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Entretien réalisé en juillet 2014 à Montréal.

III. Paul Bélanger

Entretien réalisé en juillet 2014 à Montréal.

- R.T. : Ce qui m’intéresse en particulier, c’est comment on se prépare à écrire, finalement- - P.B. : Est-ce qu’on peut se préparer à écrire?

- R.T. : Ou bien, je le dis comme ça, mais tu sais, qu’est-ce qui peut favoriser un certain état de présence qui serait particulier à l’écriture de la poésie, puis est-ce que ces différentes actions-là, ou ces conditions-là qu’on installe, est-ce que ça existe toi, dans ta pratique? Parce que peut-être que ça n’existe pas non plus, c’est ça l’intérêt de la sorte « d’enquête » que je fais en ce moment, c’est d’aller voir dans le concret, dans la pratique de certains poètes, comment ça se vit, est-ce que ça peut se dire en termes de « rituel »? Peut-être pas non plus, mais ce qui est certain c’est que dans ce que j’ai lu de toi, dans ce que j’ai entendu de toi, il y a certaines considérations qui m’amènent vers ça, c’est pour ça que je voulais en jaser avec toi.

- P.B. : Bien c’est certain que, c’est sûr que j’ai instauré dans ma vie une pratique quotidienne de l’écriture, autant que possible, ça ne résulte pas toujours des poèmes, mais ça résulte d’une présence quotidienne à ce que je veux faire, ça c’est sûr. Je commence mes journées en lisant de la poésie, je les finis en lisant de la poésie, ou en écrivant, les deux. Dans ce contexte-là, l’écriture, j’ai dû me constituer très lentement dans l’écriture, j’ai commencé à publier tard, donc toute la période la vingtaine, ni plus ni moins, j’ai fait mes devoirs, mes exercices, je n’arrivais pas à finir mes textes, mais ce faisant, l’écriture a pris plus d’importance que la publication comme telle, si bien que j’arrive à la publication, quand c’est, comment dire, non pas quand c’est nécessaire, mais quand je vois qu’il y a un objet qui va, qui va survivre, en quelque sorte, à mon absence. Le rituel serait simplement ceci de créer de la disponibilité à chaque jour au poème, hum, mais ce n’est pas un rituel au sens fort du terme, c’est une habitude, c’est un habitus culturel que j’ai pris dans ma vie. - R.T. : Et par habitude, qu’est-ce que t’entends? Est-ce que t’entends le fait de répéter? - P.B. : C’est quand je ne le fais pas, ça va pas. Faut que je le fasse.

- R.T. : O.K., il y a une nécessité derrière…

- P.B. : Oui, il faut que j’ouvre le cahier, même si il y a trois lignes, il y a trois lignes, mais il faut qu’il y aille quelque chose dans le cahier pour ce jour-là. La fantaisie c’est simplement que chaque jour, chaque jour doit porter la trace du poétique, ça serait le fantasme, si tu veux, que j’avais quand j’ai commencé la pratique quotidienne de l’écriture, c’était celui-là, c’était que chaque jour, si ce n’est pas du poème, que chaque jour garde une trace du jour, comme si ces traces-là constituaient ma mémoire, en parallèle du monde, mais constituait vraiment ma mémoire et mon existence concrète, réelle, c’est pas les autres qui me la donnent, un peu comme chez Kafka, ce n’est pas les autres qui me la donnent, c’est ce qu’il y a devant moi et que j’érige petit à petit, jour après jour, mot à mot, ligne à ligne, page à page, pour le cours du temps qui sera mon existence, et ça jusqu’à la fin. - R.T. : Une journée où il n’y aurait pas cette présence-là?

- P.B. : Ah bien il y a des jours où il n’y en a pas, c’est sûr qu’il y a des jours où il n’y en a pas…

- R.T. : Est-ce que nécessairement tu ressens cette absence-là ou ce manque-là, ces journées-là, ou tu ne le remarques pas nécessairement?

