• Aucun résultat trouvé

c Une sédentarité vagabonde

III. Louise Dupré : prendre la poésie, être pris par la poésie

Familier des dualités, le poème est ce funambule qui ne cesse de côtoyer l’abîme, d’avancer plus loin sur les traces de l’inconnu qui peut faire signe à chaque instant.

- Hélène Dorion

« (…) [N]ous sommes prêts à la poésie39 », cela est-il vraiment possible? Sur quoi

pouvons-nous nous appuyer pour dire que nous sommes prêts pour elle, pour l’accueillir, la contenir, l’écrire, la porter? « Déconcertante, la vérité poétique laisse affleurer à la parole l’inattendu, l’inexprimable, l’ineffable. Quand nous sommes prêts à entreprendre cette quête subjective, toujours merveilleuse et horrible, quand nous n’en sommes pas effrayés, alors nous sommes prêts à la poésie40 », affirme Louise Dupré. Être prêt, cela signifie donc

rencontrer sa peur, la dompter, l’adoucir, mais comment?

Avec Louise, chez elle, dans ses appartements, nous avons visité ces lieux effrayants, cette zone du très intime où la peur peut jaillir à chaque détour. Plonger en poésie, c’est ouvrir la voie à tout ce qui loge en nous. Oui, cela effraie. Louise, pour cela, s’entoure, se prémunit, se prépare. Avec Louise, je suis allée à la rencontre de ce que nous avons appelé les rituels permettant d’adoucir cette croisade. Extrêmement généreuse, dans une curiosité presque ludique et une grande présence d’esprit, Louise m’a invitée à découvrir avec elle le lieu où elle vit en poésie.

a. Chambres

Pour aller vers le poème, Louise habite une pièce, ou plutôt l’espace de son lit, grande barque ancrée toute à l’avant de son appartement du rez-de-chaussée. Autour du lit, chacun des murs est « blanc, blanc et nu41 », à part celui qui lui fait face. Celui-là est habité d’un

39 Louise Dupré, « Cela, oui, le poème », dans De l’écriture du poème, Montréal, Le groupe de création

Estuaire (Coll. Essai), 1997, p. 96.

appel au vide, à la vastitude, aux envols et à l’imaginaire : y trône un large dessin de Louise Robert, blanc lui aussi, à peine teinté, taché, surtout ouvert, et invitant : « C’est un tableau abstrait et c’est un tableau où il y a des blancs, des silences (…) et pour moi le silence fait partie de l’écriture, surtout de la pratique poétique (…) oui, le silence, le blanc a autant de place que les mots. Il n’y a pas de poésie si le blanc n’est pas inscrit à même le poème, des respirations, des lieux aussi pour les lecteurs, des lieux pour le non-dit, que ce soit l’indicible, que ce soit ce qui ne veut pas se dire, ou on peut parler de respiration. Pour moi, c’est capital42.» Sur cette œuvre, on peut lire l’inscription cela aurait pu être dans un rêve.

Dans ce lit, de ces lieux rendus possibles et habitables par l’espace d’accueil qu’ouvre ce tableau, Louise s’invite à habiter l’antichambre de la poésie. D’une complicité avec le langage plastique de Louise Robert, avec ses couleurs, mais surtout ses blancs, la poète plonge à la rencontre de l’inconscient, du souvenir, de l’infiniment intime. L’écrivaine, à la manière de la photographe de son recueil Chambres, « se retire seule dans une chambre pour agrandir certains portraits qui l’intriguent (…) c’est alors que lui [reviennent] un à un les détails la mémoire43. »

Ce lit, elle s’y retrouve au matin pour écrire, et s’il n’y a pas d’écriture du matin, c’est qu’il n’y en aura pas ce jour-là. Le lit-refuge, c’est l’endroit où la fragilité surgira sans trop de heurts, où la mise à nu trouvera son nid, les mots leur perchoir. Au creux des draps, la peau est mémoire du sommeil, des enlacements; allongés, les membres se souviennent de la mort, des naissances. Dans la chaleur de l’édredon, « le corps prépare le rituel44 ».

