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CADRE DE L’ÉTUDE

1. D U PAYS À LA RÉGION

Cette thèse se focalise sur la sous-préfecture de Ouessè, dans le département du Zou, et plus précisément sur ses habitants, puisque nous les suivrons aussi lors de leurs rares déplacements, en quête de soins, à l’extérieur de la sous-préfecture. Plus ou moins directement, de nombreux facteurs influencent l’état de santé et les comportements thérapeutiques de cette population. Il est donc nécessaire de décrire brièvement le contexte national puis, plus longuement, la sous-préfecture de Ouessè et ses habitants.

a) Le Bénin

La république du Bénin est un petit Etat d’Afrique de l’Ouest, situé entièrement dans la zone intertropicale (entre le sixième et le quatorzième degré de latitude nord). C’est un pays chaud (de 26 à 28° C. de moyenne annuelle) et relativement humide (de 900 à 1’400 mm de pluie par an selon les régions). D’une superficie de 122’622 km2, le pays s’étend de l’océan

Atlantique au fleuve Niger, sur une longueur de 700 kilomètres et une largeur variant de 125 kilomètres, le long de la côte, à 325 km, au nord. Le Bénin est limité au nord par le Burkina Faso et le Niger, au sud par l’océan Atlantique, à l’est par le Nigeria et à l’ouest par le Togo.

Colonie française depuis 1894, le Dahomey – ancien nom du Bénin jusqu’en 1975 – accède à l’indépendance en 1960. De nombreux présidents se succèdent alors à la tête du pays, jusqu’au coup d’Etat militaire de Mathieu Kérékou, en 1972. Ce dernier se rapproche de l’URSS et conduit le pays sur la voie du marxisme-léninisme. Le tournant de la décennie 1980-1990 est marqué par de graves difficultés économiques et par un nouveau contexte politique mondial (chute du Mur de Berlin, aide extérieure de plus en plus liée à la démocratisation). Le pays étant au bord de la banqueroute, le président Kérékou fut contraint, en juin 1989, d’accepter les conditions draconiennes que posaient le F.M.I. et la Banque mondiale pour accorder leur aide. Une Conférence nationale (février 1990) décida de mettre fin au régime de parti unique et d’organiser des élections générales, après avoir doté le pays d’une nouvelle constitution. En mars 1991, le Premier ministre Nicéphore Soglo l’emporta contre le général Kérékou. En 1996, ce dernier reprend démocratiquement le pouvoir en battant N. Soglo aux élections présidentielles.

Siège du Parlement, Porto-Novo est officiellement la capitale du Bénin. Mais la capitale économique est Cotonou, à une trentaine de kilomètres, qui abrite aussi le gouvernement et la plupart des ministères, dont celui de la santé. Près de la moitié des fonctionnaires béninois s’y concentrent. On y trouve aussi les deux tiers des établissements industriels du pays et presque la totalité des importations officielles du Bénin passent par le seul port et aéroport du pays1.

Démographie

Le Bénin comptait 4,92 millions d’habitants lors du dernier recensement national de la population (février 1992). Avec environ 700’000 habitants en 1992, Cotonou est de loin la plus importante agglomération du Bénin, suivie par celle de Porto-Novo, 180’000 habitants, de Parakou, capitale économique et commerciale du Nord, 100’000 habitants, et d’Abomey/Bohicon, près de 100’000 habitants. La population rurale représente environ 73 % de la population totale.

1 En 1990, le port de Cotonou a embarqué 124’000 tonnes et débarqué 995’000 tonnes, dont une partie à destination du Niger

De 1990 à 1995, la population du Bénin a crû annuellement de 2,9 % en moyenne1 (de

3,2 % selon une autre source!), contre 2,7 % pour l’Afrique et 1,5 % pour le monde (LA DÉCOUVERTE, 1997). Près de 47 % de la population béninoise a moins de 15 ans et à peine 3 %

65 ans et plus. Selon le recensement de la population de 1992, le taux brut de natalité est de 47,4 ‰ (41 ‰ pour l’Afrique et 24 ‰ pour le monde pour la période 1990 – 1995 (LA DÉCOUVERTE, 1997) et le taux brut de mortalité est de 15,6 ‰ (respectivement de 14 ‰ et 9 ‰).

Le taux de croissance naturelle est donc de respectivement 31,8, 27 et 15 ‰ (MINISTÈRE DE LA SANTÉ, 1994a; LA DÉCOUVERTE, 1997). L’indice synthétique de fécondité pour la période 1990 –

1995 est de 6,3 enfants par femme, contre 5,7 pour l’ensemble de l’Afrique et 3 pour l’ensemble du monde. Pour la même période, l’espérance de vie est estimée à 53,7 ans, contre respectivement 51,8 et 64,3 pour l’Afrique et le monde.

