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la PCP, le DXM et le GHB…

Dans le document ... sans "voir la drogue partout", (Page 92-98)

Le marché des drogues change constamment et de nouvelles drogues envahissent régulièrement les soirées techno et les clubs.

I- PCP = Phencyclidine = « poussière d'ange » = « poudre d’ange » (angel dust) :

C’est un produit classé comme stupéfiant et désigné sous les autres appellations de : "peace pill" (=

pour PeaCe Pill = "pilule de la paix"), d’"Ozone"… mais aussi de "cyclone", "supergrass" (= super herbe),

"killer weed" (= joint de tueur), "embalming fluid" (= liquide d’embaumement), "rocket fuel" (=

carburant de fusée) et même "crystal" (sans pour autant être de l’ICE).

Historique :

La pipéridine ou 1-(1-phencyclohexyl) a été développée en 1926 comme anesthésique chirurgical. C’est à partir de cette substance que la Phencyclidine ou PCP, une molécule de la famille des hallucinogènes, a été synthétisée aux USA en 1956 (laboratoires Parke-David). Développé comme anesthésique intraveineux sous le nom de Sernyl® en 1958, elle a rapidement été abandonnée en raison des troubles du comportement qu’elle provoquait : 10% des patients déliraient pendant des heures à leur réveil… Parke-Davis a arrêté tout test humain en 1965. En 1960, sa commercialisation débute sous le nom de Sernylan®, cette fois-ci comme anesthésique général à usage vétérinaire (jusqu’en 1979). Dès 1970 apparaissent les premières toxicomanies utilisant cette substance par ailleurs assez facile, quoique dangereuse, à synthétiser dans un laboratoire clandestin. La multiplication des cas de toxicomanies aboutit, en 1979, à l’arrêt de la fabrication industrielle de ce produit. En Europe sa détention et son usage sont interdits.

Présentation :

Sous sa forme pure, la PCP est une poudre cristalline blanche qui se dissout aisément dans l'eau mais aussi dans l’alcool. La plupart du temps la PCP, sur le marché illicite, contient des impuretés qui lui donnent une couleur brune., Elle peut être facilement colorée et est conditionnée sous forme de cristaux, tablettes, comprimés, gélules ou sous forme liquide.

Le produit se sniffe, se fume (poudre ajoutée dans un joint de cannabis, cigarette imbibée de liquide), s’ingère (goût amer) ou s’injecte par voie veineuse (1 dose de 2 à 5 mg).

Il peut aussi être appliqué localement sur d’autres tissus humides que la muqueuse nasale (muqueuses rectale, vaginale).

Lors de sa fabrication, l’odeur des vapeurs peut dénoncer les chimistes clandestins.

Tableau clinique :

La PCP libère au niveau des synapses des cellules nerveuses la noradrénaline et de la dopamine. Elle inhibe aussi leur recapture (voir page 73) à la façon des amphétamines, de leurs dérivés et de la cocaïne.

Elle a également une action sur la sérotonine. Il s’ensuit une action psychostimulante.

Elle interfère avec des récepteurs à acétylcholine de type nicotinique dans l’hippocampe (d’où des pertes de la mémoire à court terme chez les utilisateurs réguliers).

Elle agit aussi sur le récepteur sigma aux opiacés responsable d’effets dysphoriques.

Différentes formes de PCP et matériel pour l’utiliser.

Comme la kétamine, de structure proche, la PCP a une action antagoniste du glutamate au niveau du récepteur NMDA (N-Méthyl-D-Aspartate... qui joue un rôle important dans la transmission des sensations de douleur dans le système nerveux central… voir ci-dessous les effets à dose moyennes.

Les effets sont quasi immédiats et durent de 3 à 7 heures.

On observe généralement, dans l’heure qui suit (mais plus rapidement si le PCP est injecté ou sniffé) : des mouvements anormaux des yeux (nystagmus vertical

ou horizontal), une hypertension et une tachycardie, une diminution de la réponse à la douleur et une absence de coordination des mouvements (ataxie) avec rigidité musculaire. Existence de

« mauvais voyages » comme avec le LSD.

* A faibles doses (< 5 mg) on constate une désinhibition + un sentiment de bien être et de détachement du réel (peace pill) mais aussi des difficultés de concentration et de communication pouvant aller jusqu’à l’isolement et au mutisme et des distorsions perceptives.

