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L'étude par Piaget des concepts temporels chez l'enfant :

Cette étude a été suggérée à Jean Piaget par Albert Einstein.

Voici l’une des expériences de Piaget : « On soumet à l’enfant le trajet que font deux petites voitures, qui partent en même temps, s’arrêtent au même moment, mais l’une des deux plus loin que l’autre. Avant 7 ans, l’enfant sera progressivement capable de relever qu’elles sont parties en même temps, puis arrivées en même temps, mais il ne

réalise pas que leurs trajets sont de même durée. Pour lui, la voiture qui est allée plus loin a forcément mis plus de temps. Il confond le temps et la distance, il n’a pas encore acquis la notion de vitesse».

De ce stade dit infralogique, l’enfant passe vers 7 ans au stade des "opérations concrètes". Il devient évident pour lui que la voiture qui a fait le plus long chemin a mis le même temps, elle roulait donc plus vite!

Cette étape est une véritable révolution psychologique qui vient couronner tous les apprentissages faits jusque-là.

Dès 7-8 ans, l’enfant développe cette notion d’un temps fonctionnel, en situations très concrètes...

jusqu’à la révolution suivante, vers l’âge de 12 ans, où il atteint le stade des opérations formelles. Il aura désormais une compréhension abstraite du temps, il pourra par exemple l’utiliser dans des équations. Marc Ratcliff (Piagétien)

Les différences d’âge entre enfants :

« Comment l'enfant appréhende-t-il le temps ? Les différences d'âge se conservent-elles nécessairement ? Un individu plus jeune est-il susceptible de rattraper dans le temps son aîné

? Les différences d'âge correspondent-elles nécessairement à l'ordre des naissances ?

Piaget a montré que pour l'enfant, entre deux frères, le plus vieux est celui qui est le plus grand. La différence d'âge entre deux frères peut se compenser et même être inversée dans l'esprit de l'enfant si le plus petit "mange beaucoup de soupe" ».

Dr L. Rossant et Dr J Rossant-Lumbroso Evolution des notions de début et de fin :

« Les notions de début et de fin sont capitales dans les échanges sociaux. Songez au malaise qui s’établit lors d’une communication téléphonique où l’interlocuteur ne dit pas «allô» pour signifier l’ouverture de cet échange. Ces comportements de début et de fin apparaissent très tôt, dès 6 mois, 1 an, dans les interactions entre l’enfant et sa mère, dans son environnement proche. Ils se développent pour être acquis durablement vers l’âge de 5 ans. En apprenant notamment à dire "bonjour", puis "au revoir", l’enfant comprend progressivement que ces débuts et ces fins s’inscrivent dans une ligne du temps, et que ce temps est irréversible. Il s’agit d’une norme universellement reconnue, qui permet de comprendre la conduite d’autrui et de s’y adapter. On a remarqué que les enfants autistes ne connaissent pas ces marquages temporels nécessaires à la communication». Marc Ratcliff

Demain…

Mais comment parler du temps à un enfant ? « Si on lui dit par exemple "on fera ça demain", à 4 ans il va confondre demain avec "cet après-midi", avec "ce soir", de manière générale avec

"plus tard"... et peut-être même avec «hier», car il fait encore des confusions entre "avant" et

"après" ».

« Vers l’âge de 5 ans, il maîtrise plus ou moins le temps sur une semaine. A l’école, il apprend la succession des jours et se débrouille avec une chronologie encore très locale ». A 6 ans, il nomme les jours de la semaine. « C’est à partir de 7-8 ans, avec l’acquisition progressive du nombre, qu’il va maîtriser une chronologie plus large et comprendre qu’"avoir 9 ans, c’est être né il y a neuf ans". Son âge devient une notion temporelle».

Marc Ratcliff

Lecture de l’heure :

« Quant à la lecture de l’heure, autre repère social incontournable, elle sera plus facile sur une horloge digitale. A 5 ans, l’enfant peut y parvenir, avec néanmoins cette difficulté de ramener 18 heures à 6 heures. La lecture d’un cadran analogique, ce sera plutôt vers 6-8 ans. Lire l’heure n’implique pas forcément la compréhension d’un tel système de mesure du temps".

Marc Ratcliff Dire à quelle heure s’est produit un événement :

Les enfants de moins de 6 ans ne peuvent dire l’heure à laquelle s’est produit un événement avec exactitude. Cette

compétence se développe chez les enfants après l’âge de huit ans, et elle n’est pas bien établie avant l’âge de neuf ou dix ans. Il est plus compréhensible pour eux de leur demander de situer un événement par rapport à d’autres repères temporels (petit déjeuner, déjeuner, après l’école, dîner, avant le coucher).

http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter5.html L’enfant développe ses propres repères mais ceux-ci évoluent avec l’âge :

Une heure, pour un jeune enfant, ce sera par exemple le temps qu’on met en famille pour préparer le repas et pour manger. L’enfant développe ses propres repères, grâce aux habitudes quotidiennes. L’heure de la récréation, celle du goûter sont des marqueurs du temps importants pour lui. Il faut surtout bien comprendre que la façon dont un enfant se représente le temps n’est pas la même lorsqu’il a 4 ans, 6 ans, 9 ans ou 12 ans. A chaque fois nous entrons dans un autre univers». Marc Ratcliff

Mettre en place des repères communs, ordonner, mesurer le temps : quelques pistes…

Il importe en maternelle, particulièrement jusqu’à 4 ans, de mettre en place des repères : personnes, lieux, objets mais aussi repères temporels avec une succession régulière dans l’ordre des activités.