Malgré sa petite taille, le Bénin fait montre d’une grande diversité ethnique et religieuse. On y rencontre en effet une cinquantaine de groupes ethniques, parmi lesquels les Fon (42,5 % de la population du Bénin selon le recensement de 1992, y compris les groupes ethniques apparentés comme les Mahi), les Adja et apparentés (15,7 %), les Yoruba (12,2 %, y compris les groupes apparentés comme les Nagot), les Baatonou (ou Bariba et apparentés, 8,7 %), les

Otamari et apparentés (6,3 %), les Peul (6,2 %) et les Dendi et apparentés (2,7 %). Le français

est la langue officielle.

En 1994, plus de 130 églises ou mouvements religieux étaient officiellement enregistrés auprès du Ministère de l’Intérieur, dont de nombreuses églises évangéliques, souvent d’origine locale. On distingue trois grands groupes de confessions:

– la religion traditionnelle, que de nombreux adaptes appellent “fétichisme” en français (culte du vodun, c’est-à-dire des dieux, des ancêtres divinisés, des puissances invisibles ou des forces de la nature telles que la terre, la mer ou la foudre, que les hommes essaient de se concilier, individuellement ou collectivement, pour s’assurer une vie heureuse);

– les églises chrétiennes; – l’islam sunnite.

Le christianisme y est représenté sous une multitude de formes2, comprenant les grandes

églises missionnaires originaires du Nord (catholicisme, protestantisme et méthodisme), d’autres églises missionnaires originaires du Nord, surtout des Etats-Unis (Eglise des témoins de Jéhovah, Eglise des adventistes du 7e jour, diverses églises évangéliques comme l’Assemblée de

Dieu, l’Eglise de pentecôte, l’Eglise baptiste…). Ces dernières reprennent souvent certains aspects des cultes traditionnel (chants, danses, transes…). Les églises messianiques sont par contre d’origine africaine, même si certaines d’entre elles ont essaimé parmi les communautés africaines d’Europe ou d’Amérique du Nord. Elles sont issues de la prédication d’hommes ou de femmes reconnus comme prophètes. La plus importante d’entre elles est, au Bénin, l’Eglise du christianisme céleste, fondée en 1947 à Porto-Novo. Par leur nombre, les “chrétiens célestes” constituent aujourd’hui le quatrième groupe religieux du Bénin. Il existe encore quelques mouvements “néo-traditionnels”, comme l’Eglise du Fa, qui revisitent les cultes traditionnels.

Selon le recensement national de la population de 1992, 35 % de la population s’est déclarée adepte de la religion traditionnelle, 26 % catholique, 20,7 % musulmane, 6,4 % sans religion, 6 % adepte d’autres religions chrétiennes, 3,7 % protestante et 1,9 % adepte d’autres

1 Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 1992, le taux d’accroissement est de 2,8 % pour l’ensemble

du Bénin, avec de grands écarts selon le département: Borgou et Ouémé 3,8 %, Zou 2,8 % et Atacora 2,2 % seulement, à cause de l’émigration (MINISTÈRE DE LA SANTÉ, 1994).

2 Nous reprenons ici largement la typologie de BOULOUDANI (1996),s’appuyant sur les travaux de DE LUZE (1991),de DE ROSNY (1992)et de HURBON (1995).

religions (MINISTÈRE DU PLAN ET DE LA RESTRUCTURATION ÉCONOMIQUE, 1993). Mais cette

structure religieuse est en pleine mutation, la religion traditionnelle perdant notamment du terrain face aux “autres religions chrétiennes”. Un indice de cette mutation est la grande différence entre la structure religieuse générale et celle des 65 ans et plus. Plus de 55 % de ces derniers sont toujours fidèles à la religion traditionnelle, alors que seuls 15,9 % d’entre eux sont catholiques, 17 % musulmans et 2,5 % adeptes des “autres religions chrétiennes”.