- P.B. : Non, arbitrairement j’avais décidé, il y a plusieurs années, de cesser l’écriture de la sorte, et après quelque mois, ça n’allait pas. Ce que je veux dire, c’est que quand j’ouvre

mon cahier, il ne se passe pas nécessairement quelque chose à chaque fois, comme je dis, je l’ouvre pour une disposition, j’ai même un cahier pour griffonner, pour faire du dessin gestuel…

- R.T. : Ça se passe dans deux cahiers distincts?

- P.B. : Oui, bien des fois ça se mêle, mais j’ai des cahiers que je donne à des amis qui veulent en avoir, c’est mon cahier de griffonnage…

- R.T. : Qui veulent avoir de tes cahiers avec tes dessins?

- P.B. : Oui, il y en a qui aiment ça! [rires] Je ne saurais trop qu’en penser moi-même! [rires]

- R.T. : C’est vrai! Il y a une demande en tous cas!

- P.B. : Oui, ben il y a des gens, certaines personnes aiment ces dessins, donc je leur laisse, je leur donne. Je ne sais pas, j’en ai une vingtaine comme ça que j’ai donné à droite et à gauche, je n’en ai gardé aucun, c’est pour les personnes à qui je le donne. Mais la main à penser est aussi une main, la main à dessin est une main à penser, comme l’écriture, c’est comme de l’écriture sans mots. Encore là, ma fantaisie c’était celle-là : il n’y a pas de mots, on va les faire apparaître, ou parfois je force vraiment, je force vraiment l’exercice parfois pour arriver à du langage. Par exemple, quand j’ai fini Origines des méridiens, je pensais vraiment que j’allais passer l’été sur ce livre, puis finalement, en dix jours j’avais tout fini, mais je ne pouvais pas supporter l’idée, si tu veux, que je reste la balance du mois sans l’écriture, alors je me suis inventé un exercice, de façon arbitraire : bon, je suis ici, je suis face à ce paysage, donc je vais écrire le « journal d’un poème », et chaque jour je vais écrire un poème, durant les trente prochains jours où je suis ici, alors ça a donné Répit. Donc, Répit s’est fait comme ça.

- R.T. : Ah oui, ça s’est fait vraiment dans la foulée… - P.B. : Oui, ça s’est fait dans la foulée.

- R.T. : C’est un peu une manière de se créer ou de s’imposer soi-même un rituel, c’est tout à fait ça…

- P.B. : Bien oui, oui, oui, tout à fait.

- R.T. : Et rituel, prenons-le hors de son sens religieux, ou même sacré, à la limite, rituel en tant que support à l’émergence d’une certaine créativité, de mise en place consciente de certains éléments, dans le but de favoriser une écriture. Mais le côté délibéré, je pense que c’est important, dans cette conception-là du rituel.

- P.B. : Oui.

- R.T. : Tu disais tout à l’heure que certaines fois, évidemment, tu ouvres le cahier puis bon, il n’y a pas nécessairement quelque chose qui vient cette journée-là, puis d’autres journées oui…

- P.B. : Oui, oui.

- R.T. : Est-ce que parfois, tu sais pourquoi, est-ce que tu cherches à savoir pourquoi? […] - P.B. : Non, je ne cherche pas pourquoi. Non je ne cherche pas à savoir pourquoi. Bien des fois, il y a des projets qui commencent qui vont s’élaborer sur plusieurs semaines, l’idée c’est qu’il y a de l’écriture comme ça, mais des fois il y a des grands vides, on n’est pas des machines non plus, mais là, je note ce que je lis, des citations, je prends des notes sur des projets à venir qui peut-être ne s’avèreront pas. C’est extrêmement variable, c’est vraiment polymorphe, ça va dans toutes les directions et ça ne va nulle part, je trouve qu’à un moment donné, j’ai toujours eu confiance dans l’écriture qu’on a dans les cahiers, parce que disons que notre inconscient travaille assez en profondeur pour que les projets se dessinent

