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CADRE DE L’ÉTUDE

2. L A MALADIE AU B ÉNIN

Ce chapitre poursuit un double but. D’une part, il montre, d’une manière sommaire, que la nosologie et l’étiologie locales des maladies ne sont ni identiques à celles de la médecine moderne, auxquels les patients sont de plus en plus souvent confrontés puisque les thérapeutes modernes ont largement supplanté les guérisseurs traditionnels au Bénin, ni même l’objet d’un consensus au sein d’une population. D’autre part, ce chapitre montre quels sont les principaux problèmes de santé au Bénin, à travers le prisme déformant des activités curatives des services de santé publics et confessionnels.

a) Perception de la maladie

Sindzingre et Zempleni (1981) observent à propos des Senoufo de Côte d’Ivoire qu’écrire une taxonomie médicale serait une entreprise absurde car les causalités formulées a priori forment un ensemble fluctuant qui ne constitue en rien un corpus fixe ni un codage définitif. Ce constat vaut largement au-delà des seuls Senoufo. Comme le montre Fassin (1992) à travers des exemples illustrant la difficulté de dresser une nosologie des maladies au Sénégal, les nosologies ne sont de plus pas indépendantes de ceux qui les énoncent.

La classification des maladies en Afrique occidentale repose cependant largement sur une dichotomie de base:

– les maladies de Dieu, c’est-à-dire les maladies naturelles;

– les maladies provoquées, c’est-à-dire celles qu’un homme envoie à un autre homme, par l’intermédiaire d’un sorcier (d’une sorcière1, le plus souvent), ou les maladies qu’un

sorcier envoie directement à un ennemi.

Il existe parfois une catégorie mixte, comme au Ghana (FOSU, 1981). Nous retrouvons cette

dichotomie au Bénin et en particulier dans la sous-préfecture de Ouessè.

Certains symptômes, comme par exemple le dépérissement progressif des enfants que la médecine moderne considère comme de la malnutrition, sont plus susceptibles que d’autres d’être considérés comme provoqués. Cependant, beaucoup plus que la nature de la maladie, ce sont les circonstances entourant sa survenue qui font pencher pour l’une ou l’autre grande catégorie étiologique. Ainsi par exemple, une morsure de serpent est a priori considérée comme un événement naturel. Par contre, si des morsures de serpents, événement rare à un niveau individuel, surviennent à répétition chez la même personne ou au sein du même ménage, on en vient à se demander si elles ne résultent pas d’un envoûtement. Le fait pour un adulte d’avoir une maladie typiquement infantile peut provoquer les mêmes interrogations. La soudaineté de la maladie peut aussi être un signe de son origine provoquée.

La lecture d’un événement morbide ne sera pas non plus la même s’il survient après une altercation, si l’on est en situation de concurrence avec une autre personne ou si un succès personnel est considéré comme susceptible d’attirer la jalousie d’autrui. On nous a par exemple rapporté que certains ressortissant de l’ouest de la sous-préfecture ayant émigré et fait fortune en Côte d’Ivoire avaient renoncé à revenir régulièrement au village pour les fêtes de fin d’année, après le constat répété de décès dans leur ménage peu après le retour en Côte d’Ivoire. Le Meur (1998) rapporte qu’un gros transporteur de Gbanlin et son ménage avaient été parmi les premiers

1 Sorciers et sorcières ne se déclarent jamais comme tels. Il s’agit donc de personnes vivant au sein de la communauté, sur

de la commune à se convertir à l’Union de la renaissance de l’homme en Christ, afin de se soustraire à tout événement fâcheux suscité par la jalousie. Le recours à un sorcier peut aussi être un moyen de défense ou de vengeance utilisé par des personnes se sentant agressées. Un interlocuteur dira à ce propos: “La sorcière n’attaque pas sans raison, il faut avoir fait du mal pour être attaqué”.

