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Des pendus de peu d‟importance

Dans le document Ce volume consacré aux (Page 79-90)

le traducteur inexistant et les vicomtes pourfendus

F.: Des pendus de peu d‟importance

Référentiels. Un cargo, la LENA LAUD,le plan du bateau (passerelle, carré, gaillards, etc.) et la liste d‟équipage; puis le Duc de Gueldre, un cargo qui vient reconnaître l‟épave du Lena Laud et son équipage.

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Action. Après une introduction qui évoque explicitement la fin de F2 («Demain ils partiront»), le récit, divisé en trois parties {Pourquoi il y eut une histoire, L 'histoire, Toute histoire a unefin), propose des extraits du «Livre de bord» (une jeune femme, Lenore Bôttcher, a été trouvé pendue au mât de misaine).

L‟enquête, conduite par le commandant Jôrg Jerdermann (équivalent allemand de l‟italien «uomo qualunque») met en cause successivement les officiers Philippe Sœmst et Peter Mœn, le marin Bemhardt Endrew et le passager Hans Martin. Mais un typhon a raison de l‟équipage et les papiers trouvés sur l‟épave par les marins du Duc de Gueldre ne lèvent pas les doutes qui subsistent.

G: Un prince d‟autrefois

Référentiels. Bar-le-Duc: l‟Oman, le Belvédère, la place Saint-Pierre, l‟église Saint-Etienne, la gare, la forêt de Haye, la voie de chemin de fer; Nancy, la place Stanislas, le Musée, la gare.

Action. Les protagonistes, ici encore, sont en petit nombre: Marcelle Bonjean, qui habite Place Saint-Pierre et est étudiante à Nancy et militante communiste, amoureuse du faux américain Ewart Law Duisbourg; le baron Thomas de la Neuville, son amie Juliette Courtes; le «commandant» et son compagnon (S.D.E.C.?); Yves Lescop (l‟homme au blouson de cuir), le «représentant de la fabrique de confitures Jean-Marie Perrin»et Serge, le peintre. Un attentat se prépare contre un convoi transportant une arme nucléaire qui doit être installée en Allemagne de l‟Ouest. Le convoi doit traverser Bar-le-Duc et fait l‟objet de l‟attention de plusieurs groupes rivaux: services secrets français, soviétique et peut-être américain. Plusieurs agents sont liquidés, au cours de l‟histoire, sans que l‟affiliation des uns et des autres soit clairement établie. Certains ont une motivation idéologique, d‟autres sentimentale; plusieurs ne sont que des passants de hasard.

Contrairement aux romans de Falk, celui-ci est situé en France, et même dans un décor très précisément situé et à une période assez facile à déterminer (le milieu des années cinquante). Mais de nombreux détails permettent de procéder à l‟identification de Falk avec son «traducteur» Géry: l‟homme au blouson de cuir de Géry ressemble beaucoup au commissaire de Falk; son «simple comme bonjour » est un écho du « deux et deux font quatre » du commissaire, etc..

On notera surtout comme, comme pour la plusieurs Falk, Un prince d‟autrefois est précédé d‟un avertissement signé «Ph. G.» et d‟un exergue poétique (mais ici Charles Péguy remplace Hôlderlin)... et le roman s‟achève sur l‟évocation d‟une chanson du folklore (français, cette fois!): «La belle si tu voulais...».

PLAGIATS ET FAUX

81 Philippe du Puy de Clinchamps et Antoine Bouch, chercheurs et curieux Au début des années soixante-dix les éditions Julliard, qui, à l‟initiative de Jean Bourdier et Maurice-Bernard Endrèbe, ont créé la collection Les policiers de chez Julliard qu‟ils présentent ainsi, sur les quatrièmes de couverture:

Ce que les P.J. présentent au public français n’appartient pas à la production courante.

