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a. Pistes d’amélioration concernant la collecte et la mise à disposition des données

Le système SI2A ne fournit pas d’information sur l’ensemble de la population des bovins abattus. Toute étude sur les saisies nécessite donc l’utilisation complémentaire d’autres bases de données (DIFFAGA, BDNI), rendue compliquée par l’hétérogénéité d’identification des abattoirs. Il faudrait donc soit intégrer directement dans SI2A l’information sur les animaux non saisis, soit simplifier le croisement des deux bases par une entrée harmonisée. La première option semble plus complexe car elle ne correspond pas au cadre de conception initial de SI2A, qui ne peut intégrer que les animaux « à problème ». Concernant la seconde option et afin de rendre la jonction entre les deux bases plus simple et plus fiable, il faudrait qu’elles utilisent toutes les deux un identifiant unique pour un même abattoir. La raison sociale et le numéro SIRET changent lors du changement de propriétaire. Le numéro de l’Observatoire National des Abattoirs (ONA) et le numéro d’agrément d’un abattoir sont les numéros les plus fiables pour cela car ils sont attachés aux murs de l’établissement et ne changent pas pour un abattoir donné. SI2A a déjà un champ prévu pour le numéro ONA, cependant ce n’est pas un numéro utilisé par toutes les autres bases de données et par exemple pas par DIFFAGA. Il faudrait donc ajouter comme champ dans SI2A le numéro d’agrément de l’abattoir ou bien dans DIFFAGA le numéro ONA de l’abattoir. Une autre piste pourrait être d’utiliser l’outil actuel de valorisation des données de RESYTAL, dont fait partie SI2A, qu’est DEDAL. Il serait par ailleurs intéressant d’y intégrer directement des données de la BDNI. En effet, la BDNI ainsi ajoutée permettrait de se passer de DIFFAGA, tout en intégrant les données relatives aux caractéristiques des animaux abattus (âge, sexe, race…).

De plus, concernant la collecte des données de saisie, il serait intéressant de mettre en place un dispositif numérique directement utilisable au poste d’IPM2 afin d’enregistrer en direct les saisies.

Cela permettrait un gain de temps pour les équipes et limiterait les erreurs de recopie. Cette option est en cours de déploiement avec « SI2A porc » qui prévoit un « module autonome » utilisable directement au poste d’inspection IPM2. Ce dispositif permet aussi de limiter le nombre de données à enregistrer manuellement puisque les données relatives à la traçabilité et au poids de saisie sont alors transmises informatiquement par l’abatteur. Le cas échéant, afin de limiter les erreurs de recopie et donc les biais, il faudrait permettre, via ce module autonome, un système de récupération de l’identité de l’animal directement sur chaîne (scan d’une étiquette par exemple). Pour cela il faudrait que les SVI disposent de cette identité sous un format numérique.

Améliorer l’ergonomie du système d’enregistrement des saisies faciliterait également l’enregistrement des saisies pour souillures digestives et autres types de souillures. En effet, ces souillures peuvent parfois être très fréquentes et les SVI n’ont alors pas le temps de les enregistrer. Puisque les souillures peuvent être enregistrées par un motif de saisie spécifique, il faut harmoniser cet enregistrement et le rendre obligatoire. Les cadences d’abattage parfois très rapides dans certaines espèces imposent une évolution du système SI2A pour simplifier l’enregistrement et le rendre plus rapide. Des travaux sont actuellement en cours dans ce sens.

Ensuite, certains champs de SI2A, dont celui des motifs de saisie, peuvent être remplis avec des menus déroulants sans lien de cohérence entre les différents champs. Il est par exemple possible d’affecter le motif arthrite à une pièce de saisie comme le coffre et non une articulation comme on s’y attendrait. Il serait intéressant d’intégrer au logiciel un contrôle direct qui afficherait un message

d’erreur afin d’éviter les valeurs aberrantes. Un tel dispositif de contrôle de cohérence permettrait également d’alerter lors d’incohérence entre le poids saisi et la pièce de saisie par exemple.