La réaction de la maladie aux premiers traitements joue également un rôle important dans la détermination de son étiologie, naturelle ou provoquée. Si une maladie réagit bien à son traitement usuel, elle sera considérée comme naturelle. Par contre, si le traitement habituel reste sans effet, que la maladie empire, on tiendra un indice d’une maladie provoquée. Cet indice est encore renforcé si la maladie tend à se pérenniser, résistant à tous les traitements. Le fait d’avoir cette maladie pour la première fois constitue alors un indice supplémentaire. Paradoxalement, l’hôpital est indirectement utilisé par certaines personnes comme moyen d’identification des maladies provoquées. Selon un vieil homme de Gbanlin

la manifestation des maladies naturelles et surnaturelles peuvent être les mêmes. Mais comme l’origine est différente, le traitement doit aussi être différent. L’hôpital est inefficace contre les maladies surnaturelles. Certaines maladies deviennent surnaturelles si l’hôpital n’arrive pas à poser un diagnostic, à les guérir.

Les maladies sanctions constituent une catégorie particulière de maladies provoquées. Elles résultent du manquement, volontaire ou non, à ses devoirs envers les ancêtres, les divinités familiales, des membres de la famille ou encore un interdit alimentaire. Les maladies élections, autre catégorie particulière de maladies provoquées, sont envoyées par une divinité qui désigne, par ce moyen, les personnes devant la servir.

Encadré 1

La mère d’une vieille femme mahi de Ouessè – cette dernière avait environ 14 ans au moment de ces événements – a souffert d’une maladie pendant 13 mois. Un mois après le début de la maladie, le mari de la malade a pu diagnostiquer un “paludisme femelle”. Accompagné des frères de la malade, il est alors allé vers l’Ouémé chercher deux sortes de racines, dont celles du karité. Sa mère s’est lavée matins et soirs durant un an avec de l’eau dans laquelle on avait fait bouillir ces racines. Cette recette provenait du père de la malade, qui avait la même maladie et se traitait ainsi. Il l’avait transmise à son beau-fils, en lui disant que cela permettait de guérir, mais prenait du temps. La malade n’a jamais essayé un autre traitement, ni consulté un guérisseur. La mari de la malade s’y était opposé, malgré les conseils en ce sens de la famille. Il n’a pas refusé pour des questions d’argent, mais parce que ce n’était pas dans ses habitudes de consulter. Il traitait en famille et s’en remettait à la volonté de Dieu. Puis sa mère s’est rétablie, du moins elle disait être guérie, mais ils n’avaient rien pour le vérifier. Ils ont considéré le traitement administré comme efficace, puisque la malade n’était pas morte.

Peu après, cette dernière tomba enceinte. Trois mois après l’accouchement, la mère tomba à nouveau malade. “S’il y avait eu l’hôpital, ils l’auraient amenée et elle serait guérie”, dira sa fille. Comme elle semblait guérie depuis longtemps, ce que semblait attester la grossesse, ils n’ont pas pensé qu’il s’agissait de la même maladie, ce d’autant plus qu’elle avait eu de la fièvre pendant le second épisode, mais pas durant le premier. Son mari lui a donc administré des remèdes traditionnels, mais pas les mêmes que lors de l’épisode précédent. Puis, la voyant condamnée, il cessa tout traitement. Les frères de la malade l’ont supplié d’emmener sa femme consulter. Il refusa, affirmant que dans sa famille c’était une honte de consulter. Le nourrisson est décédé. La malade est devenue de plus en plus chétive, on lui voyait les côtes. Puis elle est morte. “On ne savait pas comment lutter contre le paludisme, car il n’y avait pas encore d’hôpital. Sur le moment, on ne savait pas que c’était le paludisme. C’est avec l’apparition de

l’hôpital et l’envoi de malades avec la même maladie que l’on sait que c’est le paludisme, car les infirmiers l’appellent ainsi”.