Par leurs dimensions et la qualité de leur écriture, ce sont de véritables œuvres littéraires,

mais aussi d’authentiques romans policiers ayant ennobli un genre dont les ressources sont encore très mal

connues dans notre pays.

Cette collection ne s’adresse pas au commun des lecteurs Elle vise à satisfaire une élite d’amateurs qui, recherchant un passe-temps dans la littérature policière,

entendent que ce soit un passe-temps intelligent

PJ

On reconnaît là les options de LA MAUVAISE CHANCE: la présence de Maurice-Bernard Endrèbe est manifeste. La collection propose d‟ailleurs des rééditions d‟auteurs classiques: Charlotte Armstrong, Joséphine Tey, etc. On y retrouve aussi Pat Mc Gerr... et Franz-Rudolph Falk, avec la réédition de F1 : On a tué pendant l ‟escale, qui était épuisé depuis longtemps6.

Mais Jean Bourdier fait précéder le texte d‟une préface dont la lecture fut un chocpour beaucoup ! Il rappelle sa fascination d‟adolescent pour les romans de Falk et apporte surtout cette révélation:

Renon avait créé la Mauvaise Chance avec une équipe au premier rang de laquelle se trouvait un ancien journaliste de Radio-Tunis, bon vivant et expert en questions nobiliaires: Philippe de Clinchamps - Philippe Géry en littérature policière.

Analysant alors les romans de Falk et le travail du “traducteur”, Philippe Géry, il ajoute:

Quant à moi, je gobais, j 'admirais et j'en redemandais. Rapidement, ce fut en vain. La Mauvaise Chance était morte et Philippe de Clinchamps, tout en poursuivant ses activité - ouvertes, celles-là - de journaliste au groupe Lacroix, à l‟Aurore, au Nouveau Candide puis à l'OR. T.F., était revenu à d'autres amours. Il fonda en 1951 son fameux Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux, puis, tout en publiant dans la collection “Que sais-je?” cinq volumes sur la royauté et la noblesse, sa collection les Cahiers Nobles, où le mystérieux “Cha- rondas” répandait la terreur parmi la fausse noblesse.

On crut longtemps que “Charondas" était Clinchamps lui-même - c

‟est-à-dire Géry, c ‟est-à-dire Falk. Erreur judiciaire: depuis sa mort dans un

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accident d ‟automobile le 3 mars 1971, à l ‟âge de cinquante-huit ans, on peut affirmer qu ‟il n ‟en était rien. Les preuves de son innocence existent.

Simplement, il est interdit de dénoncer le vrai coupable. Ce roman poli- cier-là restera inachevé.

Les problèmes d‟attribution liés à Philippe de Clinchamps semblent ainsi résolus. Mais d‟autre surgissent lorsqu‟on examine les ouvrages évoqués par Bourdier:

CN : L'ancienne noblessefrançaise en 1955 (signé simplement Philippe du Puy) Les Cahiers nobles n° 5,1955.

Cl : La noblesse

P.U.F. Que sais-je? N° 830,1959 C2:

La chevalerie

P.U.F. Que sais-je? N° 972,1961 C3:

Le snobisme

P.U.F. Que sais-je? N° 1141,1964 C4:

Les grandes dynasties

P.U.F. Que sais-je? N° 1178,1965 C5: Le royalisme

P.U.F. Que sais-je? N° 1259,1967

CL: Un fer de reliure aux armes des familles Du Puy-Ardennes (extrait de Le Pays Lorrain)

Editions Berger-Levrault, 1969 CG:

Les Châteaux de la Loire que j‟aime Editions Sun, 1969

En raison des très vives controverses qui s‟élevaient sur ces questions de noblesse et de généalogie, les auteurs publiaient sous pseudonyme, tel Régis Valette, l‟un des animateurs de l'Intermédiaire des chercheurs et des curieux.

