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L'alcool et ses dangers :

Dans le document ... sans "voir la drogue partout", (Page 54-57)

"Depuis 1963, la consommation totale d'alcool en France diminue : un adulte de plus de 20 ans consommait en moyenne 19,6 litres d'al-cool pur en 1990, contre 25 litres en 1970.

14 % seulement de la population française citaient spontanément l’alcool comme une drogue en 1997. Depuis, l’image de l’alcool s’est fortement dégradée.

L'alcool (Inserm 13/03/03) contribuerait à 14 % (1 sur 7) des décès masculins et 3 % (1 sur 33) des décès féminins.

Il est une cause majeure de mortalité prématurée (par maladie) :

* 22% des décès des hommes dans la tranche d’âge 45-54 et 48,2% dans celle des 45-64 ans.

* Les pourcentages correspondants pour les femmes sont de 20,3 et 40,8%.

- Les seules cirrhoses et psychoses représentent 6 % de la mortalité prématurée, près de deux fois plus que celle liée au Sida (3,9%, DREES, données sur la situation sanitaire et sociale en France, 2002).

- Près de 50 % des rixes, 50 à 60 % des actes de criminalité, 5 à 25 % des suicides et 20 % des délits seraient commis sous l’emprise de l’alcool. De 10 à 20 % des accidents du travail seraient liés à une consommation excessive d’alcool.

a) Les effets toxiques de l'alcool sont très différents d'un individu à l'autre ;

* une même dose n'a pas le même effet sur chacun : la femme est plus sensible que l'homme et les jeunes sont plus vulnérables,

* l’état général, la fatigue, une autre maladie rendent plus sensible.

b) Tous les organes sont touchés par l'alcool, mais l'appareil digestif et le système nerveux sont les plus atteints :

* irritation des muqueuses aéro-digestives, pouvant conduire aux cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage, à l'ulcère et au cancer de l'estomac ou du duodénum (= début de l'intestin), au cancer du rectum,

* dégénérescence et cirrhose du foie, inflammations du pancréas ou pancréatites,

* déséquilibre nutritionnel par perturbation du mécanisme de la digestion,

* troubles des réflexes, de la vision, de l'équilibre, du jugement,

* lésions des nerfs : crampes, fourmillements, douleurs, altération du psychisme, troubles du caractère, insomnies, délires". Modifié d’après INFO SANTE n° 116 (document disponible dans les pharmacies).

Décès par alcoolisme et psychose alcoolique

Années Total des 2 sexes Hommes Femmes

1960 5074 3294 1150

1970 4063 3125 938

1980 3344 2669 675

1990 2821 2258 563

1993 2614 2075 539

1996 2397 - -

Source INSERM. Tableau paru dans le "Quotidien du Médecin" n° 6160 du 6 novembre 1997.

Décès par cirrhose

Années Total des 2 sexes Hommes Femmes

1960 13401 9007 4394

1970 16954 11814 5140

1980 14881 10504 4377

1990 9641 6725 2916

1993 8790 6088 2702

1996 8960 - -

Source INSERM. Tableau paru dans le "Quotidien du Médecin" n° 6160 du 6 novembre 1997.

c) « On peut estimer que l'alcool est présent, comme cause principale ou secondaire, dans : - 4/5 des décès par cirrhose du foie,

- 1/3 des décès par accidents de la route, - 1/2 des homicides et 1/4 des suicides,

- 4/5 des cancers de la bouche et de l'œsophage ».

Pr Paul PERRIN, de la Faculté de Médecine de Nantes.

Nombre de décès attribuables à l'alcool

Maladies Hommes Femmes

Cancers 14000 2000

Troubles mentaux 2000 500

Cardio-vasculaires 7000 600

Respiratoires 1000 100

Digestives 6000 2200

Traumatismes et empoisonnements 6000 1100

Mal spécifié 2000 500

TOTAL 38000 7000

Statistiques de décès 1995, source INSERM. Tableau paru dans le "Quotidien du Médecin" du 22 octobre 1999.

d) Les effets sur les fonctions cognitives :

* Les fonctions exécutives (= comportements dirigés vers un but précis) : élaboration de concepts, stratégies de planification... sont affectées.

* La mémoire à court terme est peu perturbée mais il existe un déficit du rappel différé dans le temps.

* La mémoire des événements anciens n’est pas affectée.

* On note une difficulté à évaluer correctement les stimuli visuels et auditifs.

Actualités-Innovations-Médecine n° 43. Octobre 1997 Environ 10 % de la mortalité totale soit

40 000 à 52000 décès (selon les sources) chaque année sont dus à

l’alcool.