Ainsi, la détermination de l’étiologie d’un épisode morbide constitue généralement tout un processus, au cours duquel la nature, les circonstances et l’évolution de la maladie sont jaugées, la faisant parfois basculer du statut de maladie naturelle à celui de maladie provoquée, avec éventuellement plusieurs allers et retours entre ces deux pôles. Mais, comme le rappelle Fosu (1981), l’étiologie attribuée dépend des caractéristiques de ceux qui la posent. Ainsi au Ghana, plus on est jeune et plus on montre une attitude “scientifique” quant à l’étiologie des maladies. De plus, la religion des personnes interrogées y influencent l’étiologie invoquée. Une fois réuni un faisceau d’indices en faveur d’une étiologie non naturelle, le malade béninois ou son entourage1 peut consulter le bokono (le devin) pour confirmer ces soupçons. Si l’étiologie

est supposée provoquée ou confirmée comme telle par le devin, le thérapeute le plus approprié est a priori le devin lui-même, qui préconise une réparation, ou un guérisseur traditionnel. Mais, faisant preuve de pragmatisme, le malade n’écarte pas la possibilité d’une visite à l’hôpital, en cas d’échec de ces thérapeutes.

A titre d’exemple, nous décrivons ci-dessous la perception locale de quelques maladies, parmi celles considérées comme les plus fréquentes et/ou les plus graves. Plusieurs informateurs ont contribué à ces descriptions. Certains éléments, quelquefois contradictoires avec l’opinion plus générale, n’étaient parfois mentionnés que par un ou quelques informateurs. On observe donc une certaine variabilité des noms de maladies, de leur gravité perçue, de l’étiologie et surtout des symptômes.

Le manyan

Cette maladie porte le même nom en mahi et en nagot. Elle correspond probablement à la candidose digestive, infection due à une levure, qui attaque tout le système digestif. Cette maladie grave, parfois mortelle (toujours selon certains) mais pas très rapidement, frappe les jeunes enfants. Elles “ronge les intestins” et se caractérise par un anus rouge, enflammé, si bien que la peau pèle, comme si elle était brûlée.

Selon une herboriste de l’agglomération de Ouessè, il s’agit d’une nouvelle maladie dans la région. Selon une autre informatrice, le manyan serait dû à la consommation des cubes Maggi (condiment). “Il n’y avait pas de manyan avant les cubes”. Une rumeur assez généralisée voudrait d’ailleurs que les cubes Maggi (certains précisent qu’il s’agit en fait uniquement des imitations fabriquées au Nigeria sous une autre marque, beaucoup plus souvent consommés) seraient à l’origine de divers problèmes du système digestif. Selon un autre informateur, les insectes seraient à l’origine du manyan.

Le “paludisme femelle”

Le “paludisme femelle” ou hwesiv asi en mahi (de hwe, le soleil, en référence à la chaleur, à la fièvre, de siv, l’huile rouge de palme, allusion aux urines rouges, et de asi, femelle) et iba abo en nagot correspond au paludisme de la médecine occidentale. Selon les informateurs locaux, ses symptômes sont de fortes fièvres, le froid, les tremblements, le manque d’appétit, l’impression que tous les aliments sont amers, les articulations douloureuses, la fatigue. Il s’agit de la maladie la plus commune au Bénin. Il est considéré comme normal que tous les enfants l’aient et qu’elle frappe encore épisodiquement les adultes. Cette maladie peut être mortelle. Son étiologie locale est l’excès d’efforts, de travail; surtout s’il est effectué sous un

soleil de plomb, rajoutent certains interlocuteurs. Cette étiologie renvoyant à une exposition excessive au soleil a également été relevée à Cotonou (BOULOUDANI,1996) et sur la côte du

Ghana (SENAH, 1993). Quelques vieux Mahi de la sous-préfecture de Ouessè pensent aussi que la

consommation en grande quantité de maïs frais grillé ou d’ignames grillées aux champs causent aussi le “paludisme femelle”. Beaucoup rajoutent aussi que “les infirmiers disent que ce sont les moustiques et ils préconisent les moustiquaires”.