Enfin, ce travail montre aussi que la mise à disposition des données, pourtant toutes gérées par le Ministère chargé de l’agriculture, peut être laborieuse. Le ministère gagnerait à optimiser sa stratégie de valorisation des données, notamment en fluidifiant les transferts d’information entre ses différents services.

b. Perspectives

Continuité de ce travail

Ce travail exploratoire pourrait être prolongé par l’utilisation des données de la BDNI afin d’identifier quels facteurs peuvent influencer les taux de saisies mais, cette fois-ci, à l’échelle de l’animal. Il pourrait également être intéressant de pousser cette étude statistique en regroupant également certains motifs entre eux (par exemple les motifs « arthrite unique » et « arthrites multiples ») afin de calculer les nouveaux taux de ces groupes de motifs. Enfin, il pourrait être étudié si certains motifs sont régulièrement associés pour un même animal saisi que ce soit entre deux motifs d’IPM ou bien entre un motif IAM et un motif IPM (« animale sale » et « souillure d’origine digestive » par exemple).

De plus, l’étude des motifs de saisies permet de connaître la prévalence d’une pathologie en lien avec les lésions observées. Dans ce but, le regroupement de plusieurs motifs entre eux permettrait de calculer des taux de saisie par tableaux cliniques et refléterait davantage la prévalence d’une pathologie. Par exemple, les divers motifs en lien avec les lésions pulmonaires pourraient être regroupés pour étudier la prévalence des affections respiratoires dans la population d’origine.

Ouverture pour la DGAl

SI2A est un outil très puissant et potentiellement une source considérable d’informations.

Lorsque l’extraction et l’exploitation de ses données seront mieux maîtrisées, il serait intéressant de se pencher sur une approche prédictive qu’un tel outil rendrait possible. Il s’agirait d’organiser à l’abattoir une surveillance syndromique des pathologies en élevage.

Il est important de fournir un retour de ces données aux différents acteurs qui y ont pris part.

Normabev exploite déjà les données SI2A dans l’objectif de publier un bulletin épidémiologique bisannuel à destination des éleveurs. Normabev est une association loi 1901, créée en 2003 par Interbev, l’interprofession dans le domaine du bétail et de la viande, et correspond à une structure interprofessionnelle qui a pour but principal d’organiser et de suivre le classement, le marquage et la pesée des bovins à l’abattoir. De plus, un retour aux SVI des résultats de cette étude exploratoire a été prévu via la rédaction d’un document synthétique par le bureau des établissements d’abattage et de découpe (BEAD), d’après les résultats produits lors de ma thèse. Ce document est présenté en Annexe 3 : Article de transmission aux SVI des résultats de l’étude exploratoire. Il permet la mise en avant de l’utilité d’un bon enregistrement des données dans cette base et renforce la fiabilité de la base par l’implication croissante des SVI. De plus, des retours ponctuels ont déjà été réalisés aux SVI qui en font la demande notamment lors de litiges avec des éleveurs ou des abatteurs qui trouvent que certains taux de saisie sont trop importants par rapport à la moyenne nationale.

Dans son travail, Normabev regroupe déjà les motifs de saisies par tableau lésionnel. La DGAl

et/ou la surveillance syndromique. Cependant, le découpage au niveau de l’enregistrement à l’abattoir en de nombreux motifs est une obligation réglementaire et reste toujours plus intéressant qu’un regroupement. En effet, le regroupement a posteriori reste possible mais toutes les informations sont également disponibles pour des analyses détaillées lors d’études ultérieures.

Troisième partie : étude sociologique du traitement et de l’appropriation de

l’information à l’abattoir via le système d’information SI2A

1. Objectifs

Notre première étude a présenté les limites de SI2A, notamment dans le cadre de sa valorisation. Il semble alors intéressant de se pencher sur le facteur humain indispensable dans la complétion et l’usage du système SI2A.