Certaines de ces églises, souvent parmi les plus populaires, accordent une place importante, voire centrale, aux rituels de guérison. Il s’agit souvent, mais pas exclusivement de l’apanage des églises messianiques. Selon DOZON et SINDZINGRE (1986), les mouvements

messianiques

se sont donnés pour tâche prioritaire de combattre le fétichisme et la sorcellerie, mais s’impliquent très directement dans cet univers magico-religieux, notamment en se préoccupant de ce qui en est la voie d’accès privilégiées, à savoir la maladie et la thérapeutique. Les prophètes, leurs héritiers ou leurs émules sont donc des personnages ambigus. D’un côté, ils s’inscrivent à l’intérieur de croyances “païennes” occupant une place tout à fait assimilable au guérisseur, devin, contre-sorcier traditionnel, en faisant de la maladie le point d’ancrage des liaisons entre malheur individuel et logique sociale; de l’autre côté, utilisant les références chrétiennes, ces personnages font des malades les coupables ou les victimes consentantes de leurs propres maux et les invitent à devenir membres de la secte ou du culte dont ils ont la charge pour se libérer de leurs croyances ancestrales et se guérir par la même occasion.

Economie

Selon le recensement national de la population de 1992, 42 % de la population est active. L’économie du Bénin est essentiellement agricole. Ce secteur occupe de 54 à 75 % de la population active selon les sources et représente environ 40 % du PIB. Le pays est autosuffisant sur le plan alimentaire, sauf pour les produits de l’élevage. Les principales cultures vivrières1

sont le maïs, l’igname, le manioc, le palmier à huile, le sorgho, le mil, le haricot et l’arachide. Assez précaire, l’élevage bovin est assuré par les Peul (Fulbé), sédentaires pour la plupart. Le coton – 56 % des exportations en 1993 – a largement détrôné le palmier à huile comme principale culture de rente. Il procure jusqu’au quart des recettes de l’Etat. Les autres cultures de rente sont nettement moins importants: arachide, tabac, karité, kapok, anacardier…

Les services, le plus souvent informels, constituent le deuxième secteur de l’économie béninoise par le nombre d’employés, mais le premier par le PIB (48 % du PIB en 1993). Le commerce, licite et illicite (contrebande de produits venant du Nigeria pour le marché intérieur et pour la revente dans d’autres Etats de la sous-région), est florissant, quoique soumis aux aléas politico-économiques que connaît le grand voisin. Certains auteurs n’ont pas hésité à parler “d’Etat-entrepôt” à propos du Bénin (IGUE et SOULE, 1992). En 1993, le montant des

importations béninoises était presque deux fois plus élevé que celui des exportations (respectivement 649 et 350 millions de dollars). En 1995 et 1996, le déficit commercial s’est réduit, avec 565 millions de dollars d’importations et 410 millions d’exportations (respectivement 544 et 445 millions de dollars en 1996). Ces chiffres ne rendent évidemment pas compte du trafic massif avec le Nigeria, ni de la revente illicite aux pays tiers.

Le secteur secondaire est très peu développé (12 % du PIB et 6 à 8 % de la population active en 1993). Il concerne surtout la transformation de produits agricoles: égrenage du coton, huileries, sucrerie, brasseries, textiles, scieries. Des entreprises artisanales ou semi-industrielles pratiquent la menuiserie, la menuiserie métallique, la maçonnerie…

1 La distinction entre cultures vivrières et de rente est passablement artificielle: certains agriculteurs plantent par exemple

plus de maïs que leur famille ne peut en consommer, dans le but d’en exporter vers le sud (Cotonou, Porto-Novo…) ou vers le nord (Malanville, Niger); d’autres vendent les surplus issus d’une bonne récolte.

De 1989 à 1996, trois programmes de stabilisation des finances publiques et d’ajustement structurel se sont succédés, sous les auspices du F.M.I. et de la Banque mondiale. L’objectif général de ces programmes est d’amorcer une relance économique durable par l’amélioration de l’économie béninoise et de la balance des paiements. Ces programmes ont débouché sur l’abattement de 20 % des salaires des fonctionnaires, le blocage des avancements dans le secteur public, la réduction des bourses universitaires, la poursuite du gel des recrutements dans la fonction publique, des programmes de départs ciblés dans la fonction publique et de départs volontaires à la retraite notamment dans le secteur de la santé, la restructuration, la liquidation ou la privatisation des entreprises publiques et semi-publiques. Ainsi, de 1990 à 1993, le secteur public a perdu près de 7’000 agents1, alors que le chômage ou le sous-emploi urbains sont

estimés à 30 % et que le secteur informel, déjà hypertrophié, ne joue plus le même rôle régulateur que par le passé.