Le “paludisme femelle” est souvent traité par l’automédication, avec des médicaments modernes ou la phytothérapie. En l’occurrence, ces deux formes d’automédication peuvent s’appuyer sur un nombre considérable de médicaments modernes et de recettes traditionnelles. Sodogandji (1990) a recensé pas moins de 117 médicaments contre le paludisme dans un échantillon de pharmacies, sans parler des nombreux médicaments que l’on trouve en vente libre sur les marchés. A base de feuilles (dont souvent des feuilles de neem, bien connu dans toute l’Afrique occidentale comme remède contre le paludisme), d’écorces et de racines, les tisanes familiales contre le paludisme se déclinent presque à l’infini. Les familles se donnent souvent des règles, probablement souples dans leur application, quant à la durée du traitement en automédication. Certaines ont pour habitude d’appliquer l’automédication pendant 3 jours en cas de “paludisme femelle”, d’autres pendant 7 jours, avant de consulter en cas d’échec.

Le “paludisme mâle”

Le “paludisme mâle” ou hwesiv asu en mahi et iba ak en nagot correspond, semble-t-il, à l’ictère (jaunisse) de la médecine occidentale. Les symptômes de cette maladie considérée comme très grave (“seul un sur quatre survit” dira une matrone) sont d’abord une forte fièvre, puis, le troisième jour, le blanc des yeux, les paumes, la langue virent au jaune, le tout accompagné d’un manque d’appétit, d’urines très jaunes, de courbatures. Sans traitement efficace, la mort peut intervenir dans les deux à quinze jours, selon les informateurs, alors que “le paludisme femelle traîne un mois”. Selon la plupart des informateurs, le hwesiv asi et le

hwesiv asu sont deux formes de la même maladie ou du moins des maladies parentes, avec la même étiologie, mais des symptômes différents et des traitements différents. Certains affirment qu’un “paludisme femelle” non guéri débouche sur un “paludisme mâle”.

Beaucoup d’interlocuteurs affirment aller directement à l’hôpital (terme désignant généralement aussi les CCS) en cas de “paludisme mâle”. Mais selon certains vieux Mahi de Ouessè, “les Blancs n’ont pas trouvé le remède. Il est donc inutile d’aller à l’hôpital”. Un interlocuteur de Djegbé préfère aussi aller directement chez un guérisseur, car la guérison est plus rapide et c’est moins cher.

L’“attaque”

L’“attaque” (azn kawunkawun en mahi (ou noukovi selon une vieille femme) et igbonε en nagot) est considérée comme une maladie très grave, souvent mortelle, qui frappe essentiellement les enfants jusqu’à 2 ans (jusque vers 8 ou 15 ans, selon d’autres). Ses symptômes sont la contraction des bras, la mâchoire hermétiquement close, la “nuque faible” (tête qui “ballotte”), les yeux “en l’air” (d’autres disent qui “roulent” ou qui “tournent”), de la fièvre et une respiration anormale. Selon Braendli (1985), qui a été médecin expatrié dans la sous-préfecture de Ouessè, le diagnostic profane de l’“attaque” constitue un indicateur sensible mais peu spécifique pour le tétanos néonatal. Le dictionnaire français - fon (RASSINOUX, 1987)

L’“attaque” serait héréditaire1 (“dans le sang”) ou encore due à un mauvais vent. L’hôpital

est souvent tenu pour efficace contre cette maladie. Beaucoup d’interlocuteurs affirment d’ailleurs aller directement à l’hôpital en cas d’“attaque”, contrairement à ce qu’ils font pour beaucoup d’autres maladies. Certains connaissent des recettes à base de plantes, qui soulagent ou guérissent l’“attaque”. Pour des raisons financières, ces derniers y recourent parfois, avant d’aller au besoin à l’hôpital.

Il semble y avoir deux formes d’“attaque”;

– igbonε guiri en nagot: soit la forme décrite ci-dessus.

– igbonε oréré en nagot: cette maladie frappe surtout les enfants de 6 mois à 2 ans. Il y a ni fièvre ni convulsion, les mains et les pieds sont très froids, les yeux tout blancs et le malade est complètement apathique “comme après une piqûre de valium”. Cette forme serait plus dangereuse que la précédente et la mort interviendrait rapidement. Selon une informatrice, “cette maladie est dangereuse, car si on ne la connaît pas, on croît que l’enfant dort”. Cette informatrice fait le lien entre cette maladie et l’anémie, qu’elle mentionne plus comme cause d’igbonε oréré que comme son équivalent biomédical. Les examens et le traitement qu’elle décrit en cas de visite à l’hôpital est d’ailleurs celui des anémies sévères.