Cette seconde étude avait ainsi pour objectif de comprendre le processus de construction de SI2A ainsi que son utilisation actuelle afin d’identifier des possibles causes et explications concernant ses divers points faibles que nous avions noté lors de la précédente étude, présentée dans la première partie. L’objectif était également de suggérer des points d’améliorations du système à court, moyen ou long terme.

Les quatre principaux points que cette étude se proposait d’explorer étaient (i) les modalités de mise en place de ce système d’information, (ii) son appropriation par les services vétérinaires en abattoir, (iii) la stratégie d’utilisation des données collectées et (iv) d’éventuelles pistes d’amélioration. Nous nous sommes ainsi attachés à répondre aux questions suivantes : Comment a été créé SI2A ? Est-ce que la commande initiale a été respectée ? Comment Est-ce logiciel est-il utilisé et renseigné par les SVI des abattoirs ? Quelles sont les attentes des SVI à l’abattoir ? Quels sont les points forts d’un tel système ainsi que les pistes d’amélioration ?

2. Matériel et méthodes

Nous avons réalisé dix entretiens avec des personnes en lien avec SI2A. Les entretiens étaient de type semi-directif.

Le choix des personnes interrogées a été réalisé selon différents critères. Tout d’abord, la crise sanitaire de la Covid-19 et les contraintes associées ont limité à un mois le temps disponible pour réaliser ce travail. Nous avons fixé le nombre d’entretien à dix afin de pouvoir les traiter chacun de manière approfondie. Ensuite, nous avons pris soin d’avoir un panel élargi de profils : à la fois des profils de personnes ayant travaillé localement, au sein des abattoirs, et des personnes ayant travaillé en administration centrale à la conception de SI2A. Enfin, un dernier critère de choix était la disponibilité des personnes interrogées. En effet, les entretiens ont été réalisés en août et certaines personnes que nous aurions pu interroger étaient indisponibles.

La méthode utilisée pour mener nos entretiens semi-directifs est une méthode classique, fréquemment décrite, de recueil d’informations pour toute étude qualitative (Imbert, 2010). La méthode consiste à préparer en amont une grille d’entretien avec toutes les questions auxquelles on souhaite avoir une réponse mais de laisser l’interlocuteur parler librement en réorientant le fil de

l’entretien de temps en temps. Deux grilles d’entretien ont été préparées pour s’adapter aux deux profils de personnes interrogées : ceux utilisant SI2A en abattoir et ceux ayant participé à sa création en administration centrale. Deux personnes ont été interrogées sur les deux grilles à la fois car ils correspondaient aux deux profils du fait de leur expérience professionnelle. Ces deux grilles sont présentées en Annexe 4 : Guide des entretiens semi-directifs.

Dans le contexte sanitaire actuel, l’intégralité des entretiens a été réalisée par téléphone afin d’éviter les contacts et déplacements. Chaque entretien a duré entre 45 minutes et deux heures. Avec l’accord des participants, les entretiens ont été enregistrés afin d’en extraire des verbatim. Au cours de chaque entretien, une prise de note a été réalisée. Ensuite, une retranscription a permis d’extraire les grandes lignes et des verbatim. Enfin, les informations issues de différents entretiens ont été anonymisées (masculinisation des interrogés et suppression d’éléments distinctifs), regroupées et réparties dans la partie « résultat » de cette étude. Le Tableau 6 ci-dessous présente les différents profils des personnes interrogées : auxiliaire officiel (AO), vétérinaire officiel (VO) ou bien agent présent à la DGAl (DGAl). Ce sont les interrogés six et sept qui ont un profil atypique avec une double casquette entre le terrain et l’administration centrale.

Tableau 6 : Profils anonymisés des personnes interrogées Personne interrogée Profil professionnel

Interrogé n°1 AO

Interrogé n°2 AO

Interrogé n°3 AO

Interrogé n°4 VO

Interrogé n°5 VO

Interrogé n°6 VO et DGAl

Interrogé n°7 VO et DGAl

Interrogé n°8 DGAl

Interrogé n°9 DGAl

Interrogé n°10 DGAl

3. Résultats

A. Mise en place de SI2A et création du cahier des charges initial