La cirrhose alcoolique est en train de devenir la 1ère indication de la transplantation hépatique en Europe.

e) L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke.

Le malade alcoolique ne se nourrit plus et présente, de ce fait, des carences en vitamines et particulièrement en vitamine B1. Il s'ensuit une maladie dite syndrome de Gayet-Wernicke.

« Elle se manifeste par des... troubles de l’équilibre, une désorientation temporo-spatiale, une apathie, une confusion mentale et une torpeur.

Dans sa phase aiguë, elle nécessite une hospitalisation (0,1 % des admis-sions). Les conséquences sont le plus souvent lourdes : 30 % des malades gardent des séquelles graves, 10 % décèdent.

En l'absence de traitement, le tableau clinique évolue vers la constitution d'un syndrome de Korsakoff associant désorientation, amnésie antérograde et polynévrite le tout étant irréversible et conduisant à une prise en charge institutionnelle définitive du sujet.

Deux modalités (de supplémentation vitaminique) ont été envisagées : supplémentation médicamenteuse ou nutritionnelle. La première a été éliminée, du fait de la difficulté de voir et de suivre les alcooliques ...

La dose de vitamine B1 nécessaire représente 20 fois les apports conseillés, soit 30 mg/jour, en raison de la malabsorption et de l'augmentation des besoins. Deux types de support ont été envisagés : pain ou vin ? La supplémentation des farines a donné de bons résultats aux Etats-Unis mais elle couvre une population insuffisamment ciblée. La supplémentation des boissons alcoolisées est tentante. Elle aurait l'avantage d'être plus ciblée et sans doute mieux acceptée. Des modèles, adaptés à chaque type de boisson en fonction de leur degré d'alcool, ont été étudiés ; ils semblent techniquement réalisables mais n'ont jamais été mis en place à grande échelle ».

« Panorama du Médecin » n°3673 du 14 octobre 1992.

f) Alcool et sommeil :

L’alcool diminue le sommeil lent profond (qui permet la récupération de la fatigue physique) et engendre des éveils nocturnes. De plus il raccourcit la durée du sommeil paradoxal (période du sommeil où se déroulent la grande majorité les rêves). Le sevrage alcoolique induit un brusque retour des rêves qui peuvent même apparaître durant l'éveil sous la forme d’hallucinations: c'est le DELIRIUM TREMENS. Après sevrage le retour d'un sommeil normal aux plans du sommeil lent et du sommeil paradoxal nécessite plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Cours d'Université de J-P. GESLIN sur le sommeil

g) Les prédispositions à la dépendance alcoolique :

- travaux portant sur les jumeaux : le fait de comparer des groupes de vrais jumeaux et de faux jumeaux, élevés ensemble, permet de faire la part de l’héréditaire et de l’environnement dans les comportements. La maladie alcoolique (abus et dépendance) est 2 fois plus fréquente chez les vrais jumeaux (homozygotes) que chez les faux jumeaux (hétérozygotes).

- études d’enfants adoptés : on a comparé le comportement des parents biologiques et des parents adoptifs de sujets souffrant de maladie alcoolique. Si les parents biologiques ont une forte prévalence pour l’alcool, c’est que les facteurs génétiques sont prépondérants. Si ce sont les parents adoptifs qui sont atteints, ce sont les facteurs environnementaux qui l’emportent. Dans cette méthode, on n’a observé une prédominance génétique mais uniquement pour les enfants mâles.

« Dans certaines familles, une transmission patrilinéaire (= de père en fils) d’une hyperappétence pour l’alcool est retrouvée ». Pr Jean Adès, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Louis-Mourier (Colombes).

De nombreux gènes de susceptibilité semblent être impliqués dans la maladie alcoolique.

Dans les populations asiatiques, dans lesquelles un fort pourcentage d’individus (40 % des Japonais et des Chinois) présente une forte sensibilité à l’alcool (vasodilatation cutanée, nausées et tachycardie), a été mis en évidence un gène codant pour une forme inactive d’acétaldéhyde déshydrogénase : l’ALDH2. Cette mutation, qui a un effet protecteur contre l‘alcoolisme du fait des manifestations désagréables qu’elle engendre, n’a pratiquement pas été retrouvée dans les populations occidentales (5 %).

« On s’est beaucoup bagarré entre tenants de la génétique et tenants de l’environnement.

Aujourd’hui, on sait que les 2 sont impliqués dans l’alcoolisme.

Pr Nordmann dans « Le Généraliste » n° 1777 du 26 mai 1997.

Dans le document ... sans "voir la drogue partout", (Page 54-57)