* A dose moyenne (5 à 15 mg) l’impulsivité et l’agitation violente sont prédominantes. Elle s’accompagne d’hallucinations. Les patients sont difficiles à maîtriser, ils sont insensibles à la douleur et leurs forces sont décuplées. L’automutilation, le suicide ou l’homicide peuvent s’ensuivre.

* A forte dose (1 g) l’intoxication mène au coma et à l’arrêt respiratoire. La toxicité nécessite un lavage gastrique et un traitement par l’halopéridol.

Remarques :

Les dépendances physique et psychique sont importantes et rapides contrairement à ce qu’on observe pour les autres hallucinogènes (LSD et kétamine). Les adeptes peuvent en effet réitérer les prises afin de retrouver le sentiment d'invulnérabilité. Pas de syndrome de sevrage du fait de l’élimination très lente du produit. Peuvent apparaître des problèmes persistants d'élocution.

Un phénomène de "flash-back" (réminiscence chimique des effets longtemps après la prise) peut se rencontrer comme avec le LSD.

A gauche : molécule de PCP et à droite de kétamine.

Pilules de PCP, le trombone donne l’échelle.

II- Le DXM :

Historique :

Le dextrométhorphane ou DXM (Dextromethorphan) C18H25NO est une substance apparentée aux opiacés (plus précisément à la codéine) qui a le pouvoir de bloquer, dans le cerveau, le centre de la toux (dans la partie dorsolatérale du bulbe cérébral) pendant quelques heures. Par contre, contrairement aux opiacés, il n'entraîne pas de constipation. Il est utilisé surtout en anesthésie préopératoire afin de diminuer les douleurs post-opératoires en chirurgies dentaire et viscérale. Il est peu efficace dans les douleurs chroniques.

Ceci fait parfois dire qu’il ne possède pas de propriétés analgésiques ou calmantes ce qui est inexact.

Le DXM a été introduit dans des médicaments14 contre les

toux sèches aiguës sous forme de sirops, comprimés ou gélules. Ceux-ci ont été consommés de manière abusive et dans les années 80 déjà, le DXM circulait parmi les punks pour ses effets euphorisants et hallucinogènes. A côté des médicaments enregistrés, on trouve aussi dans les soirées des pilules vendus comme de l’ecstasy et contenant du DXM, mais le dosage est ici beaucoup plus importantes (exemple : comprimés appelés « Triangle vert », « circle Z »…).

Présentation :

Le dextrométhorphane parfois nommé " robo " (anglophone venant du nom du sirop Robotussin ) peut se présenter sous forme de sirop commercialisé en pharmacie, de gélules, de poudre (qui peut se consommer en sniff) ou sous forme de comprimés. Il est, sous forme de sirop, absorbé par voie orale, parfois mélangé à une boisson. «… rapidement absorbé dans le tube digestif puis métabolisé par le foie et excrété dans les urines. Sa demi-vie plasmatique est d'environ 11 heures ».

http://www.ofdt.fr/BDD/sintes/ir_020517_dxm.htm

Tableau clinique :

Comme avec le PCP, on peut observer un nystagmus (mouvements incontrôlés des yeux), une tachycardie, et une difficulté ou impossibilité de se tenir debout sans tituber (ataxie) avec rigidité musculaire. L’accroissement de la pression sanguine est occasionnelle.

* Consommé à faible dose, ses effets sont proches de ceux de l'alcool : un sentiment d'ivresse avec vertiges (pas forcément désagréables) et une légère excitation.

* Lors de doses plus élevées la conscience de la réalité est modifiée et il existe un ressenti de dissociation du corps et de l'esprit. Les effets sont similaires à ceux de la Phencyclidine (PCP) à faibles doses. On observe : de la somnolence et de la confusion, des mouvements incoordonnés et de l’agitation, plus rarement des hallucinations et des moments de panique peuvent survenir.