(…) les signes

figures quand se découpent blanches les chambres leur éphémère

fixité

le malheur ne serait-il pas là emmurée dans un poème et vivante y consentir

sur le fond noir les mots

42 Louise Dupré, extrait d’entretien. Dorénavant, les citations tirées de l’entretien avec Louise Dupré seront

indiquées par la mention : (L.D.)

s’exposent

incertitude sur fond noir45

b. Du rituel

car il faut des mots à mourir de plaisir46

Avec Louise, nous nous interrogeons sur le rituel, sur ses rituels, ceux contenus par la chambre, le lit, les murs blancs, le tableau. Et nous touchons à des questions qui l’animent depuis longtemps, dans sa propre pratique, mais aussi comme professeure à l’UQÀM. Et c’est d’abord de « conditions d’écriture » dont elle parle à ses étudiants, car « on n’écrit pas n’importe où, n’importe quand », car « si vous n’aimez pas le lieu, le moment, vous n’aimerez pas écrire, parce qu’écrire c’est très difficile. (L.D.) » Ce grand effort qu’exige l’écriture provoque des résistances : se mettre au travail peut devenir un enjeu de taille, voire un élément anxiogène. Mais pourquoi est-ce donc une tâche si ardue? C’est qu’elle comporterait chaque fois une rencontre avec l’inconnu, l’altérité, tel que le souligne Myriam Watthee-Delmotte. Écrire, c’est aller vers un espace nouveau, encore innommé; en ce sens, cette dernière affirme que « [le] rite (…) joue un rôle anxiolytique : il atténue l’angoisse éprouvée devant l’incertitude47. » Savoir rassembler autour de soi un ensemble

d’éléments rassurants, reconnaissables, qui nous supportent et créent un contenant - Louise parle de son lit comme étant « un lieu où [elle est] entourée, et protégée et ouverte (L.D.) » - des balises donc dans lesquelles se situer, serait un moyen de trouver la sécurité nécessaire pour être en mesure de se mettre en état d’écriture, sinon la tentation de différer, de repousser le ‘’passage à l’acte’’ serait trop grande, peut-être : « (…) pour toutes sortes de raisons, on veut écrire consciemment, mais inconsciemment on ne veut pas, c’est trop difficile, ça fait mal, on atteint des choses trop douloureuses de l’être (…) des régions fragiles, les plus friables de soi. (L.D.) » Écrire peut faire peur, écrire demande du courage,

45 Ibid., p. 53.

46 Louise Dupré, Plus haut que les flammes, Montréal, Éditions du Noroît, 2010, p. 24.

du courage pour entrer et persister dans un état de présence attentive, de sensorialité, de porosité.

Cette habileté d’engagement et de concentration dans l’écriture, telle que soulignée dans la thèse « The Magic Circle, Writers and Ritual », est soutenue par le rituel, rituel qui est marqué par la discipline, l’engagement et l’identité de l’écrivain48. Et c’est avec la pratique,

une suite de tentatives, d’essais-erreurs, qu’il parvient peu à peu à identifier ce qui est à même de mieux l’aider à se propulser dans l’écriture. Pour identifier ces « conditions qui déclenchent le processus d’écriture, ou qui l’enclenchent plutôt, (…) c’est important d’apprendre à se connaître. (L.D.) » Et c’est peut-être là où se trouve une des clefs de l’écriture poétique : dans cette pratique et cet accompagnement de soi-même, cette « façon de défier ce qui nous entoure, nos barrières, nos frontières, nos résistances, pour plonger en soi (L.D.) » qui avec le temps se raffine et permet de mieux accéder à l’émergence du poème, à son langage, qui lui, est à redécouvrir chaque fois.