Philippe de Clinchamps lui-même se servit à nouveau d‟un pseudonyme, Antoine Bouch, qui figure, au début des cinq Que sais-je?, dans la liste des ouvrages DU MEME AUTEUR).Il publia ainsi:

RG: Pour un tombeau de Jean Giraudoux (dessin de Raymond Pages) Paris, Le Portulan; Lyon, Editions France-Empire, 1945 RM: Montherlant, bourgeois ou gentilhomme de lettres?

Chez l‟auteur, 16rue de Montpensier, Paris, 1951

La BNF propose aussi la notice suivante, associée au nom d‟Antoine Bouch:

Dès sa renaissance, en 1951, il était prévu que l Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux publierait des tables décennales, ce qui fut effectivement réalisé. Après la mort accidentelle du fondateur, le flambeau fut repris par son fils et la troisième table décennale (1971-1980), publiée en 1984 (numéro 357

PLAGIATS ET FAUX

83 bis de RC), s‟ouvre sur une longue PREFACE de «Régis Valette» qui contient une abondante moisson d‟informations inédites. On découvre ainsi de nouveaux pseudonymes («Jérôme Mansart» et «Philippe Géry» dans Guérir, «M. Bourgogne»

dans Tout savoir). C‟est l‟époque des Cahiers nobles (dont R2 n‟était qu‟une anticipation), en particulier des cahiers signés «Charondas» qui agitèrent le monde du Jockey-Club et des faux nobles pendant plusieurs années. Dans son texte très riche en documents comme en émotion, Régis Valette évoque les connaissances encyclopédiques de son ami mais passe rapidement sur l'œuvre littéraire. Il mentionne pourtant deux textes ultimes de Philippe de Clinchamps, textes signés d‟un nouveau pseudonyme et, à mes yeux, essentiels.

Anselme Pothier ou la dernière escale

En octobre 1970 paraît un petit livre publié par Alain Favrou «POUR UN

.AMATEUR»,premier numéro d‟une série baptisée ALSO. Il a pour titre Amères et le signataire en est «Anselme Pothier». J‟en reproduis ci-dessous la première page:

A nulle autre pareille.

— Hélas!

Jean Racine, Bérénice, V,

7.

Le lecteur, s'il en est, constatera sans peine que ces réflexions sans imagination sont rangées dans l'ordre alphabétique hors l'ultime et la première. La logique de ce classement est évidente dès que l ‟on a compris tout ce qu ‟a de parfaitement logique Tordre des lettres de l'alphabet. Ce que je cherche encore à saisir. Cette constatation, avec celle d‟un goût pour le je haïssable et celle de plus d'une contradiction, serait la seule de quelque importance dans ce recueil, à l'avis d'un connaisseur.

Le texte présente en effet 251 «réflexions» effectivement amères et dont certaines se situent au-delà du supportable. En voici un échantillon:

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3

A toujours jouer, l‟on perd Les mathématiques le démontrent La vie mieux encore.

4

A tourner autour de la foi, finirai-je par y entrer?

24

C‟est la pire des médiocrités que de ne pas aimer la guerre.

Tuer est s'égaler à Dieu par le mal.

56

Elle viendra, la mort, comme un voleur.

Mais, cette fois, c‟est le volé qui sera jugé.

58

En quelque sorte et en politique, je suis un anarchiste d‟extrême droite.

93

J‟ai toujours été du parti des vaincus 113 Klaxon: trompette de nos morts, Dans le dies irae de chaque dimanche,

Quand, aux carrefours, nos automobiles Se refusent au signe de croix.

125

Le peuple n‟est pas méchant.

Il est trop bête pour le mériter.

141

Le mot le plus bas du français: peuple;

L‟adjectif: populaire.

234

Un garçon qui, à vingt ans, n‟a pas été fasciste, ne sait rien de la poésie.

247

Whisky (wiski) m.: Whisky m.

Ou de la pureté d‟un dictionnaire français-allemand

WM m

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PLAGIATS ET FAUX

251

Je reprends goût à la mort.

