de « pieds-soleil »…

Comme cela est très généralement le cas, la taille des pieds est proportionnellement plus grande dans les dessins représentant un corps masculin.

Variation du bonhomme à partir de 3 ans (d’après Leif).

Remarque : « Par graphisme, on entend, au sens large, toute production de traces utilisant

Remarque : « Par graphisme, on entend, au sens large, toute production de traces utilisant