c. Du corps

(…) vulnérable mais tangible,

elle consent comme écrire c’est certain les jours oui le corps passe49

Au sortir du sommeil, installée dans son lit, pour mieux s’entourer de « plaisir, bien-être et sécurité (L.D.) », Louise va vers un face-à-face avec elle-même, vers « une écriture qui essaie d’entrer dans le psychisme. (L.D.) » Elle va à la rencontre de la mémoire, voire de l’inconscient et de l’interdit, grâce à un « laisser-aller essentiel » de « certains sons, certaines images, certains traits de l’inconscient, certains signifiants [lorsqu’ils] remontent.

48 Susan-Lee Wyche-Smith, « The Magic Circle : Writers and Ritual », Thèse (doctorat), University of

Washington, 1988, p. 44.Cette recherche en psychologie et en psychophysiologie suggère que, à travers des rituels encourageant un état de conscience qui favorisent la créativité, les processus cognitifs des écrivains sont intégrés à leurs actions physiques et modifiés par elles. Cette thèse examine donc les raisons historiques ayant mené au déni des rituels dans le processus d’écriture, récolte des preuves anecdotiques reliées au rituel, présente des recherches pertinentes qui le relient au concept d'émotion comme un agent actif dans la connaissance, et explore certaines des implications qu'une théorie de l’émotion aura pour la recherche et l'enseignement de l’écriture.

(L.D.) » Et ce type de laisser-aller est exigeant, il engage tout, le corps y compris. Il implique de se maintenir dans une tension soutenue et juste, qui n’est ni de l’ordre de l’abandon complet, ni du trop grand volontarisme, mais de quelque chose qui serait quelque part entre les deux, une tension qui supporte la plongée et dont le mot « dessaisissement », employé par Louise Warren dans Interroger l’intensité, se rapproche beaucoup : « (…) dans l’écriture, il y a ce double mouvement-là : d’une part d’un laisser-aller - d’un dessaisissement, si tu veux- et de contrôle d’une certaine façon, de conscience, et un ne peut pas aller sans l’autre (...) le dessaisissement exige un saisissement. (L.D.) » L’anthropologue Ian Barbour suggère d’ailleurs qu’une des fonctions les plus importantes du rituel serait d’englober, de limiter et de déployer la tension50.

Ce lieu de création auquel accéder et dans lequel persister, il existe grâce à une grande attention poreuse, un état mental et physique à la fois. Il s’agit là d’un état immersif, englobant, prenant, somatique, en quelque sorte. La présence passe inévitablement par le corps, dans le fait d’exister, tout entier :

Voilà pourquoi, par le rite, le corps atteint alors à la grâce de la chair qui ne cesse de s’impressionner elle-même, pourquoi le mouvement prend une densité, - il s’irradie littéralement, comme c’est le cas dans la danse contemporaine – et pourquoi, ce faisant, le corps ouvre de nouvelles surfaces, découvre de nouvelles matières, convoque des mouvements qui dépassent entièrement ‘’l’organique’’, déplaçant la frontière du possible et de l’impossible, offrant la vie elle-même à contempler51.

Louise décrit avec ces mots le moment d’où, une fois les conditions d’écriture réunies, quelque chose se met en marche en elle, organiquement : « il y a une sorte d’électricité, d’influx électrique, comme ça, ça monte par le cou, puis ça atteint les bras, c’est corporel, l’écriture. (L.D.) » Cette décharge intérieure d’énergie, elle la partage avec Louise Warren, qui elle utilise l’image de l’arc tendu et de la flèche pour représenter l’intensité de l’énergie et de la concentration qui l’animent lorsqu’elle prend son crayon. Dans les deux cas, un grand état de tension physique, une excitation des sens est en cours, le corps étant en quelque sorte densifié dans le geste d’écriture, pendant quelques heures, « puis, (…) à un