La dévaluation de 50 % du franc CFA2, le 12 janvier 1994, sous la pression du FMI, a

provoqué une flambée de l’inflation, après des décennies de stabilité monétaire pour les pays de la Zone Franc. L’inflation est ensuite redescendue à 6,7 % en 1996. Cette dévaluation devait stimuler l’activité nationale en augmentant les exportations et en renchérissant les importations, d’où une substitution escomptée au profit des produits nationaux, dont la production serait relancée. Le prix des produits importés s’est effectivement envolé, parfois même au-delà de ce qu’aurait voulu la seule modification du taux de change. Dans une moindre mesure, il en a été de même du prix des produits locaux, puisque les producteurs cherchaient à préserver leur pouvoir d’achat. Les paysans pratiquant une agriculture de rente en complément d’une agriculture de subsistance et ceux produisant des surplus vivriers ne semblent donc pas trop affectés par cette dévaluation, voire même en profiter, dans la mesure où ils consomment peu de produits importés. Il n’en va pas de même des travailleurs qui ne peuvent pas répercuter plus loin l’augmentation des prix. C’est le cas notamment dans le secteur formel, où les salaires n’ont que très partiellement été réadaptés. Par exemple, les fonctionnaires urbains, dont les habitudes de consommation font assez largement appel aux produits importés, ont été frappés de plein fouet par la dévaluation. Au moins certaines catégories de la population ont donc vu leur pouvoir d’achat réduit par la dévaluation, ce qui ne saurait rester sans conséquences sur les choix thérapeutiques et la consommation médicale.

Le réseau routier compte 8’600 kilomètres, dont environ 1’400 kilomètres bitumés. En 1990, le parc automobile national ne comptait que 64’000 véhicules. Après la fermeture de la courte ligne côtière, le réseau ferroviaire se limite à une seule ligne de 438 kilomètres reliant Cotonou à Parakou (ADAM et BOKO, 1993).

Les grandes régions naturelles

Le Bénin comprend cinq grandes régions naturelles (ADAM,1993):

– la région méridionale; – le Moyen-Bénin; – le Pays Borgou; – la région de l’Atacora; – le bassin du Niger.

1 Précisons tout de même qu’entre 1980 et 1986 le nombre de fonctionnaires était passé de 20’000 à 46’000 (UNICEF,1991). 2 Dorénavant, 1 FF vaut 100F CFA contre 50 FCFA auparavant, soit, pour 1 FS, environ 400 FCFA contre 200 FCFA

La région méridionale occupe tout le sud du pays, de la côte à Setto, entre Abomey et Dassa Zoumé (7° 30’ de latitude nord). Elle correspond essentiellement au bassin sédimentaire côtier, affecté par un climat subéquatorial à quatre saisons, avec une pluviosité décroissante d’est en ouest (de 1’400 à 950 mm sur la côte). C’est de loin la région la plus peuplée du Bénin, puisqu’elle rassemble près des deux tiers de la population sur un septième de la superficie totale du pays.

Le Moyen-Bénin s’étend de la latitude de Setto à celle de Tchaourou, juste au nord de la frontière entre les départements du Zou et du Borgou. Elle inclut donc l’ensemble de la sous- préfecture de Ouessè, dont la frontière septentrionale n’est qu’à une douzaine de kilomètres de Tchaourou. Sur le plan physique, il s’agit d’une région assez homogène couvrant une pénéplaine modelée sur du matériel précambrien, dominée par quelques collines rocheuses d’une altitude moyenne de 300 mètres. Avec un climat de type subsoudanien, cette région sert de zone de transition entre le climat subéquatiorial à quatre saisons (une longue saison sèche, une longue saison des pluies, une petite saison sèche et une petite saison des pluies) et le climat soudanien humide à saisons contrastées (une saison sèche de novembre à avril et une saison des pluies d’avril ou mai à octobre). La température moyenne annuelle est de 26° C. dans la sous-préfecture de Ouessè (25° C. pour l’ensemble du Bénin), avec un maximum en mars (28,9° C.) et un minimum août (24,7° C; AKPASSONOU et HOINDO, 1994). L’amplitude thermique y est donc peu

marquée. L’humidité moyenne est de 88 %. La pluviométrie annuelle (moyenne de 1965 à 1987) est de 960 mm à Ouessè et de 1’134 mm à Toui1. A Ouessè, août et septembre sont les mois les

plus pluvieux. Environ neuf dixièmes des pluies tombent entre avril et octobre. L’influence de l’harmattan2 s’y fait sentir de décembre à février, y apportant brumes sèches (fines particules de

poussière), fraîcheur et sécheresse (YEKPE, 1992). Les sols ferrugineux lessivés et les sols

colluviaux portent une savane arborée, largement défrichée pour les besoins de l’agriculture. Sur le plan humain, cette région abrite des résidus d’anciens royaumes, yoruba essentiellement. C’est une zone de contact entre les premiers migrants yoruba anciennement installés dans la région et les Mahi ayant fui d’Agonli, à l’est d’Abomey, pour venir s’installer au 18e siècle dans la région de Savalou, puis de Ouessè. Le Moyen-Bénin est peu peuplé (densité

de l’ordre de 20 habitants au km2), ce qui serait la conséquence des ravages des rois d’Abomey

durant la traite esclavagiste.