Mais pourquoi Anselme Pothier, et qui est ce «je» qui se joue de l‟ordre alphabétique ?...

Amères et Portuaire n‟ont sans doute pas la qualité des romans de Falk, mais ils ne sont pas non plus des œuvres de commande. Ils constituent, par le fait d‟un hasard tragique, une sorte de testament littéraire, deux pièces qui complètent le puzzle patronymique et culturel que Philippe Du Puy de Clinchamps avait progressivement construit. Ils assurent ainsi la cohérence d‟une œuvre et d‟une personne.

Amères trahit (y compris dans l‟horreur de la «réflexion» 234)7, un désarroi profond que la foi, souvent réaffirmée (numéros 4,12,35,38,51,101,122, 166,173,215,224,243) n‟exorcise pas. Mais on y découvre, illustrant le thème d‟une sorte d‟étemel retour (numéros 7, 17), l‟écho de thèmes anciens, «Falkiens»:

42

Désert de sable: la pureté de l‟inutile 239

Tu as marché sur du sable.

A peine un peu de vent effacera ta trace.

236

Une nuit où il pleuvait comme à regret.

244

Visage d‟unejeune femme

d‟une finesse, d‟une délicatesse presque douloureuse.

Chaque regard l‟insultait

Comme une limace une fleur rare.

Portuaire

Ce texte, achevé d‟imprimer en septembre 1971, comprend six courts récits, précédés d‟un avant-propos où l‟on peut lire:

[...] Mais est-il possible de regarder, en face et sans effroi, une vérité qui, ne serait-ce que d‟un trait léger, n 'a pas été fardée?

L ‟art, et s ‟il y a une parcelle d‟art ici, n 'est qu 'une ruse pour masquer nos épouvantements

Chacun de ces récits est situé dans un port où se joue un drame étrange ou sordide entre des personnages aux noms étrangers: Joào Faria, Jérémie van Soij, Anna Flamerlein, Kathy-la-Rouge, Jochen Hoos, etc., cependant que l‟alcool coule à flots.

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Le dernier texte est intitulé Et la boucle est close d‟un cercle parfait. Cette boucle pourrait bien marquer l‟achèvement et montrer la cohérence d‟une œuvre littéraire disparate:

Tous les textes se terminent par un poème dont le style fait songer à Pierre Mac Orlan (un ami de Philippe de Clichamps qui lui rendait sou vent visite à Sain-Cyr-sur-Morin).

Dans le troisième récit: Au moment historique où les couteaux s ‟éga rent, se dessine la silhouette d‟un cargo, la Léna Laude, commandé par... le

«capitaine Falk».

Dans le suivant, Douze coups de rouge à minuit, on rencontre un «gros policier» qui ressemble comme un frère au, commissaire de On a tué pendant l'escale.

En exergue à l‟avant-propos figure un poème, un «quatrain perdu»:

Allons, barman, encore un verre, Et que mon cœur soit consolé!

Ce soir, je reviens d„une terre Où je ne suis jamais allé...

et ce quatrain figure, assez curieusement, dans le chapitre IV: Un snob exemplaire, du Que sais-je? présenté en C3. Ainsi Pothier, Falk et Clinchamps se rejoignent presque ouvertement. Et c‟est le goût - ou le dégoût - de la mort qui donne à ce dernier ouvrage son unité, comme en écho à l‟inquiétante prémonitoire d‟Amères, l‟ultime «réflexion»:

251

Je reprends goût à la mort.

Noms de pays: le nom

Dans le jeu des substitutions de noms d‟auteur, celui qui nous intéresse ici se caractérise par la translation toponyme —» patronyme. A l‟origine même du patronyme «Clinchamps» se trouve en effet le lieu «Clinchamp» (Flaute- Mame).

«Géry» et «Bouch» sont également des noms de fiefs, précise Régis Valette dans son essai biographique: les noms de pays deviennent noms de personne(s) et il en est sans doute ainsi de «Pothier».