50 Susan-Lee Wyche-Smith, op. cit., p. 46. Traduction libre de : « (…) one of the most important functions

that ritual peforms : to encompass, limit, and deploy tension. »

moment donné je sens que, tu sais la petite flamme là, le petit influx nerveux qui monte vers le cerveau et qui va vers le bras aussi, il est éteint. Je suis fatiguée et je ne pourrai pas aller plus loin. (L.D.) » Grâce à un geste spontané des deux mains, Louise arrive à décrire encore plus précisément le trajet de cet influx d’énergie, alors que je vois ses paumes qui partent du ventre, « et qui montent jusqu’à la gorge, et qui vont au cerveau, et ensuite qui irradient dans les bras. (L.D.) » J’encourage Louise à poursuivre cette description :

- R.T. : Puis il y avait ici tout à l’heure derrière ton cou-

- L.D. : Une chaleur. Une chaleur, une énergie qui passe. (…) Une électricité. Une flamme.

- R.T. : Il y a vraiment quelque chose de vif! - L.D. : Tout à fait.

L’élan vers l’écriture du poème est éminemment physique, une expérience totale ressentie dans une intimité cellulaire, et qui met en branle l’être tout entier. L’écriture de Louise « part du ventre (L.D.) » énergie primaire et créatrice partageant sa source avec la libido, le désir, l’essence de la vie, « c’est une écriture de l’intime, c’est une écriture de l’intériorité, c’est une écriture du chuchotement, souvent, ou de la colère, enfin, c’est une écriture de la pulsion. (L.D.) » Cette écriture, elle va à la rencontre de tout, elle voyage aussi dans les zones ébranlées, éprouvées, vers toute la charge émotive contenue dans la mémoire du corps. Dans ce cadre du rituel pouvant la contenir, libérée et en mouvement, cette souffrance habite l’espace de la création, l’atelier du poète : « (…) si on s’entoure, si on se donne les conditions, les rituels pour laisser remonter la douleur, elle va remonter, parce que le ventre, le ventre c’est la sexualité, c’est le bonheur, mais c’est la douleur aussi, c’est les tripes. Et effectivement, pour que la douleur remonte, il faut qu’on soit dans un lieu, qu’on ait des rituels qui permettent à la douleur de remonter. Faut qu’elle ait sa place. (L.D.) » La douleur, vibrante dans cet espace créé pour elle, peut alors exister « hors de soi, et elle a pris forme »; « elle dépasse la douleur brute. (L.D.) »

d. De la forme

il doit bien y avoir une façon d’approcher la langue

sans qu’elle se fracasse au moindre mouvement comme un destin trop lourd

pour une seule femme tu tournes, tu tournes en rond

dans ta bouche52

Dans toute cette plongée de Louise vers cet espace habitable pour la mémoire, pour l’entièreté de ce qu’elle est, de ce qui s’apprête à se dévoiler, une autre écoute doit aussi se faire, celle de la forme qui adviendra, toujours nouvelle, jamais connue. Louise est poète, oui, mais aussi nouvelliste, dramaturge, romancière - elle voyage d’un genre à l’autre, qu’elle alterne dans l’écriture. Sa pratique de la poésie, toujours soutenue par le rituel, a ceci de particulier qu’elle n’est pas supportée par la préexistence d’une forme ou d’une logique qui la sous-tendrait : « Le genre le plus exigeant, c’est la poésie, parce que c’est un genre littéraire qui fonctionne contre nos processus habituels de réflexion. (…) Si j’écris une nouvelle, un roman, un récit, il y a une suite, ça respecte ce qu’on a appris à l’école depuis la première année : mettez vos idées en ordre, il y a une suite, soit chronologique, soit rationnelle, il y a une suite d’idées. (L.D.) » Louise poursuit en convoquant les écrits d’Anton Ehrenzweig sur la psychologie de l’imagination artistique, lui qui, comme par la suite de nombreux penseurs et artistes, a mis en lien le concept de la pensée associative et la poésie. Susan-Lee Wyche-Smith se réfère pour sa part à la pensée de Prescott (The Poetic