L’industrialisation du Moyen-Bénin est très modeste. Elle ne concerne que les principaux chefs-lieux de sous-préfectures et reste inexistante dans la sous-préfecture de Ouessè. Le commerce avec le Togo et surtout le Nigeria était très florissant. Mais il a subi ces dernières années les contrecoups des troubles politico-économiques au Nigeria, notamment dans le secteur pétrolier, et de la dévaluation du FCFA en janvier 19943.

Le pays Borgou couvre l’ancien grand royaume baatonou édifié autour de Nikki, au nord- est du Bénin. Il prolonge le Moyen-Bénin au nord-est et abrite la principale ville du Nord-Bénin: Parakou. Peuplée essentiellement de Baatonou (Bariba) et, dans une bien moindre mesure, de

Nagot, cette dernière constitue un pôle économique majeur pour la sous-préfecture de Ouessè,

surtout pour l’est nagot, à moins de 100 kilomètres.

La région de l’Atacora correspond en gros au département du même nom. Située au nord- ouest du Bénin, elle s’articule autour de l’Atocora, seule véritable chaîne de montagnes du Bénin, dominant une pénéplaine précambrienne à l’est et une plaine à l’ouest. C’est un pays

1 Mais les variations annuelles peuvent être importantes. Pour la période de 1968 à 1989, le minimum est de 597 mm en 1983

et le maximum de 1’397 en 1968. En moyenne, il pleut 68 jours par an.

2 Ce vent est associé à l’augmentation des cas de maladies respiratoires et de méningite (OKE, 1993).

3 1 FF valait 50 FCFA avant la dévaluation de janvier 1994 et 100 FCFA après. 1 FS valent donc environ respectivement 200

compartimenté et accidenté, qui abrite un peuplement très ancien d’une mosaïque d’ethnies presque sans échanges culturels entre elles, attirés par le surcroît de pluviométrie dû au relief. Bien que la densité moyenne de population y soit une des plus faibles du Bénin, avec d’immenses secteurs non habités (parc national de la Pendjari, réserves cynégétiques), la densité peut localement être élevée. De plus, dans la chaîne même, les sols colluviaux des bas de pente et les sols des sommets de plateaux sont assez pauvres, souvent caillouteux et parfois cuirassés, les champs sont de petite taille et ne suffisent pas à nourrir leurs exploitants. La chaîne atacorienne alimente donc un fort courant migratoire vers le piémont oriental, le Borgou et le Moyen-Bénin, dont la sous-préfecture de Ouessè.

La cinquième grande région naturelle occupe toute la partie béninoise du bassin du Niger, soit le nord-est du pays. La densité de population y est la plus basse du pays, le climat le plus rude. Avec certains secteurs de l’Atacora, il s’agit de la région la plus déshéritée du Bénin, alimentant une forte migration temporaire vers le Nigeria.

Divisions administratives et sanitaires

D’un point de vue administratif, le pays est divisé en six départements:

– trois départements au sud, jouxtant l’océan Atlantique (Ouémé, 877’000 habitants selon le recensement de 1992; Atlantique, 1’066’000 habitants; Mono, 676’000 habitants); – un département médian, le Zou (820’000 habitants);

– deux départements au nord (le Borgou, 828’000 habitants et l’Atacora, 649’000 habitants).

Les départements sont eux-mêmes subdivisés en sous-préfectures ou en circonscriptions urbaines lorsqu’il existe une grande agglomération (68 sous-préfectures et 9 circonscriptions urbaines en 1994 pour l’ensemble du Bénin), à leur tour subdivisées en communes rurales et urbaines (517 au total), qui rassemblent chacune quelques villages ou quartiers de ville officiels (respectivement 2’367 et 1’011 au total). Même en milieu rural, un bourg peut être constitué de plusieurs villages officiels. L’habitat est le plus souvent groupé, ce qui n’empêche pas que des petits villages, hameaux et fermes isolées dépendent souvent des villages officiels.

Si la population de chaque département est plus ou moins similaire, il n’en va pas de même de leur superficie, qui s’accroît fortement du sud vers le nord. Ainsi, les trois