On pourrait rapprocher ces travaux à la rigueur exigeante, scientifique (l‟A.N.F. gère une «commission des preuves» pour certifier les titres de noblesse), de celle, en apparence fort éloignée, du Collège de Pataphysiqueavec ses hiérarchies: «Optimates», «Commissions», «Chaires», etc.. On sait que la

‟Pataphysique fut initiée par Alfred Jarry, lui-même passionné d‟héraldique. Le Collège publie, lui aussi, des recherches érudites à propos de questions que beaucoup trouveraient insignifiantes (on doit citer ici le grand travail de Latis, signé

«Le phytographe», sur l‟étymologie des Cactacées, travail intitulé Lin

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guistique: étude de la formation d'un langage botanique8 ). Et tout comme les rédacteurs des Cahiers nobles (et en premier lieu leur rédacteur en chef), les pataphysiciens publient souvent sous pseudonyme,Latis plus que les autres (plus que Falk, peut-être).

Mais, plus que Latis, sans doute, et moins que Fernando Pessoa, bien sûr, Philippe de Clinchamps est un créateur d‟»hétéronymes». Car, selon le poète portugais9 :

L‟œuvre pseudonyme est celle de l‟auteur “en propre personne”, moins la signature de son nom; l'œuvre hétéronyme est celle de l‟auteur “hors de sa personne”; elle est celle d‟une individualité totalement fabriquée par lui, comme le seraient les répliques d‟un personnage issu d‟une pièce de théâtre quelconque écrite de sa main.

Or on peut identifier, en effet, parmi les hétéronymes de Clinchamps, plusieurs auteurs bien distincts(ou plutôt plusieurs groupes d‟auteurs) :

«Falk», «Géry» et «Pothier» ont écrit des romans (des nouvelles pour le dernier d‟entre eux). Ces récits évoquent des lieux, des moments sombres et troublants, parfois malsains, où l‟alcool et la mort sont partout présents: une atmosphère souvent germanique ou nordique. On songe à Yourcenar, à von Salomon, mais aussi à Simenon. La référence aux «Corps francs de la Baltique» est celle d‟un passé violent, contre-révolutionnaire, mais essentiellement païen. «Clinchamps» et «Bouch» ont construit une œuvre assez encyclopédique, mais qui était le plus souvent de nature historique, voire généalogique. Le style, ici, est plus froid, plus détaché, parfois ironique. L‟engagement politique est plutôt ce lui d‟un monarchiste «moderne»;

Action Française et comte de Paris. Mais la foi catholique est également présente et traditionaliste.

Un autre groupe est celui des journalistes (Radio Tunis, Le Monde, L 'Aurore) et animateurs de revues:-«Mansart», «Géry», «Bourgogne»...

L‟être humain aux multiples visages qui s‟adresse à nous possède sans doute une âme également multiple, qui admire les soldats perdus, heimatlos, de la Baltique mais aussi l‟étudiante révolutionnaire de Bar-le-Duc; celui qui est solidaire des grévistes de l‟ORTF, en 68, et qui choisit Mc Tixier-Vignancourt comme avocat lorsqu‟il est licencié; celui qui n‟a jamais explicitement précisé la véritable identité de Falk mais qui avait dans sa chambre un portrait, dû à Raymond Pagès, d‟Anne-Marie de Clinchamps, son épouse: un portrait en pied où elle saisit une livre, un roman de Franz-Rudolph Falk!

La vie de «Clinchamps l‟écrivain - les écrivains», c‟est donc un «roman de romans» comme F imaginait peut-être Ramon Gomez de la Sema, une de ces mystifications dont la nature elle-même donne souvent, selon Vladimir Nabokov.

l‟exemple.