de Pablo, Fenêtre ailleurs ça a été la même chose, c’est des notes sur plusieurs années, que

j’ai constatées, et que j’ai mises en forme aussitôt que je l’ai constaté. Bon, d’autres projets comme L’oubli du monde ou Répit, c’est d’autres affaires, c’est de l’écriture extrêmement rapide dans un laps de temps très très restreint, que je vais retravailler plusieurs années après. Mais le temps d’émergence des textes est très rapide, dans ces cas-là, alors que pour d’autres, Origines des méridiens ça été la même chose, ça été un déclencheur à partir d’une lecture, et là, j’ai pris des notes autour de ça pendant peut-être deux ans. Mais ça, je savais ce que je faisais, là. Puis il arrive assez régulièrement que ça avance comme ça, les choses durent…

- R.T. : Et dans la forme et le style, ça ne donne pas du tout la même chose non plus, chaque livre est unique. Si je pense justement à Origine des méridiens, versus Répit, on n’est pas dans, d’après ce que j’sens, selon ma sensibilité, on n’est pas dans la même écriture, pourtant…

- P.B. : Non, mais dans Répit, je pense que - bien là, disons que je fais une analyse sauvage de la chose- je pense que le journal du poème de Répit parle aussi un peu du précédent, ou du livre suivant, c’est difficile à dire, en fait mon idée avec Répit, c’est que ça va plutôt dans la suite de L’oubli du monde, des poèmes qui ont une certaine simplicité énonciative, sur laquelle je reviens encore. J’en ai un autre là, qui va trouver un aboutissement cet été- - R.T. : La constatation de ce qui est aussi, du geste de l’écriture, est là…

- P.B. : Oui, oui…

- R.T. : Une observation assez simple, dépouillée de ce qui se passe… - P.B. : Oui…

- R.T. : Justement, un peu sous la forme d’un journal poétique…

- P.B. : Oui, d’un journal poétique, mais qui ne concerne pas la personne, du moins pas uniquement la personne, c’est vraiment le poème qui se cherche un nom, en quelque sorte, c’était ça dans Répit, en lien avec le paysage…

- R.T. : Ça, c’est très présent, puis je me ramène aussi à l’entretien que j’ai écouté de toi dont je t’avais parlé, sur Radio-Spirale138

- P.B. : Avec Marie-Andrée [Lamontagne]? - R.T. : Oui, c’est ça…

- P.B. : D’accord…

- R.T. : Tu parles du rapport au lieu, ou du rapport au paysage, du rapport au fleuve, dans l’écriture de Répit en particulier, mais le rapport au paysage revient dans tes propos d’une autre manière aussi avec l’action de la marche, de la mise en mouvement, l’importance de ce mouvement-là qui amène un rapport au lieu qui est fertile et actif. Si tu m’en parlais un peu, dans ta pratique? Parce que tu n’es pas toujours non plus devant le fleuve pour écrire! Comment ça, ça t’alimente, comment ça te change?

- P.B. : Non, mais le fleuve est en nous tout le temps, de toute façon! - R.T. : [rires] À qui le dis-tu?!

- P.B. : C’est sûr que si j’ai une panne d’écriture, si je vais sur le bord du fleuve, à l’endroit précis que je mentionne, c’est instantané, je l’ai trop de fois, il y a quelque chose qui se passe avec ce paysage-là.

- R.T. : Puis si je te demandais de mettre en mots cette instantanéité?

- P.B. : J’essaie de retrouver le mot, le mot que j’ai écrit hier, « je pense que tout poème est un paysage », je ne sais pas comment j’ai dit ça, c’est dans mon cahier d’hier soir, tout poème est un paysage, toute personne est un paysage, tout paysage est porteur de quelque chose, pour peu qu’on l’investisse, c’est toujours notre regard intérieur qui l’investit, mais, comment j’pourrais nommer ça autrement. Je pense que les paysages nous habitent, partout où l’on va, comme la possibilité du poème nous habite partout où l’on va, on porte la maison avec nous, la maison c’est nous. Le voyage, comme disait Pessoa, ce sont les voyageurs eux-mêmes, donc comment, c’est quoi ta question?