Mind), qui comparait l’état poétique à celui de rêve éveillé, d’abstraction ou de méditation,

état de conscience fréquent et habituel pour le poète, alors qu’il advient beaucoup plus rarement pour la majorité des gens53. Et c’est dans ce type d’état que la pensée par

association serait active, mode de pensée que les poètes auraient appris à cultiver et à déployer, alors qu’on nous a davantage encouragés à le restreindre, voire à l’étouffer :

(…) en poésie, la forme est à trouver à chaque fois. C’est la forme d’écriture la plus exigeante, et elle s’articule très souvent à partir de processus primaires, comme dans le rêve, les associations libres. Il faut que tout ça trouve une cohérence, et en ce sens-là ça nécessite de défaire, à chaque poème, à chaque page du poème, à chaque strophe, toute la belle éducation qu’on a eue depuis notre première année. (L.D.)

Écrire de la poésie nécessite donc de désapprendre chaque fois, de défaire un système fortement intégré en soi; de quitter nos repères, ceux de l’intellect, de la logique. Cela n’est pas aisé, et nécessite un effort soutenu : « la pensée associative ne vient pas automatiquement, elle demande à être encouragée54. » C’est un véritable travail de

conscience, où toute l’attention et même le corps sont tendus pour éviter de tomber dans certains automatismes de l’intellect, « c’est une lutte, il faut lutter pour se défaire de nos processus, (…) [pour ne pas que] l’idée prenne le pas sur l’image, le rationnel sur le corporel et l’émotif. Et l’intuitif. (L.D.) » Ce refus de balises connues a pourtant ses avantages, à en croire Fabrice Midal lorsqu’il aborde l’art moderne en général: « Or cette absence de points de repère fixes peut être une chance car elle est la découverte d’une confiance neuve dans l’expérience nue, dans la couleur ‘‘qui remue le fond sensuel de l’homme55’’, dans l’espace ouvert, dans le jeu du rythme… Cette confiance se distingue par

le refus de s’appuyer sur les concepts, une forme préétablie ou même un sens fixe56. » Et

c’est encore là que le rituel prend tout son sens : dans sa fonction d’ancrage et de rétention dans la corporéité, dans l’émotionnel. Le rituel encadre cette véritable prise de risque hors du déroulement et de la temporalité du récit, telle que décrite ici par Louise : « Contrairement au récit qui se déploie de façon horizontale, en se développant sur la ligne du temps, le poème est une plongée verticale qui arrête le déroulement temporel, reconstitue l’instant comme pur présent, temps de la présence, selon Octavio Paz57.» Nous

revenons à cet aspect essentiel de la présence, d’une pratique de la présence, d’une attention à ce qui existe dans le moment même de l’écriture, et qui contient une forme qui se révèlera

54 Susan-Lee Wyche-Smith, « The Magic Circle : Writers and Ritual », op. cit., traduction libre de

« associative thinking does not come automatically but requires encouragement ».

55 Henri Matisse, Écrits et Propos sur l’art, Paris, Éditions Hermann, 1972, p. 128. 56 Fabrice Midal, La méditation, op. cit., p. 86.

de façon unique et au moment opportun, car « le poème a besoin d’avoir un ordre, une forme, une cohérence, mais cette cohérence-là vient à la fin. (L.D.) »

Cette patience et cette foi en la forme, cet amour profond du poème, ce don de soi et ce courage de visiter mémoire, entrailles et ramifications du cœur, Louise continue de les cultiver. Dans sa grande barque blanche, quelque part dans le quartier Rosemont, elle s’invite dans un recueillement qui mène aux petites implosions, à ces moments où une sensualité intellectuelle s’éveille, alors que la main s’élance sur le clavier.