Le DMX peut provoquer chez certains des nausées et des problèmes

gastriques (vomissements) aggravés par la consommation d’alcool ainsi que de la diarrhée… :

14 En 2000 : ACTIFED TOUX SECHE, CODOTUSSYL TOUX SECHE, HUMEX TOUX SECHE (France) + une vingtaine d’autres spécialités commercialisées dans notre pays… BRONCHENOLO (ITALIE), CANFODION (ITALIE), CAPSYL (BELGIQUE), DESTROMETORFANO (ITALIE), FLUPRIM (ITALIE), ROMILAR (Belgique, PAYS-BAS, ANGLETERRE, USA), ROMILAR EXPECTORANS (SUISSE), SEDOTUS (ITALIE), SIMATUS (ITALIE), TORFILE (PAYS-BAS), TUSSADE (USA), TUSSISTOP (ITALIE), VALATUX (ITALIE)

Des sites expliquent comment produire la substance…

Circle Z… du DMX

« J’ai bu le 1/3 de la bouteille (de sirop) d’un coup... ça tournait dans les alentours de 200, 220 mg de DXM ... J’ai détesté ça car j’ai vomi tout la soirée... J’étais seul... je vomissais, j’étais étourdi à mort ce qui me donnait mal au coeur et continuait de me faire vomir… Et tout ça a fini avec la diarrhée bien sûr... Ca a été une soirée complète comme si j’avais un grosse gastro... mais en plus j’étais gelé... Sa gèle oui... essayez le si ça vous tente... mais moi j’ai pas aimé ça… ».

Certains usagers trouvent que le DXM " rend trop stupide ".

On note également des réactions d'allergie avec démangeaisons importantes et des bouffées de chaleur. Assez fréquemment, le pouls est accéléré et des pupilles dilatées. Souvent inhibition de l'orgasme chez l'homme et occasionnellement chez la femme.

* Lors d'utilisations fréquentes à des doses importantes, une dépendance psychique peut s'installer. On a signalé des cas de dépression et constaté quelques évolutions graves avec coma, convulsions et hypertension massive.

Enfin, la combinaison du DXM avec certaines substances médicamenteuses, comme des antidépresseurs, des produits amincissants et des antiallergiques, peut être particulièrement dangereuse. L'association avec l'alcool ou d'autres morphiniques accroît fortement l'effet sédatif.

Bien que le DXM ne soit pas réellement un opioïde, les intoxications peuvent être traitées avec de la Naloxone.

L'évolution dépend de la dose mais avec toutefois une grande variabilité selon les individus. Il se pourrait que, chez certains sujets, une particularité génétique ait pour effet de réduire le métabolisme du DXM ("polymorphisme CYP2D6"). Ces patients développeraient des symptômes graves à des doses qui n'affectent que faiblement d'autres personnes. La littérature médicale fait même état de cas mortels heureusement exceptionnels.

« Motorola » : ¾ de DXM et ¼ de Pseudoéphedrine.

Une autre

« Motorola » contient de la kétamine plus un

peu de caféine.

III- Le GHB ou Gamma Hydroxy Butyrate ou Gamma OH ou Liquid ecstasy ou liquid X ou liquid E ou Fantasy :

Historique :

… Aucun rapport avec l’Ecstasy… Le gamma hydroxyde butyrate (de sodium) encore appelé « drogue des violeurs » et "GBH" (Grievous = pénible, Bodily = physiquement, Harm = mal) est une drogue de synthèse obtenue en 1961 par Henri Labborit15. Formule chimique : C4H7NaO3 dérivée de celle d’un neuromédiateur inhibiteur naturellement présent dans le système nerveux central : le GABA. Elle était utilisée en médecine comme anesthésiant général et dans le traitement de l'insomnie et de l'alcoolisme. Elle est maintenant peu employée (sauf en neurochirurgie et dans le traitement de la narcolepsie16) à cause de ses effets secondaires indésirables. Elle a ensuite servi, à partir de 1980, comme dopant dans le milieu du culturisme car elle stimule la libération de l’hormone de croissance. En 1990 les USA et le Canada ont interdit sa fabrication et son utilisation. En 1999, la

Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) a classé le GHB comme produit stupéfiant. Bien qu’il s’agisse d’un produit prohibé, le GHB circule maintenant dans les soirées techno.

Présentation :

Il est vendu en poudre blanche cristalline ou en granulés à dissoudre dans l'eau ou tout autre liquide. Le GHB existe aussi sous forme de pilules blanches et sous la forme d’un liquide incolore et inodore légèrement salé.