La hernie

La hernie est appelée axwlili en mahi et kbε kbε ou n’daou en nagot. Selon certains vieux Mahi, la hernie touche surtout les paysans, “car ils ne mangent pas à l’heure”. D’autres reconnaissent qu’elle concerne aussi les femmes et les enfants, mais moins fréquemment.

Selon les mêmes vieux Mahi, la hernie prendrait trois formes se caractérisant par des symptômes différents:

– maux de ventre;

– selles noires et “intestins rouillés”;

– ventre ballonné comme une femme enceinte, comme si l’on était empoisonné. Selon une matrone nagot, il n’y aurait que deux formes de hernie:

– une qui sort (k⊃bε k⊃bε désigne les baudruches avec lesquelles jouent les enfants); – une qui ne sort pas, mais que l’on reconnaît car le malade est cassé en deux.

Mais tous les informateurs s’accordent sur la gravité de la hernie, quelle que soit sa forme. Tous insistent également sur la nécessité d’une opération chirurgicale rapide, voire urgente. L’un dira: “Le seul remède valable est l’hôpital”. L’autre surenchérira: “On ne peut rien faire de définitif à la maison. Il faut opérer”. Quant à matrone, elle affirme que: “On les traite avec une tisane, qui apporte une amélioration jusqu’au moment où l’on a l’argent pour opérer, ce qui peut durer un an. Mais si cette tisane ne soulage pas rapidement, il est nécessaire d’aller d’urgence à l’hôpital, sous peine de mort. Si elle soulage, les malades peuvent retourner aux champs et certains ne se feront jamais opérer, prenant de la tisane chaque fois que la hernie sort”. Un changement de perception de la hernie aurait de plus favorisé le recours “à l’hôpital”: “Autrefois, on cachait les hernies, car c’était honteux. On pensait que c’était une maladie vénérienne2. On se contentait de soulager au moyen de recettes traditionnelles. Il y avait

beaucoup de décès”.

1 Peut-être que cette étiologie découle d’une mauvais compréhension du fait que l’on vaccine les mères pour protéger les

nouveau-nés, ce qui pourrait suggérer que la mère transmet le tétanos à son enfant.

Association entre maladies et types de recours

L’opposition entre maladies naturelles et maladies provoquées renvoie-t-elle à l’opposition classique dans une certaine littérature ou certains discours entre “maladies pour l’hôpital” et “maladies pour le guérisseur” ou “pour l’indigénat”, d’après une autre terminologie? Selon une formulation plus générale, peut-on prévoir le type de soins recherchés en fonction de l’étiologie prêtée à la maladie? Fosu (1981) pense que oui. Pour notre part, nous avons insisté, à partir de notre expérience béninoise, sur l’émergence souvent progressive d’une étiologie définitive, avec des modifications possibles, au gré de nouveaux éléments ou interprétation propres à chaque cas de maladie.

En tout cas au Bénin, il n’y a guère de place pour des maladies a priori, clairement et définitivement considérées comme naturelles ou provoquées. La réponse à la question ci-dessus est donc clairement non, si par maladie on entend une maladie, un diagnostic en général – le “paludisme femelle”, la diarrhée, le manyan… La réponse est par contre partiellement oui, si par maladie on entend un cas particulier de maladie, à un moment donné de son cours. Nous avons vu qu’a priori, la plupart des cas de maladie sont considérés comme naturels au Bénin, laissant la porte ouverte à presque tous les recours disponibles, y compris aux guérisseurs (mais rarement aux devins), alors que, d’autre part, les cas de maladie considérés à un moment donné comme provoqués débouchent le plus souvent sur la consultation d’un guérisseur ou d’un devin.

L’étiologie prêtée à la maladie oriente donc bien la recherche de soins et, en ce sens, elle comporte une dimension prédictive. Mais cette dernière est limitée, notamment parce qu’une étiologie n’est pas associée de manière rigide à un diagnostic, mais bien définie au coup par coup, selon les caractéristiques et l’évolution du cas de maladie, celles du malade et de son