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Post-Scriptum

J‟avais transmis mon manuscrit (et même une seconde version corrigée et complétée) aux éditeurs de Formules, lorsqu‟en cherchant à libérer un peu de place dans un rayonnage de ma bibliothèque j‟ai découvert un document que j'avais acquis chez un bouquiniste à la fin des années 80 - car je méditais d‟écrire un essai sur Falk depuis la réédition de Fl avec la préface de Bourdier- mais n‟avais pas lu à l‟époque:

le cahier «hors-série n°l» de la revue Les amis du crime, publié en octobre 1985 et présenté par François Naudin, cahier entièrement rédigé par H.Y.Mermet et intitulé:

LŒUVRE POLICIERE DE PH.DE CLINCHAMPS

- F.R.FALK- PH.GERY.

Je m‟y suis aussitôt plongé et me suis alors aperçu que le travail considérable de H.Y.Mermet (25 pages 21 "29,7 très denses) comportait une analyse thématique et stylistique très complète des œuvres du triple auteur, bien plus complète que la mienne, ainsi qu‟un certain nombre d‟informations que j'ignorais.

En voici la table des matières:

Introduction à l‟homme et à l‟œuvre 1/ Analyse des romans

11/ Idées et opinions sur le roman policier III/ L‟art

IV/ L‟atmosphère physique V/ L‟atmosphère policière VI/ L‟atmosphère mystérieuse VII/ L‟atmosphère sensuelle VIII/ La philosophie

Consterné par négligence et ma distraction, j‟étais décidé à m‟en remettre à

«la critique rongeuse des souris» lorsque je me suis aperçu que ce remarquable article n‟avait été tiré qu‟à 100 exemplaires et n‟avait donc pu être lu que par quelques amateurs.

De plus, en lisant le texte, il m‟a semblé que ma contribution apportait quelques utiles compléments à celui de Mermet, et ceci tant amont qu‟en aval:

en amont, on peut citer la problématique de l‟hétéronymie et le choix des hétéronymes

en aval, les textes de Pothier parus en 1971 (mais demeurés confiden tiels).

Il semble que Mermet n‟ait pas eu connaissance de la préface de Régis Valette citée plus haut.

Par contre il a découvert l‟existence d‟un jeu très intéressant de citations- évocations croisées entre Philippe de Clinchamps et Maurice-Bernard Endrèbe: un certain Bemahart Endrew apparaît en effet dans F5, tandis que dans La vielle dame sans merci, un personnage, Louise Lalanne, demande à l‟auteur (M.-B. E.) des renseignements sur Ph. de Cl. Un autre personnage récurrent, Patrice Géron (P.G. !), apparaît dans cinq autres romans du même auteur sous des traits

PLAGIATS ET FAUX

89 et avec des intérêts qui sont apparemment ceux de Ph. de Cl.:

... une sorte de géant... une carrure massive surmontée d‟un visage épanoui, de lunettes malicieuses et d‟une mèche rebelle...

Théâtre, cinéma, littérature, quelques romans policiers impressionnistes qu‟il prétend traduire de l‟allemand, voilà les domaines où Géron exerce son activité et, étant l‟homme qu‟il est, il a dû s‟y faire de solides inimitiés...

Mermet évoque aussi Henri David, un auteur de la collection Le masque où il publia le n° 367 (Jeux de plomb), qui eut le Grand prix du roman d‟aventures en 1949 et le n° 454 (Avec du tapioca, 1954). Ici c‟est le héros commun aux deux ouvrages, le Dr Lobau, qui emprunte la personnalité: aspect physique et intérêts de Ph. de Cl.10

Je tiens à remercier Maurice-Bernard Endrèbe, Walter Henry et Claude Rameil pour l‟aide qu‟ils m‟ont apportée dans la préparation de cet essai. Il est clair que la contribution de Patrice de Clinchamps, le fds de Philippe, a été essentielle. Les erreurs qui subsisteraient seraient évidemment les miennes.

Notes

1 J'irai cracher sur vos tombes, 1946.

Les morts ont tous la même peau, 1945.

Les morts ont tous la même peau, 1945.

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