130 000 doses, avaient été découvertes en 1998 dans un laboratoire clandestin de la Région Parisienne, depuis les saisies sont très faibles : 6 grammes en 2000 et une vingtaine de grammes en 2001... du fait de la difficile identification de la substance.

Le GHB peut être introduit dans un verre à l’insu d’un(e) consommateur (trice).

L’action de la substance se situe au niveau du thalamus (Cf. Journal of Neuroscience du 10 décembre 2003) sur la « balance excitation et inhibition » des neurones présents dans cette région du cerveau : une personne excitée sera calmée par la consommation de GHB, tandis qu’une personne angoissée sera désinhibée.

Tableau clinique :

Selon le dosage, les effets pourront durer de 1 à 3 heures.

* A faible dose (1g), l’action ressemble à celle de l’alcool : le GHB a des effets euphorisants et relaxants… effets désinhibiteurs et "socialisants" avec soumission qui se font sentir 10 à 20 minutes après la prise par voie orale et atteignent leur maximum au bout d’une heure. Une incoordination motrice et une sensation de vertige rendent la conduite automobile particulièrement dangereuse. A noter aussi des palpitations et une chute de la pression artérielle. Au bout de quelques heures, le réveil se fait sans effets résiduels désagréables (pas de gueule de bois).

* A plus forte dose (2 à 4 g) apparaissent des maux de tête et des crampes, une somnolence voisine de l’hypnose qui peut aller, si la dose est particulièrement forte, jusqu’à un sommeil profond proche du coma (4 à 8 g) avec dépression respiratoire et convulsions.

15 Le créateur du premier neuroleptique : le Largactil ( ou chlorpromazine) utilisé pour combattre l’agressivité.

16 La narcolepsie est une maladie caractérisée par une exagération pathologique du besoin de dormir.

Poudre et liquide incolore…

Lorsque le GHB est mélangé à d'autres substances, les dangers s'accroissent singulièrement. II augmente le risque de détresse respiratoire, d'étouffement lié à la consommation d'opiacés (héroïne, méthadone, codéine) et peut alors devenir mortel. Le mélange GHB/alcool peut aussi renforcer de façon dramatique les effets de l'un et de l'autre et être cause de décès.

Remarques : dans la durée, il n’y a pas de dépendance physique, ni de syndrome de sevrage mais une dépendance psychologique marquée.

Le GHB, outre le fait qu’il provoque une soumission, entraîne une amnésie quasi-complète : le consommateur peut ainsi oublier complètement ce qu'il a vécu les heures précédentes.

Le GHB est utilisé à des fins délictueuses dans des affaires d'escroquerie à la carte bleue : des caméras de surveillance montrent les victimes en train de composer leur code au distributeur... mais, elles, ne se souviennent de rien...

Le GHB est également employé dans des soirées privées, les rave parties, des boites de nuit, des soirées d'entreprise dans le cadre de la "soumission chimique" d’où son autre nom de

"drogue des violeurs" ou "drogue du viol" (date rape drug). Devant la commission du Sénat 2003 un expert en pharmacie et toxicologie a expliqué : « Vous avez 80 sites sur la drogue des violeurs sur Internet (sur lesquels) on vous explique comment l'utiliser pour soumettre votre victime et aboutir au fait criminel qu'est le viol ».

« En France, selon le professeur Georges Lagier, responsable du centre anti-poison à l'hôpital Ferdinand-Widal à Paris qui étudie le phénomène depuis 1997, 143 cas de soumission chimique ont été enregistrés entre 1999 et 2001 ». Certains clubs comme Le Queen à Paris, en 2002, avaient décidé de servir des verres munis de couvercles en plastique pour éviter toute manipulation… La seule véritable prévention consiste à être accompagné(e) de personnes de confiance et de veiller les un(e)s sur les autres.

Georges Lagier explique que « Le GHB reste seulement quatre heures dans le sang et entre six et dix heures dans les urines. Avant même que les victimes ne prennent conscience qu'elles ont été droguées, il n'en subsiste plus aucune trace. »… mais on peut en retrouver le produit dans le verre ou même…

dans les cheveux de la victime 1 mois après : les violeurs potentiels ne sont plus à l'abri des poursuites, le premier procès de « viol par soumission chimique » a eu lieu à Bobigny fin 2003.

Cette drogue serait également utilisée dans les milieux pédophiles…

GHB en poudre.

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