* Une frise de photographies fixée au mur permet de situer une activité par rapport à celle qui précède et à celle qui suit ainsi que par rapport au déroulement global de la journée (matin, après-midi).

On peut également fabriquer une frise des jours de la semaine, des mois avec les anniversaires, des fêtes, des saisons…

* On peut de façon plus ponctuelle remettre en ordre chronologique les étapes vécues d’une journée particulière à l’école, d’une sortie, d’une activité motrice, d’une fabrication, d’une recette… les raconter. On utilise pour cela des "albums-échos réalisés en photographiant les enfants".

* Travailler sur les âges de la vie : ranger ses propres photographies en fonction de l’âge en précisant les critères, observer des photos de famille avec des personnes d’âges divers… les grands-parents ont été des bébés, travailler sur son arbre généalogique…

Comment éviter que certains enfants accaparent les balançoires ? … Que chacun puisse y avoir accès à égalité.

Les enfants ont proposé d’utiliser un sablier qu’ils ont fabriqué avec

2 bouteilles en plastique…

Jean-Pierre Geslin. 159

* Comparer des événements en fonction de leur durée… Utiliser un sablier. Fabriquer et utiliser un calendrier du type "calendrier de l’Avent". Comparer la croissance de différents semis, de 2 animaux d’élevage…

* Raconter un album lu, situer ce qui se passe avant, après, au début, à la fin… Anticiper en imaginant la fin de l’histoire. On peut également ordonner des images séquentielles d’une histoire…

* Réaliser un musée de classe (objets anciens, récents…).

« … Se servir du langage pour évoquer… des évènements passés et à venir »46 :

``Je suis ici depuis une heure''… Cela signifie t-il que cette personne a passé ici une durée d'une heure, ou bien qu’elle est arrivée ici à la date d’une heure…. Ambiguïté qui permet de mesurer les difficultés… et les pièges…

Les programmes de 2002 pour la maternelle concernant le langage précisent :

* « Rappeler verbalement les activités qui viennent de se dérouler dans la classe »,

* « Se repérer dans le temps et utiliser les marques verbales de la temporalité »

Se repérer par rapport au moment où on parle c’est-à-dire utiliser « les mots-outils et expressions » (maintenant, aujourd’hui, cette semaine, il y a un moment, hier, le mois dernier, tout à l’heure, demain, après demain, la semaine prochaine…) « et les flexions temporales (présent, temps du passé, futur, passé proche, futur proche…) »,

« Apprendre à se donner une origine temporelle référée au temps objectif des calendriers » que cette origine soit vague (autrefois) ou précise (le 1er janvier 2000) ».

« Compréhension et expression de la position relative des évènements les uns par rapport aux autres dans la trame du temps » (superposition ou succession).

Ceci « suppose l’emploi d’autres marques verbales » qu’il s’agisse de « mots-outils… (avant, après, le jour suivant, le jour précédent) » et « des temps des verbes marquant :

l’antériorité relative (temps simples opposés aux temps composés),

le caractère ponctuel et fini d’un événement ou, au contraire, le fait qu’il dure ou soit répétitif (opposition du passé composé à l’imparfait, voire, dans des récits littéraires, du passé simple à l’imparfait) ».

46 Ce passage est extrait des nouveaux programmes de l’école maternelle 2002, chapitre I : « Le langage au cœur des apprentissages ».

Dès la section de petits le présent commence à se différencier en un système à 3 temps (présent / passé composé / futur) qui ne cesse de se renforcer en sections de moyens et

de grands : Je fais / J’ai fait / J’vais faire

Dès la section de moyens l’imparfait émerge, par exemple à l’occasion de l’examen de photos prises 3 semaines plus tôt : On était

en train d’escalader.

Philippe Boisseau

* « Du rappel des évènements passés au récit… »."Le récit produit par l’enseignant, l’album, ou en retour l’élève lui-même à l’oral, permet d’ancrer ce qui ressort du principe d’ordre. Dans "Les trois petits cochons", la construction en brique et l’accueil par 3ème frère des deux premiers n’a de sens que parce qu’il y a eu dans le déroulement du récit une 1ère et une 2ème étape".

Benoît Falaize, prof. D’IUFM.