[…]

- R.T. : Dans ton rapport au lieu et au mouvement? - P.B. : Oui…

- R.T. : C’est ça, je m’interroge sur la relation que tu as au paysage, puis qui change dépendamment de si tu es dans l’action de la marche, ou si tu es assis devant le fleuve. Il y quelque chose dans la relation, ou la commune-présence-

- P.B. : Oui…

- R.T. : La manière dont je le perçois, de ce que j’entends de ce que tu me dis, c’est qu’il y a quelque chose de vivant et en marche constamment, en soi, et en le paysage qui est devant nous, que ça soit une personne, ou un lieu-

- P.B. : Oui…

- R.T. : Et cette action-là conjointe, est-ce que c’est du réfléchissement, est-ce que c’est seulement un miroir?

- P.B. : Je ne sais pas, je ne sais pas comment la nommer, cette chose. Peut-être qu’il faudrait retourner à l’évidence, tout visage est un paysage aussi, c’est-à-dire tout paysage est aussi un visage, d’une certaine façon, le paysage nous forme, c’est-à-dire qu’on sait anthropologiquement que le climat nous forme, d’une certaine façon, dans notre imaginaire, notre façon de parler, mais au-delà de ça, je ne saurais pas comment le dire pour moi, autrement qu’en citant d’autres personnes, comme Marteau, Robert Marteau, qui écrit ses poèmes en marchant, lui, il marche ses poèmes, il se promène, il se promenait avec un cahier, puis il écrivait en marchant, ça donne des livres assez formidables. Mais au-delà de ça, je ne saurais pas nommer, comment nommer cette chose, c’est une habitation, c’est-à- dire… Dans Périphéries, par exemple, j’ai essayé d’imaginer comment les Amérindiens pouvaient nommer ce paysage, toujours le même – le portage, les montagnes- […]

- R.T. : Toujours le même et jamais le même temps, c’est ça…

- P.B. : Non, ce n’est jamais le même, c’est sûr. L’eau, comme disait Héraclite, l’eau ne passe pas deux fois à la même place…

- R.T. : Non! Mais je m’intéresse encore à cet instant-là - on verra, si c’est stérile on passera à autre chose - mais ce moment-là où tu prends la décision d’aller vers le fleuve pour que quelque chose se mette en marche, si par exemple, tu choisissais un moment, une journée [dont] tu te rappelles où tu as fait ce choix, ou que tu me décrivais les actions que tu as faites, ou le moment où tu as pris la plume, ou – est-ce qu’il y a un moment dont tu te rappelles en particulier?

- P.B. : Non, ben c’est-à-dire que si je reviens à Répits, c’est juste la décision arbitraire - j’insiste sur le mot « arbitraire » - c’est une décision arbitraire, une volonté, tout simplement de rentrer dans un autre projet, et de sortir, celui-là étant terminé, de passer à autre chose et de façon arbitraire, en me faisant violence, d’une certaine façon, c’est-à-dire chaque jour, dans les trente prochains jours que je vais passer ici, il y aura un poème, et de

- R.T. : C’est de l’ordre du choix, de la discipline aussi…

- P.B. : Bien je pense que oui, oui oui, après ça c’est de la discipline, c’est sûr, faut juste se tenir par rapport à cette volonté qu’on a de le faire. Parfois ça ne marche pas, parfois ça marche. Parfois ça ne marche pas, c’est-à-dire que des fois ça dure quelques semaines, des fois quelques mois, puis ça arrête, on ne sait pas pourquoi. Et quand ça arrête, bien il n’y a plus rien, on fait autre chose, je m’invente autre chose. Ces dernières années, j’ai écrit très peu de poèmes, beaucoup plus de prose, j’imagine que c’est normal, le poème n’est pas quelque chose qu’on peut provoquer, comment je pourrais dire ça… Le poème est un surgissement quand même, peu importe comment on arrange les choses, même si ça prend des années à finir la chose, c’est quand même un surgissement, donc quand le mouvement est fini, on sent bien qu’il est terminé pour un certain temps. Il va peut-être revenir, par l’écriture, par la lecture; alors dans l’organisation de toute mon affaire, c’est sûr que la lecture, c’est plus important que la marche, à la limite, c’est par la lecture qu’on se fait, c’est par la lecture qu’on nourrit notre imaginaire, c’est les mots des autres qu’on transpose.

Origine des méridiens est né d’une lecture d’un essai sur Paul Celan, je le sais très bien, Fenêtres et ailleurs c’est beaucoup marqué par la lecture de Pessoa, Projet de Pablo,

évidemment l’expérience de Picasso, pour chaque projet…

- R.T. : Tout ça est partie prenante, c’est ça, de la vaste étape de la préécriture, ou de la gestation, ou comme tu disais, où on se nourrit, où il y a quelque chose qui se met en train, qui se forme. On peut la regarder de différentes manières, cette étape-là qui mène à l’écriture, dans la minute qui précède, ou dans la seconde qui précède, autant que dans l’année ou dans les années…

[…]

- R.T. : Tout ça pour dire que, c’est sûr qu’on parle d’un état, il y a un changement quand même, il y a un moment où on est dans l’écriture, puis il y a un moment où on ne l’est pas, je pense qu’on le ressent bien, on le distingue. Tantôt, tu me disais : tu sais, j’ouvre le cahier, puis là il y a quelque chose qui se passe ou il y a quelque chose qui ne se passe pas. Est-ce que l’action même de la décision, tu disais tantôt « délibérée », d’écrire, disons à chaque jour, d’ouvrir le cahier, fait en sorte que tu te plonges dans cet état-là de présence? - P.B. : Oui, toujours…

- R.T. : Donc, tu n’as pas nécessairement à mettre en œuvre autre chose-

- P.B. : Non. Il n’y a jamais de plan, il n’y a jamais eu de plan, il y a des moments où tout à coup – bon, il peut y avoir des commandes, ça, c’est une autre question- mais généralement, pour ce dont on parle, il n’y a pas de plan, il y a juste une disponibilité à l’écriture, des fois il y a des mots qui me travaillent qui vont trouver une résolution, ou n’en trouvent pas, mais en tous cas, la possibilité est créée à chaque fois. […]

- R.T. : […] Puis, comment tu pourrais me le décrire, cet état de disponibilité là à l’écriture?

- P.B. : Bien, c’est une volonté! C’est une volonté de faire sa vie, Pavese appelait ça le « métier de vivre », pour moi, c’est ça le métier de vivre : on avait un rêve, qui était d’écrire, d’écrire de la poésie, d’être engagé dans la création, et une volonté de le faire quotidiennement. Et je pense que c’est cette volonté-là, la première, qui est déterminante pour tout ce qui suit. Indépendamment du fait que ça aboutisse à un échec ou à un succès, une réussite, on ne sait jamais, mais qu’importe, cette volonté-là de « l’agir », parce que c’est une action, d’engager vraiment son corps dans cette aventure-là pour réaliser cette fantaisie qu’on avait à dix-sept, à seize ans, de faire sa vie avec ça, sans trop savoir ce dont,

profond par rapport au réel potentiel que je pouvais avoir de le faire, parce que, somme toute, je n’avais pas une grande confiance en moi-même. Mais la volonté, l’acharnement, pour moi c’est la qualité première du créateur.

- R.T. : Une sorte de persistance…

- P.B. : C’est une persistance, certainement, contre vents et marées, c’est-à-dire contre les